Biographie universelle ancienne et moderne/2e éd., 1843/CICÉRON (Marcus Tullius)



CICÉRON (Marcus Tullius)
Texte établi par Michaud, A. Thoisnier Desplaces (Tome 8p. 276-289).

CICÉRON (Marcus Tullius), naquit à Arpinum, patrie de Marius, la même année que le grand Pompée, le 5 janvier 647 de la fondation de Rome. Il sortait d’une famille anciennement agrégée à l’ordre équestre, mais qui s’était toujours tenue loin des affaires et des emplois. Sa mère s’appelait Helvia. Son père vivant à la campagne, sans autre occupation que l’étude des lettres, conservait d’honorables liaisons avec les premiers citoyens de la république. De ce nombre était le célèbre orateur Crassus, qui voulut bien présider à l’éducation du jeune Cicéron et de son frère Quintus, leur choisit des maîtres et dirigea leurs études. Cicéron, comme presque tous les grands hommes, annonça de bonne heure la supériorité de son génie, et prit dès l’enfance l’habitude des succès et de la gloire. Il fut admiré dans les écoles publiques, honoré par ses condisciples, visité par leurs parents. La lecture des écrivains grecs, la passion de la poésie, la rhétorique, la philosophie, occupèrent les premières années de sa jeunesse. Il écrivit beaucoup en grec, exercice qu’au rapport de Suétone, il continua jusqu’à l’époque de sa préture. Ses vers latins, trop méprisés par Juvénal, trop loués par Voltaire, sont loin de l’élégance de Virgile, et n’ont pas la force de Lucrèce. Ni la poésie ni l’éloquence n’étaient encore formées chez les Romains, et il suffisait à Cicéron d’être le plus grand orateur de Rome. On conçoit à peine les travaux immenses qu’il entreprit pour se préparer à cette gloire. Cependant il fit une campagne sous Sylla, dans la guerre des Marses. De retour à Rome, il suivit avec ardeur les leçons de Philon, philosophe académicien, et de Molon, rhéteur célèbre, et pendant quelques années, il continua d’enrichir son esprit de cette variété de connaissances que depuis il exigea de l’orateur. Les cruautés de Marius et de Cinna, les proscriptions de Sylla passèrent ; et la république, affaiblie et sanglante, resta paisible sous le joug de son impitoyable dictateur. Cicéron, alors âgé de vingt-six ans, fort de ses études et de son génie, parut au barreau, qui venait de s’ouvrir après une longue interruption. Il débuta dans quelques causes civiles, et entreprit une cause criminelle, dont le succès promettait à l’orateur beaucoup d’éclat et de péril, la défense de Roscius Amérinus, accusé de parricide. Il fallait parler contre Chrysogonus, affranchi de Sylla. Cette protection terrible épouvantait les vieux orateurs. Cicéron se présente avec le courage de la jeunesse, confond les accusateurs, et force les juges d’absoudre Roscius. Son discours excita l’enthousiasme ; aujourd’hui même c’est une des harangues de l’orateur que nous lisons avec le plus d’intérêt. On y sent une chaleur d’imagination, une audace mêlée de prudence et même d’adresse, et souvent un excès d’énergie, une surabondance de richesse, qui plaît et entraîne. Cicéron, plus âgé, releva lui-même dans ce premier ouvrage quelques fautes de goût, et sans doute il s’est montré depuis plus pur et plus grand écrivain ; mais il avait déjà toute son éloquence. Après ce brillant succès, il passa encore une année dans Rome, et se chargea même d’une autre cause qui devait aussi déplaire au dictateur ; mais sa santé affaiblie par des travaux excessifs, et peut-être la crainte d’avoir trop bravé Sylla, le déterminèrent à voyager. Il se rendit à Athènes qui semblait toujours la métropole des lettres ; et, logé chez un philosophe académicien, recherché des philosophes de toutes les sectes, assistant aux leçons des maîtres d’éloquence, il y passa six mois avec son cher Atticus, dans les plaisirs de l’étude et des savants entretiens. On rapporte à cette même époque son initiation aux mystères d’Éleusis. À la mort de Sylla, il quitta la Grèce et prit la route de l’Asie, s’entourant des plus célèbres orateurs asiatiques et s’exerçant avec eux. À Rhodes, il vit le fameux Possidonius, et retrouva Molon qui lui donna de nouvelles leçons, et s’attacha surtout à corriger sa trop grande abondance. Un jour, déclamant en grec dans l’école de cet illustre rhéteur, il emporta les applaudissements de tout l’auditoire. Molon seul resta silencieux et pensif. Questionné par le jeune orateur : « Et moi aussi, répondit-il, Cicéron, je te loue et je t’admire ; mais j’ai pitié de la Grèce, quand je songe que le savoir et l’éloquence, les deux seuls biens qui nous étaient demeurés, sont par toi conquis sur nous et transportés aux Romains. » Cicéron revint en Italie, et ses nouveaux succès firent sentir le prix de la science des Grecs, qui n’était pas encore assez estimée dans Rome. Parmi différentes causes, il plaida pour le célèbre comédien Roscius, son ami et son maître dans l’art de la déclamation. Enfin, parvenu à l’âge de trente ans, se voyant au terme de son glorieux apprentissage, ayant tout reçu de la nature, ayant tout fait par le travail, pour réaliser en lui l’idée du parfait orateur, il entra dans la carrière des charges publiques. Il sollicita la questure, office qui, depuis une loi de Sylla, donnait immédiatement la dignité de sénateur. Nommé à la questure de Sicile, dans un temps de disette, il eut besoin de beaucoup d’habileté pour faire passer à Rome une grande partie des blés de cette province, sans trop déplaire aux habitants. Du reste, son administration et les souvenirs qu’en gardèrent les Siciliens prouvent que, dans les conseils admirables qu’il a depuis donnés à son frère Quintus, il ne faisait que rappeler ce qu’il avait pratiqué lui-même. Sa mission expirée, il revint à Rome, véritable théâtre de ses talents. Il continua d’y paraître comme orateur, défendant les causes des particuliers sans autre intérêt que la gloire. Ce fut sans doute un jour honorable pour Cicéron que celui où les ambassadeurs de la Sicile vinrent lui demander vengeance des concussions et des crimes de Verrès. Il était digne de cette confiance d’un peuple affligé. Il entreprit la cause de la Sicile contre son indigne spoliateur, alors tout-puissant à Rome, appuyé du crédit de tous les grands, défendu par l’éloquence d’Hortensius, et pouvant avec le fruit de ses brigandages en acheter l’impunité. Après avoir fait un voyage dans la Sicile pour y recueillir les preuves des crimes, il les peignit des plus vives couleurs dans ses immortelles harangues : elles sont au nombre de sept ; les deux premières seulement furent prononcées. L’orateur s’aperçut que les amis de Verrès cherchaient à reculer la décision du procès jusqu’à l’année suivante, où le consulat d’Hortensius devait assurer un grand secours au coupable ; il n’hésita point à sacrifier l’intérêt de son éloquence à celui de sa cause ; il s’occupa uniquement de multiplier le nombre des témoins et de les faire tous entendre. Hortensius resta muet devant la vérité des faits, et Verrés, effrayé, s’exila lui-même. L’ensemble des harangues de Cicéron est demeuré comme le chef-d’œuvre de l’éloquence judiciaire, ou plutôt comme le monument d’une illustre vengeance exercée contre le crime par la vertueuse indignation du génie. À l’issue de ce grand procès, Cicéron commença l’exercice de son édilité ; et dans cette magistrature onéreuse, quoique sa fortune fût peu considérable, il sut par une sage magnificence se concilier la faveur du peuple. Ses projets d’élévation lui rendaient ce secours nécessaire, mais il fallait y joindre l’amitié des grands. Cicéron se tourna vers Pompée, alors le chef de la noblesse, et le premier citoyen de Rome libre. Il se fit le panégyriste de ses actions, et le partisan le plus zélé de sa grandeur. Quand le tribun Manilius proposa de lui confier la conduite de la guerre contre Mithridate, en lui accordant un pouvoir qui effrayait les républicains éclairés, Cicéron, alors préteur, parut à la tribune pour appuyer la loi nouvelle de toute la force de son éloquence. Cette même année, il plaida plusieurs causes. Il prononça son plaidoyer pour Cluentius, dans une affaire criminelle. À cette époque, Catilina, rejeté du consulat, commençait à tramer contre la république, et s’essayait à une révolution. Ce factieux, accusé de concussions dans son gouvernement d’Afrique, fut sur le point d’avoir Cicéron pour défenseur ; mais bientôt la haine éclata entre ces deux hommes si peu faits pour être unis. Cicéron, qui, après sa préture, au lieu d’accepter une province, suivant l’usage, s’était mis sur les rangs pour le consulat, se vit compétiteur de Catilina, qui s’était fait absoudre à prix d’argent. Insulté par cet indigne rival, il le repoussa par une éloquente invective prononcée dans le sénat. Cicéron avait à combattre l’envie de beaucoup de patriciens, qui voyaient en lui un parvenu, un homme nouveau : son mérite et la crainte des projets de Catilina l’emportèrent. Il fut élu premier consul, non pas au scrutin, suivant l’usage, mais à haute voix et par les acclamations unanimes du peuple romain. Le consulat de Cicéron est la grande époque de sa vie politique. Rome se trouvait dans une situation incertaine et violente. Catilina briguait le prochain consulat. En même temps il augmentait le nombre des conjurés, et faisait lever des troupes sous les ordres d’un certain Mallius. Cicéron pourvut à tout. Il importait d’abord de gagner à la république son collègue, Antoine, secrètement uni avec les conjurés ; il s’assura de lui par la cession de sa province consulaire. Une autre précaution non moins salutaire fut de réunir le sénat et l’ordre équestre dans l’intérêt d’une défense commune. Attentif à ménager le peuple, Cicéron ne se montra pas moins hardi à maintenir les vrais principes du gouvernement ; et dès les premiers jours de son consulat, il attaqua le tribun Rullus qui, par le projet d’une nouvelle loi agraire, confiait à des commissaires un pouvoir alarmant pour la liberté. La politique de Cicéron fut ici tout entière dans son éloquence. À force d’adresse et de talent, il fit rejeter par le peuple même une loi toute populaire. Affectant de se regarder comme le consul du peuple, mais fidèle aux intérêts des grands, il fit maintenir le décret de Sylla qui interdisait les charges publiques aux enfants des proscrits. On ne peut douter que cette habileté du consul à ménager les trois ordres de l’État, et à s’en faire également aimer, n’ait été l’arme qui seule put vaincre Catilina. Toute la république étant réunie, et se confiant à un seul homme, les conjurés, malgré leur nombre, se trouvèrent hors de l’État, et furent désignés comme ennemis publics. Le vigilant consul, entretenant des intelligences parmi cette foule d’hommes pervers, était averti de leurs projets, et assistait, pour ainsi dire, à leurs conseils. Le sénat rendit le décret fameux qui, dans les grands dangers investissait les consuls d’un pouvoir égal à celui de dictateur. Cicéron doubla les gardes et prit quelques mesures extérieures. Ensuite il se rendit aux comices pour présider à l’élection des nouveaux consuls. Catilina fut exclu une seconde fois, et n’eut plus d’autre ressource que le meurtre et l’incendie. Il assemble ses complices, les charge d’embraser Rome, et déclare qu’il va se mettre à la tête des troupes de Mallius. Deux chevaliers romains promettent d’assassiner le consul dans sa propre maison. Cicéron est instruit de tous les détails par Fulvie maîtresse de Curius, l’un des conjurés. Deux jours après, il assemble le sénat au Capitole. Ce fut là que Catilina, qui dissimulait encore, ayant osé paraître comme sénateur, le consul l’accabla de sa foudroyante et soudaine éloquence. Catilina, troublé, sortit du Sénat en vomissant des menaces, et dans la nuit partit pour l’Etrurie avec trois cents hommes armes. Le lendemain Cicéron convoque le peuple au Forum, l’instruit de tout, et triomphe d’avoir ôté aux conjurés leur chef, et réduit le chef lui-même à faire une guerre ouverte. Au milieu de cette crise violente, ce grand homme trouvait encore le loisir d’exercer son éloquence dans une cause privée. Il défendit Murèna, consul désigné, que Caton accusait de brigue et de corruption. Son plaidoyer est un chef-d’œuvre d’éloquence et de fine plaisanterie. Le stoïque Caton, ingénieusement raillé par l’orateur, dit ce mot connu : « Nous avons un consul fort gai. » Mais ce consul si gai veillait toujours sur la patrie menacée, et suivait tous les mouvements des conjurés. Instruit que Lentulus, chef des factieux restés à Rome, cherchait à séduire les députés des Allobroges, il engagea ceux-ci à feindre, pour obtenir la preuve complète du crime. Les députés furent saisis au nuement où ils sortaient de Rome avec Vulturcius, l’un des conjurés. On produisit dans le sénat les lettres de Lentulus ; la conjuration fut évidente. Il ne s’agitait plus que de la punition. Plusieurs lois défendaient de punir de mort un citoyen romain : César les fit valoir avec adresse. Caton demanda hautement le supplice des coupables. C’était l’avis que Cicéron avait exprimé avec plus d’art. Ils furent exécutés dans la prison, quoique le consul prévît qu’un jour ils auraient des vengeurs. Il préféra l’État à sa sûreté. Peut-être aurait-il pu se mettre à l’abri en faisant prononcer la sentence par le peuple : c’est ainsi qu’autrefois Manlius avait été condamné. Mais Cicéron craignit qu’on n’enlevât les conjurés. Il voulut se presser, et par timidité, il fit une imprudence que, dans la