Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 2, 1886.djvu/Le Loup-Garou

II

le loup-garou



Les loups-garous sont des gens comme nous ; mais ils ont fait un contrat avec le Diable. Chaque soir ils sont forcés de se changer en bêtes, pour aller au sabbat, et courir toute la nuit. Il y a pourtant un moyen de les guérir. Il faut leur tirer du sang, pendant qu’ils ont perdu la forme de l’homme, et aussitôt ils la reprennent pour toujours.

Une nuit, le curé de Pauillac[1] se retirait de la ville de Lectoure. Arrivé au Pont-du-Pin[2], il aperçoit une grand’bête qui lui barrait le passage. Que fait le curé, qui était un homme fort et hardi ? Il tire son couteau de sa poche, et tombe sur le loup-garou.

Au premier coup, la grand’bête changea de forme, et le curé reconnut un de ses plus proches voisins.

— « Ah ! monsieur le curé, dit l’homme, vous m’avez rendu un bien grand service. Si vous ne m’aviez pas saigné, je serais peut-être demeuré loup-garou toute ma vie. À présent, je suis guéri pour toujours. »

Le curé aida l’homme blessé à rentrer dans sa maison. Cet homme vécut encore longtemps, et finit comme un brave chrétien[3].

  1. Commune du canton de Fleurance (Gers), autrefois comprise dans le comté de Gaure.
  2. Pont jeté sur un bras du Gers, après Lectoure, en suivant la route de Fleurance.
  3. Dicté par Françoise Lalanne, de Lectoure (Gers).