Biographie nationale de Belgique/Tome 3/BRUGGHEMAN, Nicolas

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BRUGGHEMAN (Nicolas), orateur et négociateur, vivait à Gand, vers le milieu du XVe siècle. Le nom de Nicolas Bruggheman, moine de l’ordre des Jacobins, est mentionné, pour la première fois, en l’année 1464. Il fut, à cette époque, chargé de prêcher la guerre sainte dans la ville de Gand. Ses vertus, l’éloquence entraînante qui l’avaient rendu populaire dans sa ville natale, le désignaient en quelque sorte pour cette haute mission. Une multitude immense se pressait autour de lui, sur le marcbé du Vendredi le 18 mars 1464, et, à la voix du fervent prédicateur, l’enthousiasme de la foi se réveilla de toutes parts. Les Gantois se rangèrent en grand nombre sous les ordres d’un capitaine, nommé Hector Hughe ou De Costere, et partirent pour la croisade. Plusieurs d’entre eux sont cités dans le Dagboek der gentsche collatie; cependant il n’y est pas fait mention de Nicolas Bruggheman, bien que tout porte à croire qu’il voulut accompagner ses compatriotes afin de soutenir leur courage. L’on sait, en effet, que plusieurs moines s’associèrent aux périls de cette expédition lointaine.

Les Gantois choisirent Nicolas Bruggheman pour remplir le rôle de médiateur entre eux et leur prince, lorsque le comte de Charolais, devenu duc de Bourgogne, fit son entrée solennelle à Gand. A la porte de la ville, le nouveau duc trouva sept cent quatre-vingt-quatre bannis ; prés d’eux se tenait Nicolas Bruggheman qui, dans son discours, l’exhorta à pardonner à ces malheureux et à modérer les rigoureuses conditions du traité de Gavre. Les habitants de Gand avaient bien placé leur confiance car si le résultat espéré ne fut pas complétement atteint, il ne faut l’attribuer qu’à leur imprudence : compromit le succès que la modération de leur délégué eût peut-être obtenu. A peine sorti des murs de Gand, après les troubles de la Saint-Liévin, le duc de Bourgogne songeait à révoquer des concessions qui lui avaient été arrachées par la violence ; deux échevins et un pensionnaire de la ville furent envoyés près de lui pour excuser leurs concitoyens et apaiser son courroux. Les démarches de ces délégués restèrent sans résultat. Les échevins de Gand eurent alors recours à Nicolas Bruggheman et, à leur prière, il consentit à rejoindre à Bruxelles les députes de la ville. Grâce à son intervention, des lettres de rémission furent envoyées à Gand et, par une charte du 28 juillet 1467, le duc Charles de Bourgogne confirma tous les priviléges qu’il avait accordes à la ville.

Bon Albéric de Crombrugghe.