Autour de l’Afghanistan/Chapitre VI

Librairie Hachette et cie. (p. 130-156).

CHAPITRE VI

À TRAVERS LE PETIT TIBET ET LE KACHMIR

Sur les glaciers du Sasser || La vallée de la Noubra. || Notre première halte chez les Tibétains. || Panamik et ses blancs tchortens. || Les moulins à prières. || Le col du Khardong sous la tourmente. || Arrivée dans la capitale du Petit Tibet. || Un monastère de lamas. || Paysages du Kachmir. || Srinagar, la Venise de L’inde. || En route pour le Béloutchistan.
* * *


R ude étape que nous promet la traversée du Sasser-La ! Par bonheur le ciel, que j’interroge en m’éveillant, est merveilleusement pur et l’atmosphère paraît calme ; nous pouvons donc espérer franchir, dans les conditions les plus favorables, cet océan de glace dont les vagues géantes brillent déjà, là-haut, sous les rayons du soleil levant.

Trois heures d’une marche pénible à travers des éboulis nous amènent au pied même du col. Les difficultés réelles commencent alors avec l’ascension de la moraine frontale dont les pierres, mêlées d’une boue jaunâtre, croulent à chaque instant sous les pas des chevaux. Au sommet de cet escarpement nous trouvons le glacier qui nous conduit au col[1] par une pente à peine sensible.

Tout est blanc autour de nous ; le soleil du plein midi fait resplendir les vastes étendues neigeuses, mais il fait également fondre la glace et nous enfonçons jusqu’aux genoux dans une sorte de sorbet sans consistance, piétinant lourdement avec l’apparence de canards qui pataugeraient dans une mare.

Nous voici maintenant de l’autre côté du col, dévalant la pente rapide d’un névé ; les crevasses succèdent aux crevasses et, comble d’infortune, nous sommes dominés par une paroi rocheuse, lézardée jusqu’à la base, d’où dégringolent des avalanches qui roulent avec un bruit de cataclysme et affolent nos bêtes.

Ici, comme au désert, des animaux en grand nombre jalonnent la route. Les uns, tombés de la veille, semblent dormir en des poses presque naturelles ; d’autres, abandonnés depuis des années peut-être et momifiés dans les attitudes les plus bizarres, sont perchés sur des colonnes de glace, formant çà et là comme de grands champignons fantastiques[2]

Pendant quatre heures, nous luttons contre des difficultés de toutes sortes. Nos hommes sont vraiment extraordinaires : aidés d’Iskandar et de deux Tibétains loués pour la circonstance, ils font leur dur métier avec
LE COL DU SASSER-LA (5 365 MÈTRES).

TAGHAR, LE TEMPLE AUX MOULINS À PRIÈRES.
un courage simple que j’admire, relevant les chevaux, allant chercher des bagages au fond d’une crevasse, les rechargeant sans un murmure, grâce à cette grande et paisible habitude qu’ils ont de la lutte constante avec les éléments.

La montée du col avait commencé dès huit heures du matin, il est trois heures de l’après-midi quand nous sortons enfin des glaciers. Encore quelques kilomètres de descente à travers d’énormes blocs de granit et nous plantons les tentes près d’une source, dans un vallon appelé Touti-Yalak[3] où pousse une belle herbe verte. Bêtes et gens ont bien gagné leur journée. Demain, Inchallah[4], nous verrons les premiers villages tibétains.

8 septembre. — Sous un soleil splendide, nous levons le camp de bonne heure et dévalons les pentes gazonnées, tout joyeux d’avoir pu franchir le Sasser sans accident. Sur la droite débouche une profonde vallée qui vient du nord : c’est l’immense glacier de Remo, l’un des plus vastes du monde, qui s’étend jusqu’à nous en vagues gigantesques et me fait songer à Chamonix et à notre Mer de glace, vrai joujou de bergerie suisse à côté de ce colosse. Un peu plus loin une route nouvelle[5], construite en entier dans le granit, se déroule comme un serpent monstrueux, grimpe, descend, puis regrimpe pour redescendre encore au milieu d’à-pics vertigineux, et nous amène sur les bords de la Noubra.

En face de nous, une verte oasis accrochée aux flancs de la montagne : c’est Arena dont les pyramides funéraires se détachent en blanc sur la masse sombre des arbres. Par ici, c’est toujours le désert avec ses galets et sa haute muraille granitique et il nous faut marcher longtemps encore pour arriver au milieu des vergers et des prairies. Nous sommes alors dans le village tibétain de Spango, où un ménage de bons vieillards nous offre l’hospitalité et nous accueille en tirant la langue, ce qui est ici la formule du bonjour.

Je pénètre pour la première fois dans une maison tibétaine ; tout y est donc, pour moi, nouveau et instructif. Au rez-de-chaussée : les écuries ; au premier étage : les chambres, la cuisine et le cellier. Devant l’entrée, une longue perche porte à son extrémité une bande étroite de toile blanche sur laquelle sont écrites des prières et qui flotte au gré des vents comme la flamme d’un navire de guerre… Et dès ce petit village de Spango on se sent dans un pays différent, particulier, que le respect des mœurs patriarcales a éloigné de tout progrès inutile et qui a conservé sa race, ses coutumes et sa religion naïve.

