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CHAPITRE II


— Rosalie, avez-vous frotté les chanoines ?

— Non, pas encore.

— Dépêchons-nous… dépechons-nous…

— Ne vous impatientez pas, ma sœur. Avant ce soir, tous les chanoines seront empaquetés…

Telcide est guérie. Le nettoyage bat son plein. On arrose les chambres au crésyl ; on décroche les rideaux. On range dans une immense caisse les portraits des chanoines de la salle à manger.

— Marie, demande Jeanne, vous vous êtes assurée que le compte est exact ?

— Non, ma sœur… Je vais voir…

La vérification montre qu’il en manque un.

— Lequel ?

— Le chanoine Buran.

— Ah ! oui… Je m’en souviens… Notre sœur Telcide, un jour que le chanoine Buran ne l’avait pas saluée, a décidé de mettre son portrait en pénitence dans le coin du buffet. Il doit y être encore. Comme nous avons reculé le meuble, il doit même être écrasé…

— C’est tout ce qu’il mérite, intervient Telcide.

— Dégageons-le…

Ces demoiselles s’arc-boutent… Elles font glisser le buffet et retirent de l’ombre un tableau couvert de toiles d’araignée :

— Ernestine, emportez le chanoine Buran à la buanderie et nettoyez-le…

L’après-midi, Arlette commence ses premières visites C’est un événement considérable. Dix fois déjà Telcide lui a dit que jamais elle ne lui eût donné l’autorisation de sortir seule, si M. le Grand Doyen ne lui avait pour ainsi dire imposé sa volonté. Elle ne songe pas un instant à reprendre son acceptation, mais elle s’inquiète :

— Quelles seront les premières personnalités que vous visiterez ?

— Je suivrai exactement l’ordre, qui m’a été fixé par M. le Grand Doyen…

Regardant la liste, Telcide fait un bond. Un des premiers noms qu’elle lit est celui de M. de Fleurville :

— Vous allez voir cet homme. Je vous plains. Il n’en est pas de plus désagréable et de plus avare. Je vous ordonne de ne pas lui révéler que vous êtes notre parente. Il s’imaginerait que j’ai oublié l’histoire de la nochère.

M. le Grand Doyen prétend que M. de Fleurville est très riche et que son adhésion, s’il me la donne, en entraînera beaucoup d’autres…

— On exagère son influence… Tiens ! vous irez aussi chez M. Hyacinthe ?… Il doit être à peine installé…

— Je ne sais pas, ma cousine. Je ne le connais pas…

— C’est un petit professeur. Je ne crois guère à sa générosité… Il doit être sans fortune…

Arlette inconsciemment regarde Marie. Celle-ci était très rouge d’avoir collaboré au nettoyage. Elle ne peut pas rougir davantage. Alors elle pâlit…

Décidément elle n’a pas cessé d’aimer M. Hyacinthe !

Et Arlette s’en va…

Dans la rue, elle découvre que les pavés sont pointus et inégaux. Étant seule, elle a le loisir de trotter légèrement. Ses hauts talons glissent. Quand elle sortait avec ses cousines, elle marchait toujours d’un pas de procession. Elle savoure sa liberté, comme une écolière, avide de grand air. Personne n’est là pour lui dire :

— Saluez à droite Mlle Virginie… saluez à gauche M. le chanoine…

Il lui semble sortir pour la première fois. Elle fait des remarques insoupçonnées. Ainsi jamais la cathédrale ne lui a paru aussi belle que vue de cette ruelle étroite par-dessus les toits de tuiles rouges et d’ardoises bleues. Jadis l’enclos était fermé dès que le soleil se couchait. Il se transformait alors en une sorte en une sorte de béguinage. Dans l’ombre de la basilique dormaient tous les servants de la paroisse. Les rues allaient en se rétrécissant plus elles se rapprochaient de l’église. De sorte qu’à leur extrémité une chaîne courte suffisait pour les obstruer.

