Biographie universelle ancienne et moderne/1re éd., 1811/Ravisius-Textor


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RAVISIUS-TEXTOR (Jean-Tixier de Ravisi, plus connu sous le nom de), habile humaniste, né vers 1480, à Saint-Saulge, dans le Nivernais, acheva ses études à Paris, sous la direction de Jean Boluacus, son compatriote, recteur du collège de Navarre, et obtint, au même collège, la chaire de réthorique, qu’il remplit avec distinction. Il perfectionna dans cette école, alors la plus célèbre de Paris, l’enseignement des humanistes : il composa plusieurs ouvrages, destinés à faciliter aux élèves l’étude de la langue latine et de l’antiquité, et qui furent adoptés dans la plupart des collèges de France, d’Allemagne et d’Italie. Nommé, en 1520, recteur de l’université, Ravisius fut enlevé par une mort prématurée le 23 décembre 1524[1]. Ses ouvrages, maintenant oubliés, ont été réimprimés un grand nombre de fois jusqu’à la fin du dix-septième siècle. Baillet parle avec mépris (Jugem. des savants, ii, 262) ; mais Crevier juge bien plus compétent, dit que le style en est pur et élégant (Histoire de l’université, iv, 443). Outre des éditions du Dialogue d’Ulric de Hutten De aula, Paris, 1529, in-4o. ; et des Lettres d’Élisée Calenzio (V. ce nom, VI, 514), et de Phalaris , ibid., Chaudière, sans date, in-4o., on cite de lui : I. Specimen epithetorum, Paris, H. Estienne, 1518, in-4o. ibid., P. Vidove, 1524, in-fol., avec une Préface, dans laquelle Ravisius se plaint amèrement de la négligence et de l’indocilité des imprimeurs, dont il ne pouvait obtenir des corrections, qu’en leur donnant du vin et de l’argent (V. Chevillier, Origine de l’Imprimerie , pag. 159, et Maittaire, Annal. typograph., II , 324 et suiv.) Ravisius mourrut pendant l’impression ; et ce fut son frère, Jacques Ravisius, qui rédigea l’Épître dédicatoire. Cet ouvrage eut un grand succès ; il a été plusieurs fois réimprimé à Bâle, à Genève, etc. ; et l’on en fit un Abrégé pour la commodité des élèves. II. De prosidia libri iv. III. Synonyma poëtica, à la suite du Recueil d’épithètes. IV. Officina vel potus matuæ historia, in qua compiosè dispositum est per Locos quicquid habent autores in diversis disciplinis plurimi, quod et ad rerum, historiarum et verborum cognitionem ullo modo facere potest, Paris, 1522 [2]; Bâle, 1538, in-4o., Lyon, 1541, même format, nouvelle édition, corrigée, augmentée et mise dans un nouvel ordre, par Conrad Lycosthènes, Bâle, 1552, in-4o., et revue par jacques Grasser, Bâle, et Genève, 1626, in-8o. C’est un Recueil où Ravisius a prétendu ranger, par lieux-communs, tout ce que les anciens auteurs ont dit de plus rare et de plus important; mais Vocius lui reproche de n’avoir fait que copier les Commentaires de Raphaël de Volterre (Maffei). Quoiqu’il en soit, cette compilation n’eut pas moins de succès que les précédentes. outre les différentes éditions qui se succédèrent dans le seizième siècle, on en trouve une de Lyon, 1513, 2 vol. in-8o. V. Cornucopiæ epitome ; imprimé à la suite de l’Officina, et séparément, Bâle, 1536. VI. De memorabilibus et claris mulieribus aliquot diversorum scriptorum opera, Paris, Colines, 1521, in-fol.; rare. Ce volume contient les Traités de Plutarque et de Jacques de Bergame sur les femmes illustres; la Vie de Sainte-Catherine de Sienne, par Pins, évêque de Rieux (V. Pins) ; une compilation sur les Femmes célèbres, dont l’auteur est inconnu; des extraits de Bapt. Fregoso (V. ce nom , xvi , 5), de Raphaël de Volterre (Maffei), et de l’Officina de Ravisius; le poème de Valerand de Varanes ou Varanius sur la Pucelle d’Orléans, et les Vies de Sainte-Chlotilde et de Sainte-Genevieve, patronne de Paris. Sallengre a donné l’analyse de ce Recueil dans les Mémoire de littérature, i, 165-72. VII. Epistolæ, Paris, 1522, in-16 ; 1629, in-8o. On en connait cinq autres éditions du seizième siècle, et quatre du dix-septième. La plus récente est celle de Berlin, 1686, in-12. Elles ont été traduites en français par Ant. Tyron, Anvers, 1570, in-16. Ravicius avait composé ces Lettres pour ses élèves, et toutes renferment quelques leçons de morale, ou des avis sur les moyens de hâter leur progrès. VIII. Dialogi aliquot et epigram mata, Paris, 1538, in-8o. Ces dialogues sont en vers : ils ont été réimprimés, avec les épigrammes et les Lettres de Ravisius, Rotterdam, Leers, 1651, in-24, jolie édition. On voit que Ravisius n’était point un homme aussi méprisable que le dit Baillet; mais il faut convenir aussi que Ghilini l’a beaucoup trop loué dans le Teatro d’huomini letterati, tome ii, pag. 152-53 ; tandis que Boileau, dans un dialogue dont Brosette nous a conservé les fragments (tome iii, pag. 105 de l’édition de M. Saint-Surin, 1821), paraît le prendre pour le type du pédantisme scolastique. W—s.


  1. Ravisius mourut à l’hôpital, selon La Monnoye ( Notes sur les Jugem. des savants, de Baillet, ii, 262) : mais cela n’est pas vraisemblable
  2. On n’a pas pu découvrir les dates des premières éditions des ouvrages de Ravisius; il ne doit plus en exister d’exemplaires, tous ayant été détruits promptement par les élèves auxquels ils étaient destinés.



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