Chair à canon (Hecquet)

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CHAIR À CANON

Ce petit être joyeux et fort
Qui se hale au grand air marin
Et se roule mi-nu sur le sable fin
Près de la mer aux mille reflets changeants,
Cette bouche rieuse prompte aux baisers,
Ces cheveux bouclés et légers
Où le soleil allume des rayons,
Ces grands yeux pleins de foi,
Et toute cette chair dorée de mon enfant ;
Cette vie en fleur,
Cette promesse de demain rayonnante,
Qui sera plus que nous n’avons été,
Et tout cet espoir frémissant
Pour aboutir à quoi ?…

. . . . . . . . . . . . . . .

Un tas informe de matière grise et puante

Dans un champ dévasté où l’on meurt
Parmi les obus éclatés
Et les flaques de sang séché.

. . . . . . . . . . . . . . .

Mères, faites des enfants,

Hâtez-vous, les rangs sont dépeuplés
Pour les hécatombes futures,
Hâtez-vous, car leur chair sera la rançon
De Leur Or.

Marceline Hecquet.