BAnQ/Émeutes de Québec de 1918/Témoignage du Capitaine Charles Desrochers, Inspecteur de la Police fédérale

Émeutes de Québec de 1918 - Témoignage du Capitaine Charles Desrochers, Inspecteur de la Police fédérale
(p. 1-16).


Témoignage du Capitaine Charles Desrochers, Inspecteur de la Police fédérale[1]


CAPITAINE CHS. DESROCHERS.


Capitaine CHARLES DESROCHERS, de Québec, Inspecteur de la Police Fédérale, étant dûment assermenté sur les Saints Évangiles dépose ainsi qu’il suit :

INTERROGÉ par le Coroner.


Q. Qu’est-ce que vous faites ?


R. Je suis inspecteur de la Police Fédérale pour le District Militaire de Québec.


Q. Depuis combien de temps ?


R. Depuis le seize de janvier, mil neuf cent dix huit.


Q. Quels étaient vos devoirs ici à Québec ?


R. Mes devoirs étaient de faire le devoir de police par rapport à l’application de la Loi du Service Militaire.


Q. Qu’est-ce que vous appelez faire le devoir de la police ?


Mtre. F. O. Drouin. — Je ne sais pas si on peut demander ça.


R. Je n’ai pas d’objection à répondre. Mon devoir consistait à l’arrestation de tous ceux qui devenaient en défaut par rapport à la Loi du Service Militaire. Quand un homme a l’ordre de se rapporter et qu’il ne se rapportait pas, c’est moi qui allait l’arrêter et qui le faisait arrêter.


Q. Aviez-vous plusieurs hommes à votre emploi M. Desrochers ?


R. Oui.


Q. Combien ?


Mtre. F. O. Drouin. Je comprends que vous voulez faire la preuve de ce qui s’est passé Jeudi Saint au soir. Alors demandez lui pour ce soir là combien il avait d’employés qui travaillaient dans la ville de Québec, parce que il y en a en dehors de la ville.


Le Coroner. — Je lui demande les employés qu’il avait pour Québec seulement.


Mtre. F. O. Drouin. — Je ferai remarquer aux Jurés et à M. le Coroner qu’il s’agit ici d’un Inspecteur de police qui a des agents de Police ici et il ne serait pas bon qu’ils soient absolument connus de tout le public, de tout l’auditoire qu’il y a ici.


Mtre. Lavergne. — Il peut dire combien il en a sans nommer les noms.


Le Coroner. — Sans doute.


Mtre. F. O. Drouin. — Ce n’est pas nécessaire qu’on se cache — il s’agit maintenant de jeudi.


Le Coroner. — Du moment que les Jurés l’exigent, que le Capitaine Desrochers disent combien il avait d’hommes à son emploi pour Québec. Je ne demande pas pour ailleurs — et surtout le jeudi soir ?


R. À peu près quinze hommes.


Q. Étaient-ils tous en devoir ce jeudi soir là ?


R. Oui Monsieur.


Q. Étiez-vous avec eux ?


R. À partir de neuf heures.


Q. Vous n’avez pas eu connaissance de l’arrestation qui a été faite au cercle Frontenac à St Roch du jeune Mercier ?


R. Non.


Q. Vous êtes arrivé là après ces évènements là ?


R. Quand la foule a attaqué le poste No 3 où les hommes s’étaient réfugiés on m’a téléphoné et on m’a fait une description de la situation et je suis immédiatement descendu au Poste No 3.


Q. Est-ce que vous aviez donné des ordres généraux à ces officiers là comment agir vis-à-vis des conscrits ?


R. Oui Monsieur.


Q. Leur aviez-vous dit quelles précautions ils devaient prendre pour ne pas heurter les sentiments de ces gens là ?


R. Non.


Q. Respecter leurs papiers ?


R. Non — respecter leurs papiers ? oui, mais je ne me suis jamais étudié à faire des instructions spéciales dans chaque cas particulier. Mes ordres étaient généraux. Quand on examinait un homme, s’il avait ses papiers d’exemption, on le laissait libre, et lorsqu’il n’avait pas ses papiers, mes instructions étaient de l’arrêter.