Nous sommes salués le lendemain au départ par quelques pauvres musiciens déguenillés qui tentent sur le fifre et le tambourin de nous initier à l’harmonie tibétaine : le groupe est certamement pittoresque, mais
PORTE DU VILLAGE DE PANAMIK.

LA PREMIÈRE MAISON TIBÉTAINE RENCONTRÉE SUR NOTRE ROUTE À SPANGO.
la musique, avec sa petite ritournelle plaintive et grêle, ne charme que médiocrement nos oreilles.

La route suit à une certaine distance la rive gauche de la Noubra ; elle est bordée d’une haie de buissons épineux qui empêche les chevaux de s’égarer dans les blés ou dans les avoines, En deux heures, nous atteignons Panamik[6], assez gros village dont le nom, admirablement approprié, signifie « œil de verdure ».

À peine étions-nous installés que nous voyons poindre un noble vieillard à l’air très digne, qui porte une lorgnette en bandoulière, des couteaux à la ceinture et des souliers européens aux pieds. C’est un messager du commissaire anglais de Leh : il m’apporte de la part de son maître une lettre charmante, où celui-ci me souhaite la bienvenue et s’excuse de ne pouvoir être là quand j’arriverai dans sa résidence. Le digne vieillard, qui occupe un rang élevé dans la hiérarchie tibétaine, est chargé de nous guider et de veiller sur nous jusque dans la capitale du Petit Tibet.

Pendant qu’Iskandar songe aux préparatifs du repas du soir, nous nous dirigeons avec Zabieha vers une source d’eau chaude qui coule aux flancs de la montagne. Une sorte de piscine, creusée dans le rocher et recouverte d’un abri, nous permet de prendre un bain des plus agréables comme des plus nécessaires et nous bénissons l’homme intelligent qui a su aménager ces thermes de façon si pratique.

10 septembre. — Il a été décidé que nous séjournerions à Panamik aujourd’hui afin de permettre à nos hommes et à nos chevaux de se refaire.

Je laisse Iskandar et Zabieha retourner seuls à la source et je visite le village, un appareil photographique à la main ; il y a en effet par ici de nombreux monuments funéraires en forme de tiare, appelés tchortens, qui sont ornés de bas-reliefs dont il peut être intéressant de garder l’image.

Au sommet du cône de déjection sur lequel est bâti le village, parmi les églantiers et les roches, je découvre une sorte de divinité bizarre. Un cube de maçonnerie forme piédestal ; sur la face centrale une figure grossièrement sculptée, avec ses larges oreilles et sa face épanouie, rappelle à s’y méprendre l’image faunesque d’un Silène ; les quatre angles et la figure sont recouverts d’une bande verticale de peinture rouge ; sur le piédestal, un gros fagot de branches de tamaris entouré de bandes de toile sur lesquelles sont écrites des prières, et plantés au-dessus du fagot, plusieurs bâtons agrémentés de petits drapeaux flottants.

Tout près de là, je trouve sur ma route un gros bloc de rocher portant gravée en lettres énormes la prière des Tibétains : « Om mani padmé houm »…

Le lendemain nous quittons les frais ombrages de Panamik et nous descendons la rive gauche de la Noubra, sous la conduite du vieillard à la lorgnette. Au pied de la haute falaise que nous longeons, les cônes de déjection se succèdent, les uns absolument
PAYSANS TIBÉTAINS DE LA VALLÉE DE LA NOURRA.
désertiques, les autres couverts de végétation et de cultures ; ceux-ci sont toujours dominés par l’idole de pierre dont j’ai parlé précédemment et qui sans nul doute représente l’image d’un dieu protecteur des champs et des troupeaux.

La vallée du Chayok se rapproche ; on aperçoit, bâti tout contre la montagne, le joli village de Taghar, dont les maisons à toit plat et les nombreux mausolées éclatent de blancheur au milieu des peupliers et des sycomores. Le guide nous conduit à notre domicile, vaste maison à deux étages. Devant la porte, cinq femmes sont alignées ; elles nous saluent toutes ensemble, la main à hauteur du front, dans une révérence des plus gracieuses. La plus rapprochée du seuil tient une cassolette remplie d’encens ; elle me précède et par un escalier qui a, ma foi, grand air m’introduit dans mes appartements. Deux pièces, que sépare une balustrade ajourée, attendent leurs hôtes de marque. Comme meubles, une sorte d’immense fauteuil d’un modèle inconnu en Europe et, devant le fauteuil, un autel tout peinturluré sur lequel sont rangées avec symétrie les offrandes : un ciboire d’argent rempli de lait, une assiette de pommes, une autre de gros radis ; le tout flanqué de deux jolis vases où s’épanouissent des bleuets et des giroflées qui embaument.

