Carnet de guerre d’Albert Labbé

Originaire de Pas-en-Artois où ses parents tenaient le premier café-cinéma d’Artois, le jeune Albert s’engage à 20 ans, le 13 octobre 1913, à la mairie d’Arras. Il est affecté au 43e régiment d’infanterie. Le 16 février 1915, il est blessé dans le secteur de Beauséjour et Mesnil-les-Hurlus (Champagne) : une balle l’atteint à la tête et il est envoyé en convalescence à l’école Saint-Elme, devenue hôpital temporaire à Arcachon (de février à avril 1915). Pour cette blessure, il sera pensionné de guerre et recevra la croix de guerre.



Carnet de route


1914-1915
Souvenir du 28 mars


Article de presse découpé

Pour le bien-être
des jeunes soldats

Paris, 5 mars.

À la séance de la Chambre des députés du 12 mars, au moment de la discussion de la date d’appel sous les drapeaux du contingent de la classe 1916, le ministre de la guerre déclara qu’à leur arrivée au régiment, les jeunes soldats seraient l’objet de soins tout spéciaux.

Pour l’exécution de cette promesse, des ordres viennent d’être adressés aux services chargés d’assurer dès à présent l’incorporation de la classe 1916, et l’attention des chefs est particulièrement appelée sur la nécessité de placer les jeunes soldats qui occuperont les casernes existants dans les conditions les plus favorables au point de vue de l’hygiène, de manière que leur entraînement physique n’ait à souffrir en rien de leur installation dans les bâtiments occupés. Il est prescrit notamment que les chambres ne doivent être habitées qu’à leur contenance normale et les dispositifs de ventilation devront toujours être entretenus en parfait état. Les parois de ces chambres seront blanchies à la chaux. Quant aux locaux d’accessoires destinés aux soins d’hygiène corporelle des hommes, ils devront être bien aménagés et améliorés s’il en est besoins, et comme il ne saurait être question d’économies lorsqu’il s’agit de la santé de nos futurs poilus, les services locaux chargés du casernement ont été invités à adresser sans retard au ministre les demandes de crédits qui seront nécessaires pour l’exécution des travaux indispensables.

Article de presse découpé

LA GUERRE DE TRANCHÉES


Le bilan d’un mois

La lenteur des opérations sur le front occidental, si elle ne décourage personne, surprend cependant bien des gens. Pourtant, les hostilités ne cessent guère et nos vaillants soldats n’arrêtent point de se battre ; mais, dans les tranchées, les résultats des engagements ne peuvent être que minimes. On ne gagne du terrain que pied à pied, mètre par mètre.

Voici, d’après les documents du journal anglais le Times, le bilan d’un mois de guerre souterraine sur un des points du front où l’on chôme le moins, dans la région de Perthes-les-Hurlus. La ligne noire portant les chiffres 15 indique la position de nos troupes le 15 février. Les lignes pointillées montrent les avances partielles et quotidiennes avec leurs dates. Enfin, la ligne noire supérieure délimite nos tranchées le 14 mars. (Les dates de 15 à 28 sont du mois de février ; celles de 1 à 14, du mois de mars).

En se reportant à l’échelle, on verra quels héroïques efforts ont dû fournir nos soldats pour gagner quelques mètres.

Carte des environs de Reims


Article de presse découpé

[…] par l’ennemi. Le même jour, […] mètres à Beauséjour.

Le 1er, le 2 et le 3 janvier, c’est au nord-est du Mesnil, et au nord de Beauséjour, que nous avons gagné du terrain — 600 mètres le 1er, 300 mètres le 2, 500 mètres le 3. Les travailleurs français et allemands étaient le […] au soir, distants de 15 mètres. Tout ce qui a été conquis a été gardé. Notre position nouvelle n’a pu être entamée malgré les efforts acharnés de l’ennemi.

Notre artillerie a, sur tout ce front, complètement maîtrisé les batteries allemandes. Elle a, le 3 janvier, infligé de très grosses pertes à des masses d’infanterie ennemie concentrées au nord de Massiges.

Dans les tranchées conquises, nous avons trouvé et pris un minenwerfer, un canon sous coupole cuirassée, un canon-revolver, deux mitrailleuses, 14 caisses de cartouches de mitrailleuses, 5 brassées de bandes pour mitrailleuses, 8 caisses d’explosifs, des projecteurs, des amorces, des mèches, pelles, pioches, trousses d’artificiers, pinces, ciseaux, lampes, chariots, des fusils, de nombreuses cartouches, des lanternes, des équipements, des cigares, des caisses de chocolat, de conserves et du pain.

Tout cela souligne la portée indiscutable de l’échec allemand.

3o En Argonne, les résultats ont été moins importants que dans la région de Perthes.

Notre artillerie a marqué, dans les bois de la Gruerie et de la Bolante, quelques coups heureux ; le 25, démolition d’un abri à mitrailleuses et anéantissement d’un détachement de relève ; le 26, destruction d’un observatoire allemand ; le 30, destruction d’un abri blindé ; le 1er janvier […]

Fin d’un article de presse découpé

Guerre européenne 1914-1915

Russo-Franco-Anglo- Austro-Allemands-
Serbie-Belgique Turquie




2 Août

Mobilisation — on ferme la porte du quartier.

3 Août

Quitte la caserne pour aller former le bataillon dans une école libre de la rue Aubert ou l’on y reste jusqu’au départ.

