Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 3, 1886.djvu/Superbe

Contes populaires de la GascogneMaisonneuve3 (p. 337-338).

superbe



Il y avait, une fois, une femme qui s’appelait Superbe, la bien nommée. Elle était glorieuse comme un cent de poux, et s’était logé dans la tête de se faire mettre dans les litanies. Un dimanche, après la messe, elle s’en alla trouver son curé dans la sacristie.

— « Bonjour, Monsieur le curé.

— Bonjour, Superbe.

— Monsieur le curé, je viens vous demander de me faire un grand plaisir.

— Parlez, Superbe. Je vous écoute.

— Monsieur le curé, je voudrais me faire mettre dans les litanies. « Sainte Superbe ! » Il me semble que cela serait fort beau à chanter. Je vous paierai ce qu’il faudra.

— Superbe, ceci est un grand honneur. Il vous en coûtera le pré que vous avez sur la rivière.

— Eh bien, Monsieur le curé, c’est convenu. Dès à présent, le pré est à vous. Dimanche prochain, vous commencerez à me mettre dans les litanies.

— Je le ferai, Superbe. Vous pouvez me croire. »

Superbe s’en revint chez elle. Mais le clerc, qui était derrière la porte, avait tout entendu. Aussi, le dimanche suivant, quand le curé, en chantant les litanies, arriva à sainte Superbe, le clerc, au lieu de répondre : Ora pro nobis, resta muet. Le curé, étonné, chanta encore :

— « Sainte Superbe.

— À cause de l’herbe[1]. »

  1. En gascon :

    — Sento Superbo.
    — Pramo de l’erbo.


    Dicté par M. Félix Guilhon, de Lectoure (Gers).