Cahier de chansons populaires/Le moine pipé

Le moine pipé

I

C’était un petit moine
Qu’on ne savait pas son nom,
Une jeune et jolie dame
En savait ben le nom,
Elle lui dit : Mon bel ami,
Mon beau François,
Mon petit frère,
Mon frère Nicolas,
Viens ce soir dans ma chambre,
Avec ma tu souperas.

II

Le pauvre moine
Il n’a pas manqué,
Et chez la dame
Tout droite s’en est allé.
Elle lui dit : Mon bel ami,
Mon beau François,
Mon petit frère,
Mon frère Nicolas,
Jette tes habits à bas,
Avec ma tu coucheras.

III

Le pauvre moine,
Son habit il jeta,
La jeune jolie dame
Dans son coffr’ l’enferma,

Elle lui dit : Mon bel ami
Mon beau François,
Mon petit frère,
Mon frère Nicolas,
Saute donc par la fenêtre
J’entends mon mari en bas !

IV

Le pauvre moine,
Par la fenêtre il sauta
Dessus une pierre
Son estomac il cassa.
Elle lui dit : Mon bel ami,
Mon beau François,
Mon petit frère,
Mon frère Nicolas,
Compte les chevill’s de la porte
Tu sauras comben y en aura.

V

— Ma bonne Dame,
Rendez-ma mon argent
Que je m’en retourne
Tout droite à mon couvent.
Elle lui dit : Mon bel ami,
Mon beau François,
Mon petit frère,
Mon frère Nicolas,
Je t’en donnerai ben la bourse
Mais l’argent tu l’auras pas.

VI

— Ma Bonne Dame,
Rendez-ma donc mes draps,
L’habit de moine
À vous n’appartient pas.
Elle lui dit : Mon bel ami,
Mon beau François,
Mon petit frère,
Mon frère Nicolas
Je les ferai peindre[1] en rouge,
Mon mari les portera.

VII

Le pauvre moine
À son couvent s’en va
Et à ses frères
S’en fut conter cela.
Ils lui ont dit : Mon bel ami,
Mon beau François,
Mon petit frère,
Mon frère Nicolas,
Que Dieu bénisse la Dame,
Mais ta, tu goberas[2].

(BAULON).

Cf. : Ad. Orain : Chans. pop de la Haute-Bretagne, p. 65.

  1. Teindre.
  2. Seras battu.