Arlette arrive dans l’avenue principale de la ville. Des hôtels modernes, avec de grandes portes à deux battants et de hautes fenêtres, la bordent. Ce n’est peut-être pas aussi pittoresque, mais ici au moins l’on respire. De temps à autre une automobile regagne son garage. Un domestique en livrée apparaît sur un balcon :

M. le Doyen, pense Arlette, m’a dit de m’adresser à chacune des personnes, qui habitent cette rue. Il paraît qu’on doit solliciter d’abord les souscriptions des gens riches. Ceux-ci, flattés qu’on les invite les premiers, se montrent d’autant plus généreux que tous leurs concitoyens, en consultant la liste, connaîtront leur générosité. Quant aux autres, ils se trouvent entraînés par le mouvement général et donnent plus qu’ils ne le voudraient pour que leur obole ne soit pas trop modeste à côté des précédentes… Et pourtant je serais volontiers allée directement chez M. Hyacinthe. J’ai hâte de connaître ce professeur fameux !… Un peu de patience ! Arlette… Il ne faut jamais brusquer les événements…

Elle sonne au numéro 1 de la rue :

— Je viens, mademoiselle, pour une tombola…

— Madame est sortie. Elle regrettera beaucoup…

Elle s’adresse au numéro 3 :

— Est-ce que Monsieur est chez lui ? Je voudrais lui offrir des billets ?

— Monsieur est en voyage. Il sera désolé…

Et ainsi de suite… Arlette commence à douter du succès de son entreprise. Visiblement les domestiques ont des ordres spéciaux pour les dames patronnesses comme pour les marchands de vin. Elle arrive au numéro 15 ! C’est là que demeure M. de Fleurville. Elle presse le bouton électrique. Une vieille servante en tablier blanc et en bonnet frisé, apparaît :

— Mademoiselle, voulez-vous demander à M. de Fleurville de me recevoir ?

M. de Fleurville regrettera infiniment. Il est sorti… il y a juste cinq minutes.

Arlette ne peut s’empêcher de répliquer :

— Cela m’étonne. Depuis dix minutes, je me promène sur le trottoir. Et je n’ai vu sortir personne…

Un peu déconcertée, la bonne répond :

— J’ai dit cinq minutes, comme j’aurais dit une demi-heure. Excusez-moi…

— C’est que je suis envoyée par M. le Grand Doyen pour offrir à M. de Fleurville des billets de tombola…

— Monsieur en prendra certainement.

— Au profit des pauvres de Notre-Dame !

— Monsieur est très généreux ! À quel prix sont-ils, vos billets ?

— Cinquante centimes.

— Ce n’est pas cher. En attendant que Monsieur vous envoie son offrande, voulez-vous accepter la mienne, mademoiselle ?

— Mais volontiers…

— Hélas ! je ne suis pas riche. Voici deux francs…

Arlette tire la grande feuille blanche où elle espérait inscrire tant de noms aristocratiques.

— Quel nom, dois-je mettre ? demande-t-elle.

— Joséphine Flipot.

— P..e..a..u… ?

— Non… p… o… t… pot !… comme un pot !…

Le geste de cette femme modeste est trop joli pour qu’Arlette s’en moque. Elle en sourit au contraire non sans émotion.

— Mais j’y pense !… peut-être bien que M. Jacques souscrira aussi avec plaisir ?

— Monsieur Jacques ?

— Le fils de M. de Fleurville. Il est justement dans son bureau. Donnez-vous la peine d’entrer. Je vais le prévenir. Il n’est pas souvent ici. Il est toujours à Paris…

Arlette est introduite dans un vestibule garni de plantes vertes. Un ours immense en bois sculpté supporte, sous l’escalier, des chapeaux et des manteaux, des parapluies et des cannes, qu’il a l’air de vouloir embrasser tant il les enlace de ses pattes recourbées.