Q. Ça ne répond pas à ma question. Ce n’est pas ce que je vous demande. Je voudrais savoir quelles sont les méthodes qui ont été employées ce soir là, le jeudi soir par vos officiers vis-à-vis du jeune Mercier ?


R. Je n’y étais pas.


Q. N’est-il pas vrai M. Desrochers que lorsqu’un de vos hommes arrêtait un conscrit qui n’avait pas ses papiers et qu’il réussissait à le rapporter au Département, il y avait une prime spéciale qui lui était accordée ?


R. Non.


Q. Vous jurez ça ?


R. Je le jure.


Q. Et vous jurez qu’il n’a pas été donné d’argent non plus à aucun de ces officiers là pour l’arrestation d’un civil ?


R. Je jure que jamais une prime n’a été payée pour l’arrestation ou la livraison d’un conscrit — à part bien entendu le salaire que l’homme recevait salaire qui était fixé à tant par jour.


Q. Trois piastres par jour ?


R. Trois piastres par jour.

INTERROGÉ par M. Lesage.


Q. Est-il à votre connaissance qu’un de vos hommes a tiré un coup de revolver dans un bar à Québec ?


R. Que lui ait été arrêté — je n’ai jamais eu connaissance qu’une police fédérale ait tiré un coup de revolver ni ait été arrêtée pour avoir tiré un coup de revolver — pardon… dans un bar ? — non jamais.


Q. Ailleurs ?


R. Où ailleurs. Je n’ai absolument rien à cacher, vous pouvez me poser toutes les questions que vous voudrez.


Q. Voulez-vous dire dans quelles circonstances une chose comme ça est arrivée ?


R. Un de mes hommes de la police fédérale était dans sa chambre avec un ami et il était à examiner un revolver. Accidentellement, le coup de revolver a parti et a légèrement blessé celui qui était avec lui. — Il n’y avait aucune animosité, comme l’a prouvé la suite des circonstances, entre les deux hommes. C’était purement accidentel. Les deux individus étaient tous seuls.


Q. C’étaient deux de vos employés ?


R. Non, l’un était mon employé et l’autre était un de ses amis. C’était deux amis qui étaient ensemble. Il n’était pas en devoir. Cela n’a rien à faire avec la cause.


Q. Mais il a été arrêté n’est-ce-pas — est-ce qu’il n’a pas été traduit en Cour ?


Mtre. F. O. Drouin. — Je ne sais pas si on peut aller jusque là.


M. Lesage. Voici ce que nous voulons savoir : On a prétendu dans la présente enquête que les employés de M. Desrochers étaient des hommes non désirables, pour agir comme policiers, et nous voulons le savoir — et sur ce cas là, je voudrais savoir qui est-ce que ça concerne. Si ce n’est pas vrai, tant mieux, cela justifiera M. Desrochers de l’avoir employé, et si c’est vrai, je crois que nous avons le droit de le savoir.


Mtre. F. O. Drouin. — Je crois que pour ma part que le Capitaine Desrochers est très désireux de répondre.


Le Coroner. — Le témoin, M. Desrochers, qui prétend n’avoir rien à cacher, a répondu à des questions qui n’éclaircissent pas la position du tout. On ne fait pas ici le procès de la police fédérale. L’arrestation des gens que M. Lesage mentionne est connue dans toute la ville de Québec. Quand même on viendrait nous en dire plus long ça nous avancerait pas et je ne pense pas que ça puisse changer la nature du verdict que vous serez appelé à rendre dans cette cause-ci.


Mtre. F. O. Drouin. — M. Lesage veut qu’on fasse le procès pour savoir si le coup a été tiré accidentellement ou avec intention ?


M. Lesage. — Je veux savoir seulement s’il a été condamné ou libéré ?


Mtre. F. O. Drouin. — C’est aller trop loin.


Mtre. Lavergne. Ce que nous voulons savoir c’est ce qui a causé la mort des victimes — comment cela a commencé.


