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LA SAGESSE
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Aimer la justice ; chercher le Seigneur avec droiture. Le Seigneur connaît tout, et rien n’échappera à sa vengeance. La mort ne vient point de Dieu ; mais elle est la suite du péché.


Aimez la justice, vous qui êtes les juges de la terre. Ayez des sentiments du Seigneur dignes de lui, et cherchez-le avec un cœur simple ;

2. Parce que ceux qui ne le tentent point le trouvent, et qu’il se fait connaître à ceux qui ont confiance en lui.

3. Car les pensées corrompues séparent de Dieu, et lorsque les hommes veulent tenter sa puissance, elle les convainc de folie.

4. Aussi la sagesse n’entrera point dans une âme maligne, et elle n’habitera point dans un corps assujetti au péché.

5. Car l’esprit saint, qui est le maître de la science, fuit le déguisement ; il se retire des pensées qui sont sans intelligence, et l’iniquité, survenant, le bannit de l’âme.

6. L’esprit de sagesse est plein de bonté, et il ne laissera pas impunies les lèvres du médisant, parce que Dieu sonde les reins, qu’il pénètre le fond de son cœur, et qu’il entend les paroles de sa langue.

7. Car l’esprit du Seigneur remplit l’univers ; et comme il contient tout, il connait tout ce qui se dit.

8. C’est pourquoi celui qui prononce des paroles d’iniquité ne peut se cacher et il n’échappera point au jugement qui doit tout punir.

9. Car l’impie sera interrogé sur ses pensées ; et ses discours iront jusqu’à Dieu, qui les entendra pour le punir de son iniquité.

10. Parce que l’oreille jalouse entend tout, et que le bruit des murmures ne lui sera point caché,

11. Gardez-vous donc des murmures qui ne peuvent servir de rien, et ne souillez point votre langue par la médisance, parce que la parole la plus secrète ne sera point impunie, et que la bouche qui ment tuera l’âme.

12. Cessez de chercher la mort avec tant d’ardeur dans les égarements de votre vie, et n’employez pas les travaux de vos mains à acquérir ce qui vous doit perdre.

13. Car Dieu n’a point fait la mort, et il ne se réjouit point de la perte des vivants.

14. Il a tout créé afin que tout subsiste : toutes les créatures étaient saines dans leur origine : il n’y avait en elles rien de contagieux ni de mortel ; et le règne des enfers n’était point alors sur la terre.

15. Car la justice est stable, et immortelle.

16. Mais les méchants ont appelé la mort à eux par leurs œuvres et par leurs paroles ; et la croyant amie, ils en ont été consumés ; et ils ont fait alliance avec elle, parce qu’ils étaient dignes d’une telle société.



Faux raisonnement des impies qui nient l’immortalité de l’âme, et qui mettent le souverain bien dans la jouissance des plaisirs sensibles. Leur haine contre le juste. Le démon auteur de la mort.


1. Ils ont dit dans l’égarement de leurs pensées : Le temps de notre vie est court et fâcheux ; l’homme après sa mort n’a plus de bien à attendre, et on ne sait personne qui soit revenu des enfers.

2. Nous sommes nés comme à l’aventure, et après la mort nous serons comme si nous n’avions jamais été. La respiration est dans nos narines comme une fumée, et l’âme est comme une étincelle de feu qui remue notre cœur.

3. Lorsqu’elle sera éteinte, notre corps sera réduit en cendres ; l’esprit se dissipera comme un air subtil ; notre vie disparaîtra comme une nuée qui passe, et s’évanouira comme un brouillard qui est poussé en bas par les rayons du soleil, et qui tombe étant appesanti par sa chaleur.

4. Notre nom s’oubliera avec le temps, sans qu’il reste aucun souvenir de nos actions parmi les hommes.

5. Car le temps de notre vie n’est qu’une ombre qui passe, et après la mort il n’y a plus de retour : le sceau est posé, et nul ne revient.

6. Venez donc, jouissons des biens présents, hâtons-nous d’user des créatures pendant que nous sommes jeunes.

7. Enivrons-nous des vins les plus excellents, parfumons-nous d’huile de senteur ; et ne laissons point passer la fleur de la saison

8. Couronnons-nous de roses avant qu’elles se flétrissent ; qu’il n’y ait point de pré où notre intempérance ne se signale.

9. Que nul de nous ne se dispense de prendre part à notre débauche. Laissons partout des marques de réjouissance, parce que c’est là notre sort, et notre partage.

10. Opprimons le juste dans sa pauvreté, n’épargnons point la veuve, et n’ayons aucun respect pour la vieillesse et les cheveux blancs.

11. Que notre force soit la loi de la justice ; car ce qui est faible n’est bon a rien.

12. Faisons tomber le juste dans nos pièges, parce qu’il nous est incommode, qu’il est contraire à notre manière de vie, qu’il nous reproche les violements de la loi, et qu’il nous déshonore en décriant les fautes de notre conduite.

13. Il assure qu’il a la science de Dieu, et il s’appelle le Fils de Dieu.

14. Il est devenu le censeur de nos pensées mêmes.

15. Sa seule vue nous est insupportable, parce que sa vie n’est point semblable à celle des autres, et qu’il suit une conduite toute différente

16. Il nous considère comme des gens qui ne s’occupent qu’à des niaiseries ; il s’abstient de notre manière de vie comme d’une chose impure ; il préfère ce que les justes attendent à la mort, et il se glorifie d’avoir Dieu pour père.

17. Voyons donc si ses paroles sont véritables, éprouvons ce qui lui arrivera, et nous verrons quelle sera sa fin.

18. Car s’il est véritablement Fils de Dieu, Dieu prendra sa défense, et il le délivrera des mains de ses ennemis.

19. Interrogeons-le par les outrages et par les tourments, afin que nous reconnaissions quelle est sa douceur, et que nous fassions l’épreuve de sa patience.

20. Condamnons-le à la mort la plus infâme ; car si ses paroles sont véritables. Dieu prendra soin de lui.

21. Ils ont eu ces pensées, et ils se sont égarés, parce que leur propre malice les a aveuglés.

22. Ils ont ignoré les secrets de Dieu ; ils n’ont point cru qu’il y eût de récompense à espérer pour les justes, et ils n’ont fait nul état de la gloire qui est réservée aux âmes saintes.

23. Car Dieu a créé l’homme immortel ; il l’a fait pour être une image qui lui ressemblât.

24. Mais la mort est entrée dans le monde par l’envie du diable ;

25. Et ceux qui se rangent de son parti deviennent ses imitateurs.



Bonheur des justes et malheur des méchants après la mort. Récompense de la chasteté. Suites funestes de l’adultère.


1. Mais les âmes des justes sont dans la main de Dieu, et le tourment de la mort ne les touchera point.

2. Ils ont paru morts aux yeux des insensés, leur sortie du monde a passé pour un comble d’affliction,

3. Et leur séparation d’avec nous pour une entière ruine ; mais cependant ils sont en paix :

4. Et s’ils ont souffert des tourments devant les hommes, leur espérance est pleine de l’immortalité qui leur est promise.

5. Leur affliction a été légère, et leur récompense sera grande, parce que Dieu les a tentés, et les a trouvés dignes de lui.

6. Il les a éprouvés comme l’or dans la fournaise, il les a reçus comme une hostie d’holocauste, et il les regardera favorablement quand leur temps sera venu.

7. Les justes brilleront, ils étincelleront comme des feux qui courent au milieu des roseaux.

8. Ils jugeront les nations, et ils domineront les peuples, et leur Seigneur régnera éternellement.

9. Ceux qui mettent leur confiance en lui auront l’intelligence de la vérité ; et ceux qui sont fidèles dans son amour demeureront attachés à lui, parce que le don et la paix est pour ses élus.

10. Mais les méchants seront punis selon l’iniquité de leurs pensées, parce qu’ils ont négligé la justice, et qu’ils se sont retirés d’avec le Seigneur.

11. Car celui qui rejette la sagesse et l’instruction est malheureux ; l’espérance de ces personnes est vaine, leurs travaux sont sans fruit, et leurs œuvres sont inutiles.

12. Leurs femmes parmi eux sont insensées, et leurs enfants sont pleins de malice.

13. Leur postérité est maudite, et heureuse celle qui étant stérile n’a rien qui la souille, et qui a conservé sa couche pure et sans tache : elle recevra la récompense lorsque Dieu regardera les ämes saintes.

14. Heureux aussi l’eunuque dont la main n’a point commis l’iniquité, qui n’a point eu de pensées criminelles contraires à Dieu ; parce que sa fidélité recevra un don précieux, et une très grande récompense au temple de Dieu.

15. Car le fruit des justes travaux est plein de gloire, et la racine de la sagesse ne sèche jamais.

16. Mais les enfants des adultères n’auront point une vie heureuse, et la race de la couche criminelle sera exterminée.

17. Quand mëme ils vivraient longtemps, ils seront considérés comme des gens de rien, et leur vieillesse la plus avancée sera sans honneur.

18. S’ils meurent plus tôt, ils seront sans espérance, et au jour où tout sera connu ils n’auront personne qui les console.

19. Car la race injuste aura une fin funeste.



Avantages de la chasteté. Suites malheureuses de l'adultère. Mort heureuse des justes, quoique précipitée. Justes retirés du monde par miséricorde. Malheur des méchants à la mort.


1. O combien est belle la race chaste, lorsqu’elle est jointe avec l’éclat de la vertu ! sa mémoire est immortelle, et elle est en honneur devant Dieu, et devant les hommes.