Les Tibétaines ont disparu après une dernière révérence ; elles sont remplacées par notre vieux guide qui nous sert un thé à la cannelle tout simplement délicieux… Cette réception nous étonne et nous charme ; quant à Iskandar, il ne peut comprendre que ce soient les femmes, à la figure découverte, qui reçoivent ainsi l’étranger, et ses principes de musulman fanatique sont profondément choqués d’une pareille inconvenance.

Après quelques instants d’agréable farniente, nous allons faire un tour dans le village : une large avenue, bordée de grands peupliers qui alternent avec des tchortens, conduit à un vieux temple ombragé de platanes. Quelle quantité de moulins à prières ! il y en a partout : cylindres énormes qu’une chute d’eau fait tourner, moulins à vent perchés sur le toit comme des colombiers, simples bobines nichées dans le mur que les fidèles poussent avec la maim. Nous admirons l’ingéniosité religieuse de ce peuple naïf, tandis qu’un vieux lama, accroupi sous le porche du temple, nous examine en buvant à petits coups sa tasse de thé beurré. La tête complètement rasée, le torse enveloppé de façon pittoresque dans une étoffe de couleur lie de vin, il semble un vieux sénateur romain drapé dans les plis de sa toge.

Plus tard, du toit en terrasse qui couvre notre demeure, sous la lumière rosée du soleil couchant, j’assiste à la rentrée des troupeaux. D’abord s’avance, trottant menu, le flot pressé des moutons et des chèvres ; ensuite vient le défilé plus lent du gros bétail que ramène tout un essaim d’enfants à demi nus. Deux taureaux, les derniers de la bande, se livrent un combat furieux dans une mare que le crépuscule a rendue violette ; leur gardien, attendant sans hâte qu’ils aient
UNE PRIÈRE GRAVÉE SUR LE GRANIT.


VUE GÉNÉRALE DE TAGHAR.
vidé cette querelle, chante une mélopée très douce au rythme sauvage et lent. Et les étoiles s’allument au ciel que je suis encore là, gagné par le charme de cette nature si nouvelle.

À l’aube nous sommes réveillés par le chant monotone des litanies que le maître de la maison récite devant l’autel du foyer domestique. Un pauvre hère, à barbe blanche, entre en se prosternant et m’offre, sur un plat d’étain, une petite citrouille entre deux bouquets de bleuets ; puis c’est notre gracieuse hôtesse qui m’apporte, avec ses vœux de bon voyage, des pains persans saupoudrés de sucre candi. Mais il faut quitter tous ces braves gens, le gai village et ses blancs tchortens, la vieille pagode et ses moulins à prières ; je leur devrai une des impressions les plus exquises de mon long voyage !

Nous voici bientôt au confluent de la Noubra et du Chayok que l’on retrouve ici après l’immense crochet qu’il dessine vers le sud-est ; jusqu’à l’année dernière les caravanes devaient traverser les flots boueux de ce fleuve dans un bac, mais aujourd’hui l’on passe d’une rive à l’autre sur un pont suspendu qui paraît très solidement établi. Quelques kilomètres plus loin, nous trouvons, niché dans un enfoncement de la vallée, le hameau de Khartcha, où le vieux guide a fait préparer un logement à notre intention. Sitôt arrivé, il s’empresse à nous servir ce fameux thé à la cannelle dont il a le secret et me l’offre dans son écuelle de bois, au rebord d’argent ciselé, qui porte enchâssée dans le fond une grosse turquoise. Comme tous ses compatriotes, il ne se sépare jamais de cette tasse curieuse, fermement persuadé que si quelque ennemi y versait un jour du poison, la turquoise changerait de couleur et le mettrait ainsi en garde.

Ce matin nous commençons la journée au milieu d’un épais brouillard, suivant d’abord la rive gauche du Chayok par une route difficile, creusée dans la paroi rocheuse qui surplombe la rivière. Les rencontres avec des caravanes venant en sens inverse sont ici parfois délicates et nous avons, de ce chef, plusieurs incidents dont nos hommes se tirent avec adresse. Mais quelques kilomètres plus loin, tournant brusquement au sud, nous nous enfonçons dans une gorge étroite et profonde qui nous conduit, après une montée fort pénible, au petit village de Khardong, vrai nid d’aigle construit dans les rochers. Les indigènes y paraissent beaucoup moins policés que dans la plaine et tout, dans leur allure et dans leur physionomie, me porte à croire qu’ils font le métier de contrebandiers et de détrousseurs de caravanes.

Il est entendu que nous laisserons à Khardong[7] les chevaux de bât qui doivent y stationner une quinzaine de jours pour se refaire, avant de reprendre, avec des charges nouvelles, la route de Yarkand ; ils seront remplacés jusqu’à Leh par des yaks loués ici. Seul, le caravanbasch Khoul-Mahmad nous accompagnera demain et ramènera les trois chevaux de selle.
LA GRANDE PLACE DE LEH.