Le Major Barclay. — Est-ce que cela va vous aider de savoir si cet homme a été libéré ou non ?


M. Lesage. — Naturellement.


Q. Le Major Barclay. — Comment ?


M. Lesage. — Si on emploie un individu comme policier qui est un gibier de prison — je ne dis pas qu’on la fait mais ça pourrait avoir un certain effet. D’ailleurs je crois que le Capitaine Desrochers est désireux de répondre et qu’on devrait le laisser répondre.


Le Major Barclay. — Seulement ça prend un temps inutile.


Le Coroner. — Parfaitement. Le caractère de ces gens là est parfaitement connu d’après ce que je peux voir. Je ne crois pas que cela entre absolument dans le cadre de cette enquête qui est faite pour déterminer quelle est la cause de la mort. Il s’agit de déterminer comment cela est arrivé, comment s’est c’est arrivé — comment cela a originé. Je pense que les Jurés sont parfaitement renseignés là-dessus — au moins je le crois — s’ils ont besoin de plus de renseignements…


M. Lesage. — On ne peut pas connaître tous les policiers. Ce serait plus court s’il a été condamné ou libéré ?


R. Je préfère une déclaration générale…


Mtre. F. O. Drouin. — Attendez une minute. Si vous voulez le savoir, produisez la condamnation si elle a eu lieu.


Le Coroner. — Est-il à votre connaissance s’il a été condamné ou libéré cet homme là ?


R. Il n’a pas été condamné.


Q. Est-ce que vos hommes avaient instructions de porter soit un costume ou un badge ou une insigne quelconque pour se faire reconnaître comme étant des policiers.


R. Une insigne.


M. Monaghan. — Est-ce qu’ils avaient le droit d’arrêter un conscrit ?


R. S’il n’avait pas ses papiers sur lui, certainement Monsieur.


M. Monaghan. — C’est la loi ?


R. C’est la loi.


Le Coroner. — Vous n’avez pas le droit de l’emmener à la prison. Vous avez le droit de le garder jusqu’à ce qu’il produise ses papiers ?


R. Si ça prend vingt quatre heures pour produire ses papiers, il y restera jusqu’à ce qu’il les produise. Lorsque c’est à deux pas de la maison, s’il peut les produire en quatre ou cinq heures il faut qu’il attende que ses papiers viennent.


M. Picher. — Est-il nourri en attendant ? (Hilarité) Est-ce qu’on prend soin de lui ? quand ça prend quarante huit heures ?


Q. Il ne m’est jamais arrivé d’avoir un prisonnier qui est mort de faim entre mes mains.


M. Picher. — Alors vous en prenez soin ?


R. Certainement. Votre question est ridicule.


Q. Quels moyens laissez-vous à la disposition du conscrit arrêté pour qu’il puisse se procurer ses papiers, est-ce que vous le laisser libre de sortir, d’aller les chercher ou avez-vous un messager ?


R. Je me suis toujours donné beaucoup de trouble lorsqu’on venait amener un homme à mon bureau. J’ai même dépensé de l’argent pour téléphoner à des endroits désignés, j’ai télégraphié, et j’ai fait tout ce qu’il y avait à faire pour établir si oui ou non l’homme était un defaulter — si c’était un homme en défaut.


Q. Vous vous en occupez ?


R. À quoi m’aurait servi de faire prisonnier un homme qui était parfaitement exempté ? Si ça prenait rien que vingt quatre ou quarante huit heures pour établir son état, ça n’avancerait absolument à rien. Ça me donnait du trouble pour rien. Du moment qu’un homme me déclarait : Je suis exempté mais j’ai oublié mes papiers — où sont-ils — ils sont chez nous — Alors je prenais les moyens nécessaires pour faire venir les papiers. Dans la plupart des cas je n’avais pas qu’à me rendre chez le Régistraire, — il prenait son nom et son adresse et je sortais son dossier et je remontais et je lui disais : Va-t-en. Il n’avait pas ses papiers, il était en défaut mais tout de même je n’étais pas pour le mettre en prison parce qu’il n’avait pas ses papiers, — il s’en retournait immédiatement.