suite, il expia cruellement. Cependant Rome fut sauvée ; tous les Romains proclamèrent Cicéron le père de le patrie. La défaite de Catilina, qui suivit bientôt, fit assez voir qu’en préservant la ville, on avait porté le coup mortel à la conjuration ; et cette gloire appartenait au vigilant consul. Déjà l’envie l’en punissait. Un tribun séditieux ne lui permit pas de rendre compte de son administration ; et Cicéron, en quittant le consulat, ne put prononcer que ce noble serment, répété par tout le peuple romain : « Je jure que j’ai sauvé la république. » César lui était toujours contraire, et Pompée, uni d’intérêts avec César et Crassus, redoutait un citoyen zélé, trop ami de la liberté pour être favorable aux triumvirs. Cicéron vit son crédit tomber insensiblement, et sa sûreté même menacée pour l’avenir. Il s’occupa plus que jamais de la culture des lettres. Ce fut alors qu’il publia les mémoires de son consulat, écrits en grec, et qu’il fit sur le même sujet un poème latin eu trois livres. Ces louanges qu’il se donnait à lui-même ne durent pas diminuer l’envie qu’excitait sa gloire. Enfin l’orage éclata par la furieuse animosité de Clodius ; et ce consulat tant célébré par Cicéron devint le moyen et le prétexte de sa ruine. Clodius fit passer une loi qui déclarait coupable de trahison quiconque aurait fait périr des citoyens romains, avant que le peuple les eût condamnés. L’illustre consulaire prit le deuil, et, suivi du corps entier des chevaliers et d’une foule de jeunes patriciens, il parut dans les rues de Rome, implorant le secours du peuple. Clodius, à la tête de satellites armés, l’insulta plusieurs fois, et osa même investir le sénat. Cette querelle ne pouvait finir que par un combat, ou par l’éloignement volontaire de Cicéron. Les deux consuls servaient la fureur de Clodius, et Pompée abandonnait son ancien ami. Mais tous les honnêtes gens étaient prêts à défendre le sauveur de la patrie ; Cicéron, par faiblesse ou par vertu, refusa leur secours, et s’exilant lui-même, il sortit de Rome, après avoir consacré au Capitole une petite statue de Minerve, avec cette inscription Minerve, protectrice de Rome. Il erra quelque temps dans l’Italie, et se vit fermer l’entrée de la Sicile par un ancien ami, gouverneur de cette province. Enfin il se réfugia chez Plancus à Thessalonique. Sa douleur était excessive, et la philosophie qui, dans ses malheurs, servit souvent à occuper son esprit, n’avait alors le pouvoir ni de le consoler ni de le distraire. Clodius poursuivait insolemment son triomphe, et par de nouveaux décrets, il fit raser les maisons de campagne de Cicéron, et sur le terrain de sa maison de Rome, il consacra un temple à la liberté. Une partie de ses meubles fut mise à l’encan, mais il ne me présenta point d’acheteurs ; le reste devint la proie des deux consuls qui s’étaient associés à la haine de Clodius. La femme même et les enfants de Cicéron furent exposés à l’insulte et à la violence. Ces désolantes nouvelles venaient sans cesse irriter l’affliction du malheureux exilé, qui, perdant toute espérance, se défiait de ses amis, se plaignait de sa gloire, et regrettait de ne s’être pas donné la mort, montrant qu’un beau génie et même une grande âme ne préservent pas toujours de la plus extrême faiblesse. Cependant il se préparait à Rome une heureuse révolution en sa faveur. L’audace de Clodius, élevant trop haut, et s’étendant à tout, devenait insupportable à ceux même qui l’avaient protégée. Pompée encouragea les amis de Cicéron a presser son rappel. Le sénat déclara qu’il ne s’occuperait d’aucune affaire avant que le décret du bannissement fût révoqué. Clodius redoubla vainement de fureur et de violence. Dés l’année suivante, par le zèle du consul Lentulus, et sur la proposition de plusieurs tribuns, le décret de rappel passa dans l’assemblée du peuple, malgré un sanglant tumulte où Quintus, frère de Cicéron, fut dangereusement blessé. On vota des remerciements aux villes qui avaient reçu Cicéron, et les gouverneurs de province eurent ordre d’assurer son retour. C’est ainsi, qu’après dix mois d’exil, il revint en Italie avec une gloire qui lui parut à lui-même un dédommagement de son malheur. Le sénat en corps l’attendit aux portes de la ville, et son entrée fut un triomphe. La république se chargea de faire rétablir ses maisons ; il n’eut à combattre que pour démontrer la nullité de la consécration faite par Clodius. Au reste, ce retour devint pour Cicéron, comme il l’avoue lui même, l’époque d’une vie nouvelle, c’est-à-dire d’une politique différente. Il diminua sensiblement l’ardeur de son zèle républicain, et s’attacha plus que jamais à Pompée, qu’il proclamait son bienfaiteur. Il sentait que l’éloquence n’était plus dans Rome une puissance assez forte par elle-même, et que le plus grand orateur avait besoin d’être protégé par un guerrier. Le fougueux Clodius s’opposait à force ouverte au rétablissement des maisons de Cicéron, et l’attaqua plusieurs fois lui-même. Milon, mêlant la violence et la justice, repoussa Clodius par les armes, et en même temps l’accusa devant les tribunaux. Rome était souvent un champ de bataille. Cependant Cicéron passa plusieurs années dans une sorte de calme, s’occupant à la composition de ses traités oratoires, et paraissant quelquefois au barreau, où, par complaisance pour Pompée, il défendit Vatinius et Gabinius, deux mauvais citoyens qui s’étaient montrés ses implacables ennemis. Valère-Maxime cite ce fait comme l’exemple d’une genérosité extraordinaire. A l’âge de cinquante-quatre ans, Cicéron fut reçu dans le collège des augures. La mort du turbulent Clodius, tué par Milon, le délivra de son plus dangereux adversaire. On connaît la belle harangue qu’il fit pour la défense du meurtrier, qui était son ami et son vengeur ; mais il se troubla en la prononçant, intimidé par l’aspect des soldats de Pompée, et par les cris des partisans de Clodius. À cette même époque, un décret du sénat nomma Cicéron au gouvernement de Cilicie. Dans cet emploi, nouveau pour lui, il fit la guerre avec succès, repoussa les troupes des Parthes, s’empara de la ville de Pindenissum, et fut salué par ses soldats du nom d’Imperator, titre qui le flatta singulièrement, et dont il affecta de se parer, même en écrivant à César vainqueur des Gaules. Cette petite vanité lui fit briguer les honneurs du triomphe, et il porta le faiblesse jusqu’à se plaindre de Caton, qui, malgré ses instantes prières, avait refusé d’appuyer ses prétentions. Quelque chose de plus estimable et peut-être de plus réel que sa gloire militaire, ce furent la justice, la douceur et le désintéressement qu’il montra dans toute son administration. Il refusa les présents forcés que l’on avait coutume d’offrir aux gouverneurs romains, réprima tous les genres de concussions, et diminua les impôts. Une semblable conduite était rare dans un temps où les grands de Rome, ruinés par le luxe, sollicitaient une province pour rétablir leur fortune par le pillage. Quelque plaisir que Cicéron trouvait dans l’exercice bienfaisant de son pouvoir, il souffrait impatiemment d’être éloigné du centre de l’empire, que la rupture de César et de Pompée menaçait d’un grand événement. Il partit aussitôt que sa mission fut achevée, et retrouva dans sa patrie l’honorable accueil qui l’attendait toujours ; mais comme il le dit lui-même, à son entrée dans Rome il se vit au milieu des flammes de la discorde civile. Il s’était empressé de voir et d’entretenir Pompée qui commençait à sentir la nécessité de la guerre, sans croire encore a la grandeur du péril, et qui, résolu de combattre César, opposait avec trop de confiance le nom de la république et le sien aux armes d’un rebelle. Cicéron souhaitait une réconciliation, et se nourrissait de la flatteuse pensée qu’il pourrait en être le médiateur. Cette illusion peut s’expliquer par l’amour de la patrie autant que par la vanité. Le sage consulaire envisageait la guerre civile avec horreur ; mais il aurait dû sentir que, si le mal était affreux, il était inévitable. Du reste, ne cherchons pas un sentiment faible et bas dans le cœur d’un grand homme, et ne le soupçonnons pas d’avoir voulu ménager César, puisqu’enfin il suivit Pompée. César marcha vers Rome, et son imprudent rival fut réduit à fuir avec les consuls et le sénat. Cicéron, qui n’avait pas prévu cette soudaine invasion, se trouvait encore en Italie, par irrésolution et par nécessité. César le vit à Formies, et ne put rien sur lui. Cicéron, convaincu que le parti des rebelles était le plus sûr, ayant pour gendre Dolabella, l’un des confidents de César, alla cependant rejoindre Pompée. Ce fut un sacrifice fait à l’honneur ; mais il eut le tort d’apporter dans le camp de Pompée les craintes qui pouvaient l’empêcher d’y venir. Il se hâta de désespérer de la victoire, et dans son propre parti, il laissa entrevoir cette défiance du succès qui ne se pardonne pas, et cette prévention défavorable contre les hommes et contre les choses, qui choque d’autant plus qu’elle est exprimée par d’ingénieux sarcasmes. Cicéron ne modérait pas assez son penchant à l’ironie, et sur ce point, il paraît avoir souvent manqué de prudence et de dignité. Après la bataille de Pharsale et la fuite de Pompée, il refusa de prendre le commandement de quelques troupes restées à Dyrrachium, et renonçant à tout projet de guerre et de liberté, il se sépara de Caton pour rentrer dans l’Italie, gouvernée par Antoine, lieutenant de César. Ce retour parut peu honorable, et fut mêlé d’amertumes et de craintes, jusqu’au moment où le vainqueur écrivit lui-même à Cicéron, et, bientôt après, l’accueillit avec cette familiarité qui devenait une précieuse faveur. Cicéron, réduit à vivre sous un maître, ne s’occupa plus que de littérature et de philosophie. Le dérangement de ses affaires domestiques, et sans doute de légitimes sujets de plainte, le déterminèrent à quitter sa femme Terentia, pour épouser une belle et riche héritière dont il était le tuteur ; mais ce besoin de fortune, qui lui fit contracter une alliance que l’on a blâmée, ne le détermina jamais à encenser la puissance souveraine ; il se tint même dans un éloignement affecté, raillant les adulateurs de César, et leur opposant l’Éloge de Caton. Il est vrai que, sous le magnanime dictateur, on pouvait beaucoup oser impunément ; et d’ailleurs cette hardiesse consolait l’amour-propre du républicain, plus qu’elle n’était utile à la république ; mais le mécontentement de Cicéron ne put tenir contre la générosité de César pardonnant à Marcellus. L’orateur, ravi d’un acte de clémence qui lui rendait un ami, rompit le silence, et prononça cette fameuse harangue qui renferme autant de leçons que d’éloges. Peu de temps après, défendant Ligarius, il fit tomber l’arrêt de mort des mains de César, aussi sensible au charme de la parole qu’à la douceur de pardonner. Dans l’esclavage de la patrie, Cicéron semblait reprendre une partie de sa dignité par la seule force de son éloquence ; mais la perte de sa fille Tullie, le frappant du coup le plus cruel, vint le plonger dans le dernier excès de l’abattement et du désespoir. Il écrivit un traité de la Consolation, moins pour affaiblir ses regrets que pour en immortaliser le souvenir, et il s’occupa même du projet de consacrer un temple à cette fille chérie. Sa douleur, qui lui faisait un besoin de la retraite, le livrait tout entier à l’étude et aux lettres. On a peine à concevoir combien d’ouvrages il écrivit pendant ce long deuil. Sans parler des Tusculanes et du traité de Legibus, que nous avons encore, il acheva, dans la même année, son livre d’Hortensius, si cher à St. Augustin, ses Académiques en 4 livres, et un Éloge funèbre de Porcia, sœur de Caton. Sî l’on réfléchit à cette prodigieuse facilité, toujours unie à la plus sévère perfection, la littérature ne présente rien de plus étonnant que le génie de Cicéron. Le meurtre de César, en paraissant d’abord tout changer, ouvrit à l’orateur une carrière nouvelle. Cicéron se réjouit de cette mort, dont il fut témoin, et sa joie fait peine, quand on songe aux éloges pleins d’enthousiasme et de tendresse que tout à l’heure encore il prodiguait à César dans sa défense du roi Dejotarus ; mais Cicéron croyait qu’avec la liberté commune, il allait recouvrer lui-même un grand crédit politique ; les conjurés, qui ne l’avaient pas associé à l’entreprise, lui en communiquaient la gloire. Il était républicain et ambitieux, et moins il avait agi dans la révolution, plus il voulait y participer en l’approuvant. Cependant le maître n’était plus ; mais il n’y avait pas de république. Les conspirateurs perdaient leurs succès par l’irrésolution ; Antoine faisait régner César après sa mort, en maintenant toutes ses lois, et en succédant à son pouvoir. Cicéron vit la faute du sénat ; mais il ne pouvait pas arrêter Antoine. Dans cette année d’inquiétudes et d’alarmes, il composa le traité de la Nature des Dieux, dédié à Brutus, et ses traités de la Vieillesse et de l’Amitié, tous deux dédiés à son cher Atticus. On conçoit à peine cette prodigieuse vivacité d’esprit, à laquelle toutes les peines de l’âme ne pouvaient rien ôter. Il s’occupait, à la même époque, d’un travail qui serait piquant pour notre curiosité, les mémoires de son siècle ; enfin il commençait son immortel traité des Devoirs, et achevait le traité de la Gloire, perdu pour nous, après avoir été conservé jusqu’au 14e siècle. Le projet qu’il conçut