14 septembre. — Je dis adieu aux deux caravaniers qui restent ici. Youssouf, le conteur de légendes, pleure comme un enfant et je ne puis m’empêcher d’être ému à la pensée de quitter ce brave garçon qui nous a donné tant de preuves de son dévouement. Pour lui, jour après jour, pendant les rudes années de son existence, il va continuer avec la même courageuse volonté cette lutte âpre et constante contre les forces redoutables de la nature.

Le départ est sinistre : nous nous mettons en route sous la neige qui tombe à gros flocons, chassée par un vent glacial. On passe à côté d’un refuge ; des caravaniers y sont accroupis : devant la porte, ils ont amoncelé leurs charges, tandis que les chevaux serrés les uns contre les autres et tournant le dos à la rafale, font un peu plus loin comme une tache noire au milieu de la neige. Mais la tourmente redouble, on n’y voit pas à 20 mètres. Voici un second refuge : comme l’autre, il est envahi par de pauvres diables transis de froid.

Vers une heure, nous sommes au bord d’un petit lac entièrement gelé ; deux yaks, conduits par un vieux Tibétain dont la barbe est blanche de givre, nous attendent là depuis ce matin, et nous profitons Zabieha et moi de l’aubaine, tandis qu’Iskandar, furieux de ne pas trouver un troisième yak pour son usage personnel, manifeste quelque mauvaise humeur. Il a du reste une telle horreur de la marche que, malgré le danger très réel, il préfère rester sur son cheval et continuer ainsi l’ascension de la pente escarpée que nous gravissons sous une neige aveuglante.

Pendant plus d’une heure, nous montons ainsi et nous arrivons à la passe étroite du Khardong[8], haletants, brisés, n’en pouvant plus. Comme au Kilyang-Davan, un glacier à pente rapide et recouvert de neige a failli nous arrêter net, près du sommet ; et si nous avons passé, nous, nos chevaux et nos yaks, c’est une fois de plus grâce à l’énergie, à l’adresse, à l’endurance des hommes qui nous accompagnent.

Sitôt le col traversé, la neige cesse et nous descendons rapidement une étroite vallée au débouché de laquelle se trouve le hameau de Ganglès. Il est cinq heures et nous n’avons rien pris depuis le matin, aussi est-ce avec joie que nous nous asseyons autour d’un feu clair de branchages où la tchoudjaz commence à chanter.

Nous sommes au terme de l’étape ; aujourd’hui, 15 septembre, nous coucherons à Leh.

C’est d’abord, durant les premiers kilomètres, une marche dans un pays sauvage, aussi désolé que celui parcouru la veille. Il nous semble nous être égarés, nous être engagés sur une fausse piste, quand soudain l’étrange palais des anciens rois du Ladak apparaît à un tournant de la route. Construit sur une longue arête rocheuse, il domine de ses innombrables petites fenêtres une succession de croupes gazonnées où s’étagent des centaines et des centaines de tombeaux, les uns d’un blanc éblouissant, d’autres plus sombres ayant la patine des siècles. Devant nous, au pied des monts Himalaya, l’Indus déroule son ruban argenté ; partout des champs de blé, des vergers, de riantes prairies. Quel contraste avec le col du Khardong où nous passions hier de si cruels instants sous la neige !

Notre vieux guide nous conduit, à travers les rues du village[9], jusqu’à un pavillon ombragé d’immenses peupliers, où logent, paraît-il, les Européens de passage. Les chambres sont très propres, très confortables, et nous allons pouvoir, durant quelques jours, prendre le repos dont nous avons tous besoin, à l’abri du soleil, de la neige et des vents qui, depuis Yarkand, ont diversement poursuivi notre caravane.

Le Tibétain, qui remplit ici l’office de facteur, m’apporte un volumineux courrier ; voici bientôt trois mois que je n’ai pas eu de nouvelles, aussi est-ce avec une certaine émotion que je m’apprête à décacheter ma correspondance quand on annonce une visite. Un Hindou vêtu à l’européenne s’avance la main tendue et s’informe très aimablement de notre santé ; nous causons, il m’explique qu’il est ici chef de district et remplace le vice-résident anglais, capitaine Patterson, en ce moment à Srinagar. Après avoir vérifié les passeports il nous quitte, mais il est remplacé incontinent par une députation des commerçants hindous qui, sous la conduite du frère de l’Aksakal de Yarkand, vient également nous offrir ses salams et ses souhaits de bienvenue. J’ai hâte de lire mes lettres et je voudrais bien les voir au diable… Enfin la dernière poignée de main est échangée, je puis rentrer chez moi et prêter toute mon attention à la causerie familière de ceux qui veulent bien s’intéresser à mon voyage et dont la pensée, pour me rejomdre, a parcouru tant de déserts.

