Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 2, 1886.djvu/Autre variante du Mandagot

IX

autre variante du mandagot



Le Mandagot est un esprit malin, qui, chaque nuit, chie sous le lit de son maître un écu de cinq francs tout neuf.

Le maître du Mandagot est libre de le donner ou de le vendre à qui il lui plaît. Mais il se rencontre bien peu de gens disposés à traiter une telle affaire, au prix de leur damnation éternelle.

Par un jour de grand froid, un brave homme entra chez un riche charpentier de Montégut[1]. Il n’y avait personne dans le chauffoir[2]. Mais un bon feu flambait dans l’âtre. Sous la cheminée se trouvaient deux coffres, l’un à droite pour le sel, l’autre à gauche pour le Mandagot.

Sans se méfier de rien, l’homme s’assit sur le coffre de gauche. Bientôt après, entra le charpentier. Tous deux devisèrent, en se chauffant, pendant plus d’une heure.

Mais quand l’homme voulut partir, jamais il ne put se lever de sur le coffre.

— « Charpentier, qu’y a-t-il donc dans ce coffre ? Je ne puis pas me lever.

— Ce n’est rien, mon ami. Ce n’est rien. »

Alors, le charpentier frappa sur le coffre et dit :

— « Petiot, laisse-le aller. C’est un ami de la maison. »

Aussitôt, l’homme put se lever. Il partit épouvanté, disant qu’en vérité le Mandagot était dans cette maison, et qu’il n’était pas étonnant que les maîtres fussent si riches[3].

  1. Commune du département du Gers, canton d’Auch.
  2. Lou cauhadè, pièce principale des habitations de paysans. Elle sert à la fois de cuisine et de salle à manger. Il n’est pas rare qu’on y mette un lit.
  3. Traduit, sur une dictée gasconne, par Amédée Tarbouriech, d’Auch, mort archiviste du département du Gers. Tarbouriech ne n’a pas nommé son fournisseur.