alors de passer en Grèce avec une légation libre l’aurait éloigné du théâtre des affaires et des périls. Il y renonça, et revint à Rome. C’est la que commencent ses admirables Philippiques, qui mirent le sceau à son éloquence, et signalèrent si glorieusement son patriotisme. La seconde, la plus violents de toutes, fut écrite peu de temps après son retour ; il ne la prononça point. Irréconciliable ennemi d’Antoine, il crut devoir élever contre lui le jeune Octave. Montesquieu blâme cette conduite qui remit sous les yeux des Romains César, qu’il fallait leur faire oublier. Cicéron n’avait pas d’autre asile. Il ne fut pas aussi dupe qu’on le pense de la modération affectée d’Octave ; mais il crut que ce jeune homme serait toujours moins dangereux qu’Antoine. Le mal était dans la faiblesse de la république, qui ne pouvait plus se sauver d’un maître qu’en se donnant un protecteur, c’est-à-dire, un autre maître. Cicéron fit au moins tout ce qu’on devait attendre d’un grand orateur et d’un citoyen intrépide. Il inspira toutes les résolutions vigoureuses du sénat, dans la guerre que les consuls et le jeune César firent, au nom de la république, contre Antoine. On en trouve la preuve dans ses Philippiques. Lorsqu’aprés la mort des deux consuls, Octave se fut emparé du consulat, et qu’ensuite il fit alliance avec Antoine et Lépide, tout le pouvoir du sénat et de l’orateur tomba devant les armes des triumvirs. Cicéron, qui ménageait toujours Octave, qui même proposait à Brutus de se réconcilier avec l’héritier de César, vit enfin qu’il n’y avait plus de liberté. Les triumvirs s’abandonnant l’un à l’autre le sang de leurs amis, sa tête fut demandée par Antoine. Cicéron, retiré à Tusculum avec son frère et son neveu, apprit que son nom était sur la liste des proscrits. Il prit le chemin de la mer dans une grande irrésolution. Il s’embarqua près d’Asture ; le vaisseau étant repoussé par les vents. Plutarque assure qu’il eut la pensée de revenir à Rome et de se tuer dans la maison d’Octave, pour faire retomber son sang sur la tête de ce perfide. Pressé par les prières de ses esclaves, il s’embarqua une seconde fois, et bientôt reprit terre pour se reposer dans sa maison de Formies. C’est la qu’il résolut de ne plus faire d’efforts pour garantir ses jours. « Je mourrai, dit-il, dans cette patrie que j’ai sauvée plus d’une fois. » Ses esclaves, sachant que les lieux voisins étaient remplis de soldats des triumvirs, essayèrent de le porter dans sa litière ; mais bientôt ils aperçurent les assassins qui venaient sur leurs traces ; ils se préparèrent au combat : Cicéron, qui n’avait plus qu’à mourir, leur défendit toute résistance, et tendit sa tête à l’exécrable Popilius, chef des meurtriers, autrefois sauvé par son éloquence. Ainsi périt ce grand homme, à l’âge de 64 ans, souffrant la mort avec plus de courage qu’il n’avait supporté le malheur, et sans doute assez comblé de gloire pour n’avoir plus rien à faire ni à regretter dans la vie. Sa tête et ses mains furent portées à Antoine, qui les fit attacher à la tribune aux harangues, du haut de laquelle l’orateur, suivant l’expression de Tite-Live, avait fait entendre une éloquence que n’égala jamais aucune voix humaine. Cicéron fut peu célébré sous l’empire d’Auguste. Horace et Virgile n’en parlent jamais. Dès le règne suivant, Paterculus ne prononce son nom qu’avec enthousiasme. Il sort du ton paisible de l’histoire, pour apostropher Marc-Antoine, et lui reprocher le sang d’un grand homme. Cicéron a bien mérité le témoignage que lui rendit Auguste : c’était un bon citoyen qui aimait sincèrement son pays : on peut même lui donner un titre qui s’unit trop rarement à celui de grand homme, le nom d’homme vertueux ; car il n’eut que des faiblesses de caractère, sans aucun vice, et il chercha toujours le bien pour le bien même, ou pour le plus excusable des motifs, la gloire. Son cœur s’ouvrait naturellement à toutes les nobles impressions, à tous les sentiments purs et droits, la tendresse paternelle, l’amitié, la reconnaissance, l’amour des lettres. Il gagne à cette difficile épreuve d’être vu de près. On s’accoutume à sa vanité, toujours aussi légitime que franche, et l’un est forcé de chérir tant de grands talents ornés de tant de qualités aimables. Lorsque le goût se corrompit à Rome, l’éloquence de Cicéron, quoique mal imitée, resta l’éternel modèle. Quintilien en développa dignement les savantes beautés. Pline le Jeune n’en parle dans ses lettres qu’avec la plus vive admiration et se glorifie, sans beaucoup de droit, il est vrai, d’en être le constant imitateur. Pline l’ancien célèbre avec transport les prodiges de celle même éloquence. Enfin les Grecs, qui goûtaient peu la littérature de leurs maîtres, placèrent l’orateur romain à côte de Démosthène. À la renaissance des lettres, Cicéron fut le plus admiré des auteurs anciens ; dans un temps où l’on s’occupait surtout de l’étude de la langue, l’étonnante pureté de son style lui donnait un avantage particulier. On sait que l’admiration superstitieuse de certains savants alla jusqu’à ne point reconnaître pour latin tout mot qui ne se trouvait pas dans ses écrits. Erasme, qui n’approuvait pas ce zèle excessif, avait un enthousiasme plus éclairé pour la morale de Cicéron, et la jugeait digne du christianisme. Ce grand homme n’a rien perdu de sa gloire en traversant les siècles ; il reste au premier rang comme orateur et comme écrivain. Peut-être même, si on le considère dans l’ensemble et dans la variété de ses ouvrages, est-il permis de voir en lui le premier écrivain du monde ; et quoique les créations les plus sublimes et les plus originales de l’art d’écrire appartiennent à Bossuet et à Pascal, Cicéron est peut être l’homme qui s’est servi de la parole avec le plus de science et de génie, et qui, dans la perfection habituelle de son éloquence et de son style, a mis le plus de beautés et laisse le moins de fautes. C’est l’idée qui se présente en parcourant ses productions de tout genre. Ses harangues réunissent au plus haut degré toutes les grandes parties oratoires, la justesse et la vigueur du raisonnement, le naturel et la vivacité des mouvements, l’art des bienséances, le don du pathétique, la gaieté mordante de l’ironie, et toujours la perfection et la convenance du style. Que l’élégant et harmonieux Fénelon préfère Démosthène ; il accorde cependant à Cicéron toutes les qualités de l’éloquence, même celles qui distinguent le plus l’orateur grec, la véhémence et la brièveté. Il est vrai toutefois que la richesse, l’élégance et l’harmonie dominent plus particulièrement dans l’élocution oratoire de Cicéron, que même il s’en occupe quelquefois avec un soin minutieux. Ce léger défaut n’était pas sensible pour un peuple amoureux de tout ce qui tenait à l’éloquence, et recherchant avec avidité la mélodie savante des périodes nombreuses et prolongées. Pour nous, il se réunit à certaines cadences trop souvent affectées par l’orateur. Du reste, que de beautés nos oreilles étrangères ne reconnaissent-elles pas encore dans cette harmonie enchanteresse ! elle n’est d’ailleurs qu’un ornement de plus, et ne sert jamais à dissimuler le vide des pensées. Ce serait une ridicule prévention de supposer qu’un orateur philosophe et homme d’État, dont l’esprit était également exercé par les spéculations de la science et l’activité des affaires, eût plus d’harmonie que d’idées. Les harangues de Cicéron abondent en pensées fortes, ingénieuses et profondes ; mais la connaissance de son art l’oblige à leur donner toujours ce développement utile pour l’intelligence et la conviction de l’auditeur ; et le bon goùt ne lui permet pas de les jeter en traits saillants et détachés. Elles sortent moins au dehors, parce qu’elles sont, pour ainsi dire, répandues sur toute la diction. C’est une lumière brillante, mais égale ; toutes les parties s’éclairent, s’embellissent et se soutiennent ; et la perfection générale nuit seule aux effets particuliers. Le style des écrits philosophiques, dégagé de la magnificence oratoire, respire cet élégant atticisme que quelques contemporains de Cicéron auraient exigé même dans ses harangues. On reconnaît cependant l’orateur à la forme du dialogue, beaucoup moins vif et moins coupé que dans Platon. Les développements étendus dominent toujours, soit qu’un seul personnage instruise presque continuellement les autres, soit que les différents personnages exposent tour à tour leur opinion. Le fond des choses est emprunté aux Grecs, et quelques passages sont littéralement traduits d’Aristote et de Platon. Ces ouvrages n’ont pas tous à nos yeux le même degré d’intérêt. Le traité de la nature des Dieux n’est qu’un recueil des erreurs de l’esprit humain, qui s’égare toujours plus ridiculement dans les plus sublimes questions ; mais l’absurdité des différents systèmes n’empêche pas d’admirer l’élégance et la clarté des analyses ; et les morceaux de description restent d’une vérité et d’une beauté éternelle. Les Tusculanes se ressentent des subtilités de l’école d’Athènes ; on y trouve, du reste, la connaissance la plus approfondie de la philosophie des Grecs. Le traité de Finibus bonorum et malorum appartient encore à cette philosophie dogmatique un peu trop sèche et trop savante. Heureusement, l’aridité de la discussion ne peut vaincre ni lasser l’inépuisable élégance de l’écrivain. Toujours harmonieux et facile, il éprouve souvent le besoin de se ranimer par des morceaux d’une éloquence élevée. Plusieurs passages du traité des Maux et des Biens peuvent avoir servi de modèle à Rousseau, pour cette manière brillante et passionnée d’exposer la morale, et pour cet art heureux de sortir tout à coup du ton didactique par des mouvements qui deviennent eux-mêmes des preuves. Enfin, le seul mérite qu’on désirerait au style philosophique de Cicéron est celui qui n’a pu appartenir qu’à la philosophie moderne, l’exactitude des termes inséparablement liée au progrès de la science, et à cette justesse d’idées si difficile et si tardive. Les écrits de Cicéron sur la morale pratique ont conservé tout leur prix, malgré les censures de Montaigne, auteur trop irrégulier pour goûter une méthode sage et noble, mais un peu lente. Le livre des Devoirs demeure le plus beau traité de vertu inspiré par la sagesse parement humaine. Enfin, personne n’a fait mieux sentir que Cicéron les plaisirs de l’amitié et les consolations de la vieillesse. Le traité de la République n’était connu jusqu’à ces derniers temps que par quelques fragments assez courts, et par le Songe de Scipion, brillant épisode de cet ouvrage. Un érudit moderne, M. Mai, a trouvé sur un manuscrit palimpseste conservé dans la bibliothèque du Vatican des livres presque entiers et des parties considérables du dialogue original perdu depuis tant de siècles. Cette découverte, la plus étendue et la plus intéressante que l’on ait faite depuis plusieurs siècles, porte tous les caractères du génie de Cicéron comme nous l’avons indiqué dans le discours qui précède la traduction que nous en avons publiée. Le traité de la Divination et le traité des Lois sont de curieux monuments d’antiquité, qu’un style ingénieux et piquant rend d’agréables ouvrages de littérature. Le goût des études philosophiques suivit Cicéron dans la composition de ses traités oratoires, surtout du plus important, celui de Oratore. Après les harangues de Cicéron, c’est l’ouvrage qui nous donne l’idée, la plus imposante du talent de l’orateur dans les républiques anciennes. Ce talent devait tout embrasser, depuis la connaissance de l’homme jusqu’aux détails de la diction figurée et du rhythme oratoire ; l’art d’écrire était, pour ainsi dire, plus compliqué que de nos jours. Mais en lisant l’Orateur, les Illustres Orateurs, les Topiques, les Partitions, ou ne doit pas s’attendre à trouver beaucoup d’idées applicables à notre littérature, excepté quelques préceptes généraux, qui nulle part n’ont été mieux exprimés et qui sont également de tous les siècles. A tant d’ouvrages que Cicéron composa pour sa gloire, il faut joindre celui de tous qui peut-être intéresse le plus la postérité, quoiqu’il n’ait pas été fait pour elle, le recueil des Lettres familières, et les Lettres à Atticus. Cette collection ne forme qu’une partie des lettres que Cicéron avait écrites seulement depuis l’âge de quarante ans. Aucun ouvrage ne donne une idée plus juste et plus vive de la situation de la république. Ce ne sont pas, quoi qu’en ait dit Montaigne, des lettres comme celles de Pline, écrites pour le public. Il y respire une inimitable naïveté de sentiments et de style. Si l’on songe que l’époque où vivait Cicéron est la plus intéressante de l’histoire romaine, par le nombre et l’opposition des grands caractères, les changements des mœurs, la vivacité des crises politiques, et le concours de cette foule de causes qui préparent, amènent et détruisent une révolution ; si l’on songe en même temps quelle facilité Cicéron avait de tout connaître, et quel talent pour tout peindre, on doit sentir aisément qu’il ne peut exister de tableau plus instructif et plus animé. Continuel acteur de cette scène, ses passions, toujours intéressées à ce qu’il raconte, augmentent encore son éloquence ; mais cette éloquence est rapide, simple, négligée ; elle peint d’un trait ; elle jette, sans s’arrêter, des réflexions profondes ; souvent les idées sont à peine développées. C’est un nouveau langage que parle l’orateur romain.

