Cham - Albums du Charivari/Choses et autres

Journal le charivari (4p. 389--).

CHOSES ET AUTRES

CROQUIS

PAR

Cham
Cham


JOHN BULL. — Monsieur Armstrong, vos canons c’été
une abominachion ! je n'avais plus actuellement que
mon parapluie pour défendre moâ !


MAISON MARTINET
172, rue de rivoli, et rue vivienne, 41
ARRIVÉE DE L’HIVER.

LE DOUANIER. — Vous n’avez rien à déclarer ?

— Non, je n’ai absolument dans ma malle que des rhumes, des catarrhes, des engelures et des crevasses.

— Quel bonheur ! il apporte son violon.

— Chai ramona en conchienche, che veux que madame monte voir chi che la trompe !

— Mon bibi, tu m’avais dit de prendre une voiture si je sortais…

— Tu en as pris une, ma chérie ?

— Oui, mon loulou, j’ai pris une voiture de bois à brûler ; tu me dois cent-vingt francs !

L’ARBRE DE NOËL DE 1861.
Pour John Bull et son petit cousin Jonathan.

— Goddam ! si vous parlez revolver à moi, moi répondre canon à vô !

Le père Neptune obligé de cuirasser sa conque, en prévision des boulets qui peuvent sillonner prochainement son empire.

— Faut-il que les hommes soient devenus gourmands pour qu’on soit obligé de leur en servir de ce calibre-là !

M. Armstrong obligé de battre en retraite avec son canon devant l’attaque de la presse anglaise.
Le colonel Armstrong profitant de son four pour se mettre dans la boulangerie où il obtiendra peut-être plus de succès que dans l’artillerie.
Le canonnier Armstrong et l'architecte du Great-Eastern se donnant la main.

— Voyez la vente ! canons Armstrong à un sou le tas !

Toutes les allumettes prenant feu à l’annonce de l’impôt auquel on veut les soumettre.

— Vous laissez cette bougie allumée ?

— Oui, madame, par économie ; on va mettre un impôt sur les allumettes !

— Allons, cocher, qu’attendez-vous pour avancer ?

— Monsieur, j’attends une ordonnance qui me rende la mèche de mon fouet.

— Athénaïs ! vous m’aviez promis de vos cheveux !

— Oui, mon cher ; mais depuis cette promesse les mèches ont été défendues par ordonnance de police.

Le gouvernement turc faisant empaler les journaux français, en attendant qu’il ait le plaisir de se procurer les rédacteurs.

— Tu vas t’habiller en journaliste français.

— Oui, Excellence.

— Et puis tu te feras administrer cinquante coups de bâton sur la plante des pieds. Il faut que je les intimide !

— Dis donc, mon oncle, je vas au Mexique ousqu’il y a des mines d’or ! je vas tâcher d’en ramasser… Pour lors, tu ne pourrais pas me donner quelques pièces de vingt francs pour me servir d’échantillon, que je ne me trompe pas de métal !

— Nous allons au Mexique pour protéger nos nationaux.

— Tiens, qué qu’ils ont donc été faire par là, nos gardes nationaux.

— C’est trop fort, madame ! faites taire mademoiselle votre fille ! elle joue maintenant du piano toute la journée et toute la nuit !

— Pauvre enfant ! elle jouit de son reste… on va mettre un impôt sur les pianos !

M. Listz tirant son grand sabre en apprenant le projet d’impôt sur les pianos.

— Pourquoi pleures tu, mon enfant ?.

— Hi ! hi ! on va mettre un impôt sur les pianos !… On va peut être me forcer comme pianiste de porter une muselière comme Zémire !

Conséquence de l’impôt sur les pianos.
Tous les pianos de Paris se donnant rendez-vous rue de Valois pour se venger du Constitutionnel.

— Fouchtra cha va payer la taxe, cha ?

— Oui, les pianos sont la plupart des chaudrons ; donc vos chaudrons sont considérés comme pianos !

— Maman, je ne peux pas déchiffrer ce morceau !

— Je crois bien, mon enfant : c’est une sommation d’impôt avec frais pour ton piano !

— Mademoiselle, votre quittance d’impôt s’il vous plait !

