Autant en emporte le vent (Moréas)/Tes yeux sereins

Autant en Emporte le Vent (1886-1887)Léon Vanier, libraire-éditeur (p. 35-36).




XVI



Tes yeux sereins comme le calme
Sur les flots de la mer,
Me disent : nous serons
La palme
Sur ton sommeil amer ;
Nous verserons
Dans ton cœur en péché
— Me disent —
La paix et l’équité.

Tes yeux me disent :
Pauvre âme aux pieds meurtris
Sur les mauvais chemins,
Tes lendemains

S’ils s’égaraient encore !
De tes couchers honnis
Nous serons l’alme aurore.

En nous c’est la fontaine
Bénigne du pardon,
Nous vous serons l’antienne
Et le bourdon,
Pauvre âme en dure peine, —
Disent tes yeux.