Il faut un effort pour le suivre, pour saisir toutes ses allusions, entendre ses prédictions, pénétrer sa pensée, et quelquefois même l’achever. Ce que l’on voit surtout, c’est l’âme de Cicéron, ses joies, ses craintes, ses vertus, ses faiblesses. On remarquera que ses sentiments étaient presque tous extrêmes, ce qui appartient en général au talent supérieur, mais ce qui est une source de fautes et de malheurs. Sous un autre rapport, on peut puiser dans ce recueil une foule de détails curieux sur la vie intérieure des Romains, les mœurs et les habitudes des citoyens, et les formes de l’administration. C’est uns mine inépuisable pour les érudits. Le reste des lecteurs y retrouve cette admirable justesse de pensées, cette perfection de style, enfin, cette continuelle union du génie et du goût qui n’appartient qu’a peu de siècles et à peu d’écrivains, et que personne n’a portée plus loin que Cicéron. V-S.

― On divise en quatre classes les ouvrages qui nous restent de Cicéron : 1o ouvrages de rhétorique ; 2o discours ; 3o lettres ; 4o ouvrages philosophiques.

Les ouvrages de rhétorique sont :

1e de Inventione libri duo. Cicéron avait composé 4 livres sur cette matière. Les deux qui sont venus jusqu’à nous sont aussi appelés Rhetorica vetus, parce que l’auteur les composa dans sa jeunesse, et parce qu’on appelle Rhetorica nova les 4 livres adressés à Herennius,

2e Libri quatuor Rhetoricorum ad Herennium. Cependant on croit communément que ces 4 livres à Herrenius ne sont point de Cicéron ; on les attribue à L. Cornificius père, à qui sont adressées des lettres de Cicéron, ou à L. Cornificius fils, qui fut consul l’an de Rome 719, ou à Timolaüs, l’un des trente tyrans, etc., etc, Quoi qu’il en soit, ces deux ouvrages ont été réunis, Venise, 1740, in-4o. édition princeps, et réimprimés plusieurs fois, notamment, Milan, 1474. petit in-fol. ; Venise, 1475. in-fol. ; ibid., Alde, 1514, petit in-4o, et 1522, 1523, même format. P. Burmann second a donné a Leyde. 1761, in-8e, une édition des Livres à Herennius, faisant partie de la collection des variorum.

3e Dialogi tres de Oratore ad Quintum, ouvrage dont Cicéron lui-même a fait l’éloge. La première édition fut faite au monastère de Subbiac[o], vers 1466, in-4o, sans date ; c’est le second ouvrage sorti des presses de ce monastère. Ces dialogues furent réimprimés à Rome, 1468, 1ère édition avec date ; Venise, 1470, in-fol. ; Haguenau, 1525, in-8o, avec de courtes notes de l’éditeur Ph. Melanchthon ; Paris, 1533, in-8o, avec des notes d’Omer Talon (Audomarus Talæus), avec celles de J.-L. Strebée, de Reims, Paris, 1540, in-8o. Thomas Cockman en donna une bonne édition, Oxford, 1696. in 8° ; une meilleure parut par les soins de Z. Pearce, Cambridge, 1716, in-8o, et fut reproduite en 1723, 1746, 1771 ; une autre, d’aprés Ernesti, avec notes, Oxford, 1809, in-8o.

4e Brutus, cive de claris Oratoribus, qu’on divisait anciennement en 3 parties, quoique Cicéron n’eût fait aucune division ; imprimé pour la première fois avec les quatre traités suivants, à Rome, chez Sweynheim et Pannartz, 1469, in-4o ; réimpr. à Venise, 1485, in-fol. ; l’édition avec les notes de J. Proust, à l’usage du dauphin, Oxford, 1716, in-8o, se joint aux éditions variorum. Une édition séparée de Brutus, avec notes de J.-Ch.-F. Wetzel, a paru à Halle, 1793, in-8o ; une autre à Leipsick, 1825, in-8o.

5e Orator, sive de optimo Genere dicendi, adressé à Brutus, alors dans la Gaule Cisalpine. On appelle aussi ce traité, Liber de perfecto Oratore.

6e Topica ad C. Tiebatium. Ce livre est consacré à la doctrine des arguments ou preuves judiciaires. Les éditions séparées des Topiques sont presque toutes accompagnées d’un commentaire de Boèce ; Philippe Mélanchthon y ajouta ses scolies, Haguenau, 1533, in-8o. Antoine de Govea, Portuguais, publia son édition des Topiques à Paris, 1545. in-8o. L’Édition de Louvain, 1552, est enrichie des notes d’Estaço (Achilles Statius) ; un appendix à cette édition parut à Louvain l’année suivante. J. Greyssing en a donne une édition, Nuremberg, 1808, 2 vol. in-8o.

7e De Partitione oratoria Dialogus. Quelques personnes croient que ce livre n’est pas de Cicéron.

8e De Optimo Genere oratorum, que Cicéron avait composé pour servir de préface à sa traduction latine des oraisons d’Eschine et de Démosthène.

