Biographie nationale de Belgique/Tome 1/BAILLEHAUS, Jehan

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BAILLEHAUS (Jehan), trouvère, né à Valenciennes (ancien Hainaut), au xiiie siècle. On a lieu de penser qu’il appartenait à une des premières familles de la bourgeoisie valenciennoise. Les Puys d’amour de sa ville natale ont couronné plusieurs de ses poésies appartenant au genre des sirventes et des sottes chansons. Le sirvente, réservé d’abord à des sujets de guerre, dégénéra ensuite en une sorte d’élégie, consacrée à des plaintes amoureuses, à des professions de dévouement galant ou pieux. Voici la première strophe d’un sirvente amoureux de Jehan Baillehaus :

Plourez, amant ; car vraie amours est morte.
En chest païs jamais ne le verrez.
Anuit par nuit, vint buskant à no porte
L’asme de li qu’emportoit un mauffez.
Mais tant me fist ly diables de bontés,
L’arme mis jus tant m’elle ot trois oës pris,
Et par ces oës iert li mous retenus.
Che truis tirant en un kanebustin
Où je le mis en escrit hier matin.

La pièce dont nous détachons cet échantillon n’est pas dépourvue de grâce, et elle a le mérite particulier de contenir, dans son dernier couplet, l’unique indication que nous possédions sur la vie du poëte : c’est qu’il avait aimé une noble dame de Saint-Quentin :

Par lonc tans ai esté tristes et mus,
Mais boine amours de cui sui revestus
Me fait cauter pour dame de haut lies
Que j’en amai awan à Saint-Quentin.

De ce ton assez relevé et presque élégiaque, le trouvère savait descendre à une familiarité un peu grossière, comme le prouve la sotte chanson rapportée par Roquefort et dont nous n’oserions rien citer. On n’a guère publié de pièces de Baillehaus ; pourtant il fut fécond ; mais sans jamais s’élever au-dessus du médiocre.

F. Hennebert.

Roquefort, État de la poésie aux xiie et xiiie siècles. — Van Hasselt, Essai sur la poésie, etc., p. 69. — Dinaux, Trouvères brabançons, hennuyers, etc.