Elle passe dans un salon élégant ou des fauteuils Louis XVI et des bergères soyeuses lui rappellent son petit boudoir d’antan. Dans une vitrine s’étale une collection rare de bonbonnières avec des médaillons, des incrustations, des ivoires sculptés, des camées aux ombres douces. Dans un cadre ovale, sur la glace, un pastel du dix-huitième siècle ! Sur les murs, des esquisses roses de Boucher, un paysage de Sisley, une étude vigoureuse de Jonas.

Arlette respire avec joie dans cette atmosphère parfumée, lorsqu’une voix d’homme retentit à travers les tentures :

— Joséphine, vous n’auriez pas dû laisser entrer. Je ne suis pas comme mon père, moi, je manque de patience. Je n’éprouve nul désir d’être embêté par toutes les vieilles filles de la paroisse…

Le front plissé, Jacques de Fleurville ouvre la porte avec un geste de contrariété. On sent qu’il aura vite fait de se débarrasser de la quêteuse indiscrète. Mais Arlette le regarde droit dans les yeux. Elle a la tête un peu penchée et un sourire, qui ne se dissimule à demi que pour se rendre plus expressif :

— Excusez-moi, monsieur, de n’être pas une vieille fille, dit-elle. Vous auriez peut-être préféré…

Sans la moindre gêne, il éclate de rire :

— Ah ! vous m’avez entendu ? Ne m’en veuillez pas…

— Je partage trop votre opinion pour vous en vouloir. J’ai beau me raisonner, j’ai beau me forcer… Moi, non plus, je ne peux arriver à supporter les vieilles demoiselles… C’est très curieux ! Ça doit être de naissance…

— Peut-être !… Or, moi, j’en ai ma famille encombrée. Quand nous avons une cérémonie, un dîner de mariage ou de première communion, ou d’enterrement, il en traîne dans tous les coins. C’est lamentable !

— Eh bien, moi ! monsieur, j’en ai un salmis à la maison…

— Vous ?

— Oui, monsieur, moi qui vous parle !

— Permettez que je vous adresse…

— Vos condoléances ? merci… Je les accepte.

— Non… mes consolations… Je ne me serais pas permis… Puis-je vous demander le nom de ce salmis ?…

— C’est un salmis de quatre !

— Ah ?

— Vous allez les reconnaître. On peut les voir en liberté le matin quand elles vont à la messe. Pendant des années, elles ont porté le même chapeau vert avec capote de satin miroitant et bride de velours perroquet…

— Comment ? si je les reconnais ?… Ce sont nos vieilles loc…

— Vous l’avez dit ! Locataires !

— Que je vous plains !

— N’est-ce pas ? ma destinée est douloureuse. Quand on est affligée de quatre crampons, comme je le suis, on n’est presque plus présentable dans le monde…

— Vous exagérez…

— Hélas ! non… Ainsi, tenez, nous deux, nous bavardons gentiment. Nous sommes là, comme des camarades. Nous ne nous connaissons pas depuis longtemps, mais nous nous sommes découverts les mêmes idées sur les vieilles filles. Eh bien ! nous aurons beau faire. Il y aura toujours une chose qui nous séparera, une chose grave, une chose terrible…

— Qu’est-ce que c’est ?

— Une gouttière.

— Hein ?

— Oui… une gouttière, qui coule depuis huit ans, mon cher monsieur, et qui met de longues taches noires sur le mur… C’est horrible !

— C’est une honte !… Il faut l’arrêter…

— Oh ! gardez-vous-en bien…

— Pourquoi ?

— Parce que c’est par cette gouttière que se déverse la bile de mes cousines. Les vieilles demoiselles ont besoin d’avoir dans leur vie, toujours prêt, un motif de discussion pour les jours de mauvaise humeur. Si vous leur supprimez celui-ci, les dames aux chapeaux verts devront en inventer un autre. Ça fatiguera leur imagination. Ayez pitié d’elles. Soyez bon pour les vieilles filles !