2. On l’imite lorsqu’elle est présente, et on la regrette lorsqu’elle s’est retirée : elle triomphe et est couronnée pour jamais comme victorieuse après avoir remporté le prix dans les combats pour la chasteté.

3. Mais la race des méchants, quelque multipliée qu’elle soit, ne réussira point, les rejetons bâtards ne jetteront point de profondes racines, et leur tige ne s’affermira point.

4. Que si avec le temps ils poussent quelques branches en haut, comme ils ne sont point fermes, ils seront ébranlés par les vents, et la violence de la tempête les arrachera jusqu’à la racine.

5. Leurs branches seront brisées avant que d’avoir pris leur accroissement ; leurs fruits seront inutiles et âpres au goût, et on n’en pourra faire aucun usage.

6. Car les enfants nés d’une couche illégitime, lorsque l’on s’informe de ce qu’ils sont, deviennent des témoins qui déposent contre le crime de leur père et de leur mère.

7. Mais quand le juste mourrait d’une mort précipitée, il se trouverait dans le repos ;

8. Parce que ce qui rend la vieillesse vénérable n’est pas la longueur de la vie, ni le nombre des années ;

9. Mais la prudence de l’homme lui tient lieu de cheveux blancs, et la vie sans tache est une heureuse vieillesse.

10. Comme le juste a plu à Dieu, il en a été aimé, et Dieu l’a transféré d’entre les pécheurs parmi lesquels il vivait.

11. Il l’a enlevé, de peur que son esprit ne fût corrompu par la malice, et que les apparences trompeuses ne séduisissent son âme.

12. Car la fascination des niaiseries obscurcit le bien, et les passions volages de la concupiscence renversent l’esprit même éloigné du mal.

13. Ayant peu vécu, il a rempli la course d’une longue vie :

14. Car son âme était agréable à Dieu : c’est pourquoi il s’est hâté de le tirer du milieu de l’iniquité. Les peuples voient cette conduite sans la comprendre, et il ne leur vient point dans la pensée

15. Que la grâce de Dieu et sa miséricorde est sur ses saints, et que ses regards favorables sont sur ses élus.

16. Mais le juste mort condamne les méchants qui lui survivent, et la jeunesse si tôt finie est la condamnation de la longue vie de l’injuste.

17. Ils verront la fin du sage, et ils ne comprendront point le dessein de Dieu sur lui, et pourquoi le Seigneur l’aura mis en sûreté.

18. Ils la verront, et ils le mépriseront ; et le Seigneur se moquera d eux.

19. Après cela ils mourront sans honneur, et ils tomberont parmi les morts dans une éternelle ignominie ; car le Seigneur les brisera, et ils tomberont devant lui confus et muets ; il les détruira jusqu’aux fondements, il les réduira dans la dernière désolation. Ils seront percés de douleur, et leur mémoire périra pour jamais.

20. Ils paraîtront pleins d’effroi dans le souvenir de leurs offenses, et leurs iniquités se soulèveront contre eux pour les accuser.



Triomphe des justes. Regrets inutiles des méchants. Félicité éternelle des justes. Vengeance du Seigneur contre les méchants.


1. Alors les justes s’élèveront avec une grande hardiesse contre ceux qui les auront accablés d’affliction, et qui leur auront ravi le fruit de leurs travaux.

2. Les méchants, à cette vue, seront saisis de trouble, et d’une horrible frayeur ; ils seront frappés d’étonnement en voyant tout d’un coup contre leur attente les justes sauvés ;

3. Ils diront en eux-mêmes, étant touchés de regret, et jetant des soupirs dans le serrement de leurs cœurs : Ce sont ceux-là qui ont été autrefois l’objet de nos railleries, et que nous donnions pour exemple de personnes dignes de toutes sortes d’opprobres.

4. Insensés que nous étions, leur vie nous paraissoit une folie, et leur mort honteuse :

5. Cependant les voilà élevés au rang des enfants de Dieu, et leur partage est avec les saints.

6. Nous nous sommes donc égarés de la voie de la vérité, la lumière de la justice n’a point lui pour nous, et le soleil de l’intelligence ne s’est point levé sur nous.

7. Nous nous sommes lassés dans la voie de l’iniquité et de la perdition ; nous avons marché dans des chemins âpres, et nous avons ignoré la voie du Seigneur.

8. De quoi nous a servi notre orgueil ? qu’avons-nous tiré de la vaine ostentation de nos richesses ?

9. Toutes ces choses sont passées comme l’ombre, et comme un courrier qui court,

10. Ou comme un vaisseau qui fend les flots agités, dont on ne trouve point de trace après qu’il est passé, et qui n’imprime sur les flots aucune marque de sa route ;

11. Ou comme un oiseau qui vole au travers de l’air, sans qu’on puisse remarquer par où il passe : on n’entend que le bruit de ses ailes qui frappe l’air, et qui le divise avec effort ; et après qu’en les remuant il a achevé son vol, on ne trouve plus aucune trace de son passage ;

12. Ou comme une flèche qui est lancée vers son but, l’air qu’elle divise se rejoint aussitôt, sans qu’on reconnaisse par où elle est passée :

13. Ainsi nous ne sommes pas plus tôt nés que nous avons cessé d’être ; nous n’avons pu montrer en nous aucune trace de vertu, et nous avons été consumés par notre malice.

14. Voilà ce que les pécheurs diront dans l’enfer :

15. Parce que l’espérance des méchants est comme ces petites pailles que le vent emporte ; ou comme l’écume légère qui est dispersée par la tempête ; ou comme la fumée que le vent dissipe, ou comme le souvenir d’un hôte qui passe et qui n’est qu’un jour en un même lieu.

16. Mais les justes vivront éternellement, le Seigneur leur réserve leur récompense, et le Très-Haut a soin d’eux.

17 C’est pourquoi ils recevront de la main du Seigneur un royaume admirable, et un diadème éclatant de gloire ; il les couvrira de sa main droite et les défendra par son bras saint.

18. Son zèle se revêtira de toutes ses armes, et il armera ses créatures pour se venger de ses ennemis.

19. Il prendra la justice pour cuirasse, et pour casque l’intégrité de son jugement.

20. Il se couvrira de l’équité comme d’un bouclier impénétrable ;

21. Il aiguisera sa colère inflexible comme une lance aiguë, et tout l’univers combattra avec lui contre les insensés.

22. Les foudres iront droit à eux, ils seront lancés des nuées comme les flèches d’un arc bandé avec force, et ils fondront au lieu qui leur aura été marqué.

23. La colère de Dieu, semblable à une machine qui jette des pierres, fera pleuvoir sur eux des grêles ; la mer répandra contre eux sa vague irritée, et les fleuves se déborderont avec furie.

24. Un vent violent s’élèvera contre eux, et les dispersera comme un tour billon ; leur iniquité réduira toute la terre en un désert, et le trône des puissants sera renversé par leur malice.



Rois et juges de la terre exhortés à acquérir la sagesse. Supplices rigoureux préparés à ceux qui gouvernent injustement. La sagesse se présente à ceux qui l’aiment et la cherchent. Combien il est avantageux de la posséder.


1. La sagesse est plus estimable que la force, et l’homme prudent vaut mieux que le courageux.

2. Écoutez donc, ô rois, et comprenez ; recevez l’instruction, juges de la terre.

3. Prêtez l’oreille, vous qui gouvernez les peuples, et qui vous glorifiez de voir sous vous un grand nombre de nations :

4. Considérez que vous avez reçu cette puissance du Seigneur, et cette domination du Très-Haut, qui interrogera vos œuvres, et qui sondera le fond de vos pensées ;

5. Parce qu’étant les ministres de son royaume, vous n’avez pas jugé équitablement ; que vous n’avez point gardé la loi de la justice, et que vous n’avez point marché selon la volonté de Dieu.

6. Il se fera voir à vous d’une manière effroyable, et dans peu de temps, parce que ceux qui commandent les autres seront jugés avec une extrême rigueur.

7. Car on a plus de compassion pour les petits, et on leur pardonne plus aisément ; mais les puissants seront puissamment tourmentés.

8. Dieu n’exceptera personne et il ne respectera la grandeur de qui que ce soit, pane qu’il a fait les grands comme les petits, et qu’il a également soin de tous.

9. Mais les plus grands sont menacés des plus grands supplices.

10. C’est donc à vous, ô rois, que j’adresse ces discours, afin que vous appreniez la sagesse, et que vous vous gardiez d’en déchoir.

11. Car ceux qui auront fait justement les actions de justice seront traités comme justes ; et ceux qui auront appris ce que j’enseigne trouveront de quoi se défendre.

12. Ayez donc un désir ardent pour mes paroles ; aimez-les, et vous y trouverez votre instruction.

13. La sagesse est pleine de lumière, et sa beauté ne se flétrit point ; ceux qui l’aiment la découvrent aisément, et ceux qui la cherchent la trouvent.

14. Elle prévient ceux qui la désirent, et elle se montre à eux la première.

15. Celui qui veille dès le matin pour la posséder n’aura pas de peine, parce qu’il la trouvera assise à sa porte.

16. Ainsi, occuper sa pensée de la sagesse est la parfaite prudence ; et celui qui veillera pour l’acquérir sera bientôt en repos

17. Car elle tourne elle-même de tous côtés pour chercher ceux qui sont dignes d’elle ; elle se montre à eux agréablement dans ses voies, et elle va au-devant d’eux avec tout le soin de sa providence.

18. Le commencement donc de la sagesse est le désir sincère de l’instruction.

19. Le désir de l’instruction est l’amour ; l’amour est l’observation de ses lois ; l’attention à observer ses lois est l’affermissement de la parfaite pureté de l’âme :

20. Cette parfaite pureté approche l’homme de Dieu.

21. C’est ainsi que le désir de la sagesse conduit au royaume éternel.

22. Si donc vous avez de la complaisance pour les trônes et les sceptres, ô rois des peuples, aimez la sagesse, afin que vous régniez éternellement.

