Bulletin de la société géologique de France/1re série/Tome I/Présentation au roi du 25 août 1830


25 août — Présentation au Roi.


Les membres, résidans à Paris ayant été prévenus à domicile, sont présentés MM. Bertrand-Geslin, Bailly de Merlieux, Boubée, Delajonkaire, Defrance, Deshayes, Delorme, Desnoyers, Diaz, Duclos, Duperrey, de Férussac, Gitton de la Ribellerie, Hardouin, Huot, Lenoir, Lajoye, Michelin, de Montalembert, Morren, Perrot, C. Prévost, Roberton, Regley, Ruelle, Robin-Massé, Vallejo, Vemard, Wafferdin.

M. Constant Prévost, vice-président, porte la parole :

Sire,

« Pour devenir florissantes, les sciences ont besoin de liberté Sous quels auspices plus heureux la Société géologique de France pouvait-elle naître ?

Animés du désir de se rendre utiles en propageant le savoir, quelques hommes, qui ont consacré leur vie à l’étude, ont cru pouvoir atteindre leur but en fondant une société sur des bases nouvelles. N’admettant aucun privilège, ils ont appelé indistinctement les hommes de tous les rangs, de tous les états et de tous les pays, qui, prenant quelqu’intérêt à la science qu’ils cultivent, voudraient contribuer à ses progrès.

Aussi, grâce aux principes d’égalité et d’indépendance qui la régissent, la Société géologique de France a reçu dans l’espace de quelques mois l’adhésion d’un grand nombre de personnes recommandables, qui se sont empressées de s’associer à ses efforts et à ses travaux.

Dans tous les temps, l’histoire des révolutions que notre planète a éprouvées et la recherche des causes qui les ont produites ont excité un intérêt puissant ; mais aujourd’hui c’est moins comme science spéculative que comme science éminemment utile par ses nombreuses applications aux arts, à l’industrie et à l’agriculture<section end="section 2" / que la géologie devenue-positive a fait depuis peu d’années tant de prosélytes dans le public éclairé.

En effet, ce sont les documens fournis par la connaissance exacte de la structure du globe, qui guident le mineur, l’agriculteur, le fabricant dans la recherche et dans l’extraction des substances qu’ils doivent employer et que la terre renferme dans son sein.

C’est au géologue que demande des instructions préliminaires indispensables le sondeur habile qui, au moyen de procédés ingénieux, va chercher dans les profondeurs et ramène à la surface du sol une eau salutaire, destinée à fertiliser des campagnes stériles, et à doter des contrées pauvres de riches établissemens industriels.

Veuillez, Sire, recevoir les hommages sincères et l’expression du dévouement des membres de la Société géologique de France.

Encouragés par votre accueil paternel, ils s’efforceront de mériter votre estime ; tous savent que, s’ils parviennent à se rendre utiles au pays, que si par leurs travaux ils honorent le nom français, ils doivent compter sur l’auguste protection de Votre Majesté. »

Le Roi a répondu :

« Je reçois avec beaucoup d’intérêt l’expression des sentimens de la Société géologique de France ; je vois avec plaisir qu’elle est établie sur des bases larges et bien entendues : je ne suis pas étonné de ses succès.

Il est fort difficile de pénétrer dans les profondeurs de la terre pour rechercher la cause des révolutions qu’elle à éprouvées ; mais le but que vous vous êtes proposé, est éminemment bon et éminemment utile ; vous pouvez compter que je protégerai toujours vos efforts.

Il, serait à désirer que les puits artésiens se multipliassent ; c’est un moyen de répandre l’eau en abondance, et répandre l’eau sur la terre, c’est aider à la fertiliser. »


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