Le Coroner. — Ça c’est la manière dont vous agissiez vous-même personnellement, mais savez-vous si vos hommes faisaient la même chose ?


R. Absolument. Je ne leur aurais pas permis de faire autrement. C’est moi qui suis responsable.


Q. Est-il à votre connaissance qu’ils ont agi autrement ?


R. Non, j’aurais congédié un homme que j’aurais surpris à faire autrement.

INTERROGÉ par Mtre. F. O. Drouin.


Q. Les instructions que vous donnez à vos agents sont à l’effet d’arrêter ceux qui ne sont pas en possession de leur certificat d’exemption ?


R. Les instructions allaient même plus loin, c’est-à-dire n’étaient pas aussi rigides — surtout dans la ville de Québec, où par exemple on pouvait arrêter un individu quelconque sur la rue St. Joseph, comme d’après ce qu’on m’a raconté qu’il est arrivé dans le cas de Mercier — on a permis à Mercier — on lui a donné le temps pour quelqu’un d’aller chez lui chercher ses papiers pour éviter qu’il monte au bureau. Je suppose que le nommé Mercier aurait été amené à mon bureau, qu’il n’aurait jamais allé plus loin. Il n’avait qu’à donner son nom et son adresse et le Tribunal qui l’avait exempté — je serais descendu en bas et j’aurais sorti son dossier dans trois minutes et il serait descendu chez lui une demi heure après. Mes instructions mêmes étaient que si on pouvait faire cela sur les lieux de le faire, et c’est ce qu’on a fait dans le cas de Mercier d’après ce qu’on m’a raconté.


Q. Vous n’y étiez pas dans le cas de Mercier ?


R. Non lorsque je suis arrivé Mercier s’en était retourné parce qu’il avait produit ses papiers. Un prisonnier qu’on avait entre les mains nous avait été enlevé par la foule.


Q. Maintenant vous dites que ce soir là vous aviez une force de combien pour la ville de Québec ?


R. Le nombre de polices employé dans la ville de Québec variait parce que je travaillais un peu partout dans le district. Il m’est arrivé dans des cas d’en avoir trois ou quatre ou quatre ou cinq et des fois il pouvait y en avoir vingt ou vingt cinq dans la ville. Ça faisait déjà deux mois qu’on travaillait. Lorsque je prenais un homme nouveau je m’assurais tout de suite de le mettre avec un homme d’expérience, pour qu’il n’ait pas à prendre de décision lui-même, avant d’avoir subi assez d’entraînement pour pouvoir en prendre des justes.


Q. Avant de choisir ainsi vos Officiers, est-ce que vous faisiez une certaine enquête au point de vue de leur caractère, de leur honnêteté, etc ?


R. La plus grande partie des hommes que j’ai employés, m’étaient recommandée.


Q. Le Coroner. — Par qui ?


R. J’ai toujours reçu des recommandations de gens assez considérables.


Q. Des gens dignes de foi ?


R. Certainement. Mes papiers, comme vous savez, ont presque tous été brûlés. Je ne pourrais pas citer de cas particuliers.


Q. Ces documents-là, vous ne les avez plus ?


R. Non, mes papiers ont été aux sept huitièmes, gâchés.


Q. Ils ont été détruits à l’incendie de l’Auditorium ?


R. Ils ont été détruits et perdus.

Interrogé par M. Lesage :


Q. Est-il à votre connaissance qu’on a refusé à Mercier, à l’endroit où il a été arrêté, de téléphoner pour faire venir ses papiers ?


R. Non, Monsieur, je n’étais pas là.


Q. Pensez-vous que le devoir de votre Agent aurait été de le laisser téléphoner, là où il était, ou si c’était préférable de l’amener à la station de Police et le laisser téléphoner, rien que rendu à la station de Police ?