4 Août

Le colonel Proye nous présente le drapeau au milieu de la foule ; et l’on défile dans les rues pricipales de Lille en chantant et criant a « Berlin »

5 août

Départ de la rue Aubert pour la Madeleine ou l’on embarque. On traverse la ville ; chacun est fleuri, musique en tête. Les Lillois nous escortent jusque la gare, malgré la pluie.

6 Août

On débarque a Aubenton et l’on cantonne a Leuze a 2 h 45 du matin (arrivant a Hirson on fait passer : silence parce qu’on entrait parait-il ! dans la zone dangereuse).

6 Août. — 7, 8, 9, 10.

On fait l’exercice.

10 Août

Départ de Leuze a 4 heures du matin. — Buirefontaine, Hannappes, Rumignies, Blombay et l’on cantonne a Arcy. (beaucoup abandonnent leur 2e paire de chaussures neuves a cause de la fatigue, et la chaleur).

11 Août

On quitte Arcy et l’on cantonne a Renvez — 10 h 15 à 13 h 30. À la seconde étape 7 tués par la chaleur et nombreux malades. On réquisitionne des voitures pour y mettre nos sacs.

12 Août

Repos — exercice.

13 Août

Alerte a 1 heure du matin. On arrive a Revin et l’on passe la Meuse à 7 h 30. (Lever du soleil dans la fôret). Fumay. Haybres. On cotoye la Meuse, on étouffe de chaleur dans la vallée. Cantonne à 5 h 30.

14 Août

On quitte la vallée on arrive a Vireux. On marche la nuit, on passe au bas du fort de Charlemont et Givet. À 1 h 30 on quitte la France, et l’on cantonne en Belgique a la Maison-Blanche. À notre arrivée on prend les avants-postes ; on tire sur un aero-Boche. On tue l’aviateur. et le passager est prisonnier.

15 Août. 16. 17. 18. 19. 20

Exercice.

Le canon et même la fusillade semble proche. On nous fait lever à minuit pour protéger une colonne. Il avait été enregistré par la télégr. s.f. une attaque allemande sur Givet.

Le matin on prend ses dispositions. On utilise une propriétée faisant face à Givet.

21 Août.

Départ à 3 h 1/2 on occupe une voix ferrée. On se dirige ensuite vers Namur, Dinant. (On nous raconte que l’on laisser passer les bôches sur la Meuse pour les noyer et les écraser !).

22 Août

Le canon tonne de plus en plus, on rencontre quelques belges qui déménagent. Morville, Hermeton et Fosse. Denay. Là des soldats battent en retraite, on ne veut pas les croire, on ne se savait pas si prés de l’ennemi (les feux du bivouac sont reparés le matin). Vers 3 heures du matin en route pour la terrible journée du 23 août. On rencontre des belges avec leurs enfants affolés, perdu. On prend un guide qui nous conduit à St Gérard et au petit jour on arrive a la ferme des Reines ou la fermière allemande aprés avoir venu voir l’emplacement de l’artillerie a regagner les lignes bôches. (Je vois tous les Pays. Joly, Fragile, Crouhen, Perot et Loufle.) (aprés on distribue des cartouches, prêt a marcher). Le combat commence à 7 h du matin sur notre gauche on voit le 14e qui creuse des tranchées pour tireur coucher ; mais nous avons devant nous un ballon captif bôche qui observe. Et plusieurs aéros avec nos couleurs viennent en reconnaissance. Une batterie du 15e qui dès le matin était en position, tire quelques coups ; en un instant elle est repairée ; les artilleurs changent de position (même chose) pendant une acalmie d’obus vers midi ; les plus curieux vont dans la ferme des reines mais ils en sont vite revenu ; les obus arrivent de tous côtés, le capitaine nous fait mettre dans un chemin creux a notre gauche ; les mitraillieurs du 127e sont repairés, les mulets sont tués ; les artilleurs cessent leur tir pour enlever leurs canons à la main car plus de chevaux ; les obus arrivent toujours de plus en plus ; 1 tombe au milieu d’une section, plusieurs tués ; ont reçoit des débris de tous les côtés ; on reçoit l’ordre de battre en retraite mais un obus tombe juste sur un caisson ; qui explose ; des officiers crient sauf qui peut, c’est la déroute ; comme des maladroits au lieu de suivre le capitaine on traverse le champs de bataille d’un bout a l’autre et aprés avoir couru 7 k dans les récoltes au milieu du feu des mitraillieuses et des obus un général nous fait déployer sur une crête ; ne voulant pas tirer devant nous ; puisque nos camarades arrivent ; j’ai laisser mon sac comme tout le monde pour reprendre la course ; le soir arrive, voyant le feu aux villages, et se trouvant dans un fer à cheval j’ai grimpé sur un caisson du 41e d’artillerie avec Adrien ; qui nous conduit a Rosée, là je rencontre Grand’homme, on se repose 2 heures dans une grange ; où des réfugiés belges nous ont fait place. Ensuite on se dirige sur Givet ; on nous signale des Hulans dans les bois où l’on marche a la file indienne ; le soir arrive voyant des phares d’auto ; on se cachait dans les fossés. C’est toujours la panique ; les belges ne savent pas ; de quel côté se diriger ; un douanier nous met sur le bon chemin ; on passe prés du fort de Guet dont les canons se font entendre ; des officiers voulaient nous y emmener mais non, rien a faire ; on va se reposer a Daissehe (en France) le maire du pays nous voyant épuisé nous conduit en voiture a Romedounes, de là on retrouve le 43e a Montague (Les routes encombrées par les belges avec leurs voitures).