Le lendemain, le chef de district Sant-Ram vient nous prendre pour aller, avec lui, visiter la grande lamaserie de Spitok située à cinq ou six kilomètres de Leh seulement, sur les bords de l’Indus. Des petits poneys tibétains nous transportent à vive allure vers ce monastère célèbre ; de loin, il ressemble à une immense forteresse du Moyen âge avec ses terrasses, ses donjons crénelés et ses fenêtres étroites percées dans les hautes parois de granit. Les nids rudes aux toits plats sont serrés les uns contre les autres, dressés au midi, dominant la plaine de sable, et font tellement corps avec la nature qu’ils semblent avoir été créés par elle.

Mais nous voici au pied même du monastère : les trompettes sacrées font entendre leurs gémissements sonores, mêlés aux roulements sourds des tambourins ; la lourde porte tourne sur ses gonds et nous mettons pied à terre devant un groupe de lamas assemblés dans une attitude respectueuse. Quelques marches de pierre, et nous serrons la main du chef de la communauté. La persévérance d’une contemplation pieuse
LA PLAINE DE LEH VUE DU MONASTÈRE DE SPITOK.
dans le recueillement et la prière a fini par identifier le visage de ce grand lama avec celui du Bouddha classique : drapé dans sa toge de laine brune, il a vraiment l’air d’un dieu de bronze.

On nous introduit dans un oratoire tout parfumé d’encens ; des sièges ont été disposés devant une petite table où sont des fleurs, des pommes reinettes et du sucre candi. Dans un coin de la chapelle je remarque un meuble à étagères, dont les rayons sont ornés de statuettes de Bouddha, soigneusement rangées les unes à côté des autres. Seule la planche inférieure est réservée aux images des « Pères supérieurs » décédés. Habillés d’une toge en étoffe, ils ont l’air d’une collection de pantins, mais les figures sont très finement faites et probablement ressemblantes. Au bas de l’étagère, sur une tablette : des lampes allumées, de l’encens, des bols de riz, des galettes de froment. Tout un côté de la salle est occupé par des manuscrits empilés les uns sur les autres, et desquels pendent de riches signets ; au mur, de fines peintures sur soie représentent les épisodes de la vie du premier Bouddha.

Pendant que nous croquons un quartier de pomme, ainsi que le veut l’étiquette, le chef de la communauté nous conte qu’il a fait toutes ses études à Lhassa et qu’il possède un diplôme signé du Dalaï-Lama lui-même. Je voudrais bien jeter les yeux sur cette « peau d’âne » tibétaine, mais je n’ose exprimer mon désir à haute voix… et nous sortons, toujours sous la conduite du supérieur, pour aller visiter différentes chapelles, obscures et mystérieuses, où de vieux lamas en prière sont prosternés devant d’étranges statues.

À présent nous avons franchi la porte de cette curieuse lamaserie et nous descendons le sentier creusé dans le roc, tandis que les longues trompettes, comme tout à l’heure, nous saluent en appels prolongés du haut de la forteresse.

Sur la route qui nous ramène à Leh, je demande à Sant-Ram de me dire ce qu’il sait des lamas et de leur organisation. Ils sont divisés, me répond-il, en deux catégories : la première et la plus respectée est celle dont les membres accomplissent les cérémonies du culte, le chef est appelé Kouchouck. Celui-ci est supposé être une incarnation de quelque saint lama des anciens âges qui, au moment de sa première mort, déclara à ses disciples qu’il allait entrer dans le Nirvana, mais que, toujours désireux de faire du bien à ses semblables, il continuerait à renaître. Il leur indiqua en même temps l’heure et l’endroit de sa prochaine réincarnation.

Depuis ces temps reculés, la tradition a été religieusement respectée. Au jour et à l’heure fixés, une députation se rend au lieu marqué par le Kouchouck défunt et l’enfant qui vient de naître est déclaré être le Kouchouk réincarné. Peu après cette seconde naissance il est placé dans le monastère auquel il appartenait primitivement et il en devient le chef spirituel. Il y a, dans un couvent voisin de celui-ci, un Kouchouk qui est supposé en être à sa 17e incarnation. Dans la
LE VILLAGE TIBÉTAIN DE DASGO DANS LA HAUTE VALLÉE DE L’INDUS.
première classe ou catégorie est également choisi le Lobon, coadjuteur du chef spirituel de la lamaserie. Il a comme devoir de diriger les exercices religieux et d’instruire les jeunes lamas. Quant à la seconde catégorie, elle comprend les moines qui se livrent au travail, s’occupent des affaires du couvent et surveillent les fermes appartenant à la communauté. Le chef de cette catégorie est appelé Chagzot.

Tout en écoutant, avec le plus vif intérêt, Les explications que nous donne Sant-Ram, nous sommes parvenus à notre domicile et je serre la main de cet aimable fonctionnaire en le remerciant du plaisir instructif qu’il vient de nous procurer.