Ces huit ouvrages de Cicéron ont été recueillis plusieurs fois ; on doit distinguer les éditions des Junte, Florence, 1508, in-8o ;

d’Alde, Denise, 1514. Jean Proust a fait imprimer ad usum Delphini, 1687, 2 vol. in-4o : M. T. Ciceronis omnes qui ad artem oratoriam pertinent Libri, qu’on appelle par ellipse Libri oratorii. Les Opera rhetorica out été réimprimés, Oxford, 1714-18, 3 vol. in-8o : avec les discours, par les soins de J.-P. Miller, Berlin, 1748, 4 vol. in-12 ; seuls, par les soins de Ch. Guil. Schütz, Leipsick, 180l-1808, 6 parties en 3 vol. in-8o. J.-Ch.-Fr. Wetzel a publié dans la même ville, 1806, 2 vol. in-8o : Cicero nis Scripta rhetorica minora ; de inventione, Topica ; de Partitione oratoria : de Optimo Genere oratorum ; quibus proemittuntur Rhetorica ad Herennium.

Les disconrs de Cicéron qui sont venus jusqu’à nous sont au nombre de 59 ; il y a en 7 contre Verrès, 4 contre Catilina, 3 sur la loi agraire, 14 contre Marc-Antoine, qu’à l’exemple de Démoslhéne Cicéron lui-même appela Philippiques. La 1ère édition des Philippiques futimprimée à Rome chez Ulric Han, par les soins de J.A.C. Compani, in-4o, sans date (vers 1470= ; elles furent réimprimées à Rome, chez Sweynheim et Pannartz, 1472, in-fol. ; et à Venise, 1474, in-fol. ; l’édition princeps des discours est de Venise, Valdarfer, 1471, in-fol. ; il y manque celui pour Fonteius, celui pour Roscius le comédien, les Verrines et les Philippiques ; et c’est sans doute ce qui la fait regarder comme la première ; car tous ces discours se trouvent dans l’édition de Rome, Sweynheim et Pannartz, 1471, in-fol. Alde publia la sienne en 1519. 3 vol. in-8o. Ses successeurs en donnèrent dix éditions. Charles de Méroville donna à Paris, en 1684, 3 vol. in-4o, l’édition ad usum Delphini, qui fut reproduite à Venise eu 1724. L’édition de Graevius, Amsterdam, 1609, est en 6 vol. in-8o ; elle contient les notes de l’éditeur, toutes celles de Fr. Hottomann, de D. Lambin, de F. Orsini, le commentaire de Paul Manuce, et un choix des notes de quelques autres commentateurs, par exemple, Asconius Pedianus, et un scoliaste anonyme. Différents choix des discours de Cicéron out été faits et imprimés : par J.-M.Heusinger, Eisenach, 1739, in-8o ; 1749, in-8o ; par J.-And. Otto, Magdebourg, 1777, 2vol. in-8o ; ibid. 1801, 5 vol. in-8o : par J.-Chr.-Fred. Wetzel, Halle, 1801, in-8o ; par B. Weiske, Leipsick, 1806 ; ibid., 1807, in 8° ; avec analyse, notes et commentaires, Vienne, 1824. 6 vol. in-8o. Plusieurs discours ont été aussi publiés séparément. En 1813, M. Angelo Mai découvrit. en examinant quelques palimpsestes de la bibliothèque Ambroisienne, des fragments de plusieurs discours de Cicéron entièrement inédits. Le savant antiquaire s’empressa de les publier avec des notes critiques. Milan, 1814, 2 vol in-8o ; réimprimés, ibid., 1817, 1 vol. in-8o ou in-4o ; Rotterdam, 1830, in-8o, avec des notes d’Engelbronner. On y trouve des fragments de six discours : pro Scauro ; pro Tullio ; pro Flacco ; in Clodium et Curionem ; dfe Aere alieno Milonis ; de Rege Alexandrino, avec un ancien commentaire inédit, et des scolies sur d’autres discours de Cicéron, qui paraissent être d’Asconius Pelianus. Des fragments de plusieurs autres discours ont été publiés depuis par MM. Nic hular et Peyron : M. T. Cic. Orationum pro Fonteio, et pro C. Rabirio Fragmenta, etc., edita a B. G. Niebuhrio, Rome, 1820, 1 vol. in-8 ; et : M. T. Cic. orationum pro Scauro, pro Tullio, et in Claudium Fragmenta inedita ; Orationem pro Milone a lacunis vestitutam edidit. Am. Peyron, Stuttgard, 1824, 1 vol. in-4o.

Différents choix des oraisons de Cicéron ont été faits et imprimés. Le plus connu est celui donné par Ch. Lebeau, avec des notes, sous le titre de : Ciceronis Orationes quae in Universitate Parisiensi vulgo explicentur, Paris, 1748, 3 vol. in-12, souvent réimprimés. On a encore Orationes selectae, avec une analyse et un commentaire, Vienne, 1824, 6 vol. in-8o. La plupart des discours ont aussi été publiés séparément avec des notes.

Les lettres de Cicéron sont :

[1e] Epistolae ad diversos, appelées aussi Epistolae familiares. Elles sont divisées en 16 livres, qui contiennent les lettres de Cicéron et les réponses qu’on lui faisait. Le 8e est entièrement composé des lettres de M. Coelius Rufus. Ce fut Pétrarque qui trouva a Verceil ou à Vérone le manuscrit des lettres familières. On conserve à Florence, dans la bibliothèque Lanrentienne, le manuscrit original et la copie de la main de Pétrarque. Elles virent le jour, pour la première fois, à Rome, chez Sweynheim et Pannartz, 1467, gr. in-fol. ; et c’est aussi le premier livre que ces typographes imprimèrent à Rome ; ils le réimprimèrent en 1469, même format ; l’édition de Venise, 1469, in-fol., est la première production typographique de Jean de Spire, qui, le premier, porta l’imprimerie à Venise. Le même imprimeur en donna une autre la même année. Il y eut beaucoup de réimpressions dans le 15e siècle, mais ce ne fut qu’au 16e qu’on eut de bonnes éditions de ces lettres. Dès 1502, Alde les imprima in-8o. Ce volume est le premier ouvrage de Cicéron sorti des presses des Alde, qui reproduisirent ces Epitres familières en 1512, 1522, et dix autres fois ; et avec les notes de Paul Manuce, 1571, et cinq autres fois ; mais c’est à Pierre Vettori (Victorius) surtout que l’on doit la correction de ces lettres. Ses notes furent imprimées séparément à Lyon, 1540. Les lettres furent réimprimées avec les notes de S. Corrado, de B. Rutilius, de Ph. Melenchthon, de P. Vettori, etc., Bâle, 1540, in-8o ; avec les scolies de Melanchthon, de Camerarius, de Longueil, Francfort, 1570, in 8° ; avec les commentaires de J. Badius Ascensius, les notes de J.-B. Egnatius, de Fr. Robortel, de L.-J. Scoppa et autres, les arguments de C. Hegendorph, et les lemmes de G. Longueil, Venise, 1554 in-fol. ; Paris, 1556, in-fol., Venise, 1565, 1586 in-fol. L’édition d’Anvers, 1568, est due à G. Canter ; l’édition de Henri Estienne, 1577, in-8o, est enrichie des notes de Paul Manuce, de Lambin, de J. Ragazoni (nom sous lequel est caché Charles Sigonius), arec quelques remarques de Canter ; celle d’Elzevir, 1642, in-16, ne contient pas de notes. L’édition ad usum Delphini, Paris, 1685, in-4o, est l’ouvrage de Ph. Quartier ; elle est peu estimée ; mais on fait beaucoup de cas de l’édition donnée par Graevius, avec les notes entières de P. Vettori, de Manace,

de Sigonius, de D. Lambin, de F. Orsini, et un choix des remarques de Gronovius, de B. Rutilius, de J. Gerhard et autres, avec des notes inédites de Muret et de H. de Valois, Amsterdam, 1677, 2 vol. in-8o, répétée en 1693. L’édition de 1748, Leipsick, in-8o, est bonne. Une édition en 2 vol. in-8o parut à Cambridge, en 1749, par les soins de J. Ross. J.-Ch.-F. Wetzel donna la sienne à Liegniz, 1794, in-8o ; l’année suivante, parut à Leipsick celle de T.-F. Bénédict, 2 vol. in-8o. L’excellente et magnifique édition de J.-A. Martini-Laguna a paru à Leipsick, 1804, in-8o.

2e Epistolae ad Pomponium Atticum, divisées aussi en 16 livres ; elles comprennent les lettres écrites par Cicéron à Atticus, depuis son consulat jusqu’à la fin de ses jours. Ce fut encore Pétrarque qui trouva ces lettres ; le manuscrit sur lequel il le copia est perdu ; mais la copie faite par Pétrarque est dans la bibliothèque Laurentienne. Les Lettres à Atticus furent imprimées avec celles à Brutus et à Quintus, à Rome, en 1470, chez Sweynheim et Pannartz, in-fol. ; et à Venise, chez N. Jenson, la même année, et dans le même format ; la 1ère édition aldine est de 1513. in-8o ; la 2e, de 1521 ; ce sont les seules bonnes qu’on eût alors ; mais elles furent améliorées depuis par les travaux de P. Vettori, de P. Manuce, du Corrado, de Lambin et autres, deus les éditions de Venise, 1533 et 1540. Dans celle qu’il donna des Lettres à Atticus seulement, 1648, 2 vol. in-8o, Graevius inséra, suivant sa coutume, toutes les notes des plus célèbres commentateurs, et les meilleures des autres. J. Tunstall éclaircit encore plusieurs endroits de ces lettres sans sa Lettre à Middleton, Cambridge, 1741, in 8°.

3e Epistolarum ad Quintum fratrem libri tres. Cicéron y donne à son frère des conseils et des règles pour se conduire dans son gouvernement. La plus importante de ces lettres est la première du livre 1er, et elle a servi sans contredit de modèle au traité de St. Bernard, de la Considération. (Voy. BERNARD.) Les Lettres à Quintus ont été très-souvent réimprimées avec celles à Atticus et celles à Brutus.

4e Epistolarum ad M. Brutum liber ; il y a 25 lettres, mais il y en a 7 dont on conteste l’authenticité. Les lettres à Quintus et à Brutus ont éte reimpriméee séparément cum notis variorum, La Haye, 1725, in-8o. Il existe plusieurs éditions des Lettres complètes (quotquot supersunt), avec notes, Berlin, 1747, et Leipsick, 1790-97, in-12, Halle, 189-12, 6 vol. in-8o ; Vienne, 1813-14, 4 vol. in-8o.

Les ouvrages philosophiques de Cicéron sont :

1e Academica Quaestiones, appelées aussi Libri academici. Cicéron avait d’abord composé 2 livres, qu’il avait intitulés : Catullus et Lucullus. Dans la suite, il traita ce mène sujet en 4 livres, qu’il adressa à Varron. De son premier travail, il ne nous reste que le 2e livre ; des 4 adressés à Varron, il ne nous est parvenu que le 1er. L’édition princeps des Académiques est de Rome, Sweynheim et Pannartz, 1471, in-fol., dans lequel on trouve aussi d’autres ouvrages philosophiques de Cicéron. Celles de Cambridge, 1725 et 1738, in-8o, renferment des commentaires et des notes dites variorum.

2e De Finibus bonorum et malorum libri quinque, adressés aussi à M. Brunis. Des éditions séparées en parurent sans nom de lieu ni d’imprimeur, et sans date (mais, suivant les uns, à Mayence, chez Fust et Schoeffer ; suivant les autres, à Cologne, chez Ulric Zel), in-4o ; puis à Venise, 1471, in 4°. Cet ouvrage est dans l’édition de Rome, mentionnée en l’article précédent. Il a été aussi imprimé séparément cum notis variorum, Cambridge, 1728, et ibid., 1741, in-8o ; avec les commentaires de Davies (Davisius), Halle, 1804, et Copenhague, 1839, in-8o.