23. Aimez la lumière de la sagesse, vous tous qui commandez les peuples du monde.

24. Je représenterai maintenant ce que c’est que la sagesse, et quelle a été son origine : je ne vous cacherai point les secrets de Dieu ; mais je re monterai jusqu’au commencement de sa naissance ; je la produirai au jour, et la ferai connaître, et je ne cacherai point la vérité.

25. Je n’imiterai point celui qui est desséché d’envie, parce que l’envieux n’aura point de part à la sagesse.

26. Or la multitude des sages est le salut du monde ; et un roi prudent est le soutien de son peuple.

27. Recevez donc l’instruction par mes paroles, et elle vous sera avantageuse.



Tous entrent dans cette vie de la même manière, et en sortent de même. La sagesse est préférable à tous les autres biens. Avantages qu’on en retire. Louanges de la sagesse.


1. Je suis moi-même un homme mortel semblable à tous les autres, sorti de la race de celui qui le premier fut formé de terre ; mon corps a pris sa figure dans le ventre de ma mère,

2. Pendant dix mois, et j’ai été formé d’un sang épaissi, et de la substance de l’homme dans le repos du sommeil.

3. Étant né, j’ai respiré l’air commun à tous ; je suis tombé sur la même terre, et je me suis fait entendre d’abord en pleurant comme tous les autres.

4. J’ai été enveloppé de langes, et élevé avec de grands soins.

5. Car il n’y a point de rois qui soient nés autrement.

6. Il n’y a pour tous qu’une manière d’entrer dans la vie, et qu’une manière d’en sortir.

7. C’est pourquoi j’ai désiré l’intelligence, et elle m’a été donnée : j’ai invoqué le Seigneur, et l’esprit de sagesse est venu en moi ;

8. Je l’ai préféré aux royaumes et aux trônes, et j’ai cru que les richesses n’étaient rien au prix de la sagesse.

9. Je n’ai point fait entrer en comparaison avec elle les pierres précieuses, parce que tout l’or au prix d’elle n’est qu’un peu de sable, et que de l’argent devant elle sera considéré comme de la boue.

10. Je l’ai plus aimée que la santé et que la beauté : j’ai résolu de la prendre pour ma lumière, parce que sa clarté ne peut être jamais éteinte.

11. Tous les biens me sont venus avec elle, et j’ai reçu de ses mains des richesses innombrables ;

12. Et je me suis réjoui en toutes ces choses, parce que cette sagesse marchait devant moi, et je n’avais pas su qu’elle était la mère de tous ces biens.

13. Je l’ai apprise sans déguisement ; j’en fais part aux autres sans envie, et je ne cache point les richesses qu’elle renferme.

14. Car elle est un trésor infini pour les hommes ; et ceux qui en ont usé sont devenus les amis de Dieu, et se sont rendus recommandables par les dons de la science.

15. Dieu m’a fait la grâce de parler selon ce que je sens dans mon cœur, et d’avoir des pensées dignes des dons que j’ai reçus, parce qu’il est lui-même le guide de la sagesse, et que c’est lui qui redresse les sages.

16. Nous sommes dans sa main nous et nos discours, avec toute la sagesse la science d’agir, et le règlement de la vie.

17. C’est lui-même qui m’a donné la vraie connaissance de ce qui est, qui m’a fait savoir la disposition du monde, les vertus des éléments,

18. Le commencement, la fin, et le milieu des temps, les changements que causent l’éloignement et le retour du soleil, la vicissitude des saisons,

19. Les révolutions des années, les dispositions des étoiles,

20. La nature des animaux, les instincts des bêtes, la force des vents, les pensées des hommes, la variété des plantes, et les vertus des racines.

21. J’ai appris tout ce qui était caché, et qui n’avait point encore été découvert, parce que la sagesse même qui a tout créé me l’a enseigné ;

22. Car il y a dans elle un esprit d’intelligence, qui est saint, unique, multiplié dans ses effets, subtil, disert, agile, sans tache, clair, doux, ami du bien, pénétrant, que rien ne peut empêcher d’agir, bienfaisant,

23. Amateur des hommes, bon, stable, infaillible, calme, qui a toute vertu, qui voit tout, qui renferme en soi tous les esprits, intelligible, pur, et subtil.

24. Car la sagesse est plus active que toutes les choses les plus agissantes ; et elle atteint partout à cause de sa pureté.

25. Elle est la vapeur de la vertu de Dieu, et l’effusion toute pure de la clarté du Tout-Puissant : c’est pourquoi elle ne peut être susceptible de la moindre impureté ;

26. Parce qu’elle est l’éclat de la lumière éternelle, le miroir sans tache de la majesté de Dieu, et l’image de sa bonté.

27. N’étant qu’une, elle peut tout ; et toujours immuable en elle-même, elle renouvelle toutes choses, elle se répand parmi les nations dans les âmes saintes, et elle forme les amis de Dieu et les prophètes,

28. Car Dieu n’aime que celui qui habite avec la sagesse.

29. Elle est plus belle que le soleil, et plus élevée que toutes les étoiles ; si on la compare avec la lumière, elle l’emportera.

30. Car la nuit succède au jour ; mais la malignité ne peut prévaloir contre la sagesse.



Excellence de la sagesse. Avantages que l’on trouve dans la possession de la sagesse. C’est de Dieu qu’on la reçoit.


1. La sagesse atteint avec force depuis une extrémité jusqu’à l’autre : elle dispose tout avec douceur.

2. Je l’ai aimée, je l’ai recherchée dès ma jeunesse, et j’ai tâché de l’avoir pour épouse, et je suis devenu l’amateur de sa beauté.

3. Elle fait voir la gloire de son origine en ce qu’elle est étroitement unie à Dieu, et qu’elle est aimée de celui qui est le Seigneur de toutes choses.

4. C’est elle qui enseigne la science de Dieu, et qui est la directrice de ses ouvrages.

5. Si on souhaite les richesses de cette vie, qu’y a-t-il de plus riche que la sagesse qui fait toutes choses ?

6. Si l’esprit de l’homme fait quelques ouvrages, qui a plus de part qu’elle dans cet art avec lequel toutes choses ont été faites ?

7. Si quelqu’un aime la justice, les grandes vertus sont encore son ouvrage : c’est elle qui enseigne la tempérance, la prudence, la justice, et la force, qui sont les choses du monde les plus utiles à l’homme dans cette vie.

8. Si quelqu’un désire la profondeur de la science, c’est elle qui sait le passé, et qui juge de l’avenir : elle pénètre ce qu’il y a de plus subtil dans les discours, et de plus difficile à démêler dans les paraboles : elle connait les signes et les prodiges avant qu’ils paraissent, et ce qui doit arriver dans la succession des temps et des siècles.

9. J’ai donc résolu de la prendre avec moi pour la compagne de ma vie, sachant qu’elle me fera part de ses biens, et que dans mes peines et dans mes ennuis elle sera ma consolation.

10. Elle me rendra illustre parmi les peuples ; et tout jeune que je suis, je serai honoré des vieillards :

11. On reconnaitra la pénétration de mon esprit dans les jugements ; les plus puissants seront surpris lorsqu’ils me verront, et les princes témoigneront leur admiration sur leurs visages :

12. Quand je me tairai, ils attendront que je parle ; quand je parlerai, ils me regarderont attentivement ; et quand je m’étendrai dans mes discours, ils mettront la main sur leur bouche.

13. C’est elle aussi qui me donnera l’immortalité, et c’est par elle que je rendrai la mémoire de mon nom éternelle dans la postérité.

14. Par elle je gouvernerai les peuples, et les nations me seront soumises.

15. Les rois les plus redoutables craindront lorsqu’ils entendront parler de moi. Je ferai voir que je suis bon à mon peuple, et vaillant dans la guerre.

16. Entrant dans ma maison, je trouverai mon repos avec elle ; car sa conversation n’a rien de désagréable, ni sa compagnie rien d’ennuyeux ; mais on n’y trouve que de la satisfaction et de la joie.

17. Ayant donc pensé à ces choses, et les ayant méditées dans mon cœur ; considérant que je trouverais l’immortalité dans l’union avec la sagesse,

18. Un saint plaisir dans son amitié, des richesses inépuisables dans les ouvrages de ses mains, l’intelligence dans ses conférences et ses entretiens, et une grande gloire dans la communication de ses discours, j’allais la chercher de tous côtés, afin de la prendre pour ma compagne.

19. J’étais un enfant bien né, et j’avais reçu une âme bonne.

20. Et devenant bon de plus en plus, je suis venu dans un corps qui n’était point souillé.

21. Comme je savais que je ne pouvais avoir la continence, si Dieu ne me la donnait ; et c’était déjà un effet de la sagesse. de savoir de qui je devais recevoir ce don ; je m’adressai au Seigneur, je lui fis ma prière, et je lui dis de tout mon cœur :



Prière de Salomon pour demander à Dieu la sagesse. La sagesse est nécessaire pour gouverner les autres et pour se gouverner soi-même.


1. Dieu de mes pères, Dieu de miséricorde, qui avez tout fait par votre parole ;

2. Qui avez formé l’homme par votre sagesse, afin qu’il eût la domination sur les créatures que vous avez faites ;

3. Afin qu’il gouvernât le monde dans l’équité et dans la justice, et qu’il prononçât les jugements avec un cœur droit :

4. Donnez-moi cette sagesse qui est assise auprès de vous sur votre trône, ne me rejetez pas du nombre de vos enfants,

5. Parce que je suis votre serviteur, et le fils de votre servante ; un homme faible, qui dois vivre peu, et qui suis peu capable d’entendre les lois et de bien juger.