Le 25 Août

On commence la grande retraitre.

Dombes, Nismes et Couvain.

(en plus de la fatigue c’est la faim).

26 Août.

La Braise, Juvilly, on cantonne a Watrignies.

27 Août.

Départ 5 h 30, Champ de Lestre, la longue rue.

28 Août.

Départ 3 h 30.

Courtanville, Davigny, Tavaux.

Bossemont.

29 Août.

Départ 3 h 30.

Cully, Marles a 5 h 1/2. Les réfugiés d’Hirson demande le chemin. À notre grande surprise le capitaine nous dit que les Allemands sont prés de St Quentin. C’est alors qu’aprés avoir marcher toute la journée, que l’on s’avance sur la grand’route en marche d’approche ; on attend la fusillade.

Dimanche 30 Août.

Le Hérie-la-Vieville, combat qui dura tro 2 jours a notre avantage repoussant la garde impériale a la baïonette. À la tombée de la nuit ; le lendemain matin on occupe le village et nos mitraillieuses marchent, nombreux blessés par les obus, enfin les allemands eurent beaucoup de pertes, malgré cela ont reprend la grande retraitre.

Sous Chatillon, Parquy, plus de sac, plus de linge, on maraude partout dans les maisons.

31 Août

Départ a 3 h 15. Crécy Chalanday, alerte a 21 h on marche toute la nuit (une femme cache son puit)

1er Septembre

On passe prés de Laon a 4 heure du matin ; Neuville, Passy, Beaurieux, Marcy, Breuil, on cantonne a 17 h, réveil a 5 heures.

2 Septembre

Romain, Jonchery, Crécy, Savigny, et Faverolle, on cantonne a 1 heure.

3 Septembre

Départ a 2 h matin Romigny, Cuisles, Chatillon, Cully, on passe la Marne sur des ponts de bateaux ; on s’apprêtre a bivouaquer derrière une ferme mais des aéro nous repairent on se replie sous les obus et l’on reste la nuit sur les bords de la route.

4 Septembre

Départ a 2 h du matin, Marœuil en Brie, Chully-La Chapelle, Orbais, on cantonne a 12 heures. (on a le droit d’emporter ce que que l’on trouve dans les maisons. (7 poules pour 14)

5 Septembre

Alerte minuit, Bannai, Corfelix, Charleville, Verdey, Mœurs. À 17 heures on entre dans la forêt de Traconne (La forestière), un ordre arrive que maintenant on ne doit plus reculer ; et que demain on prend l’offensive.

Dimanche 6 septembre

On passe la nuit, l’on va reconnaitre une maison de garde, où des Hulans étaient déjà venu voir. Vers 5 heures du matin la fusillade commence ; les Allemands ne sont pas prés au combat, ils se replient ; on avance, les obus passent au dessus de nous pendant toute la journée. On avance, c’est la bataille de la Marne, on arrive a Ceux[1].

7 Septembre

À l’heure du matin après avoir fait le jus ont reprend ses positions. À 5 heures on avance et on arrive a Esternay. Les allemands ont allignés leurs tués dans les prairies, de tous côtés, ont fait une grande partie de la croix rouge bôche prisonnière et on soigne leurs nombreux blessés, qui n’ont pas arriver a se sauver. Dans ce pays un officier bôche, après avoir abuser d’une fillette, il lui a cassé le bras et sa mère demandait secour au major du 43e. Ils ont tué 2 civils dans les prairies. Les allemands continuent a battre en retraitre. On cantonne a Rieu.

8 Septembre

Réveil a 5 heures, violent feu d’artillerie, toute la journée on fait la navette d’un champ a un autre a cause des obus. Il y fait chaud et l’eau y fait défaut. Le soir on s’endort sur place malgré le feu toujours violent de l’artillerie et l’on se réveille avec la pluie.

8 Septembre

On arrive a Montmirail, on trouve de l’eau mais les bôches avaient culbutés leurs chevaux morts dans les sources. Les bôches abandonnent une voiture a vivre et plusieurs auto (nombreuses tombes dans les jardins). Courbetaux. Les Allemands sont en déroute, ils brulent nos fusils et abandonnent nos sacs dont ils s’étaient emparés ; sur leur chemin ils ravagent les villas, éventrent les coffres forts, crèvent les yeux des photographies, débouchent les tonneaux de vin. On bivouac près de Couclés (feux du bivouac).

10 Septembre

Margny, Ville Sur Orbais.

Chavenay.

11 Septembre

En route a 5 heures, on repasse la Marne près de Dormans, Passy, il tombe une pluie froide. Anthenay ou l’on cantonne.

11 Septembre

On repasse A 5 heures, Olirzy, Ville-en-Cardenais, Romignies, Sarcy, malgré la pluie on s’avance en marche d’approche, on loge a Ornes où les allemands avait bivouaquer la journée.

12 Septembre

Après une longue côte, on apperçoit Reims a 15 k, les forts sont occupés par les bôches. On prend les avants postes dans les vignes (plusieurs civils avec leurs enfants viennent voir éclater les obus.) Le soir après la pluie on se réchauffe devant une meule incendiée.

13

Bouleuse, on fortifie le village, les bôches commencent a vouloir résister. On s’avance sur St Brice et nous sommes devant Reims.