17 septembre. — Nous allons flâner dans le bazar où s’agite une foule bariolée de Tibétains, de marchands hindous et de caravaniers. Les boutiques s’alignent au bord d’une rue assez large, bordée de hauts peupliers, et que domine de son architecture originale le palais des anciens rois. J’entre chez le frère de l’Aksakal de Yarkand ; son magasin est rempli de pièces d’un riche velours « made in Germany » qui lui sont expédiées de Bombay[10] et qui vont partir pour la Kachgarie.

Ce velours constitue, avec des soieries et des cotonnades, la principale exportation vers la Chine ; quant à l’importation, elle consiste presque uniquement en nacha[11] ou haschich dont les Hindous font une consommation considérable.

L’animation est grande dans la ville, plus encore aux alentours. Dans les champs, une nuée d’hommes et de femmes, armés de larges faucilles, coupent les épis dorés en chantant ; c’est l’activité bruyante d’une fourmilière en plein travail, et les quatre ou cinq notes de la curieuse petite chanson tibétaine s’élèvent du groupe des moissonneurs. Comme l’alouette au réveil, ils saluent la beauté du ciel et semblent remercier la Providence qui leur a donné si abondante récolte. Malgré l’ardeur d’un soleil brûlant, tous sont gais, rieurs, échangent des lazzis, et ceux que je croise sur le chemin me saluent d’un djou[12] cordial en me tirant la langue aussi fort qu’ils peuvent…

Assis près d’une source, dans un joli coin d’ombre et de verdure, je regarde ces braves gens, si intéressants dans leur simplicité naïve, et, cherchant dans mon esprit la raison de ma sympathie pour eux, je crois comprendre que ce qui m’a charmé dès l’abord chez le Tibétain, c’est sa gaieté. Sous son aspect sauvage, hirsute et parfois malpropre, ce petit homme est joyeux. Il a la figure ouverte et l’œil amusé des enfants. À l’encontre du musulman pensif, avare de paroles, sans cesse prosterné pour les ablutions ou la prière, le Tibétain se lave peu, se promène en chantant et dit sa prière d’un tour de main le long des routes. Cette humeur égale, cette franche gaieté, dénotent une absence de soucis, une âme tranquille, un cœur léger. Pareille sérénité est chose précieuse autant que rare ! Peut-être faut-il en chercher la cause dans l’organisation de la vie familiale, fondée sur la polyandrie ? « Deux coqs vivaient en paix, une poule survint et voici la guerre allumée, » a dit le fabuliste. Ici c’est tout le contraire : la poule sait mettre l’ordre dans un ménage où il y a plusieurs coqs.

Dès que la cérémonie du mariage a été accomplie par un Tibétain, ses frères cadets deviennent, en même temps que lui, les maris de l’épouse et sont tenus de le seconder dans sa tâche conjugale ; il leur est d’ailleurs absolument interdit de prendre femme à leur tour, car aucune étrangère ne peut être amenée au foyer fraternel. S’il naît des enfants, ils sont tous devant la loi les enfants du frère aîné. Ce partage légal des obligations et des soucis du mariage rend aux maris la vie beaucoup plus facile, et tout marche, paraît-il, pour le mieux dans les familles tibétaines[13].

La journée va finir ; déjà le soleil a disparu dans une poussière d’or. Non loin du palais aux mille fenêtres, tout au sommet de la montagne dont l’arête vive se teinte d’une lumière aux tons lilas, se profile un petit temple, un oratoire aux murs couleur de sang qui, dans la pénombre du crépuscule, semble, à mesure qu’il s’éloigne avec la nuit qui descend, monter étincelant vers les étoiles. De tous côtés, par les innombrables petits sentiers qui courent à travers champs vers le village, les moissonneurs reprennent en longues files le chemin de la maison. Ils portent tous sur le dos de grandes hottes remplies de gerbes ; la sueur perle sur leurs fronts, et cependant ils chantent, ils chantent à perdre haleine, égrenant dans la plaine devenue violette leur petite chanson si courte et si gaie…

Le 20 septembre, j’avais reçu un télégramme des plus aimables du résident anglais du Kachmir, le colonel Sir Francis Younghusband, qui me souhaitait la bienvenue et m’invitait ainsi que Zabieha à loger chez lui pendant notre prochain séjour à Srinagar. Il ne restait donc plus qu’à organiser une nouvelle caravane pour descendre les rives de l’Indus et, par les passes de l’Himalaya, gagner ensuite la capitale du Kachmir. Cette besogne nous fut grandement facilitée par notre ami Sant-Ram, le chef de district, et nous pouvions nous remettre en route le 24 septembre au matin, disant adieu à cette si pittoresque, si curieuse cité de l’ancien royaume du Ladak.