6. Car encore que quelqu’un paroisse consommé parmi les enfants de ? hommes, il sera néanmoins considéré comme rien, si votre sagesse n’est point en lui.

7. Vous m’avez choisi pour être le roi de votre peuple, et le juge de vos fils et de vos filles ;

8. Et vous m’avez commandé de bâtir un temple sur votre montagne sainte, et un autel dans la cité où vous habitez, qui fût fait sur le modèle de ce tabernacle saint que vous avez préparé dès le commencement ;

9. Et votre sagesse qui est avec vous est celle qui connaît vos ouvrages, qui était présente lorsque vous formiez le monde, et qui sait ce qui est agréable à vos yeux, et quelle est la rectitude de vos préceptes.

10. Envoyez-la donc du ciel votre sanctuaire, et du trône de votre grandeur, afin qu’elle soit et qu’elle travaille avec moi, et que je sache ce qui vous est agréable ;

11. Car elle a la science et l’intelligence de toutes choses, elle me conduira dans toutes mes œuvres avec circonspection, et me protégera par sa puissance.

12. Ainsi mes actions vous seront agréables : je conduirai votre peuple avec justice, et je serai digne du trône de mon père.

13. Car qui est l’homme qui puisse connaître les desseins de Dieu ? ou qui pourra pénétrer ses volontés ?

14. Les pensées des hommes sont timides, et nos prévoyances sont incertaines ;

15. Parce que le corps qui se corrompt appesantit l’âme, et cette demeure terrestre abat l’esprit dans la multiplicité des soins qui l’agitent.

16. Nous ne comprenons que difficilement ce qui se passe sur la terre, et nous ne discernons qu’avec peine ce qui est devant nos yeux. Mais qui pourra découvrir ce qui se passe dans le ciel ?

17. Et qui pourra connaître votre pensée, si vous ne donnez vous-même la sagesse, et si vous n’envoyez votre esprit saint du plus haut des cieux,

18. Afin qu’il redresse les sentiers de ceux qui sont sur la terre, et que les hommes apprennent ce qui vous est agréable ?

19. Car c’est par la sagesse, Seigneur, qu’ont été guéris tous ceux qui vous ont plu dès le commencement.



Merveilles opérées par la sagesse depuis le commencement du monde, en la personne d’Adam, de Noé, d’Abraham, de Jacob, de Joseph, de Moïse, et en faveur des Israélites.


1. C’est elle qui conserva celui que Dieu avait formé le premier pour être le père du monde, ayant d’abord été créé seul ;

2. C’est elle aussi qui le tira de son péché, et qui lui donna la force de gouverner toutes choses.

3. Lorsque l’injuste, dans sa colère, se sépara d’elle, il périt malheureusement par la fureur qui le rendit le meurtrier de son frère.

4. Et lorsque le déluge inonda la terre à cause de lui, la sagesse sauva encore le monde, dirigeant le juste sur les eaux à l’aide d’un faible bois.

5. Et lorsque les nations conspirèrent ensemble pour s’abandonner au mal, c’est elle qui connut le juste, qui qui le conserva irrépréhensible devant Dieu, et qui lui donna la force de vaincre la tendresse qu’il ressentait pour son fils.

6. C’est elle qui délivra le juste lorsqu’il fuyait du milieu des méchants, qui périrent par le feu tombé sur les cinq villes

7. Dont la corruption est marquée par cette terre qui fume encore, qui est demeurée toute déserte, où les arbres portent des fruits qui ne mûrissent point. et où l’on voit une statue de sel, qui est le monument d’une âme incrédule.

8. Car ceux qui ne se sont pas mis en peine d’acquérir la sagesse, non seulement sont tombés dans l’ignorance du bien, mais ils ont encore laissé aux hommes des marques de leur folie, sans que leurs fautes aient pu demeurer cachées.

9. Mais la sagesse a délivré de tous les maux ceux qui ont eu soin de la révérer.

10. C’est elle qui a conduit par des voies droites le juste, lorsqu’il fuyait la colère de son frère ; elle lui a fait voir le royaume de Dieu, lui a donné la science des saints, l’a enrichi dans ses travaux, et lui en a fait recueillir de grands fruits.

11. C’est elle qui l’a aidé contre ceux qui voulaient le surprendre par leurs tromperies, et qui l’a fait devenir riche.

12. Elle l’a protégé contre ses ennemis, l’a défendu des séducteurs, et l’a engagé dans un rude combat, afin qu’il demeurât victorieux, et qu’il sût que la sagesse est plus puissante que toutes choses.

13. C’est elle qui n’a point abandonné le juste lorsqu’il fut vendu, mais l’a délivré des mains des pécheurs : elle est descendue avec lui dans la fosse,

14. Et elle ne l’a point quitté dans ses chaines jusqu’à ce qu’elle lui eût mis entre les mains le sceptre royal, et qu’elle l’eût rendu maitre de ceux qui l’avaient traité si injustement : elle a convaincu de mensonge ceux qui l’avaient déshonoré, et lui a donné un nom éternel.

15. C’est elle qui a délivré le peuple juste, la race irrépréhensible de la nation qui l’opprimait.

16. Elle est entrée dans l’âme d’un serviteur de Dieu, et elle s’est élevée avec des signes et des prodiges contre les rois redoutables.

17. Elle a rendu aux justes la récompense de leurs travaux, les a conduits par une voie admirable, et leur a tenu lieu de couvert pendant tout le jour, et de la lumière des étoiles pendant la nuit ;

18. Elle les a conduits par la mer Rouge, et les a fait passer au travers des eaux profondes.

19. Elle a enseveli leurs ennemis dans la mer, et a retiré les siens du fond des abîmes. Ainsi les justes ont remporté les dépouilles des méchants ;

20. Ils ont honoré par leurs cantiques votre saint nom, ô Seigneur, et ils ont loué tous ensemble votre main victorieuse,

21. Parce que la sagesse a ouvert la bouche des muets, et qu’elle a rendu éloquentes les langues des petits enfants.



La sagesse a conduit les Israélites dans le désert. Miracle de l’eau tirée du rocher par Moïse. Sagesse de Dieu marquée dans les plaies dont il frappa l’Égypte. Bonté de Dieu pour ses créatures.


1. C’est elle qui les a conduits heureusement dans toutes leurs œuvres par un saint prophète.

2. Ils ont marché par des lieux inhabités, et ont dressé leurs tentes dans les déserts.

3. Ils ont résisté à leurs ennemis, et se sont vengés de ceux qui les attaquaient.

4. Ils ont eu soif, et ils vous ont invoqué ; et vous avez fait jaillir l’eau du haut d’un rocher, vous avez désaltéré leur soif d’une pierre dure.

5. Car comme leurs ennemis avaient été punis en ne trouvant point d’eau, au même temps que les enfants d’Israël se réjouissaient d’en avoir en abondance,

6. Il fit, au contraire, alors grâce aux siens, en leur donnant de l’eau dans leur extrême besoin.

7. Ainsi, au lieu des eaux d’un fleuve qui coulaient toujours, vous donnâtes du sang humain à boire aux méchants.

8. Et au lieu que ce sang avait fait mourir les Égyptiens, en leur reprochant leur cruauté dans le meurtre des enfants, vous avez donné à votre peuple de l’eau en abondance, par un prodige qu’il n’attendait pas,

9. Et vous avez fait voir par cette soif, qui arriva alors, de quelle manière vous élevez ceux qui sont à vous, et vous faite ! périr ceux qui les combattent.

10. Car après que vos enfants eurent été éprouvés, mais par un châtiment mêlé de miséricorde, ils reconnurent de quelle sorte vous tourmentez les impies ;

11. Puisque vous avez éprouvé les premiers comme un père qui avertit lorsqu’il châtie, et que vous avez condamné les autres comme un roi qui punit sévèrement.

12. Ils étaient même également tourmentés, soit dans l’absence, ou dans la présence des Hébreux.

13. Car, en se souvenant du passé, ils trouvaient pour eux un double sujet de peines et de larmes.

14. Et ayant appris que ce qui avait fait leur tourment était devenu un bien pour les autres, ils commencèrent à reconnaître le Seigneur, étant surpris de l’événement des choses

15. Et ils admirèrent enfin celui-là même qui avait été le sujet de leur raillerie dans cette cruelle exposition, à laquelle il avait été abandonné, voyant la différence qu’il y avait entre leur soif et celle des justes.

16. Et parce que vous avez voulu punir les pensées extravagantes de l’iniquité de ces peuples, et les erreurs de quelques-uns qui adoraient des serpents muets, et des bêtes méprisables, vous avez envoyé contre eux une multitude d’animaux muets pour vous venger d’eux,

17. Afin qu’ils sussent que chacun est tourmenté par la même chose par laquelle il pèche.

18. Car il n’était pas difficile à votre main toute puissante, qui a tiré tout le monde d’une matière informe, d’envoyer contre eux une multitude d’ours et de fiers lions,

19. Ou de bêtes d’une espèce nouvelle et inconnue, pleines de fureur, qui jetassent les flammes par les narines, ou qui répandissent une noire fumée, ou qui lançassent d’horribles étincelles du feu de leurs yeux ;

20. Qui non seulement auraient pu les exterminer par leurs morsures, mais dont la seule vue les aurait fait mourir de frayeur.

