Paul Ollendorff (p. 33-35).
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XX


Déc


La voilà revenue avec le même orgueil
            Qu’à la saison dernière.
Ce soir elle passait devant mon triste seuil,
            Penchée à sa manière.

L’esprit sage, à côté du feu qui crépitait,
            Je lisais dans ma chambre ;
Je crus qu’elle venait, et qu’elle m’apportait
            De l’amour en décembre.


Je la vis de ma table où j’étais accoudé ;
            Après six mois d’absence,
Son cœur, son petit cœur ne s’est pas demandé,
            Certain de sa puissance,

Comment j’avais sans elle enduré ces longs jours ;
            Ce que j’avais pu faire ;
Si je l’avais trahie, ou si l’aimer toujours
            Était ma grande affaire ;

Si j’avais travaillé ; si ma peine souvent
            Avait été rimée ;
Si j’avais désappris le chemin décevant
            De sa maison fermée ;

Bien couru le théâtre, et l’église, et le bois
            Où manquait son visage ;
Et relu le journal qui disait quelquefois
            Qu’elle était de passage ;

Si je l’avais cherchée à Londre, aux environs,
            Et dans sa Normandie ;
Parlant d’elle à chacun avec les airs poltrons
            D’un homme qui mendie…


Elle passait jolie au trot de ses chevaux.
            Son âme de poupée
De baisers différents et de serments nouveaux
            Semblait préoccupée.

La méchante s’était habillée à mon goût ;
            J’aurais voulu la suivre…
Son petit cœur ne s’est rien demandé du tout,
            Et j’ai fermé mon livre.