Bien que les champs, les fleuves et les lieux

Bien que les champs, les fleuves et les lieux
Les Amours, Texte établi par Hugues VaganayGarnier1 (p. 205).

CXCI

Bien que les champs, les fleuves, et les lieux,
Les monts, les bois, que j’ay laissez derrière,
Me tiennent loin de ma douce guerrière,
Astre fatal, d’où s’escoule mon mieux :
Quelque Daimon par le congé des cieux,
Qui presidoit à mon ardeur première,
Conduit tousjours d’une aisle coustumiere
Sa belle image au séjour de mes yeux.
Toutes les nuicts, impatient de haste,
Entre mes bras je rembrasse et retaste
Son vain portrait en cent formes trompeur :
Mais quand il voit que content je sommeille,
Rompant mon aise il s’enfuit, et m’esveille
Seul en mon lict, plein de honte et de peur.