R. Comme je vous ai dit, — si vous voulez savoir la manière dont j’aurais procédé moi-même, j’aurais amené Mercier à la station de Police et je l’aurais fait attendre là qu’on aille chercher ses papiers et qu’on téléphone.


Q. Vu qu’il y avait un téléphone dans la place où il était, lui auriez-vous refusé de le laisser téléphoner là ?


R. Ah bien ça,… xxxxx j’ai supposé que Mercier a été arrêté alors qu’il circulait quelque part.


Q. Non, il était dans une bâtisse ?


R. Je ne connais rien de l’affaire. Chaque cas qui se présente est réglé au fur et à mesure.

Interrogé par M. Picher :


Q. Dans l’exercice de vos devoirs, vous avez à disposer d’une quinzaine de places, n’est-ce-pas ? — vous avez à engager une quinzaine d’employés dans le district ?


R. Dans le district, il n’y a pas de limites, ça dépend du travail.


Q. Jusqu’à présent, combien en avez-vous engagé ?


Mtre. F. O. Drouin, — ce n’est pas nécessaire d’aller en dehors de la ville ?


R. Trente-cinq à quarante, peut-être.


Q. Ces gens-là sont rentrés avec une certaine protection, des lettres de recommandation ?


R. Oui, dans certains cas, ils m’ont été recommandés.


Q. Il vous étaient recommandés par des gens influents ?


R. Des gens, nécessairement, en qui j’avais confiance puisque j’acceptais leurs recommandations.


Q. Vous n’avez pas d’objection à nous dire quels sont ces gens-là ?


Mtre. F. O. Drouin : — Si M. Picher veut le savoir, j’en ai recommandé un, et huit jours après, j’ai recommandé de le mettre à la porte.

Interrogé par Mtre. F. O. Drouin :-


Q. Savez-vous quelle est la distance qu’il y a entre le Club Frontenac et la station de Police Numéro Trois ?


R. Oui.


Q. C’est tout proche, n’est-ce pas ?


R. Oui.


Q. C’est-à-dire quelques pas ?


R. Oui, soixante-quinze pas, je suppose.


Q. Je comprends que, dans le cas de Mercier, vous n’étiez pas là lorsqu’il a été arrêté ? et vous ne savez pas ce que vous auriez fait, s’il y avait eu un téléphone là, vous ne savez pas ce que vous auriez fait vous-même ?


R. Non.


Q. Mais, vos ordres étaient, n’est-ce-pas, d’arrêter ceux qui n’avaient pas leurs documents ?


R. D’ailleurs, je me gardais bien de condamner les agissements de mes hommes, ce soir-là, parce que la suite des circonstances a bien prouvé que le travail était plus difficile qu’à l’ordinaire.

INTERROGÉ pare Mtre. F. Gosselin :


Q. Pouvez vous vous rappeler qui est-ce qui vous a recommandé M. Bélanger ?


R. …


Q. Vous ne vous en souvenez pas ?


R. Oui, je m’en rappelle, c’est M. Forgues, l’assistant Percepteur du Revenu.


Q. Maintenant, M. Évanturel, savez vous par qui il a été recommandé ?


R. Je connaissais Évanturel, personnellement, tout de même, si je me rappelle bien, il m’a produit quelques recommandations, qui ont été perdues,… enfin, je ne sais pas d’où elles venaient.


Q. Avez vous vu plusieurs recommandations de M. Drouin ?


R. Pour M. Drouin ?


Q. Non, de M. Drouin ?


MTRE. F. O. Drouin : — Une.

INTERROGÉ par Mtre. Lavergne :-


Q. Quand vos hommes sont en devoir, sont-ils tenus de porter leur médaille ou leur insigne de Police ?


R. Certainement, Monsieur.


Q. Ils y sont tenus ?


R. Oui. C’est-à-dire, qu’ils y sont tenus,… ils peuvent difficilement faire leur devoir sans avoir leur insigne à produire, parce que, si on les questionne sur leur caractère officiel, et s’ils ne produisent pas l’insigne, les gens les prennent pour des civils ordinairement, et ils ne les écoutent pas.