— Vous êtes amusante… Mais dites-moi… est-ce que vous êtes obligée d’habiter…

— Avec mon quatuor ?

— Oui.

— Je suis forcée… absolument forcée… Sans quoi !…

— Ah !…

— C’est curieux d’ailleurs que vous ne connaissiez pas mon histoire. Tout le monde la sait en ville. Arlette, c’est moi !

— Enchanté…

— Arlette ! la petite cousine ruinée que ces demoiselles Davernis ont été assez bonnes pour recueillir !… Vous n’êtes donc au courant de rien, cher monsieur ?

— Je vous prie de m’excuser…

— Oh ! je ne vous en veux pas. C’est d’ailleurs un fait qui n’est pas encore entré dans l’histoire de France…

— J’habite Paris, n’est-ce pas ? Je suis arrivé cette nuit par le train de onze heures…

— De Paris ?… vous venez de Paris !… Ah ! que je vous regarde !… Paris !… Paris !

Arlette éprouve soudain une vive émotion. Déjà de se sentir dans ce salon coquet, elle était comme transfigurée. De voir un Parisien, de pouvoir parler avec lui de la ville si chère à son cœur, elle a envie de pleurer. Jacques s’en apperçoit…

— Vous connaissez Paris ? lui demande-t-il avec de la tendresse dans la voix.

— J’y suis née… avenue Kléber… J’avais confiance dans mon Étoile… Hélas !… Enfin ! n…i…ni, c’est fini… Je n’y pense plus… J’y retournerai un jour… ou jamais !… Ça m’est égal… Mais vous… parlez-m’en, dites ?… Vous serez si gentil !

— Que désirez-vous que je vous raconte ?

— Est-ce que vous allez souvent au Bois ?

— Oui, fréquemment.

— Dire que nous nous sommes peut-être rencontrés jadis !

— Qui sait ?

— C’est probablement faute d’avoir fait préalablement connaissance que nous ne nous sommes pas reconnus ?…

— Probablement !

— J’ai souvent pensé au nombre des gens, qui avaient les mêmes goûts, les mêmes caractères et qui se seraient follement aimés si le hasard les avait amenés une seconde sur le même chemin, tandis qu’ils traînent lamentablement sur des routes différentes…

— Comme vous êtes étrange ! Jamais je n’ai rencontré une jeune fille qui soit autant que vous à la fois sérieuse et narquoise. On croit que vous allez dire une plaisanterie et vous formulez une observation qui ne manque pas de profondeur…

— Merci pour la profondeur !

— On croit que vous parlez gravement et vous lancez une blague…

— Qu’est-ce que vous voulez ? C’est la vie !

— Je vous trouve délicieuse !

— Et au théâtre ? qu’est-ce qu’on a donné de nouveau, ces temps-ci ?

Arlette parle, parle. Jacques répond à toutes ses questions. Ils sont assis l’un près de l’autre sur un canapé. Soudain elle demande :

— Dans quel quartier habitez-vous ?

— Boulevard Malesherbes.

— Et vous venez souvent ici ?

Avant de se prononcer, Jacques se lève. Il va s’assurer que personne ne l’écoute derrière les portes. Il constate qu’il peut s’exprimer sans crainte. Prenant un ton de confidence, il déclare alors :

— Je reviens le moins possible.

— Comme je vous comprends.

— Il faut vous dire que mon père est un vieux Parisien. Il passe six mois de l’année auprès de moi…

Une pendule sonne à ce moment quatre heures. Arlette sursaute :

— Mais nous bavardons… Excusez-moi… Il faut que je me sauve…

— Déjà ?

