Biographie nationale de Belgique/Tome 1/BASSEVELDE, VAN

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BASSEVELDE (VAN), peintres et calligraphes à Gand, au xve siècle. Nous n’avons de renseignements que sur les suivants :

Bassevelde (Jean van), peintre à Gand, vers le milieu et durant la seconde moitié du xve siècle. Il fut élève ou apprenti de Jean Martins, le coopérateur de Guillaume van Axpoele aux peintures murales à l’huile de la maison échevinale à Gand, en 1419-1420. Il accompagna son vieux maître, en 1468, à Bruges, pour y travailler aux décors d’entremets exécutés pour les noces de Charles le Téméraire avec Marguerite d’York. Le taux respectif des salaires accordés aux artistes qui de toutes parts vinrent prêter le concours de leur talent à la préparation des splendeurs décoratives de ces fêtes nuptiales, fut fixé par les peintres ordinaires du duc de Bourgogne, Jean Hennekart et Pierre Coustain, conjointement avec le doyen et les jurés de la corporation plastique de Bruges. Le salaire de Jean van Bassevelde fut taxé à dix sols tournois par jour, tout autant que son ancien maître Jean Martins, et seulement quatre sols de moins que la rémunération journalière payée au peintre Hughes Vander Goes, son illustre concitoyen. La comptabilité des ducs de Bourgogne, relevés des recettes et dépenses, conservés aux archives de Lille, que, dans leurs détails les plus intéressants, nous a fait connaître M. le comte Léon de Laborde (Les Ducs de Bourgogne, études sur les lettres et les arts au xve siècle : Preuves), donne, à la date du 16 avril 1467 avant Pâques (1468 n. s.), l’annotation qui concerne Jean van Bassevelde. La proportion établie entre son salaire et celui de Hugues Vander Goes prouve que c’était un artiste d’un mérite spécial, un peintre décorateur habile, probablement, puisqu’on ne connaît de lui aucun tableau. Cet artiste était fils de Jean van Bassevelde, maître peintre qui, de 1418 à 1423, travailla avec Guillaume de Ritsere, aux peintures d’ornementation du dais de Notre-Dame de Tournai. Ce riche baldaquin s’offrait chaque année, par une députation de l’échevinage et de la bourgeoisie de Gand, à cette image réputée miraculeuse, lors de la procession de l’Exaltation de la sainte Croix. Le magistrat gantois lui confia d’autres besognes artistiques, parmi lesquelles l’enluminure d’une statue de la Vierge, sculptée par Jean Bulteel, en 1414, pour la chambre de la trésorerie.

Bassevelde (Casin ou Nicaise van), peintre, à Gand, dans la première moitié du xve siècle. Il fut un des apprentis de Nabur Martins ; il aida son maître, avec Égide Carre et Achille Vanden Bossche, à la peinture des médaillons, armoriés et historiés, de grands étendards gantois. Ils exécutèrent ainsi, pour le magistrat, en 1451, cinq bannières patronales des quartiers de Gand et un étendard aux armes comtales. Il est à croire qu’il coopéra aussi aux importantes œuvres que Nabur Martins entreprit vers cette époque. Les comptes communaux de Gand mentionnent encore que Nicaise van Bassevelde peignit des images de Christ sur les crucifix qui servaient aux prestations de serment dans les deux colléges échevinaux. Il semble résulter de certains indices que Nicaise van Bassevelde a suivi Nabur Martins à la sanglante bataille de Gavre, où les Gantois furent défaits par Philippe le Bon, en 1453, et laissèrent sur le champ de carnage, appelé, depuis ce jour, de Roode Meersch (la prairie rouge), un grand nombre des valeureux suppôts de leurs corporations de métiers.

Bassevelde (Liévin van), peintre gantois de la seconde moitié du xve siècle. Cet artiste quitta la ville de Gand et alla s’affilier au corps des peintres et sculpteurs de Tournai, vers 1443. Par suite d’un compromis, existant depuis le xive siècle entre Gand et Tournai, il put être admis sans avoir accompli l’année de séjour requise pour l’obtention de la bourgeoisie et de la franchise professionnelle. Le livre des admissions de la corporation de Saint-Luc de la cité tournaisienne contient l’inscription suivante : « Liévin van Bassevelde fut receu à le francise du mestier des painctres le jour Saint Valentin l’an mil quatre cens quarante deux (11 février 1443 n. s.). » En 1506-1507, il fut payé, à Gand, un droit d’issue sur une partie de la succession de Liévin van Bassevelde ; l’autre partie, faute d’héritiers reconnus, fut dévolue à la commune gantoise.

Bassevelde (Jacques van), calligraphe rubricateur et dessinateur à la plume, à Gand, au commencement du xve siècle. D’après les comptes communaux de cette ville, il fut plusieurs fois chargé par le magistrat de transcriptions sur parchemin d’actes publics. En 1407, il écrivit les ordonnances régulatrices de la construction de la Grande Boucherie et de la perception des droits d’issue ; celle-ci décorée des blasons de Gand et de la Flandre, rehaussés d’or et d’argent. En 1418, il copia l’ordonnance sur la monnaie et le registre des rentes héritables ; en 1422, il transcrivit, dans un cartulaire in-folio, sur parchemin et en caractères gothiques, tous les actes de priviléges et les lettres de franchise de la commune gantoise, documents originaux qui se conservèrent jusqu’en 1540 dans le coffre de fer au secret du Beffroi. — Nul doute que Jacques van Bassevelde n’ait produit aussi des manuscrits plus ou moins ornementés.

Edm. De Busscher.

Recherches sur les peintres gantois des xive et xve siècles. 1859. — Messager des sciences histor. de Belgique. — Archives communales de Gand : Comptes et livres échevinaux, MSS. xve siècle. — Idem, 1506-1508.