14 Septembre

On entre dans les faubourgs de Reims de la nous faisons de nombreux prisonniers parmis lesquels des francs-tireur. Nous sommes acclamés de tous côtés par la foule, vin, bierre, on nous donne chocolat, gateaux et même des portemonaies garnis. La fête dure quelques instants car bientôt commence le bonbardement de Reims.

15 Septembre. 16. —

On prend position le long du canal a la Neuvilette pour rester là 3 jours sans bouger avancer, recevant des Scrapnells du soir au matin, ne pouvant pas faire de feu, et plus de vives de réserve. Tous les soir on avance pour


Prise de Reims et de La Neuvilette


prendre le fort de Brimont a la baïonette, mais on recule. Le 36e se replie, les allemands sonnent la charge. Un commandant d’artillerie du 41e fait demander notre commandant en aide, ils nous fait déployer en tiraillieurs le long d’une voix ferrée et de nos feux de salves, les bôches prés de nous, ont sonnent le rassemblement ; et a notre tour nous avons crier « a la baïonnette » sans bouger de place car ils étaient plus nombreux ; le soir, le 84e vient en renfort pour nous tirer dans le dos, alors on s’est replier dans un petit bois ; l’ordre nous arrive que le 43e est parti mais un commandant du 36e nous menace révolver au poing de si l’on voulait passer le pont. Ce n’est que le lendemain, épuisé par la fain, que nous avons réussi a aller nous reposer aux magasins a pétrole près de St Brice.

17 Septembre

Le 3e bataillon quitte St Brice pour aller retrouver le 43e. Tilloy, Jonchery, Vesles et Vantelay on cantonne.

19 Septembre

Meurival et l’on revient sur ses pas a Ventelay.

20 Septembre

Départ de Ventelay, Concecreux et Beaurieux.

21 Septembre

Bas-Beaurieux, on occupe la crête nord. L’on rencontre une cuisine roulante allemande ainsi qu’une voiture de génie.

22 Septembre

On cantonne dans une cave.

23 Septembre

Maizy, Conceuvreux, on cantonne a Roucy

24 Sept.

Réveil a 3 heures, on occupe la crète 84, l’on bivouac dans le bois de Germicourt, on installe des abris le 26, le 127e nous remplace, on rentre a Roucy.

27 Septembre

Roucy, on nous fait faire l’exercice. Un aéro vient nous lancer 2 bombes, personne de blessé.

28 Sept.

Le commandant s’interesse de nous a tour de rôle, il nous fait appeler pour nous demander si la santé etait bonne (un duel d’aéro).

29 Sept.

Aux abris dans le bois de Germicourt.

30 Sept. 1 Octobre. 2. —

On rentre a Bouffigneureux ou l’on fait l’exercice.

3 Octobre. 4, et 5 octobre

Le soir, départ pour la Berry-au-Bac. On occupe la ferme de Sapigneuilles que l’on fortifie ; on creuse des tranchées le long du canal de l’Aisne.

6 Octobre, 7 Octobre

Relever par le 127e, on va au repos a Bouffigneureux.

9 Octobre

On retourne aux tranchées de Sapigneuilles, apres attaque d’artillerie le 148e Infanterie attaque sans résultat.

10 Octobre

Même attaque sans résultat.

14

Les allemands s’acharnent a bombarder le petit village de Sapigneuille, des obus tombent sur l’église malgré le drapeau de la croix rouge. Nous avons la garde du pont de Sapigneuille. Apres avoir rester 2 heures sur le pont, voici la reléve, on reçoit 2 grosse bombes qui tombent à côté du pont. En même temps, le 75 tire trop court (pas de théléphone), plusieurs blessés.

15 Octobre

Apres attaque d’artillerie, le 127e attaque avec un bataillon. Arriver au milieu de la crête, une mitraillieuse se démasque, plus personne ne semble avancer. L’attaque ratée, le soir, quelques blessés arrivent a repasser le pont, ceux qui demandaient du secours furent achever par les patrouilles allemandes qui venaient près de nous crier en français « feu par salves », ce qui nous a obliger de de tirer sur eux ; le lendemain, la crête était couverte de nos cadavres français qui sont restés là durant deux mois devant nos yeux. (Roger, Crouhen, Perot).

16 Octobre

Une marmite tombe sur un abris, 9 tués et plusieurs blessés ; on passe une partie de la nuit a enterrer ses amis (Sergent major Legrand prés de la petite rivière).

17 Octobre. 18.

Des bôches viennent visiter nos morts sur la crête en plein jour ; ils sont reçu par une fusillade, 2 tués.

Le 20

On va en repos dans le bois de Germicourt (parade d’exécution)

22. 23.

Germicourt, on ne trouve rien, plus de pommes de terre, rien, (les fumeurs de thé).

24.

On arrive a Sapigneville le soir, 1 balle suffisait pour faire ecrouler les murs de la ferme, dans la journée un berger avec son troupeau vient se placer devant une batterie qui fut repairée de suite ; le soir nous sommes relever par le 148e, on marche toute la nuit pour se reposer dans un petit réduit en ciment pendant quelques heures. Nous voyons pour la 1e fois un de nos ballons captifs.

26 Octobre.

On quitte la région de Berry-au-Bac, Ventelay, Romain, Fismes, et ville Savoye.

27.

L’orgue de barbarie et le feu dans le cantonnement, 3 maisons brulées.

29.

