Biographie nationale de Belgique/Tome 3/BRYAS, Jacques-Théodore DE

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BRYAS (Jacques-Théodore DE), d’abord évêque de Saint-Omer, puis archevêque de Cambrai, né à Marienbourg en 1630, mort à Cambrai le 17 novembre 1694. Par son père Jacques de Bryas, seigneur de Gristel-Bricourt et gouverneur de Marienbourg, il appartenait à une des plus nobles familles de l’Artois, et par sa mère, Adrienne de Nédonchel, il descendait des seigneurs de Molenghien. Envoyé, jeune encore, à l’Université de Douai, il y prit le grade de licencié ès droits. À peine eut-il quitté l’université, qu’il obtint un canonicat à Tournai. Il resta dans cette ville jusqu’à ce qu’il fut nommé, par lettres patentes du 12 décembre 1666, conseiller ecclésiastique du grand conseil de Malines et maître des requêtes auprès de la même cour. Après avoir rempli cette charge pendant environ cinq ans, il fut désigné pour l’évêché de Saint-Omer, dont il prit possession par procuration, le 11 avril 1672. Sacré évêque le 29 mai suivant, il fit son entrée solennelle dans sa ville épiscopale le 11 juin. Son séjour n’y fut pas long, trois ans plus tard, le roi d’Espagne Charles II le transféra à l’archevêché de Cambrai. Il prit possession de ce nouveau siége le 20 octobre 1675, reçut le pallium deux jours plus tard, à l’abbaye de Brogne, et arriva à Cambrai le 10 novembre suivant. Ce fut sous son épiscopat que Louis XIV s’empara de cette ville, le 5 avril 1677. Bryas gagna bientôt les bonnes grâces du roi tant par sa conduite exemplaire que par son inépuisable charité. Voici comment l’historiographe Pélisson, dans une lettre écrite du camp de Condé le 15 mai 1677, dépeint le prélat : « Personne, dit-il, n’est ici plus à la mode que l’archevêque de Cambrai; et, ce qui vous surprendra, c’est par une chose qui n’est peut-être pas trop à la mode, qui est de faire admirablement bien son devoir d’évêque; mais la grande vertu se fait toujours admirer. M. de Louvois, le chevalier de Nogent, et tous les autres qui ont été avec lui à Cambrai, durant quelques jours, ont rapporté tant de bien de ce prélat que le roi a dit publiquement qu’il en était ravi. Il se lève dès quatre ou cinq heures du matin, va dire la messe, passe tout le reste de la matinée dans l’église, soit aux offices ou en oraison; donne à dîner, à qui veut, au sortir de là, en vaisselle d’étain fort nette, et de bonnes viandes, mais sans aucun excès, ni pour la délicatesse, ni pour la quantité; passe l’apres-dînée à visiter des malades, ou des prisonniers, ou d’autres affligés; excepté qu’il rend visite soigneusement au moindre capitaine d’infanterie qui a été chez lui; fait beaucoup d’aumônes, et ne laisse personne dans Cambrai sans l’assister, au moins sans lui aller donner sa bénédiction... » De Bryas administra l’archevêché de Cambrai pendant vingt ans, aimé et vénéré de tout son troupeau. Il mourut dans sa ville archiépiscopale, à l’âge de soixante-quatre ans, et fut enterré dans sa cathédrale, où on lui éleva un tombeau revêtu de ses armoiries et d’une élogieuse épitaphe.

Ses armoiries étaient d’or, à la fasce de sable, surmontée de trois cormorans de même, ibecqués et membres de gueule; sa devse portait : Difficiliora quæ pulchra.

E.-H.-J. Reusens.

Foppens, Belgica sacra, ms. — Le Glay, Cameracum christianum, p. 72.