21. Sans cela même ils pouvaient périr d’un seul souffle, persécutés par leurs propres crimes, et renversés par le souffle de votre puissance ; mais vous réglez toutes choses avec mesure, avec nombre et avec poids.

22. Car la souveraine puissance est à vous seul, et vous demeure toujours ; et qui pourra résister à la force de votre bras ?

23. Tout le monde est devant vous comme ce petit grain qui donne à peine la moindre inclinaison à la balance, et comme une goutte de la rosée du matin qui tombe sur la terre.

24. Mais vous avez compassion de tous les hommes, parce que vous pouvez tout ; et vous dissimulez leurs péchés, afin qu’ils fassent pénitence,

25. Car vous aimez tout ce qui est, et vous ne haïssez rien de tout ce que vous avez fait ; puisque si vous l’aviez haï, vous ne l’auriez point créé.

26. Qu’y a-t-il qui pût subsister si vous ne vouliez pas, ou qui se pût conserver sans votre ordre ?

27. Mais vous êtes indulgent envers tous, parce que tout est à vous, ô Seigneur, qui aimez les âmes.



Dieu châtie avec patience ceux qui l’ont offensé, pour leur donner lieu de faire pénitence. Il instruit ses enfants par les châtiments qu’il exerce sur ses ennemis.


1. O Seigneur, que votre esprit est bon, et qu’il est doux dans toute sa conduite !

2. C’est pour cela que vous châtiez peu à peu ceux qui s’égarent, que vous les avertissez des fautes qu’ils font, et que vous les instruisez, afin que se séparant du mal ils croient en vous, ô Seigneur.

3. Vous aviez en horreur ces anciens habitants de votre terre sainte,

4. Parce qu’ils faisaient des œuvres détestables par des enchantements et des sacrifices impies,

5. Qu’ils tuaient sans compassion leurs propres enfants, qu’ils mangeaient les entrailles des hommes, et qu’ils dévoraient le sang contre votre ordonnance sacrée,

6. Et qu’ils étaient tout ensemble les pères et les parricides des âmes cruellement abandonnées ; et vous les avez voulu perdre par les mains de nos pères,

7. Afin que cette terre, qui vous était la plus chère de toutes, devint le digne héritage des enfants de Dieu.

8. Et néanmoins vous les avez épargnés comme étant hommes, et vous leur avez envoyé des guêpes comme les avant-coureurs de votre armée, afin qu’elles les exterminassent peu à peu.

9. Ce n’est pas que vous ne pussiez assujettir par la guerre les impies aux justes, ou les faire périr tout d’un coup par des bêtes cruelles, ou par la rigueur d’une seule de vos paroles ;

10. Mais exerçant sur eux vos jugements par degrés, vous leur donniez lieu de faire pénitence, quoique vous n’ignorassiez pas que leur nation était méchante, que la malice leur était naturelle, et que leur pensée corrompue ne pourrait jamais être changée.

11. Car leur race était maudite dès le commencement ; ce n’était pas par la crainte de qui que ce fût, que vous les épargniez ainsi dans leurs péchés

12. Car qui est celui qui vous dira : Pourquoi avez-vous fait cela ? ou qui s’élèvera contre votre jugement ? ou qui paraîtra devant vous pour prendre la défense des hommes injustes ? ou qui vous accusera quand vous aurez fait périr les nations que vous avez créées ?

13. Car après vous, qui avez soin généralement de tous les hommes il n’y a point d’autre Dieu devant lequel vous ayez à faire voir qu’il n’y a rien d’injuste dans les jugements que vous prononcez.

14. Il n’y a ni roi ni prince qui puisse s’élever contre vous en faveur de ceux que vous aurez fait périr.

15. Étant donc juste comme vous êtes, vous gouvernez toutes choses justement ; et vous regardez comme une chose indigne de votre puissance de condamner celui qui ne mérite point d’être puni.

16. Car votre puissance est le principe même de la justice, et vous êtes indulgent envers tous, parce que vous êtes le Seigneur de tous.

17. Vous faites voir votre puissance lorsqu’on ne vous croit pas souverainement puissant, et vous confondez l’audace de ceux qui ne vous connaissent pas.

18. Mais comme vous êtes le dominateur souverain, vous êtes lent et tranquille dans vos jugements, et vous nous gouvernez avec une grande réserve, parce qu’il vous sera toujours libre d’user de votre puissance quand il vous plaira.

19. Vous avez appris à votre peuple, par cette conduite, qu’il faut être juste et porté à la douceur, et vous avez donné sujet à vos enfants de bien espérer pour eux-mêmes, puisqu’en les jugeant vous leur donnez lieu de faire pénitence après leurs péchés.

20. Car si lorsque vous avez puni les ennemis de vos serviteurs, et ceux qui avaient si justement mérité la mort, vous l’avez fait avec tant de précaution, et si vous leur avez donné le temps, afin qu’ils pussent se convertir de leur mauvaise vie ;

21. Avec combien de circonspection avez-vous jugé vos enfants, aux pères desquels vous aviez donné votre parole avec serment, en faisant alliance avec eux et leur promettant de si grands biens !

22. Lors donc que vous nous faites souffrir quelque châtiment, vous tourmentez nos ennemis en plusieurs manières, afin que nous pesions votre bonté avec une sérieuse attention, et que lorsque vous nous faites éprouver votre justice, nous espérions en votre miséricorde.

23. C’est pourquoi, en jugeant ceux qui avaient mené une vie injuste et insensée, vous leur avez fait souffrir d’horribles tourments par les choses mêmes qu’ils adoraient.

24. Car ils s’étaient égarés longtemps dans la voie de l’erreur, prenant pour des dieux les plus vils d’entre les animaux, et vivant comme des enfants sans raison.

25. C’est pourquoi vous vous êtes joué d’eux d’abord en les punissant comme des enfants insensés.

26. Mais ceux qui ne se sont pas corrigés par cette manière d’insulte et de réprimande ont éprouvé ensuite une condamnation digne de Dieu.

27. Car ayant la douleur de se voir tourmentés par les choses mêmes qu’ils prenaient pour des dieux, et voyant qu’on s’en servait pour les exterminer et pour les perdre, ils reconnurent le Dieu véritable qu’ils faisaient profession de ne pas connaître ; et ils furent enfin accablés par la dernière condamnation.




Vanité des hommes qui, au lieu de reconnaître Dieu dans ses créatures, les ont prises elles-mêmes pour des dieux. Folie et aveuglement de ceux qui ont donné le nom de dieux aux ouvrages de la main des hommes.


1. Tous les hommes qui n’ont point la connaissance de Dieu ne sont que vanité ; ils n’ont pu comprendre par les biens visibles le souverain Être, et ils n’ont point reconnu le Créateur par la considération de ses ouvrages ;

2. Mais ils se sont imaginé que le feu, ou le vent, ou l’air le plus subtil, ou la multitude des étoiles, ou l’abîme des eaux, ou le soleil et la lune, étaient les dieux qui gouvernaient tout le monde.

3. Que s’ils les ont crus des dieux, parce qu’ils ont pris plaisir à en voir la beauté, qu’ils conçoivent de là combien celui qui en est le dominateur doit être encore plus beau ; car c’est l’auteur de toute beauté qui a donné l’être à toutes ces choses.

4. Que s’ils ont admiré le pouvoir et les effets de ces créatures, qu’ils comprennent de là combien est encore plus puissant celui qui les a créées ;

5. Car la grandeur et la beauté de la créature peut faire connaître et rendre visible le Créateur.

6. Et néanmoins ces personnes sont un peu plus excusables que les autres ; car s’ils tombent dans l’erreur, on peut dire que c’est en cherchant Dieu, et en s’efforçant de le trouver.

7. Ils le cherchent parmi ses ouvrages, et ils sont emportés par la beauté des choses qu’ils voient.

8. Mais d ailleurs ils ne méritent point de pardon.

9. Car s’ils ont pu avoir assez de lumière pour connaître l’ordre du monde, comment n’ont-ils pas découvert plus aisément celui qui en est le dominateur ?

10. Mais ceux-là sont vraiment malheureux, et n’ont que des espérances mortes, qui ont donné le nom de dieux aux ouvrages de la main des hommes, à l’or, à l’argent, aux inventions de l’art, aux figures des animaux, et à une pierre de nul usage, qui est le travail d’une main antique.

11. Un ouvrier habile coupe par le pied dans une forêt un arbre bien droit, il en ôte adroitement toute l’écorce, et, se servant de son art, il en fait quelque meuble pour l’usage de la vie ;

12. Il se sert du bois qui lui est demeuré de son travail pour se préparer à manger ;

13. Et voyant que ce qui lui reste n’est bon à rien, que c’est un bois tortu et plein de nœuds, il le taille avec soin et tout à loisir, il lui donne une figure par la science de son art, et il en fait l’image d’un homme,

14. Ou de quelqu’un des animaux ; et le frottant avec du vermillon, il le peint de rouge, il lui donne une couleur empruntée, et il en ôte avec adresse toutes les taches et tous les défauts :

15. Après cela il fait à sa statue une niche qui lui soit propre, il la place dans une muraille, et la fait tenir avec du fer,

16. De peur qu’elle ne tombe ; et il use de cette précaution, sachant qu’elle ne se peut aider elle-même, parce que ce n’est qu’une statue, et qu’elle a besoin d’un secours étranger.

17. Il lui fait ensuite des vœux, et il l’implore pour ses biens, pour ses enfants, ou pour un mariage. Il ne rougit point de parler à un bois sans âme.

18. Il prie pour sa santé celui qui n’est que foiblesse ; il demande la vie à un mort, et il appelle à son secours celui qui ne peut se secourir.