Par une route assez bonne qui passe au pied du monastère de Spitok, puis longe la rive droite de l’Indus, nous arrivons au petit village de Nimo, but de notre première étape. Les caravaniers nous conduisent jusqu’à une sorte d’hôtellerie dont les chambres sont
L’HIMALAYA VU DE LA PASSE DE ZODJI-LA.
d’une propreté admirable. C’est là un « bungalow » comme l’administration anglaise en a fait construire, il y a quelques années déjà, à peu près tous les 25 kilomètres, de Leh à Srinagar. Ces petites maisons, qui comprennent deux ou trois chambres aux murs blanchis à la chaux, sont remarquablement entretenues : on y trouve lit de sangle, table, fauteuils, baignoire, etc. Le tenancier ne fait pas la cuisine, mais il est tenu de vendre au voyageur les denrées de première nécessité, denrées dont le tarif est affiché à la porte ; il perçoit en outre de chaque passager, et pour le compte de l’administration, une roupie par jour. L’installation de ces hôtelleries m’a paru de tous points parfaite et si j’ai noté ici des détails qui pourraient sembler puérils, c’est que j’ai voulu montrer avec quel sens pratique les Anglais savent organiser toutes choses.

Aujourd’hui, 25 septembre, nous suivons le cours de l’Indus, à travers des gorges escarpées et désertes. Rencontré sur la route le hameau pittoresque de Basgo dont les maisons sont suspendues aux flancs d’un rocher : avec son vieux donjon et ses murailles démantelées, il rappelle à s’y méprendre certains villages de notre Provence.

Après midi nous sommes à Saspoul, où un bungalow analogue à celui de Nimo nous offre ses chambres luisantes de propreté. Ici l’altitude est moins élevée qu’à Leh, aussi les moissons sont-elles terminées. Sur la terre battue sont étendues les gerbes qui s’égrènent sous les pieds des bœufs et des chevaux ; Tibétains et Tibétaines les dirigent. Les uns vannent leur blé au souffle de la brise, en un geste régulier et gracieux. D’autres, dans un rayon de soleil, amassent à l’aide de larges pelles le froment au centre de l’aire ; tous chantent leur gai refrain, toujours le même, dont la montagne toute proche nous renvoie l’écho. Et j’admire une fois de plus ce paysage aux notes si curieuses, parsemé de petits tchortens tout blancs qui, de loin, ressemblent à une longue procession de premières communiantes.

Le lendemain nous étions à Khalsi, puis nous passions l’Indus et, par une route jamais très difficile mais toujours pittoresque, nous parvenions le 3 octobre à la passe de Zodji-La[14] qui donne accès dans la province du Kachmir.

Sitôt le col traversé, nous pénétrons dans une magnifique forêt de bouleaux dont les feuilles sont jaunies par l’automne. On se croirait brusquement transporté dans l’un des coins les plus riants de la Suisse. Devant nos yeux s’étagent des pentes couvertes de sapins, au-dessus desquelles les glaciers dentelés de l’Himalaya mettent comme un diadème étincelant…

Après les rudes étapes dans les mornes solitudes, l’ascension fatigante des glaciers dont l’altitude oppressait nos poitrines ; après les marches lentes dans les gorges pierreuses, sous les rafales d’une tourmente continue, durant ces longues journées où l’on ne parlait pas jusqu’à l’étape, où sous la tente dressée en
GROUPE DE CHALETS DANS LA PITTORESQUE VALLÉE DU SINDH.
hâte on cherchait vainement un sommeil réparateur, la grâce du paysage si vivant nous égaye et c’est d’un pas léger, dans le bavardage et les rires, que nous descendons en des étapes charmantes cette délicieuse vallée du Sindh. Çà et là des chalets aux assises de pierres surgissent au détour du chemin, puis ce sont les rizières et les troupeaux de buffles, aux longues cornes en croissant. Plus bas encore fleurissent les aubépines et les églantiers sauvages ; les cigales chantent, les montagnes s’abaissent… et le 8 octobre, voilà qu’apparaît dans la claire lumière du matin le grand lac couleur d’opale. Nous sommes dans la capitale du Kachmir, Srinagar, la Venise de l’Inde.

La même pensée traverse notre esprit, à Zabieha et à moi : nous éprouvons quelque émotion à toucher cette ville, terme d’une première étape où les difficultés ne nous ont pas manqué. Mais une seconde étape nous attend : le temps de secouer la poussière récoltée sur le Toit du Monde et nous irons affronter les sables du Béloutchistan. Faut-il l’avouer, c’est l’imprévu qui nous attire ; demain nous aurons oublié la vallée claire et riante que nous venons de parcourir sans fatigue, mais nous garderons toujours vivant le souvenir du désert, des passes peu accueillantes, des heures pénibles, des nuits sans sommeil ; car c’est là ce qu’on recherche invinciblement, c’est vers cet inconnu que l’on marche toujours, avec le frisson délicieux et la joie du mystère dont on va soulever le voile.

Dès l’arrivée nous nous présentons au colonel Younghusband, résident de la province. Accueil d’une cordialité parfaite de cet homme charmant qui a prouvé bien des fois qu’aux mérites d’un officier et d’un explorateur de premier ordre, il savait joindre les qualités du plus habile diplomate, Le palais de la résidence est un délicieux Éden, enfoui dans le feuillage et les fleurs, où nous trouvons non seulement tous les raffinements du confort le plus moderne, mais surtout une hospitalité si aimable que nous en oublions bien vite les misères de la route.