3e Tusculanarum Quaestionum libri quinque, adressées encore à M. Brutus. Elles prennent leur nom de Tusculum, où Cicéron les composa après l’usurpation de César. L’édition princeps est de Rome, Elric Han, 1469, in-4o, et contient de plus les Paradoxa, Laelius, Cato major, et Somnium Scipionis. Il y a eu beaucoup de réimpressions dans le 15e siecle. L’édition cum notis variorum, Cambridge, 1709, in-8o, a été reproduite en 1723, en 1730, et en 1738. Elle est cependant assez rare. Celle de Halle, 1805, in-8o, contient les commentaires et Davies, et celle de Leipsick, 1856, 3 vol. in-8o, présente en outre le travail de Lallemand, et des Index très-complets de G.-H. Moser.

4e De Natura Denrum libri tres. L’édition princeps est la même que celle des Académiques. Davies en a publié une cum notis variorum, Cambridge, 1718, in-8o ; ibid., 1723, 1733 et 1744. On a publié a Bologne (Berlin), 1811, in-8o, un prétendu 4e livre de cet ouvrage ; dans ce 4e livre, après avoir établi la nécessité d’une religion, l’auteur établit la nécessité de ses ministres ; l’existence des ministres suppose un dogme ; la conservation de ces dogmes exige des réunions des ministres, ou, pour trancher le mot, des conciles ; dans les conciles, comme dans toute assemblée, il faut un president, un chef ; et, en cas de division dans les opinions, c’est le chef qui doit l’emporter. On croit que l’auteur de ce 4e volume est M. Buchholz. Ce qui est plus certain, c’est qu’il n’est pas de Cicéron. Lactance a, dans ses Institutions divines, imite le traité de Natura Deorum. Deux éditions modernes de cet ouvrage sont également estimées : l’une revue pour L. Fr. Heindorf, Leipsick, 1813, in-8o : l’autre avec les notes et les commentaires de Wyttenbach et de Fr. Creuzer, ibid, 1818, même format. 5e De Divinatione libri duo, dont la 1e édition est de Venise, 1470, in-fol., avec les traités de Fato et de Lagibus.

6e De Fato. Cicéron avait écrit 2 livres sur ce sujet ; nous n’avons que lie 2e, encore est-il imparfait. J.-C. Brémius en a donné une édition séparée avec des notes, Leipsick, 1795, in-8o.

7e De Legibus libri tres. Morabin croit que Cicéron en avait composé 6 ; il y en avait au moins 5, puisque Macrobe cite le 3e dans le 6e livre de ses Saturnales. Davies a donné une édition du traité des Lois, Cambridge, 1727 et 1745, in 8°, qui se joint à la collection des variorum.

8e De Officiis libre tres, adressés par Cicéron à son fils Marcus, alors à Athènes. C’est un extrait de Panaetius le jeune, philosophe grec stoicien, et d’Hécaton, son disciple, qui tous les deux avaient

composé des ouvrages sous le même titre ; mais cet extrait a été tellement embelli par Cicéron, qu’il est devenu le plus parfait recueil des préceptes du droit naturel, et qu’on peut croire que c’est à l’imitation de Cicéron que St. Ambroise composa ses trois livres des Offices. Ce traité de Cicéron est le premier de ses ouvrages qui ait été imprimé. Cette édition princeps est de Mayence, Fust, 1465, in-fol. ; la 2e édition parut dans la même ville, chez Fust et Schoeffer, 1467. in-fol. ; la 3e, à Rome, chez Sweynheim et Pannartz, 1469, in-4o. Parmi les innombrables réimpressions, il suffit de citer celles de Venise, 1470, in-fol., 1472, in-fol. Toutes les notes de Lambin, de F. Ursinus, de Ch. Lange, de F. Fabricius ; d’Alde Manuae, et un choix des notes de Muret, de S. Rachel, etc., se trouvent dans la très-bonne édition donnée par Graevius, Amsterdam, 1688, in-8o ; réimprimée dans la même ville en 1710 : on estime encore l’édition d’Oxford, avec notes, 1717, in-8o ; celle de Londres, Pearce, 1745, in-8o ; celle de Paris, Barbou, 1773, in-32 ; celle préparée par J.-F. Hennsiger, et publiée par son fils, Brunswick, 1783, in-8o. L’éditiou donnée par Renouard, Paris, 1796, in-4o, n’a été tirée qu’a 165 exemplaires. Celles de Leipsick, 1811, 1 vol. in-4o, ibid., 1820-21, 2 vol. in-8o, Brunswick, 1838, in 8°, offrent de savants commentaires.

9e Cato major sive de Senectute, ad T. Pomponium Attticum, imprimé pour la première fois en 1469, à la suite de la 3e édition du de Officiis ; réimprimé soiuvent depuis, mais rarement seul : dans quelques éditions, on trouve une version grecque de Théodore Gaza, publiée à part, Paris, 1523, in-12.

10e Laelius, sive de Amicitia, adressé au même Atticus, et presque toujours imprimé avec l’ouvrage précédent. Barbon en a donné une édition fort jolie, Paris, 1768, in-32. On estime aussi celle de Leipsick, 1828, avec les notes de C. Beier. Denis Pelau en a donné une version grecque, Paris, 1652. in-8o.

11e Paradoxa, imprimé pour la première fois à la suite des Offices, 1465, et réimprimé souvent avec ce traité et avec ceux de l’Amitié, de la Vieillesse, et le Songe de Scipion. Théodore Gaza avait aussi traduit les Paradoxes en grec. La traduction de J. Morisot, dans la même langue, parut à Bâle, 1547 ; celle de Turnèbe se trouve au I. 2 de ses œuvres. D. Pétau en donna une a Paris, 1649, in 8°. Les œuvres philosophiques de Cicéron furent réunies pour la première fois, et publiées, Rome, 1470, 2 vol. in-fol. F. l’Honoré entreprit une édition de ces ouvrages ad usum Delphini, mais il ne put en donner que le 1e vol., contenant Academica, de Finibus, Tusculanae Quaestiones, de Natura Deorum, et les deux premiers livres de Officiis, 1689, in-4o : la mort de l’éditeur empêcha de continuer cette édition. Davies avait aussi commencé une édition des Opera philosophica ; il n’en a donné que 6 volumes, plusieurs fois réimprimés, qui comprennent Academica, de Finibus, les Tusculanae Quaest., de Natura Deorum, de Divinatione, de Fato, et de Legibus. C’est d’après Davies que les œuvres philosophiques ont été réimprimées à Halle

par les soins de R.-G. Raih, 1884-1808, 6 vol. in 8°.

12e De Republica, ouvrage retrouvé par M. Angelo Mai, publié per lui avec un commentaire, Rome, 1822, in-8o, et qui fut imprimé en Franee pour la première fois, d’après l’édition originale, Paris, 1823, in-8o. On ne connaissait encore ce traité que par des fragments que Jos.-Eleaz. Beruardi était parvenu à lier et à mettre en œuvre avec assez de bonheur, et dont il avait donné, en 1798, une traduction française. (Voy. plus loin la liste des traductions.) Le traité de Republica a été réimprimé arec les corrections de F. Steinaker, Leipsick, 1823, in-8o ; avec les fragments de discours découverts par M. Angelo Mai, les notes et les commentaires de ce savant, Italie, 1824, in-8o.

Il reste encore de Cicéron :

1e une partie de la traduction du Timée, dialogue de Platon ;

2e quelques passages de sa traduction en vers du poème d’Aratus. (Voy. ce nom.)

Les ouvrages de Cicéron qui ne sont pas venus jusqu’à nous sont :

1e vingt-six oraisons ;

2e Commentarii causarum ;

3e des lettres grecques et latines ;

4e deux livres de Gloria : cet ouvrage existait peut-être encore au 16e siècle (Voy. ALCYONUS et PHILELPHE) ;

5e Oeconomica, en 5 livres, d’après Xénoplon ;

6e Protagoras, trad. de Platon ;

7e une traduction des discours d’Eschine et de Démosthène sur la Couronne ;

8e Laius Catonis, qui donna lieu à l’Anti Caton de Cesar ;

9e de Philosophia liber, appelé aussi Hortensius ;

10e de Jure civili ;

11e Liber de suis consiliis ;

12e de Auguris ;

13e Consolutio sive de Luciu minuendo ;

14e Chorographia ;

15e des poèmes héroïques, Alcyones, Limon. Marius, et de Consulatu suo, sive de suis temporibus, libri tres ;

16e Tamelastis elegie ;

17e un poème (Jocularis Libellus) dont Quintilien rapporte deux vers ;

18e Pontus Glaucus, poèmme qu’il avait composé dans sa jeunesse ;

19e Anecdota, dont il parle lui-mème dans ses lettres à Atticus. Il paraît qu’il avait traduit en vers latins les passages les plus remarquables, et peut-être même des livres entiers d’Homère.

Plusieurs ouvrages ont été attribués ou contestés à Cicéron. A ceux qui ont déjà été nommés, il faut ajouter :

1e Responsio ad invectivam, C. Sallustii Crispi, dont l’auteur est M. Purcius Latro ;

2e Oratio ad populum et equites antequam iret in exilium;

3e Epistola ad Octavium, que Paul Manuce a imprimée à la suite des épîtres à Quintus ;

4e Oratio de pace, que Merouville a fait entrer dans son édition des discours ;

5e Oratio adversus Valerium, imprimée pour la première fois par les soins de Ph. Beroalde, avec les autres discours de Cicéron, 1499, in-fol. : elle fourmille de solécismes, aussi est-elle retranchée des éditions de Cicéron ;

6e Consolatio, à l’occasion de la mort de Tullie, imprimée à Venise par F. Vianello lui-même, mais qui est de Sigonius.

7e Liber de synonymis, imprimé pour la première fois à Padoue, 1482, in 4°, réimprimé en 1485, sans nom de ville, sous ce titre : de Dictionum Proprietatibus, et à Augsbourg en 1488, sius celui-ci : de Proprietatibus Terminorum. Erasme pense que cet ouvrage n’est autre chose qu’un extrait des mots de Cicéron ;

8e de Re militari ;

9e Orpheus, sive de Adolescenis


Studioso, qu’on suppose adressé au fils de Cicéron pendant qu’il était à Athènes ;

10e ende Memoria, que l’on croit être de Tiron, affranchi de Cicéron ;

11e Notae tachygraphicae, que Trithème attribue à Cicéron, mais qui sont plutôt du même Tiron ;

12e de Petitione consulatus, qui, quoique imprimé dans les œuvres de Cicéron, n’est pas de lui, mais lui fut adressé par son frère.

Parmi les ouvrages qui se rattachent à ceux de Cicéron, nous citerons :

le Thesaurus Cicéronianus de Nizzoli, revu par Alde Masuae,Venise,1570, in-fol. ;

le Ciceronianum Lexicon de H. Estienne, Paris, 4557 ; Turin, 1713, in-8o ; et celui donné par Ch.-G. Schuetz, Leipsïck, 1817-21, 7 vol. in-8o ;

enfin la Clavis Ciceroniana d’Ernesti, Leipsick, 1737, Halle, 1757, 4775, 1777, 1831, in-8o, et à la suite de plusieurs éditions complètes.


On divise en sept âges ou époques les différentes éditions des ou images de Cicéron.