On se dirige sur St Thibaut, Bazoches gare ou l’on parle d’embarquer. Le 18e corps se replie et demande du renfort, l’ordre est donner de traverser un plateau battu par l’artillerie a tout prix pour se rendre a Cys la Commune. En marche sur le plateau de Braisnes, aussitôt vu, nous sommes pris dans un violent tir faucher en avant, en arrière, de tous les cotés les marmites arrivent par trois, la compagnie prend le pas gymnastique jusqu’au bois de Cys. Nous en sommes quitte pour la peur et quelques mottes de terre sur la figure. Le soir, on cantonne dans une grange de Cys. Les autres compagnies ont eu beaucoup de pertes surtout au 2e bataillon. Le 127e a notre gauche n’avance pas, il vient le soir.

Le 31 Octobre

Comme le village est bombarder, on loge dans les caves.

1 Novembre

On creuse des tranchées prés de l’église dans les jardins, lorsque le jour arrive on rentre dans les caves. Beaucoup d’habitants se trouvent encor dans le village. Nous avons du lait, des pommes, la boulangerie qui continue a faire du pain malgré être a 200 metres des bôches, jamais un obus tombe dans son quartier, mais lorsque le colonel arriva, sa maison fut arrosée de schrapnells. La boulangerie fut arreter pour espionage.

Le 3

Les troupes qui occupaient la crête battent en retraite. On attend les dernieres patrouilles de Chavonne pour faire sauter le pont, ou nous avons fait pendant la nuit de fausses tranchées, ensuite on retourne aux caves.

4 Novembre

On profite du brouillard pour creuser des tranchées prés du canal, le 5 nous y restons. Nous voici repairé, une averse de Schrappnels, pas un blessé, on retourne à Brie le matin.

6 Novembre

Attaque de Chavonne, la compagnie part sans sac en renfort, l’attaque rate, on se retire dans des carrières a la faveur du brouillard (on reste la journée et la nuit sans vivres).

7 Novembre

Nouvelle attaque


Plan des opérations à Chavonne, Soupir, Cys et Saint-Mard


Plan des opérations à Sapigneuille et à Berry-au-Bac


[Nouvelle attaque] de Chavonne. On parte avec le Lieutenant. On arrive un peu tard, on cherche aprés la barque qui doit nous permettre de passer l’Aisne, mais on ne trouve rien. Les sénégalais créent a la baïonette une vive fusillade les fauchent de tous côtés. On reçoit des coups de feu, plusieurs de la compagnie sont tués. N’ayant pas d’outils, j’avais commencer a creuser un petit abris avec mon cor. Les bôches envoyent des fusées qui nous découvre des tranchées toute faite que l’on gagne de suite en rampant ; de là on voit quelques sénégalais qui risquent de repasser l’Aisne a la nage, mais pas un ne reussit.

Le 7

On retourne a Cys dans les tranchées, ou il pleut toute la journée.

Le 8 Octobre

Le 8e Infant. attaque Chavonne, on occupe le pont des Anglais, l’artil. tire trop court.

Vers le soir, on retourne aux tranchées de Cys, de là on retourne a Preles et le 11 on retourne au repos a Cys.

12 Octobre

On attaque a nouveau Chavonne sans résultat.

13. 14. 15 Octobre

Départ pour Dhuizel. On marche toute la nuit, on se repose le jour et le soir en route pour Soupir. La pluie. Le sergent Gros passe Lieutenant.

18.

Aux tranchées il géle.

19. 20.

Le manger arrive froid. Un adjudent du génie vient se faire prisonnier ; dans l’aprés midi le Lieutenant Robert chante un air allemand, les bôches applaudissent. Un des leurs agite un mouchoir blanc. On lui fait signe qu’il peut venir, il arrive nous apporter des journaux, et une boite de cigares. Dans l’aprés midi, plus un coup de fusil n’a été échanger. Vers 4 heures a notre droite se trouve un grand chateau Chauchard hériter par Galinette. Les bôches envoyent des obus qui renversent le dôme, le feu s’y met vers 5 heures du matin, le chateau n’était plus qu’un immense brasier.

21.

On loge dans les grottes de St. Mard.

23.

On retourne a la ferme Montsapin. Une tranchée prend feu, les cartouches éclatent et les bôches tirent dans la direction. Toute la journée des bôches tirent sur des vaches perdues. Les tranchées de 1e ligne ne peuvent pas être bombardée, les lignes sont trop rapprochées, on décide de faire la popotte.

Le 27

On passe toute la nuit sur la route pour arriver a Courcelles le matin.

29

Départ pour Soupir.

1 Décembre

En première ligne je vide une cartouchière, ensuite je fais place au Sergent Gervois qui fait le croquis des tranchées (il reçoit une balle au front, le soir on l’enterre près du calvaire de Chavonne).

Le 2
Le 127e nous relève, l’on passe la nuit sur la route, on arrive a Bazoches.
3

Repos a St. Thibaut.

4 Décembre

On part pour faire l’exercice mais on fait la chasse, on attrape 2 lièvres.

5 Décembre

Arrivée de la classe 1914. On fête St. Nicolas jusque 2 heures du matin.

6 Décembre

Départ pour Livré, on fait des marches d’entrainements.

8.

En route pour Courcelles.

9. 10. 11. 12.

Marches d’entrée a Courcelles. Sapricourt. On apperçoit la cathédrale de Reims qui se trouve a 16 k.

13. 14. 15.

Aprés avoir toucher des vives d’embarquement, on part a 3 heures, on embarque a Fismes [débarquer a Cuperly a 7 heures du matin. On se dirige sur St. Remy-les-Bussy].