Q. Vous a-t-on fait rapport que, le soir de l’arrestation de Mercier, les Officiers ne portaient pas d’insigne ?


R. Non.


Q. Maintenant, il est arrivé, n’est-ce-pas, que les gens qui ont été arrêtés sont restés longtemps aux casernes avant de pouvoir se faire libérer et, même ont été mis en uniforme, mêmes des gens exemptés, ou dont les exemptions étaient pendantes ?


R. Quand des hommes ont été amenés à mon bureau, j’ai fait tout ce que je pouvais faire pour m’assurer si, oui ou non, l’homme était en ce moment en défaut. Quand j’ai été satisfait, qu’à ce moment-là l’homme était en défaut, je l’ai remis aux autorités militaires. Maintenant, il se peut qu’après avoir été entre les mains des militaires pendant deux ou trois jours, que l’homme ait réussi à démontrer, je ne sais pas comment, qu’il n’était pas en défaut.


Q. Vous rappelez vous de l’arrestation d’un nommé J. E. Giroux, de Courville ?


R. Non, Monsieur. Il se peut qu’il soit passé par mon bureau, mais je ne m’en rappelle pas.

Interrogé par Mtre. F. Gosselin


Q. Vous dites que les civils vous étaient remis ? Vous étaient-ils toujours remis ou, si des fois, ils étaient dirigés sur les casernes, immédiatement ?


R. Ils passent toujours par mon bureau. Il est arrivé quelques fois que des hommes ont monté directement entre les mains des Militaires. Dans ces cas-là, je suis parti de mon bureau moi-même et j’ai été prendre la décision là où se trouvaient les hommes,… j’ai été faire l’examen là où ils avaient été amenés.


Q. Alors, d’après vous, il ne peut pas s’être présenté des cas dans lesquels on aurait amené des hommes à la caserne et qu’on les aurait laissés là pendant plusieurs jours ?


R. Si d’autres que la Police Fédérale ont fait cela, je n’en sais rien.

Interrogé par Mtre. F. O. Drouin :-


Q. Monsieur Desrochers, le soir en question, savez-vous s’il y a eu d’autres arrestations qui ont été faites à part de celle de Monsieur Mercier ?


R. Oui, un jeune homme a été amené au bureau et il n’avait pas de papiers. Je suis descendu chez le Régistraire, — j’avais retenu des employés, comme je faisais presque tous les soirs, — j’avais des employés qui restaient là, dans ce qu’on appelle le Filing Room, là où se tenaient les dossiers, il y avait une personne affectée spécialement à mon service. Quand c’étaient de mes hommes qui amenaient quelqu’un, je descendais chez le Régistraire et, s’ils étaient exemptés…


Q. Vous rappelez vous de son nom ?


R. Non, cela a pris deux minutes. Je suis entré dans le bureau et je suis sorti tout de suite.


Par le Coroner. — Vous savez pas son nom ?


R. Non.


Par le Coroner: — Savez vous si, ce soir-là, dans les manifestations de jeudi soir, vos hommes n’ont pas perdu un prisonnier ?


R. Ils ne l’ont pas perdu, il leur a été enlevé.


Par le Coroner. — Avez vous arrêté plusieurs insoumis, vous et vos hommes, qui ont été remis aux autorités Militaires ?


R. Oui, souvent.


Le Coroner. — Sont-ils nombreux ?


R. Le nombre des insoumis qui ont été arrêtés, c’est une couple de cents.


Le Coroner. Dans le District de Québec ?


R. Oui.


Et le témoin ne dit rien de plus.

Le Major Barclay (produisant certains papiers). Ça, c’est toute la correspondance qui a eu lieu entre le District et les Quartiers-Généraux, que vous m’avez demandé l’autre jour. Permission a été donnée de tout donner.


Je soussigné sténographe assermenté
certifie que ce qui précède est la transcription
fidèle de mes notes sténographiques.
Alexandre Bélinge
  1. Titre ajouté par Wikisource pour fin de présentation.