Le premier âge comprend les premières éditions faites en Allemagne et en Italie des traités séparés.

Avec le second commencent les éditions des œuvres complètes ; la plus ancienne est celle de Milan, 1498-1499, 4 vol. in-fol. C’est de cet âge que sont l’édition de Venise, Alde, 1519-23, 9 vol, in-8o, et celle de Bâle, Cratandre, 1528, 3 vol. in-fol., réimprimée dans la même ville chez Hervagius, 1531, 4 tomes en 2 vol. in-fol.

Le troisième âge date de l’édition de P. Vettori, Venise, L.-A. Junte, 1334-1337, 4 vol. in-fol., reimprimée à Paris, chez Robert Estienne, 1528-1539, 6 tomes en 2 vol. in-fol. ; à Lyon, chez les Gryphe, 1540, 9 vol. in-8o ; et avec des notes de J. Camerarius, Bâle, Hervagius, 1540, 4 vol. in-fol.

Le quatrième âge comprend l’édition de Paul Manuce, avec ses scolies, Venise, 1540-1541, 10 vol. in-8o, et celles que, d’après Paul Manuce, donnèrent Robert Estienne, 1543.1544, 8 vol. in-8’, et Ch. Estienne, 1555, 2 vol in-fol.

C’est au cinquième âge que se rapporte l’édition de Denis Lambin, critique savant, interprète habile, mais correcteur téméraire, Paris, 1566, 2 tomes en 5 vol. in-fol.

J. Gruter, antagoniste de Lambin, et respectant quelquefois jusqu’aux mauvaises leçons des manuscrits, ouvrit le sixième âge en donnant son édition avec des notes critiques, Hambourg, 1618, 4 vol. in-fol. ; et c’est celle édition qu’ont suivie J. Gronovius, dans celle qu’il donna à Leyde, 1692, 2 vol. in-4o ; Isaac Verburg, dans celles qu’il publia à Amsterdam, 1724, 16 vol. in 8°, 4 vol. in-4o ou 2 vol. in-fol. (réimprimée à Venise en 1731, 12 vol. in-8o) ; et Ernesti, dans ses deus premières éditions (Halle, 1737 et 1757, 5 vol. in-8o). Dans l’intervalle avaient paru les éditions de Leyde, Elzevir, 1612, 10 vol. petit in-12 ; d’Amsterdam, Blaeu, 1658, 10 vol. in-12, et par les soins de C. Schrevelius, celle d’Amsterdam, L. Elzevir, 1661, 2 vol. in-4o. Ce fut d’après toutes les éditions qui existaient déjà que d’Olivet donna sa belle et précieuse édition, Paris, 1740-42, 9 vol. grand in-4o, réimprimée à Padoue, en 1753, et à Genévc en 1758, dans le même format et le même nombre de volumes ; mais dans cette dernière édition, les notes se trouvent au bas du texte. L’édition de d’Olivet a été reproduite encore à Glasgow, 1749, 20 vol. in-12, et à Padoue.

1772. 16 vol. in-8o ; et avec quelques retranchements et quelques additions, Oxford, 1785, 10 vol. in-4o. Lallemand donna son édition de Cicéron, Paris, Barbou, 1768, 14 vol. in-12.

Le septième âge des éditions de Cicéron date de la troisième édition donnée par Ernesti, Halle, 1774-1777, 7 vol. in 8°. On y trouve la Clavis Ciceroniana, qui fait aussi partie de l’édition des œuvres de Cicéron, donnée à Deux-Ponts, 1780, 15 vol. in-8o. On avait, en 1777, commencé à Naples une réimpression des ouvrages de Cicéron cum notiss variorum ; elle devait avoir 33 vol. ; il n’en a paru que 17. Parmi les éditions publiées depuis le commencement du 19e siècle, nous citerons celle donnée en Angleterre, d’après le travail d’Ernesti, Oxford, 1810-11, 9 vol. in 8°, avec la Clavis Ciceroniana ; celle de Schütz, avec notes, commentaires et Index, Leipsick, 1814-1818 vol. in 8e ; celle d’Amar, Paris, Lefèvre, 1823 23, la première complète du texte seul ; celle de N.-E. Lemaire, Paris, 1828 et ann. suiv., 20 vol. in-8o, faisant partie de la Bibliothèque latine publiée par le même éditeur ; enfin celle de J.-C. Orelli et G. Baiter, Zurich, 1826-37, 8 vol. en 12 parties grand in-8o.

On a imprimé plusieurs recueils de morceaux extraits des ouvrages de Cicéron. Les plus connus sont Ciceronis Eclogae, par d’Olivet, Paris, 1744, in-12, et souvent réimprimé ; Praecepia rhetorices, coll. ex libris de Oratore, Paris, 1766, vol. in-12 qui compte également plusieurs éditions ; Excerpta ex M. T. Cicéronis philosophicis Operibus, à l’usage des élèves de rhétorique, Périgueux, 1825, in-8o ; Ciceronis Opera selecta, à l’usage des éléves des classes à humanités et de rhétorique, par M. A. Mottet. Paris, 1856, 1 vol. in-18.

Voici l’indication des principales traductions françaises des ouvrages de Cicéron, car il nous est impossible de les énumérer toutes :

1e les Dialogues de l’Orateur, par Cassagne, Paris, 1675, in-12 ; Lyon, 1892, in-12 ; par M. Pannelier, Paris, 1818, 2 vol. in-12.

2e Les Entretiens sur les Orateurs illustres, par Giry, Pari. 1652, in-12 ; par Villefore, 1726, in-12 ; par M. Pannelier, ibid.,1819, in-12.

3e De l’Orateur, sans le texte, par l’abbé Collin, Paris, 1737, in-12 : 2e et 5e édit., avec le Texte, ibid., 1805 et 1809, in-12 ; par M. M. Daru et Nougarede, Amsterdam, (I.yon), 1787, in-12 ; par M. Pannelier, Paris, 1818, 2 vol. in-12.

4e Les Partitions oratoires, par Charbury, Paris, 1758, in-12.

5e Les quatre livres à Herenius, par Jacob, avocat, sous le titre de Rhétorique de Cicéron, Paris, 1652, in-8o.

6e De la Composition oratoire ou de l’Invention, par Abel Lonqueue, Paris,1815, in-12. On n’y trouve que la traduction des deux premiers livres.

7e Ses Discours, par Villefore, Paris, 1752, 8 vol. in-12 ; par l’abbé Auger, dans l’édit. des Œuvres posthumes de cet écrivain (Paris, 1792-3, 10 vol. in-8o) ; par M. Henri, sous ce titre Discours de Cicéron traduits et analysés, Paris, 1868-20, 4 vol. in-12. 8e Ses Discours choisis, par E. Philippe, Paris, 1723, in-12 ; par E. Philippe, d’Olivet et l’abbé de Maucroix, Lyon, 1723-26, 2 vol. in-12 ; 2e édit., Paris, 1725, 2 vol. in-12, auxquels on a joint, en 1757, un nouveau volume contenant


les discours contre Verrès et ceux pour Murena, en tout 5,vol. in-12, que l’on a rajeunis, en 1765, au moyen d’un nouveau titre. Ses Discours choisis ont encore été traduits par Lebeau, Paris, 1730, 3 vol. in 12 ; par l’abbé Auger, ibid., 1786, 3 vol. in-12 ; par de Wailly (qui n’a fait que revoir la traduction de Villefore), ibid., Barbou, 1772, 1778, 1786, 5 vol. in-12 ; par M. Bousquet, avocat, ibid., 1805, 2 vol. in-12, et 1812 ou 1828, in-8o ; par P.-C.-B. Gueroult, ibid., 1820, 2 vol. in-8o.

9e Plusieurs discours ont été publiés séparément, entre autres :

les Catilinaires, avec le discours pour Marcellus, et quelques morceaux des Verrines, par d’Olivet et l’abbé de Maucroix, dans les Œuvres posthumes de ce dernier, Paris, 1710, in-12 ; avec les Philippiques de Démosthène, par d’Olivet, Paris, 1727, 1736, 1744 ou 1771, 1 vol. in-12, qui se joint ordinairement aux Discours choisis de de Wailly ; par Isaac Bellet, à la suite de son Histoire de la conjuration de Catilina, Paris, 1752, in-12 ; avec le discours pour Marcellus et celui pour Ligarius, par Busnel, Rouen, 1774 ; Paris, 1805, in-12 ; par un anonyme, avec des notes et des analyses, Himes, 1825, in-12 ;

ses Harangues contre Verrès, intitulées des Statues et des Supplices, par Truler, Paris, 1808, 2 vol. in-12 ;

pour le poète Archias, avec des notes critiques et littéraires, par F. Delcroix, ibid., 1825, in-18.

On peut joindre aux différentes traductions des discours de Cicéron l’ouvrage suivant : Histoire raisonnée des discours de d1. T. Cicéron, par Fréval, 1765, 1 vol. in-12.

10e Lettres de Cicéron, trad. par les abbés Prévost et Montgault, Paris, 1801-3, 12 vol. in-8o.

11e Lettres familières, par Et. Dolet, Lyon, 1542, in-8o et in-12 ; 1549, in-16 et in-12 ; Chambery, 1509, in-12 ; par Chaulmer, Paris, 1664, 1669, 1674, in-12 ; par Maumenet, Paris, 1704, 4 vol. in-12, traduction attribuée à Guibaud-Dubois ; par Godonin, Bruxelles, sans date (vers 1709), 2 vol. in-12, traduction attribuée à Duryyer : par Gaullyer, Paris, 1721, in-12 ; par l’abbé Prévost, ibid., Didot, 1745, 5 vol. in-12 ; réimpr. avec des Lettres à Brutus, à Quintus, et des augmentations par Goujon, ibid., 1801, 6 vol. in-8o ; autre édit., Lyon, 1818, 5 vol. in-12.

12e Lettres à Atticus, par St-Réal et l’abbé Montgault, Paris, 1701, 3 vol. in-12 ; par l’abbé Montgault seul, ibid., 1714, 1738 ; Amsterdam, 1741 ; Paris, 1775, 1787, 1808, 4 vol. in-12.

13e Lettres à Quintus, par Lecomte, 1697, in-12 ; par le Deist de Botidoux, Paris, 1813, in-12 ; par Prévost, à la suite de la 2e édition des Lettres familières.

14e Lettres à Brutus, par de Laval, Paris, 1731, 2 vol. in-12 ; par Prévost, ibid., 1744, 1 vol. in-12, qui sert ordinairement de supplément à l’Histoire de Cicéron, trad. par le même ; par le Deist de Dotidoux, ibid., 1812, in 12. Morellet a traduit une Lettre de Cicéron à Brutus, Paris, Barbou, 1745, in-12, tirée à 25 exemplaires.

Des Lettres choisies de Cicéron ont été publiées par Simon Bernard, Wesel, 1795, in-12 : par l’abbé Valart, Paris, 1771, in-12 ; par M. Cannelier, ibid., 1806, in-12.

15e Les Académiques, par Dav. Durand, avec le commentaire du P. Valencia, Londres, 1740, in-8o ; avec le

commentaire trad. par de Castillon, édit. revue par Gapperonnier, Paris, Barbou, 1796, 2 parties in-12 ; autre édition, sans le texte, Berlin, 1777, 2 vol in-8° ; autre sans le texte ni le commentaire, Paris, 1796, in-12.

16e Entretiens sur les vrais maux et sur les vrais biens, par Regnier-Desmarais, Paris, 1724, in-12 ; ibid., Barbou, an 3 (1794), in-12.