Article de presse découpé

Les mesures à prendre
Copenhague, 19 février.

Les représentants des gouvernements danois, norvégiens et suédois se réuniront demain samedi, à Copenhague, afin d’examiner les mesures à prendre pour assurer le maintien de la navigation dans la mer du Nord.


Encore un steamer norvégien coulé
Londres, 19 février.

D’après un télégramme de Copenhague, le Cap-Nord, steamer battant pavillon norvégien, aurait été coulé par une mine allemande dans la Baltique.

Tout l’équipage a péri (Hérald.)


La réponse anglaise
Londres, 20 février.

La réponse de sir Edward Grey aux États-Unis, conçue en termes amicaux, n’apporte aucun document nouveau. Elle déclare que le gouvernement anglais n’a pas l’intention de généraliser dans la marine l’emploi du pavillon neutre et ajoute

« Si, d’autre part, le gouvernement de Sa Majesté était amené à déclarer toute denrée alimentaire contrebande absolue ou à prendre toute autre mesure de représailles vis-à-vis du commerce allemand, […] a confiance que sa conduite ne sera […] jugée […] »

Fin d’un article de presse découpé
Article de presse découpé

Continuation de nos succès
dans la région de Perthes

Sur le front qui s’étend entre Souain et Beauséjour, notre infanterie, dans les journées des 16 et 17, a obtenu des résultats qui consolident et qui confirment ceux qu’elle avait déjà enregistrés dans les semaines précédentes.

On se souvient qu’en décembre, nous avions réussi à porter notre ligne à plus de deux kilomètres au nord de celle que nous occupions précédemment. Par une douzaine d’attaques, nous nous étions notamment rendus maîtres de la cote 200, position fortifiée importante que les Allemands avaient organisée aux environs de Perthes et contre laquelle se sont brisés, depuis lors, tous les efforts de leurs contre-attaques.

Dans la journée du 16 février, nous avons entamé dans cette même région une nouvelle action brillamment préparée par notre artillerie. Le moral de nos fantassins a été heureusement impressionné par le tir continu et violent de nos batteries de campagne et de nos batteries lourdes qui, pendant la première partie de la journée, n’a provoqué de la part de l’ennemi qu’une riposte assez molle. Notre infanterie en a tiré la conclusion que les Allemands, dans cette région, ont moins de munitions à dépenser que nous.

Notre action au nord de Beauséjour, au nord de Mesnil et au nord-est et au nord-ouest de Perthes, nous a rendus maîtres de trois kilomètres de tranchées allemandes ; c’est-à-dire de la première ligne installée sur les crêts. Quatre cents prisonniers environ sont tombés entre nos mains parmi lesquels de nombreux officiers.

Le 17, nos troupes, pleines d’entrain et d’ardeur, encouragées par leur succès de la veille, réconfortées comme la veille par le feu puissant de notre artillerie, se sont, sur différents points, rendues maîtresses de la deuxième ligne allemande, notamment sur un front de 800 mètres, à la gauche de la ligne d’attaque.

La journée nous a permis de cueillir encore quelques centaines de prisonniers. Les officiers et les hommes que nous avons capturés appartiennent à cinq corps d’armée différents, deux actifs et trois de réserve.

Nous avons également enlevé à l’ennemi plusieurs de ses lances-bombes, les uns de grand modèle, les autres de petit modèle.

Nos attaques d’infanterie, en liaison étroite avec l’artillerie, ont été menées vivement, malgré l’inclémence du temps.

L’état physique et moral de nos troupes est excellent à tous égards.


Brillants succès de notre infanterie
dans l’Argonne
Fin de l’article de presse découpé

débarquer a Cuperly a 7 heures du matin. On se dirige sur St. Remy-les-Bussy.

18. 19. 20.

Départ, en cas de renfort, aux troupes, qui attaquent devant nous. On nous lit un ordre du général Geoffre.

21.

On ramasse nos couvertures et l’on attend que les bôches battent en retraitre pour se mettre a leur poursuite. À partir du 22 on ne rentre plus a St. Remy les Bussy, on bivouac dans le bois, sur la route de Somme. Bionne a Somme. Suippes.

Le 25.

Noël. L’aumonier fait la messe au milieu [des champs. Le soir on retourne a Bussy le Château, le 127e vient nous remplacer].

Revers d’un article de presse découpé

Comment le « Belridge » a été coulé
Londres, 20 février.

(Officiel). — C’est par un sous-marin allemand que le bateau-citerne norvégien Belridge a été frappé. Les débris d’une torpille ont été retirés de la coque.

Le Lloyd annonce que le capitaine du Belridge a échoué son bateau près de Douvres dans le but de le sauver.


Les mesures à prendre
Copenhague, 19 février.

Les représentants des gouvernements danois, norvégiens et suédois se réuniront demain samedi, à Copenhague, afin d’examiner les mesures à prendre pour assurer le maintien de la navigation dans la mer du Nord.


Encore un steamer norvégien coulé
Londres, 19 février.

D’après un télégramme de Copenhague, le Cap-Nord, steamer battant pavillon norvégien, aurait été coulé par une mine allemande dans la Baltique.

Tout l’équipage a péri (Hérald.)


La réponse anglaise
Londres, 20 février.