Rentrée à la Bourse d’une foule de gens qui n’avaient pu y pénétrer sous le régime des tourniquets.

— On vient de supprimer les tourniquets, espérons que bientôt on supprimera les portes.

— Ah ! mon ami, que c’est beau, Alceste !

— Su… uuu… perbe… su…uu… perbe !

Le chevalier Gluck, ayant une peur atroce de M. Offenbach qui lui a déjà enlevé son Orphée, il craint qu’il ne lui pince ainsi son Alceste.
Décadence des romains.

— Quelle horreur ! tu siffles au spectacle ?

— C’est plus comme il faut que d’applaudir ; on n’a pas l’air d’un claqueur !

— Monsieur s’est-il amusé à la pièce de Nos Intimes ?

— À dater de demain, vous mettrez tous mes amis à la porte !

L’Étoile de Messine finissant par faire une pirouette sur le dos de cette pauvre Alceste qui s’empresse de disparaître au plus vite.
Le photographe Disdéri devant une tête qui ne lui dit pas grand’chose. Disdéri devant une tête qui lui dit quelque chose.
Disdéri devant une tête qui l’inspire énormément. Disdéri allant faire une photographie au charbon.

— Tenez, madame, un article anglais ! étoffe Armstrong ! ça vous traverse de part en part un hiver cuirassé.

— Oui, mais à quelle portée ? Est-ce à celle de ma bourse ?

— Je voudrais des articles français.

— Madame, vous ne trouverez plus cela à Paris ; il faudrait que vous allassiez à Londres.

[illisible] ma chère, qu’est-ce que c’est donc que ce monsieur là.

[illisible] anglais ! et grand genre, ma chère !

— Crois-moi, prend cet Américain, il t’épousera peut-être !

— Tu crois ?

— J’en suis sûre, il est pour l’union.

À L’EXPOSITION DU BOULEVARD DES ITALIENS.

— Ah ! mon Dieu ! c’est la photographie de mon petit bébé ?

— Je puis le faire encore plus grand, si madame le désire.

TOUJOURS À L’EXPOSITION DU BOULEVARD DES ITALIENS.

Figures de chevaux du Train de la Garde : ressemblance garantie.

Photographie d’un monsieur peu aisé… dans sa voiture. Le domestique désirant par amour-propre avoir son portrait dans l’intérieur de la voiture.

— Excusez !… faut qu’on agrandisse les loges des pauvres portiers, si on veut qu’ils reçoivent les nouvelles cartes de visite de M. Disdéri !

M. Disdéri n’admettant pas qu’il puisse y avoir des militaires hors cadres.

— Je vais tâcher de me faire protéger par M. Disdéri.

— Il est donc puissant ?

— Je crois bien ! parait que c’est lui qui a fait tous ces généraux-là !

PHOTOGRAPHIE INSTANTANÉE.

— Monsieur Disdéri, je désire avoir ma pho…

— N’achevez pas, c’est inutile, la voici !

— Il fait du vent dans la cour des Tuileries depuis les démolitions !

— Parbleu ! Zéphire profite de ce que le pavillon de Flore est ouvert pour s’introduire chez son épouse !

PLUTON. — Saperlotte ! vous avez enlevé dernièrement Orphée, maintenant c’est le tour d’Alceste… Si cela continue, il ne me restera bientôt plus personne !

M. Armstrong retrouvant un beau matin tous ses canons à sa porte, personne ne voulant plus s’en servir.

— Dis donc, fais donc la connaissance de ce domino ?

— Merci, il est trop maigre ! je n’ai pas envie de payer l’impôt sur les allumettes !

— L’eau du puits de Grenelle, s’il vous plaît ?

— À Passy.

Les porteurs d’eau de Grenelle obligés de prendre l’omnibus de Passy.

— Quelle horreur ! jusqu’à ce petit bonhomme qui se mêle de faire un almanach !

— Mon pauvre Matthieu Laensberg, il en faut pour les salons ; vous restez toujours à la cuisine !

— Pourquoi pleures-tu ? Voici un sou, ne pleure plus !

— Hi ! hi ! j’ai besoin de soixante-dix francs pour acheter les Contes de Perrault, illustrés par Gustave Doré.