19. Pour avoir des forces dans son voyage, il s’adresse à celui qui ne peut marcher ; et lorsqu’il pense à acquérir ou à entreprendre quelque chose, et qu’il est en peine du succès de tout ce qui le regarde, il implore celui qui est inutile à tout.



Folie de celui qui, en s’embarquant, invoque une idole. Prophétie de la ruine de l’idolâtrie. Origine de l’idolâtrie. Maux dont elle est la source.


1. Un autre aussi ayant entrepris de se mettre en mer, et commençant à faire voile sur les flots impétueux, invoque un bois plus fragile que n’est le bois qui le porte.

2. Car le désir de gagner a inventé la structure de ce bois, et l’ouvrier en a formé un vaisseau par son adresse.

3. Mais c’est votre prudence, ô Père, qui le gouverne ; car c’est vous qui avez ouvert un chemin au travers de la mer, et une route très-assurée au milieu des flots,

4. Pour faire voir que vous pouvez sauver de tous les périls, quand on s’engagerait même sur la mer sans le secours d’aucun art.

5. Mais afin que les ouvrages de votre sagesse ne fussent point inutiles, les hommes ne craignent pas de confier leur vie à un peu de bois, et, passant la mer, ils se sauvent des dangers avec un vaisseau.

6. Aussi, dès le commencement du monde, lorsque vous fîtes périr les géants superbes, un vaisseau fut l’asile et le dépositaire de l’espérance de l’univers ; et étant gouverné par votre main, il conserva au monde la tige de laquelle il devait renaître.

7. Car le bois qui sert à la justice est un bois béni :

8. Mais le bois dont on fait l’idole est maudit lui-même, aussi bien que l’ouvrier qui l’a faite : celui-ci, parce qu’il a fait une idole ; et celui-là parce que, n’étant qu’un bois fragile, il porte le nom de dieu.

9. Car Dieu a également en horreur l’impie et son impiété ;

10. Et l’ouvrage souffrira la même peine que l’ouvrier qui l’a fait.

11. C’est pourquoi les idoles des nations ne seront point épargnées, parce que les créatures de Dieu sont devenues un objet d’abomination, un sujet de tentation aux hommes, et un filet où les pieds des insensés se sont pris.

12. Le premier essai de former des idoles a été le commencement de prostitution ; et leur établissement a été l’entière corruption de la vie humaine :

13. Car les idoles n’ont point été dès le commencement, et elles ne seront point pour toujours.

14. C’est la vanité des hommes qui les a introduites dans le monde ; c’est pourquoi on en verra bientôt la fin.

15. Un père affligé de la mort précipitée de son fils fit faire l’image de celui qui lui avait été ravi sitôt ; il commença à adorer comme dieu celui qui comme homme était mort un peu auparavant, et il lui établit parmi ses serviteurs un culte et des sacrifices.

16. Cette coutume criminelle s’étant autorisée de plus en plus dans la suite du temps, l’erreur fut observée comme une loi, et les idoles furent adorées par le commandement des princes.

17. Les hommes aussi ne pouvant honorer ceux qui étaient bien loin d’eux firent apporter leur tableau du lieu où ils étaient, et ils exposèrent devant tout le monde l’image du roi à qui ils voulaient rendre honneur, pour révérer ainsi avec une soumission religieuse comme présent celui qui était éloigné.

18. L’adresse admirable des sculpteurs augmenta encore beaucoup ce culte dans l’esprit des ignorants.

19. Chacun d’eux, voulant plaire à celui qui l’employait, épuisa tout son art pour faire une figure parfaitement achevée.

20. Et le peuple ignorant, surpris par la beauté de cet ouvrage, commença de prendre pour un dieu celui qu’un peu auparavant il avait honoré comme un homme.

21. Ç’a été là la source de l’illusion de la vie humaine, de ce que les hommes, ou possédés par leur affection particulière, ou se rendant trop complaisants aux rois, ont donné à des pierres et à du bois un nom incommunicable à la créature.

22. Il n’a pas même suffi aux hommes d’être dans ces erreurs touchant la connaissance de Dieu ; mais vivant dans une grande confusion causée par l’ignorance, ils donnent le nom de paix à des maux si grands et en si grand nombre.

23. Car ou ils immolent leurs propres enfants, ou ils font en secret des sacrifices infâmes, ou ils célèbrent des veilles pleines d’une brutalité furieuse :

24. De là vient qu’ils ne gardent plus aucune honnêteté, ni dans leur vie, ni dans leur mariage ; mais l’un tue l’autre par envie, ou l’outrage par l’adultère :

25. Tout est dans la confusion, le sang, le meurtre, le vol, la tromperie, la corruption, l’infidélité, le tumulte, le parjure, le trouble des gens de bien,

26. L’oubli de Dieu, l’impureté des âmes, l’avortement, l’inconstance des mariages, et les dissolutions de l’adultère et de l’impudicité.

27. Car le culte des idoles abominables est la cause, le principe et la fin de tous les maux.

28. Car ou ils s’abandonnent à la fureur dans leurs divertissements, ou ils font des prédictions pleines de mensonge, ou ils vivent dans l’injustice, ou ils se parjurent sans aucun scrupule ;

29. Parce que ayant mis leur confiance en des idoles qui n’ont point d’âme, ils ne craignent point d’être punis de leurs parjures.

30. Mais ils recevront la punition de ce double crime, parce qu’ils ont eu des sentiments impies de Dieu en révérant les idoles, et parce qu’ils ont fait de faux serments sans se mettre en peine de blesser la justice par leur perfidie.

31. Car ce n’est point la puissance de ceux par qui on a juré, mais la justice armée contre les pécheurs, qui punit toujours l’infidélité des hommes injustes.



Le sage, au nom des fidèles Israélites, loue le Seigneur qui les a préservés de l’idolâtrie. Aveuglement de ceux qui fabriquent des idoles, et de ceux qui les adorent. Culte impie des animaux.


1. Mais vous, ô notre Dieu ! vous êtes doux, véritable et patient, et vous gouvernez tout avec miséricorde.

2. Car quand nous aurions péché, nous ne laisserions pas d’être à vous, nous qui savons quelle est votre grandeur ; et si nous ne péchons pas, nous savons que vous nous comptez au rang de ceux qui vous appartiennent.

3. Vous connaître est la parfaite justice ; et comprendre votre équité et votre puissance est la racine de l’immortalité.

4. Aussi nous ne nous sommes point laissé séduire aux inventions dangereuses de l’art des hommes, au vain travail de la peinture, à une figure taillée et embellie d’une variété de couleurs,

5. Dont la vue donne de la passion à un insensé, et lui fait aimer le fantôme d’une image morte.

6. Ceux qui aiment le mal sont dignes de mettre leur espérance en de semblables dieux, aussi bien que ceux qui les font, ceux qui les aiment, et ceux qui les adorent.

7. Un potier qui manie la terre molle comme il lui plaît, en fait par son travail tous les vases dont nous nous servons ; il forme de la même boue ceux qui sont destinés à des usages honnêtes, ou à d’autres qui ne le sont pas ; et il est le juge de l'usage que doivent avoir tous ces vases.

8. Après cela il forme par un vain travail un dieu de la même boue, lui qui a été formé de la terre un peu auparavant, et qui peu après y doit retourner, lorsqu’on lui redemandera l’âme qu’il avait reçue en dépôt.

9. Il ne pense point à la peine qu’il aura, ni à la brièveté de sa vie ; mais il ne s’applique qu’il disputer de l’excellence de son art avec les ouvriers en or et en argent ; il imite ceux qui travaillent en airain, et il met sa gloire à faire des ouvrages entièrement inutiles.

10. Son cœur n’est que cendre, son espérance est plus vile que la terre, et sa vie plus méprisable que la boue,

11. Parce qu’il ignore celui qui l’a formé, celui qui lui a inspiré cette même âme par laquelle il travaille, et qui par son souffle a imprimé dans lui l’esprit de vie.

12. Les uns se sont imaginé que notre vie n’est qu’un jeu ; et les autres, que ce n’est qu’un trafic pour amasser de l’argent, et qu’il faut acquérir du bien par toutes sortes de voies, même criminelles.

13. Celui-là sait bien qu’il est plus coupable que tous les autres, qui forme d’une même terre des vases fragiles et des idoles.

14. Mais tous ceux qui sont les ennemis de votre peuple, et qui le dominent, sont superbes, malheureux, et insensés plus qu’on ne peut dire,

15. Parce qu’ils prennent pour des dieux toutes les idoles des nations, qui ne peuvent se servir ni de leurs yeux pour voir, ni de leurs narines pour respirer, ni de leurs oreilles pour entendre, ni des doigts de leurs mains pour toucher, ni de leurs pieds pour marcher.

16. Car c’est un homme qui les a faites ; et celui qui a reçu de Dieu l’esprit de vie les a formées. Nul homme n’a le pouvoir de faire un dieu qui lui soit semblable,

17. Puisque étant lui-même mortel, il ne forme avec ses mains criminelles qu’un ouvrage mort. Ainsi il vaut mieux que ceux qu’il adore, parce qu’il vit quelque temps, quoiqu’il doive mourir après, au lieu que ces idoles n’ont jamais vécu.

18. Ils adorent jusqu’aux plus vils des animaux, qui, étant comparés aux autres bêtes sans raison. sont au-dessous d’elles.

19. La vue même de ces animaux ne peut donner que de l’horreur à ceux qui les regardent ; et ils ne sont point de ceux qui ont été loués et bénis de Dieu.



Parallèle de la manière dont Dieu traite ses amis et ses ennemis. Plaies dont il frappe les Égyptiens ; bienfaits qu’il répand sur les Hébreux.