La réponse de sir Edward Grey aux États-Unis, conçue en termes amicaux, n’apporte aucun document nouveau. Elle déclare que le gouvernement anglais n’a pas l’intention de généraliser dans la marine l’emploi du pavillon neutre et ajoute

« Si, d’autre part, le gouvernement de Sa Majesté était amené à déclarer toute denrée alimentaire contrebande absolue ou à prendre toute autre mesure de représailles vis-à-vis du commerce allemand, […] a confiance que sa conduite ne sera […] jugée […] »

Fin du revers d’un article de presse découpé

champs, le soir on retourne à Bussy-le-Château, le 127e vient nous remplacer.

26. 27.

On part bivouaquer dans le bois le 29. Départ pour Minaucourt (aux abris).

30.

En première ligne devant la ferme de Beauséjour.

31.

Après un violent bombardement de marmittes notre tranchée s’écroule. Plusieurs tués. Nous perdons notre nouveau lieutenant Robert. (enterré au cimetiere de Miraucourt avec le lieut. Martin et le sergent Major de la 9e. On rend les honneurs avec le commandant Guascot.)

1 Janvier

En 2e ligne.

2 Janvier

La 2e compagnie fait l’attaque sans résultat. Nombreux tués en 2e ligne.

3 Janvier

La 12e va en patrouille est prend 2 tranchees.

4 Janvier

On est relever par le 127e. Il pleut toujours, les boyaux sont plein d’eau jusqu’à hauteur des genoux.

5 Janvier. 6. 7.

En repos, on bivouac prés de Hans.

8 Janvier

La neige. On part pour Valmy en repos.

9 Janvier

Le soir on part aux tranchées a minuit, on arrive a Beausejour a 5 heures du matin.

10. 11. 12. 13. 14. 15 Janvier.

Les bôches font sauter a la mine un fortain dont le 127e avait pris. 93 hors combat a la 6e compagnie. On a repris a nouveau le fortain a la baïonette.

16 Janvier.

On passe en réserve à Minaucourt.

17. 18. 19. 2

En repos. Le soir en corvée aux tranchées avec le génie pour puiser l’eau et porter des rondins pour abris.

20 Janvier.

Prise d’armes. Notre commandant Guasco décoré officier de la légion d’honneur. Arrivée d’un nouveau lieutenant.

20. 21.

Bombardement de Minaucourt, Sergent Dandois tué (enterré prés de l’église). Le soir départ pour les tranchées, les boyaux sont pleins d’eau, l’on reste 3 heures près du fortin de la boue jusqu’aux genoux. Il gèle. On rentre en 3e ligne au petit jour.

22. 23. 24.

Aux abris, le capitaine doit passer lui même pour nous faire aller porter des rondins aux tranchées.

25. 26.

En première ligne.

27. Janvier 28. 29. 30. 31.

En repos a Hans, l’aumonier Régent fait un discours. Les Marsouins en repos on installé des douches.

2 Février.

Départ pour Beauséjour.

3 Février.

En première ligne, les bôches attaquent, les l’artillerie nous signale des troupes. Apres un violent bombardement et une fusillade d’une heure, les bôches n’ont pu sortir de leurs tranchées. 12 blessés et 2 tués pour la compagnie.

4 Février.

Toujours en 1e ligne.

5 Février.

Id. nouvelle attaque d’artillerie. On reçoit des obus de tous calibres. Les canons révolver font sauter quelques crénaux. Personne de blessé. Nous avons 4 mitraillieuses avec nous. Le 75 refoule les bôches.

6 Février

Aux abris.

7 et [8] Février

Notre capitaine Monganne se fait évaquer.

9 Février

En repos a Hans.

10. 11. 12. 13. 14

Repos. En réserve le 12 du 127.

15 Février

On arrive a Beauséjour. Aux abris on se prépare pour l’attaque.

16 Février

A 3 heures du matin, départ en 1e ligne a 10 heures après 10 minutes de bombardement. Toute la compagnie franchit le parapet a la baïonette avec fanion rouge pour l’artillerie. Plus un piquet, plus de fil de fer, une panique chez les bôches qui se sauvent avec leurs mitraillieuses. Pas un de nous est blesser. Arriver dans la tranchée bôches, on s’empare d’un théléphone. Le lieutenant Givet casse une mitrailleuse (avant de se replier). On voit des équipements bôches partout de. Ceux qui ne se sont pas enfui sont prisonnier. On les pique avec la baïonette pour les faire regagner nos lignes. Ils se trainent a genoux, offrant leurs montres, boites d’allumettes, etc., etc. Le lieutenant conserve un sous officier et de nombreux soldats jusquant qu’en les ferait regagner nos lignes quand il y aura acalmie. (le soir ces bôches on été repris par une contre attaque). On avance toujours en chantant, les bôches se sauvent, nous voici presque qu’à la 3e tranchée, on se retourne, on appercoit qu’il y a des bôches a gauche qui nous tirent dans le dos. On demande du renfort, rien ne vient. Le renfort bôche, la garde impériale arrive, on tire a bout portant, plusieurs tués dans notre côté. On économise nos cartouches. La poussée devient terrible, on revient sur ses pas, aprés avoir vider 2 équipements (celui de Martin tué a mon côté). Les bôches lancent des grenades, c’est alors que j’en ai recu un éclat sur la tête. A moitier assommer, je me suis réfugier dans une sappe. Aprés avoir rester la une demi-heure, les bôches arrvent arrivent en nombre. Plusieurs des notres sont prisonniers. Les bôches les font avancer vers nous et en profitent pour se préserver de nos balles.