17e Traité de la Consolation, ouvrage attribué à Cicéron, traduit par Benoit Troncy, Lyon, 1584, in 8°, et par Jacques Morabin, Paris, 1753, in -12.

18e De la Divination, par Regnier-Desmarais, Paris, 1709, 1710 et 1720 ; Amsterdam, 1711, in-12. Une nouvelle édition, suivie de la Consolation trad. par Morabin, a paru à Paris, chez. Barbou, an 3 (1794), in-12.

19e Traité du Destin, par l’abbé Giraud, Lyon et Paris, 1816, in-12.

20e Traité des lois, par Morabin, Paris, 1719, 1777, in-12.

21e les Tusculanes, par J. de Bette, 1534, in-12 ; par Dolet, Paris, 1644. in-16 ; par Maveroix, dans ses Nouvelles Œuvres diverses, 1726, in-12 ; par d’Olivet et Bouhier, Paris, 1737, 2 vol. in- 12 ; 4e édit., ibid., 1766. Ce dernier a publié l’ouvrage suivant qui se joint à l’édit. de 1737 : Remurques sur les Tusculanes de Cicéron, etc., ibid., 1737, in-12.

22e De la Nature des Dieux, par Gui Lefèvre de la Boderie, Paris, 1584, in 4° ; par l’abbé Lemasson, ibid., 1721, 3 vol. in-12 ; par d’Olivet, avec les remarques de Bouhier, ibid., 1721, 1747, 1759 ; ibid., Barbou, 1766, 1775, 2 vol. in-12. Cette dernière édition ne contient pas le travail de Bouhier, ce qui fait qu’on y joint souvent : Remarques sur Cicéron, par le président Bouhier, Paris, Gandouin, 1746 ; et Barbou, 1766, in-12.

23e Le traité des Devoirs, par Goibaud Dubois, Paris, 1691. in-8° ; 1692. in-12 ; par de Batrett, ibid., 1758 ou 1759 ; Lyon, 1766 ; Paris, 1750, in-12, et réimprimé plusieurs fois de-puis ; par Emin. Brosselard, an b (17981. in-8° ; ibid., 1800.2 vol. in-12 ; par Gallon de la Bastide, ibid 1806, 2 vol. in-12 ; par J.-P. Adry, qui ria fait qiie retoucher la traduction de Barren, ibid., 1820, in-12.

24e De l’amitié, par Langlade, Paris, 1764, in-12 ; par Resseguier, Avignon, 1776, in 8° : par madame Maussion, qui l’a fait suivre d’une lettre sur l’amitié entre les femmes, Paris, 1825. in-18. Ce traité a presque toujours été joint au suivant.

25e De la Vieillesse, par Goibaud-Dubois, avec le traité de l’Amitié et les Paradoxes, Paris, 1691, in-8e, plusieurs fois réimp. (voy. DUBOIS) ; par Maucroix, dans ses Œuvres posthumes, 1726, in-12 ; par de Barett, avec le traité de l’Amitié, les Paradoxes, le Songe de Scipion, et la Lettre politique à Quintus, Paris, 1754, in-12 ; les mêmes augmentées de la lettre à Quintus sur la demande du consulat, trad. par J.-F. Adry, ibid., 4809, in-12 ; par Resseguier, avec le traité de l’Amitié, Marseille, 1780, in-8° ; par l’abbé Mignot, neveu de Voltaire, avec le traité de l’Amitié, ibid., 1780, petit vol. in-12, tiré à 50 exemplaires, et qui n’a pas été mis en vente ; par Gallon de la Bastide, avec le traité de l’Amitié et les Paradoxes, ibid., 1804, in-12 ; par madame Maussion qui a mis à la suite quatre Lettres sur la vieillesse des femmes, Paris, 1822, in-48. - Bozerian a

publié : Œuvres philosophiques de Cicéron, Paris, Didot jeune, 10 vol. in-18. C’est un recueil d’anciennes traductions sans le texte.

26e De la République, ou du meilleur Gouvernement, ouvrage traduit de Cicéron, et rétabli d’après les fragments et ses autres écrits, avec des notes, etc., par Jos.-Eléar. Bemardi, Paris, an 8 (1798), réimprim. avec la texte latin des citatious et des fragments, ibid., 1807, 2 vol. in-12. Ce n’étaient, comme le titre l’indique, et comme nous l’avons déjà dit, que des fragments habilement réunis. Lorsque le savant Angelo Mai eut découvert et donné l’ouvrage complet, M. Villemain publia : la République, d’après le texte inédit récemment découvert par Angelo Mai, avec une traduction française, un discours préliminaire et des dissertations historiques, Paris, Michaud, 1823, 2 vol. in-8°. ou 3 vol. in-12. Cette version, qui réunit la fidélité à l’élégance, jouit d’une réputation méritée. M. Jos.-Vict. Leclerc en a donné une autre dans son édition des œuvres complètes.

On avait déjà les Sentences illustres de Marc Tulle Cicéron, par Bellelarest, Paris, 1574, Lyon, 1582, in-16 ; par D.Gueroult, Lyon, 4590, petit in-8°, lorsque l’abbé d’Olivet donna la traduction des Pensées de Cicéron, recueillies et publiées par lui, Paris, 1744, 1754, in-12, réimprim. un grand nombre de fois, notamment en 1764 et 1808 ; elles ont été publiées en trois langues, texte latin de Cicéron, traduction italienne de E.-T. Dessous, et traduction française de d’Olivet, Paris, an 6 (1798), in-8°, et trad. de nouveau par Louis Leroy, ibid., an 10 (1802), 5 vol. in-18.

Les Pensées morales de Cicéron, recueillies et trad. par Levesque, (Paris, 4782, in-18), font partie de la Collection des moralistes anciens donnée par Didot l’aîné de 1782 à 1795, en 18 vol.

L’édition des œuvres de Cicéron, trad. en français par Duryer (voy. ce nom), Paris, 1670, et Lyou, 1679, 12 vol. in-12, n’est pas complète, et mérite à peine d’être citée.

Celle donnée par Desmeunier, Clément de Dijon et Guéroult frères (de 1785 à 1189), s’est arrétée au 3e vol. in 4° ou 8e vol. in-12. On n’y trouve que les ouvrages de rhétorique et une partie des discours.

L’édition de Fournier, Paris, 1816-18, 30 vol. in-8°, y compris la Vie de Cicéron, par Midleton, trad. par Prévost, et la Clavis Ciceroniana, offre quelques anciennes traductions, et plusieurs autres entièrement nouvelles, dues à MM. Achaintre, Binet, Levée, Liez et Verger.

Celle dirigée par M. Jos.-Vict. Leclerc a fait oublier la précédente. Le savant éditeur a soigneusement retouché les anciennes traductions qu’il a admises, et il en a donné d’inédites. MM. Binet, Burnouf, Guéroult, Liez, Naudet, de Rémusat, de Wailly, l’ont aidé dans ce travail. Elle a été publiée à Paris, 1821-25, 31 vol. in 8°, y compris les Index, revus et augmentés par M. Leclerc, et qui forment 1 vol. imprimé à deux col. qui se vend séparément. Une seconde édition a part, ibid., 1823 et ann. suiv., 37 vol. in-18.

La Bibliothèque latine-française de Panckoucke contient une traduction nouvelle et très-estimée des œuvres de Cicéron, en 36 vol. in-8°. Elle est l’ouvrage de plusieurs professeurs distingués, parmi lesquels nous nommerons MM. Andrieux, Durozoir, de Golbéry, Guéroult, Greslou, Mangeard, Péricaud et Pierrot. — Quant aux traductions en langues étrangères, nous citerons seulement comme recherchées : pour l’italien, celle des Discours, par Louis Dolce, Venise, 1562, et 1734, 3 vol. in-4o ; de l’Orateur, par le même, ibid., 1547 on 1554, in-8o ; des œuvres morales, par le même, ibid., 1528, in-4o ; 1563, 1564, in-8o ; de la Rhétorique, par Marzio Galeotti, sans indication de ville ni date, in-4o ; des Lettres familières, par G. Loglio, ibid., les Alde, 1559, in-8o ; des Lettres à Atticus, par Matt. Senarega, ibid., 1555, in 8° ; de la République, par Antonio Benci, savant toscan, et publié dans l’Antologia di Firenze, ann. 1823 ; — pour l’anglais : la traduction de l’Orateur, par Guthrie, Londres, 1808, 2 vol. in-8o ; des Discours, par le même, ibid., 1745, 3 vol. in-8o, et 1806, 3 vol. in-8o ; des Epitres, par Wil. Melmoth, ibid., 1772 ou 1799, 3 vol. in-8o ; des Lettres à Brutus, par Conyers Middleton, ibid., 1743, in 8° ; des Lettres à Atticus, par Guthrie, ibid., 1752, 2 vol. in-8o ; et 1806, 3 vol. in-8o ; des Académiques et des Entretiens sur les vrais maux et les vrais biens, par le même, ibid., 1744, in-8o ; du traité de la Nature des Dieux, par Th. Francklin, ibid., 1775, in-8o ; du traité des Devoirs, par le même, ibid., 1775, in-8o ; des traités de la Vieillesse et de l’Amitié, pat Wil. Melmoth, 1773, ibid., 1777, 1785 et 1807, in 8°. — La vie de Cicéron a été écrite par Plutarque, dans ses Vies parallèles, et, depuis, un grand nombre de fois, particulièrement en italien, vers 1455, par Léonard Bruni, qui la traduisit lui même en latin quelque temps après ; en latin, par Seb. Corrado, Bologne, 1537, in-8o ; en anglais, par Middleton, Dublin, 1741, 2 vol. in-8o, ouvrage traduit par l’abbé Prévost, Paris, Didot, 1743 ou 1749, 4 vol. in-12, et qui se joint à plusieurs éditions des œuvres complètes ; par Morabin, ibid., 1745, 2 vol. in-4o, exacte et méthodique, mais inférieure du reste à la précédente. Le même Morabin a aussi donné l’Histoire de l’exil de Cicéron, ibid, 1725, in-12. On attribue à l’abbé Macé une Histoire des quatre Cicéron, c’est-à-dire de l’orateur romain, de son fils, de son frère et de son neveu, et à MM. Péricaud de Lyon et C. Breghot : Ciceroniana, ou Recueil des bons mots et apophthegmes de Cicéron, suivi d’anecdotes et de pensées tirées de ses ouvrages, et précédé d’un abrégé de son histoire, avec des notes, etc., Lyon, 1812, 1 vol. in-8o, tiré à 100 exemplaires. Une tragédie de Crébillon, intitulée : le Triumvirat, ou la Mort de Cicéron, a été représentée a Paris, le 15 décembre 1754[1].Ch-s.

  1. Le buste authentique de Cicéron, qu’on trouve gravé dans plusieurs ouvrages d’antiquités, a figuré dans la collection Mattei et dans celle du cardinal Fesch, à Paris. La ville de Magnésie en Lydie avait fait frapper des médailles sur lesquelles on trouve le portrait de Cicéron. On peut consulter à ce sujet : 1° l’ouvrage suivant du P. Sanctemente : de Nummo M. Tullit Ciceronis a Magnetibus Lydiæ, cum ejus imagine signale, dissertatio, etc., Rome, 1803, in-4o ; l’auteur y fait mention des écrivains qui ont traité le même sujet ; 2° Lettre de M. Cousinery, à M. Sanctemente, au sujet d’une médaille sur laquelle on a cru voir la tête de Cicéron. Elle a été insérée dans le Magasin Encyclopédique, i, 1er année 1898. T-n.