Le lendemain nous nous rendons en ville sur le bateau de Sir Francis. La rivière est bordée de maisons anciennes, quelques-unes peintes en rose, presque toutes ornées de balcons ajourés. C’est l’aspect fragile des constructions de Nuremberg, et dans la lumière nacrée qui se joue à travers les découpures des façades, avec le pittoresque des ponts en bois jetés d’une rive à l’autre, c’est aussi la Venise de plein soleil, la Venise estivale. Partout, sur les eaux bleues, se croisent les barques — j’allais dire les gondoles — et, de temps à autre, retentit le cri guttural des rameurs qui pagaient vers la rive pour quelque seigneur nonchalamment assis.

Le palais qui sert de résidence au souverain de ce ravissant pays est une grande bâtisse d’aspect peu élégant et d’architecture bizarre que construisit, vers la fin du siècle dernier, un ingénieur britannique. Je dus m’y rendre peu de jours après notre arrivée, afin de faire au maharajah une visite que le colonel
UN COIN DE LA RIVIÈRE À SRINAGAR.

LA RÉCOLTE DU BLÉ À SASPOUL.
Younghusband considérait comme obligatoire. Le prince m’accueillit du reste avec une extrême bienveillance et me parla longuement de ses manufactures de soie, dont il se montre très fier à juste titre et que j’étais allé visiter la veille. Il eut un mot aimable pour la France et, sur des souhaits d’heureux voyage, me rendit ma liberté… Au physique, c’est un homme petit, au teint bilieux que fait encore mieux ressortir l’énorme turban blanc dont il coiffe son auguste chef ; au moral, un souverain autoritaire, mais d’esprit très ouvert, qui, sous l’impulsion discrète des autorités britanniques, s’efforce de développer les richesses industrielles et commerciales de son royaume.

Hélas ! tout a une fin, même le rêve. Il fallait songer, après six jours d’une hospitalité si franche et si cordiale, à chausser de nouveau le brodequin de l’alpiniste, à rentrer dans les malles le linge fin et les souliers vernis.

Le 17 octobre nous arrivions à Rawal-Pindi et pour la première fois depuis bien longtemps nous entendions le sifflet et le halètement des locomotives. Là, je dus, bien à regret, me séparer de notre fidèle Iskandar qui me demanda l’autorisation de se joindre à un groupe de pèlerins allant à La Mecque par Bombay. Sentant combien seraient inutiles mes exhortations pour l’engager à renoncer à son pieux voyage, je n’osai lui refuser une liberté qu’il avait, certes, bien gagnée. La vie en commun durant les heures difficiles, la lutte journalière contre les obstacles que dresse une nature sauvage devant la volonté de l’explorateur, créent une intimité cordiale entre des êtres différents d’âge et de pensée, d’esprit et d’éducation, que rien ne semblait devoir rapprocher jamais. Cet étranger était devenu notre ami, presque notre frère. Il fut simplement et modestement indispensable, et je ne saurais oublier tout ce que je dus, pendant cette première partie de mon voyage, à sa parfaite entente du service, à son initiative, à sa bonne humeur presque quotidienne.

Quant à nous deux, Zabieha et moi, après avoir emballé nos armes et notre matériel de campement, nous prîmes le train, non pour Bombay, mais pour Quetta, continuant ainsi notre route vers l’inconnu du désert béloutche, vers de nouvelles et mystérieuses solitudes.

  1. Sasser-La : altitude 5 365 mètres. — La en tibétain, comme Davan en kirghize, signifie col ou passage.
  2. Phénomène bien connu des fables de glaciers.
  3. 4 795 mètres d’altitude.
  4. S’il plaît à Dieu.
  5. Cette route, construite sous la direction d’officiers britanniques, permet d’éviter le passage du Karaoul-Davan et de raccourcir ainsi l’étape de Touti-Yalak à Spango.
  6. 4 340 mètres d’altitude.
  7. 3 920 mètres d’altitude.
  8. 5 300 mètres d’altitude.
  9. Altitude de Leh : 3 525 mètres.
  10. Sur ce marché assez peu connu de la frontière Nord de l’Inde, il est curieux que les industriels allemands soient parvenus à évincer leurs concurrents anglais et Hindous qui paraissent à première vue admirablement handicapés.
  11. La vente de ce stupéfant, dont les effets sont encore plus terribles que ceux de l’opium, n’est pas prohibée aux Indes. Le Gouvernement s’est contenté de frapper le haschich, à son entrée sur le territoire, d’un droit très élevé qui égale quatre fois le prix de revient de la marchandise vendue à Leh.
  12. Bonjour.
  13. Quelques auteurs pensent que la polyandrie a été adoptée au Tibet pour éviter la surpopulation, dans ce pays de superficie limitée en terre cultivable où le grain récolté chaque année ne peut nourrir qu’un nombre restreint d’habitants.
  14. Altitude : 3 520 mètres.