— Je dois voir cet après-midi M. Hyacinthe…

— Quel Hyacinthe ? J’en ai connu un jadis…

— C’est le même… professeur au collège, avec une valise jaune…

— Oui… Comme le volatile de la fable, il a fait son globe-trotter pendant dix ans. Fatigué, rompu, il a fini par regagner son premier pigeonnier…

— Pauvre homme !

— J’espère pouvoir le cueillir sur son perchoir… Au revoir, cher monsieur, je suis enchantée de vous connaître…

— Et moi, je suis ravi, mademoiselle…

Elle lui tend la main pour une poignée franche, à l’anglaise. Il la regarde en souriant.

— Pourquoi me regardez-vous ?

— Parce que vous n’allez pas partir ainsi…

— Comment ?

— Vous n’allez pas partir sans m’avoir donné des billets de tombola.

— Ah ! oui, c’est vrai… Mais vous n’y tenez pas… Je m’en voudrais d’insister… Vous m’avez reçue si aimablement.

— Au contraire… J’en désire quelques-uns…

— C’est au profit des pauvres !

— Ce serait au profit des charcutiers divorcés ou des généraux arthritiques que ce serait absolument la même chose… Du moment que c’est vous qui offrez, je ne puis qu’accepter… Voici deux cents francs pour mon père et pour moi…

— Oh ! c’est trop !

— Non… non…

— Que je vous marque !… Fleurville s’écrit F… l… e… fleur, comme une fleur ?

— Oui… Et ville… comme une ville !

— Le tirage de la tombola aura lieu dans six semaines au cours d’une matinée artistique. Je vous enverrai une invitation…

— Je me ferai un plaisir d’y assister…

— Au revoir, monsieur…

— Au revoir, mademoiselle…

Arlette est à peine dans la rue qu’elle se sent incapable d’aller aujourd’hui chez M. Hyacinthe. Pour dire à ce dernier tout ce qu’elle veut lui laisser entendre, il importe qu’elle ait les idées absolument nettes. Elle les avait tantôt. Elle ne les a plus maintenant. Son esprit est brouillé. Est-ce le ton primesautier de sa conversation avec Jacques de Fleurville ? est-ce l’amabilité du jeune homme ? est-ce son évocation de Paris ? Elle ne discerne rien sauf qu’elle est troublée et que son trouble est exquis. Loin de le secouer, elle s’y abandonne.

Ne songeant plus à sonner à d’autres portes, elle marche droit devant elle. Il y a là un jardin public autour des ruines d’une ancienne abbaye. Elle s’y assied un instant. Des enfants, en jouant, se poursuivent et se chamaillent.

Elle se répète en elle-même tout ce que Jacques lui a dit. Et elle pense :

— Il est très gentil, ce jeune homme… Nullement snob, il m’a paru intelligent… Viendra-t-il dans six semaines à ma grande représentation ? Mystère… Il m’a semblé que je ne lui étais pas indifférente… Est-ce que par hasard je ne serais pas aussi loin de Paris que je me l’imaginais ?… Ce serait la réalisation d’un joli songe !… En travaillant pour les pauvres, j’aurais travaillé pour moi-même et la tombola m’aurait valu le gros lot : mon bonheur !…

L’imagination a vite fait de réaliser des prodiges ! Lorsqu’elle rentre chez elle, Arlette ne pense plus du tout au roman de Marie. Elle en a entrevu un autre.

— Eh bien ? mon enfant, lui demande Telcide… Avez-vous réussi dans vos premières démarches ?…

— Oui, ma cousine… au delà de toutes mes espérances.

M. de Fleurville vous a reçue ?

— Non, mais j’ai vu son fils, qui m’a donné deux cents francs… Il a été fort aimable…

— C’est étonnant !… Vous a-t-il annoncé qu’il va épouser une jeune fille noble, très riche, Mlle de Poulbacques ?… Il paraît que ses fiançailles sont officielles…

— Il ne m’en a rien dit…

Arlette a brusquement l’envie de jeter par la fenêtre les billets de sa grande tombola…