1. C’est pourquoi ils ont été tourmentés par ces sortes d’animaux, selon qu’ils le méritaient, et ils ont été exterminés par une multitude de bêtes.

2. Mais au lieu de ces peines vous avez traité favorablement votre peuple, en lui donnant la nourriture délicieuse qu’il avait désirée, et lui préparant des cailles comme une viande d’un excellent goût.

3. Les Égyptiens étant pressés de manger avaient aversion des viandes même les plus nécessaires à cause des plaies dont Dieu les avait frappés. Mais ceux-ci n’ayant été dans le besoin que fort peu de temps goûtèrent une viande toute nouvelle.

4. Car il fallait qu’une ruine inévitable fondît sur ces premiers qui exerçaient une tyrannie sur votre peuple ; et que vous fissiez voir seulement à ceux-ci de quelle manière vous exterminiez leurs ennemis.

5. Il est vrai que des bêtes cruelles et furieuses ont aussi attaqué vos enfants, et que des serpents venimeux leur ont donné la mort.

6. Mais votre colère ne dura pas toujours, ils ne furent que peu de temps dans ce trouble pour leur servir d’avertissement, et vous leur donnâtes un signe de salut pour les faire souvenir des commandements de votre loi.

7. Car celui qui regardait ce serpent n’était pas guéri par ce qu’il voyait, mais par vous-même qui êtes le sauveur de tous les hommes :

8. Et vous avez fait voir en cette rencontre, à nos ennemis, que c’est vous qui nous délivrez de tout mal.

9. Car pour eux, ils ont été tués par les seules morsures des sauterelles et des mouches, sans qu’ils aient trouvé de remède pour sauver leur vie, parce qu’ils étaient dignes d’être ainsi exterminés.

10. Mais pour vos enfants, les dents même empoisonnées des dragons ne les ont pu vaincre, parce que votre miséricorde survenant les a guéris.

11. Ils étaient mordus de ces bêtes, afin qu’ils se souvinssent de vos préceptes, et ils étaient guéris à l’heure même, de peur que tombant dans un profond oubli de votre loi, ils ne missent un obstacle à votre secours.

12. Aussi n’est-ce point une herbe, ou quelque chose appliquée sur leur mal, qui les a guéris : mais c’est votre parole, ô Seigneur, qui guérit toutes choses.

13. Car c’est vous, Seigneur, qui avez la puissance de la vie et de la mort, et qui menez jusqu’aux portes de la mort, et en ramenez.

14. Un homme peut bien en tuer un autre par sa méchanceté ; mais lorsque l’esprit sera sorti du corps, il ne l’y fera pas revenir, et il ne rappellera point l’âme lorsqu’elle se sera retirée.

15. Pour vous, Seigneur, il est impossible d’échapper à votre main

16. C’est pourquoi lorsque les impies ont déclaré qu’ils ne vous connaissaient point, ils ont été frappés par la force de votre bras ; et ils ont été tourmentés par des pluies extraordinaires, par des grêles et par des orages, et consumés par le feu.

17. Et ce qu’on ne peut assez admirer, le feu brûloit encore davantage dans l’eau même, qui éteint tout, parce que tout le monde s’arme pour la vengeance des justes.

18. Le feu quelquefois tempérait son ardeur pour ne pas brûler les animaux qui avaient été envoyés contre les impies, afin que voyant cette merveille ils reconnussent eux-mêmes que c’était par un jugement de Dieu qu’ils souffraient ces maux.

19. Quelquefois aussi ce même feu, surpassant ses propres forces, redoublait ses flammes au milieu des eaux, pour détruire tout ce qu’avait produit cette terre injuste.

20. Mais vous avez donné au contraire à votre peuple la nourriture des anges ; vous leur avez fait pleuvoir du ciel un pain préparé sans aucun travail, qui renfermait en soi tout ce qu’il y a de délicieux, et tout ce qui peut être agréable au goût.

21. Car la substance de votre créature faisait voir combien est grande votre douceur envers vos enfants, puisque s’accommodant à la volonté de chacun d’eux, elle se changeait en tout ce qui lui plaisait.

22. La neige et la glace soutenaient sans se fondre, la violence du feu, afin que vos ennemis sussent qu’au même temps que la flamme qui brûlait parmi la grêle, et qui étincelait au milieu des pluies, consumait tous leurs fruits,

23. Elle oubliait sa propre force pour servir à la nourriture des justes.

24. Car la créature vous étant soumise comme à son Créateur, redouble sa force pour tourmenter les méchants, et se ralentit pour contribuer au bien de ceux qui mettent leur confiance en vous.

25. C’est pourquoi l’une de vos créatures se transformant en toutes sortes de goûts, obéissait à votre grâce, qui est la nourriture de tous, s’accommodant à la volonté de ceux qui vous témoignaient leur indigence.

26. Afin que vos enfants que vous aimiez reconnaissent, ô Seigneur, que ce ne sont point les fruits que produit la terre qui nourrissent les hommes, mais que c’est votre parole qui conserve ceux qui croient en vous.

27. Car cette même manne qui ne pouvait être consumée par le feu se fondait aussitôt qu’elle avait été échauffée par le moindre rayon du soleil,

28. Afin que tout le monde sût qu’il faut prévenir le lever du soleil pour vous bénir, et qu’on doit vous adorer au point du jour.

29. Car l’espérance de l’ingrat se fondra comme la glace de l’hiver, et elle s’écoulera comme une eau inutile.



Jugements de Dieu terribles. Ténèbres de l’Égypte, frayeur des Égyptiens, tandis que le reste du monde jouissait de la lumière, et vaquait librement à ses travaux.

1. Vos jugements sont grands, ô Seigneur, et vos paroles sont ineffables, C’est pourquoi les âmes sans science se sont égarées.

2. Car les méchants s’étant persuadés qu’ils pourraient dominer la nation sainte, ont été liés par une chaîne de ténèbres et d’une longue nuit ; et renfermés dans leur maison, ils ont langui dans cet état, malgré les efforts qu’ils faisaient pour se soustraire à cette Providence qui ne cesse jamais d’agir.

3. Et s’imaginant qu’ils pourraient demeurer cachés dans la nuit obscure de leurs péchés, ils se trouvèrent dispersés et comme mis en oubli sous un voile de ténèbres, saisis d’une horrible frayeur, et frappés d’un profond étonneraient.

4. Les lieux secrets où ils s’étaient retirés ne les défendaient point de la crainte, parce qu’il s’élevait des bruits qui les effrayaient, et qu’ils voyaient paraître des spectres affreux qui les remplissaient encore d’épouvante.

5. Il n’y avait point de feu si ardent qui leur pût donner aucune clarté, et les flammes si pures des étoiles ne pouvaient éclairer cette horrible nuit.

6. Il leur paraissait tout d’un coup des éclairs de feu qui les remplissaient de crainte ; et étant épouvantés par ces fantômes qu’ils ne faisaient qu’entrevoir, tous ces objets leur en paraissaient encore plus effroyables.

7. C’est alors que toutes les illusions de l’art des magiciens devinrent inutiles, et que cette sagesse dont ils faisaient gloire fut convaincue honteusement de fausseté.

8. Car au lieu qu’ils faisaient profession de bannir le trouble et la crainte de l’âme dans sa langueur, ils languissaient eux-mêmes ridiculement dans l’épouvante dont ils étaient tout remplis.

9. Lors même qu’il ne leur paraissait rien qui les pût troubler, les bêtes qui passaient et les serpents qui sifflaient les mettant comme hors d’eux-mêmes, les faisaient mourir de peur, et ils eussent voulu s’empêcher de voir et de respirer l’air, quoique cela soit impossible.

10. Car comme la méchanceté est timide, elle se condamne par son propre témoignage ; et étant épouvantée par la mauvaise conscience, elle se figure toujours les maux plus grands qu’ils ne sont

11. Aussi la crainte n’est autre chose que le trouble de l’âme qui se croit abandonnée de tout secours.

12. Et moins elle attend de soulagement au dedans d’elle, plus elle grossit, sans les bien connaître, les sujets qu’elle a de se tourmenter.

13. Mais étant alors tout abattus d’un même sommeil dans cette effroyable nuit, qui leur était survenue du plus profond des enfers,

14. Ils étaient effrayés d’un côté par ces spectres qui leur apparaissaient, et de l’autre, parce que le cœur leur manquait, se trouvant surpris par des craintes soudaines et auxquelles ils ne s’attendaient pas.

15. Que si quelqu’un était tombé, il demeurait renfermé sans chaînes dans cette prison de ténèbres.

16. Car soit que ce fût un paysan ou un berger, ou un homme occupé aux travaux de la campagne, qui fût ainsi surpris, il se trouvait dans une nécessité et un abandonnement inévitables ;

17. Parce qu’ils étaient tous liés d’une même chaîne de ténèbres. Un vent qui soufflait, le concert des oiseaux qui chantaient agréablement sur les branches touffues des arbres, le murmure de l’eau qui coulait avec impétuosité,

18. Le grand bruit que les pierres faisaient en tombant, le mouvement des animaux qui se jouaient ensemble sans qu’ils les pussent apercevoir, le hurlement des bêtes cruelles, ou les échos qui retentissaient du creux des montagnes, toutes ces choses frappant leur oreille les faisaient mourir d’effroi.

19. Car tout le reste du monde était éclairé d’une lumière très-pure, et s’occupait à son travail sans aucun empêchement.

20. Eux seuls étaient accablés d’une profonde nuit, image des ténèbres qui leur étaient réservées ; et ils étaient devenus plus insupportables à eux-mêmes que leurs propres ténèbres.