Article de presse découpé

57 coups de canon pour abattre un clocher

Un de nos soldats raconte, dans une lettre dont le Temps reproduit des passages, comment fut démoli, par les Allemands, le clocher de Foucquevillers (Pas-de-Calais):

Le Boches nous ont, hier, abattu notre clocher. C’est bien inutile, car on ne s’en servait aucunement. Le plaisant est qu’il leur a fallu 57 coups de 210 mm. pour l’avoir ; ils ont tiré pendant deux heures et demi environ ; les 40 premiers coups sont tombés partout, sauf près de l’église ; enfin les derniers se sont un peu rapprochés et la pointe du clocher a fini par s’abattre ; aussitôt le tir s’est arrêté. D’après le coût de ces 57 coups, il est permis de dire que le résultat est indigent, il n’y a pas eu de blessés et le clocher était parfaitement inutile. En revanche, le cimetière est plus défoncé que jamais. J’ai été visiter tout cela une heure après la fin du tir. Les trous d’obus dans la terre semi-dure (il gèle) ont environ 2m50 de diamètre et 1m60 de profondeur.

J’avais d’ailleurs assisté à l’agonie du clocher. Je l’ai vu choir lentement, car l’obus ne l’a pas touché lui-même ; c’est la moitié de la tour qui s’est écroulée ; alors le point d’appui manquant, le clocher s’est abîmé ; cela a duré quelques secondes.

Vers 1 heure, le Lieutenant Gros donne l’ordre aux blessés de regagner nos lignes n’importe comment et de demander du renfort. En 2e ligne, beaucoup de tués et blessés. En 3e ligne je rencontre un commandant avec l’aumonier. Il me demande quelle nouvelle, je lui dit qu’on demande du renfort (le soir, la compagnie faute de renfort a du regagner nos lignes. Le lieut. Gros tué. Sergent Laquais blessé, prisonnier. Sergent major, Serg. Joli, l’adjudent Dollet prisonnier, mon caporal Buissart tué (enterré a St. Jean, rue Alcazar, Lille). Le 2 Mars, la compagnie qui a repris ce soir la les tranchées bôches compte 33 hommes. A 1 heure 1/2 j’arrive avec des bôches blessés au poste de secours. Un adjudant me donne ma carte d’évaquation. Un artilleur m’aide a rejoindre Minaucourt où le soir des voitures nous ont conduit a St. Jean. De St. Jean a Valmy en auto.

17

On embarque pour Chalons. On arrive a Arcachon le 20 a minuit.

Fin Mars

Le 43e fait une attaque prés de Verdun qui a coûter 800 hommes et 16 officiers dont notre commandant Guasco et sergent Caisne.


Labbé Albert, départ d’Arcachon, 1e escouade, 1e section, 20 avril, 10e compagnie.
43e régiment d’infanterie, Lille (caserne Souchim).
De Pas-en-Artois, Pas-de-Calais.


Au pont de Minaucourt[2]

Sous l’air des ponts de Paris


I

En avant d’un village
Qu’on nomme Minaucourt
Un pont donne passage
Aux soldats nuit et jour
Prés des tranchées
Blottis, cachés
Se trouvent les abris de nos troupes
Et des troupiers
Les cuisiniers
Tranquillement y font la soupe.


Refrain

Au pont de Minaucourt
Nous vivons nuit et jour
Depuis trois mois c’est la notre demeure
Les uns y vivent et les autres y meurent
Mais qu’importe la mort
Si nous sommes les plus forts
N’avons nous pas du 155 court
Au pont de Minaucourt.


II

Ce n’est pas par débine
Que je dis en ce jour
Qu’on fait bonne cuisine
Au pont de Minaucourt
Riz du Japon
Et saucisson
De l’Australie ou d’Amérique
Quart de tacot
De ça pas trop,
Ça pourrait donner la colique.


Refrain

Au pont de Minaucourt
On mange nuit et jour
Il y en a même qui s’emplissent la panse
Avec ce qu’ils ont acheté a Hans
On a du camembert,
Et si on le vend si cher
C’est qu’il s’en va tout seul par le plus court
Au pont de Minaucourt.


III

Quand sera fini la guerre
Et que nous reviendrons
Chez nous la mine fière
Alors nous conterons
A nos parents
A nos enfants
Notre campagne et nos victoires,
Ohé ! les gars,
N’oubliez pas
Hors de leur conter l’histoire.


Refrain

Du pont de Minaucourt
Ou pendant bien des jours
Pendant des nuits durant la grande lutte
De l’Allemand précipitant la chute,
Vous aurez travaillée,
Souffert et puis lutté
Souvenez-vous amis et pour toujours,
Du pont de Minaucourt.


Un marsouin, 24e colonial.



M. Léon Lablé, 42e Batt. 15e d’artillerie, groupe de 95 par S. Junien.

Marcel Deleplaire, 1e section, C.O.A, boulangerie de camp, secteur 23

Joly Maurice, 15 d’artillerie, 1e groupe, 4e pièce

Charles Vérin, 6e génie, Cnd/26. E.O.R, Angers, Maine et Loire

Adrien Devauchelle, 291 rue Jules Barni, Amiens

Marius Poulet, sergent au 102e, Hopital des Sacres Cœurs, Chartres, Eure-et-Loire

157e division, 3 groupe, 95, 42 B, 7e pièce, Pizay par Montluel
  1. Lire Seu
  2. Cette chanson a été écrite par le caporal Mazurel mort en février 1916. La version du cahier d’Albert Labbé est plus courte de deux strophes et présente quelques différences avec la version originelle.