Tandis que les Égyptiens sont dans les ténèbres, les Israélites jouissent de la lumière, et sont ensuite conduits par une colonne de feu. Les premiers-nés de l’Égypte sont exterminés sans réserve. La plaie de la mort, qui frappe les Hébreux dans le désert, est bientôt arrêtée.


1. Cependant, Seigneur, vos saints étaient éclairés d’une très-grande lumière, et ils entendaient les cris des Égyptiens, sans voir leur visage. Ils vous glorifiaient de ce qu’ils ne souffraient pas les mêmes choses ;

2. Ils vous rendaient grâces de ce que ceux qui les avaient si maltraités auparavant n’étaient plus en état de leur nuire ; et ils vous priaient de continuer à faire cette différence entre eux et leurs ennemis.

3. C’est pourquoi ils ont eu une colonne ardente pour guide d’un chemin qui leur était inconnu, et qui leur servait comme d’un soleil qui, sans les incommoder, rendait leur voyage heureux.

4. Pour ce qui est des autres, ils étaient certainement dignes d’être privés de lumière, et de souffrir une prison de ténèbres, eux qui tenaient renfermés vos enfants par qui la lumière incorruptible de votre loi commençait à se répandre dans le monde.

5. Et parce qu’ils avaient résolu de faire mourir les enfants des justes, après que vous eûtes sauvé l’un d’eux qui avait été exposé, pour les punir de ce crime, vous avez fait mourir un très-grand nombre de leurs enfants, et vous les avez perdus dans les abîmes des eaux.

6. Cette même nuit avait été auparavant prédite à nos pères, afin que connaissant la vérité des promesses que Dieu leur avait jurées, et qu’ils avaient crues, ils en demeurassent plus assurés.

7. Ainsi votre peuple eut la joie de voir tout ensemble le salut des justes, et la ruine des méchants.

8. Car comme vous punîtes alors nos ennemis, vous nous avez aussi unis à vous et comblés de gloire.

9. Cependant les justes enfants des saints offraient leurs sacrifices en secret ; ils établissaient entre eux d’un commun accord cette loi sainte, qu’ils participeraient également aux biens et aux maux, et ils chantaient déjà les cantiques de louanges qu’ils avaient reçus de leurs pères.

10. Mais en même temps on entendait les voix confuses de leurs ennemis, et les cris lamentables de ceux qui pleuraient la mort de leurs enfants.

11. L’esclave était puni comme le maître, et un homme du peuple comme le roi même.

12. Ainsi il y avait partout des morts sans nombre, et tous frappés de la même mort. Ceux qui étaient demeurés en vie ne pouvaient suffire à ensevelir les morts, parce que ce qu’il y avait de plus considérable dans chaque famille avait été exterminé en un moment.

13. Ils n’avaient point cru tous les autres prodiges, à cause de leurs magiciens ; mais après ce meurtre de leurs premiers-nés, ils commencèrent à confesser que ce peuple était le peuple de Dieu.

14. Car lorsque tout reposait dans un paisible silence, et que la nuit était au milieu de sa course,

15. Votre parole toute puissante vint du ciel, du trône royal, et fondit tout d’un coup sur cette terre destinée à la perdition,

16. Comme un exterminateur impitoyable, qui ayant une épée tranchante, et portant votre irrévocable arrêt, remplit tout de meurtre, et se tenant sur la terre il atteignait jusqu’au ciel.

17. Ils furent troublés aussitôt par des songes et des visions horribles, et ils se trouvèrent saisis d’une soudaine frayeur.

18. Et l’un étant jeté d’un côté à demi mort, et l’autre de l’autre, ils déclaraient le sujet qui les avait fait tuer.

19. Car ils en avaient été avertis auparavant dans les visions qui les avaient effrayés, de peur qu’ils ne périssent sans savoir la cause des maux qu’ils souffraient.

20. Il est vrai que les justes furent aussi éprouvés par une atteinte de mort, et que le peuple fut frappé d’une plaie dans le désert ; mais votre colère ne dura que peu de temps.

21. Car un homme irrépréhensible se hâta d’intercéder pour le peuple, il vous opposa le bouclier de son ministère saint, et sa prière montant vers vous avec l’encens qu’il vous offrait, il fit cesser cette dure plaie, et il fit voir qu’il était votre véritable serviteur.

22. Il n’apaisa point ce trouble par la force du corps, ni par la puissance des armes ; mais il arrêta l’exterminateur par sa parole, en lui représentant les promesses que Dieu avait faites à leurs pères avec serment, et l’alliance qu’il avait jurée avec eux.

23. Lorsqu’il y avait déjà des monceaux de morts qui étaient tombés les uns sur les autres, il se mit entre deux, arrêta la vengeance de Dieu, et empêcha que le feu ne passât à ceux qui étaient encore en vie.

24. Car tout le monde était représenté par la robe sacerdotale dont il était revêtu ; les noms glorieux des anciens pères étaient gravés sur les quatre rangs de pierres précieuses qu’il portait, et votre grand nom était écrit sur le diadème de sa tête.

25. L’exterminateur céda à ces choses, et il en eut de la crainte ; car il suffisait de leur avoir fait sentir cette épreuve de votre colère.



Les Egyptiens engloutis dans la mer en poursuivant les Hébreux, qui y trouvent un passage libre. Parallèle des jugements de Dieu sur Sodome et sur l’Égypte. Les éléments employés à l’exécution des volontés du Seigneur.


1. Mais pour ce qui est des méchants, la colère de Dieu fondit sur eux sans miséricorde, et y demeura jusqu’à la fin, parce qu’il prévoyait ce qui leur devait arriver ensuite :

2. Car ayant permis aux Israélites de s’en aller, et les ayant renvoyés avec grand empressement, ils s’en repentirent aussitôt, et ils résolurent d’aller après eux.

3. Lorsqu’ils avaient encore les larmes aux yeux, et qu’ils pleuraient aux tombeaux de leurs enfants morts, ils prirent tout d’un coup follement une autre pensée, et ils se mirent à poursuivre comme des fugitifs ceux qu’ils avaient renvoyés en hâte, en les priant de se retirer.

4. Ils étaient conduits à cette fin par une nécessité dont ils étaient dignes ; et ils perdaient le souvenir de ce qui venait de leur arriver, afin que la mesure de leur punition fût remplie par ce qui manquait à leur supplice,

5. Et qu’en un même temps votre peuple trouvât un passage miraculeux, et eux un genre de mort tout nouveau.

6. Toutes vos créatures prenaient comme au commencement, chacune en son genre, une nouvelle forme pour obéir à votre commandement, et pour empêcher que vos serviteurs ne reçussent aucun mal.

7. Une nuée couvrait leur camp de son ombre ; et où l’eau était auparavant, la terre sèche parut tout d’un coup ; un passage libre s’ouvrit en un moment au milieu de la mer Rouge, et un champ couvert d’herbes au plus profond de l’abîme des eaux :

8. Ainsi passa tout ce peuple que vous protégiez de votre main, en voyant vos merveilles et vos prodiges.

9. Ils se réjouirent comme des chevaux dans de gras pâturages, et ils bondirent comme des agneaux, en vous glorifiant, Seigneur, qui les aviez délivrés.

10. Ils se souvenaient encore de ce qui était arrivé au pays où ils avaient demeuré comme étrangers ; de quelle sorte la terre, au lieu d’autres animaux, avait produit une infinité de mouches, et le fleuve, au lieu de poissons, avait fait sortir de ses eaux une multitude innombrable de grenouilles.

11. Ils virent même enfin une nouvelle sorte d’oiseaux, lorsque, ayant un grand désir de manger des viandes délicieuses, ils en demandèrent à Dieu.

12. Car il fit comme lever de la mer un très-grand nombre de cailles pour les satisfaire : la peine même ne tomba point sur les pécheurs sans qu’ils en eussent eu des présages auparavant par de grands tonnerres, parce qu’ils souffraient justement ce que leurs crimes avaient mérité :

13. Car ils avaient traité des étrangers d’une manière encore plus inhumaine que les autres n’avaient fait : ceux-là ne recevaient point des étrangers qui leur étaient inconnus ; mais ceux-ci en ayant reçu qui ne leur avaient fait que du bien les avaient réduits en servitude.

14. Ces premiers même ont été punis pour avoir reçu des étrangers comme s’ils eussent été leurs ennemis.

15. Mais ceux-ci tourmentaient très-cruellement ceux qu’ils avaient reçus d’abord avec joie, et qui vivaient déjà avec eux sous les mêmes lois.

16. Aussi furent-ils enfin frappés d’aveuglement, comme les premiers le furent à la porte du juste, lorsque ayant été couverts tout d’un coup d’épaisses ténèbres, ils ne pouvaient plus trouver la porte de leurs maisons.

17. Car les éléments changent d’ordre entre eux sans perdre néanmoins cette harmonie qui leur est propre comme dans un instrument de musique l’air se diversifie par le changement des tons : c’est ce qu’on peut voir clairement par ce qui arriva alors.

18. Car les animaux de la terre paraissaient changés en ceux de l’eau ; et ceux qui nageaient dans les eaux paraissaient sur la terre.

19. Le feu surpassant sa propre nature brûlait au milieu de l’eau, et l’eau oubliant la sienne ne l’éteignait point.

20. Les flammes au contraire épargnaient la chair fragile des animaux envoyés de Dieu, et elles ne faisaient point fondre cette viande délicieuse, qui se fondait néanmoins aisément comme la glace. Car vous avez relevé et honoré en toutes choses votre peuple, Seigneur, vous ne l’avez point méprisé, et l’avez assisté en tout temps et en tout lieu.