Augustin d’Hippone/Deuxième série/Solennités et panégyriques/Sermon CCLX. — Pour le dimanche de l’octave de Pâques. XXXI. — Avertissements aux nouveaux baptisés

Solennités et panégyriques
Œuvres complètes de Saint Augustin (éd. Raulx, 1864)





SERMON CCLX.

POUR LE DIMANCHE DE L’OCTAVE DE PÂQUES. XXXI.

AVERTISSEMENTS AUX NOUVEAUX BAPTISÉS.



ANALYSE. Saint Augustin leur rappelle : premièrement, qu’ayant reçu par le baptême la circoncision du cœur, ils ne doivent pas s’abandonner à tous leurs penchants ; en conséquence et secondement, qu’ils ne doivent pas imiter les mauvais chrétiens qu’ils vont rencontrer dans le monde, mais se montrer chastes, chacun dans sa condition, probes, sérieux et charitables envers le prochain.

Nous avons beaucoup à faire, et pour ne pas retarder ces enfants qui viennent d’être régénérés dans les eaux du baptême et qui vont se mêler au peuple, je leur donnerai en peu de mots des avertissements importants. Vous qui venez d’être baptisés et qui terminez aujourd’hui la fête de vos deux octaves, écoutez et comprenez rapidement que la circoncision de la chair, qui n’était qu’une figure, est devenue la circoncision du cœur. Si, d’après l’ancienne loi, cette circoncision de la chair avait lieu le huitième jour[1], c’était en vue de Jésus Notre-Seigneur, lequel est ressuscité après le septième jour du grand repos, le huitième jour, le dimanche. Si la circoncision devait se faire aussi avec des couteaux de pierre[2], c’est que le Christ était la pierre[3]. On vous appelle enfants, parce que vous venez d’être régénérés, parce que vous entrez dans une nouvelle vie, parce que vous venez de renaître pour la vie éternelle, si toutefois vous n’étouffez point, en vous conduisant mal, le germe de salut qui vient d’être déposé en vous. Vous allez rentrer dans la foule, vous réunir au peuple fidèle ; ah ! prenez garde d’imiter les mauvais fidèles, ou plutôt les faux fidèles, ceux qui semblent fidèles à cause de la foi qu’ ils professent, et qui sont infidèles par la vie qu’ils mènent. Voyez, c’est devant Dieu et devant ses anges que je vous parle : gardez la chasteté, la chasteté conjugale ou la continence absolue. Que chacun soit fidèle à ses vœux. Vous qui êtes sans épouse, vous pouvez en prendre une, mais parmi celles dont les maris ne vivent pas. Les femmes sans époux peuvent prendre aussi un époux, mais pourvu que celui-ci n’ait pas d’épouse vivante. Vous qui êtes unis par le mariage, ne péchez pas en dehors du mariage. Rendez ce que vous exigez d’autrui. On vous doit la fidélité et vous la devez. Le mari la doit à son épouse, l’épouse la doit à son époux ; et tous deux la doivent à Dieu. Pour vous qui avez fait vœu de continence, soyez fidèles à ce vœu. Si vous n’aviez pas fait ce vœu, vous n’y seriez pas astreints ; ce qui pouvait vous être permis ne l’est plus ; non que les noces soient condamnables, mais parce qu’on se damne en regardant derrière soi. Évitez toute fraude dans vos affaires ; évitez les mensonges et les parjures ; évitez la loquacité et la débauche. Ne faites ni aux hommes ni à Dieu ce que vous ne voulez pas qu’on vous fasse. Pourquoi vous surcharger ? « Agissez ainsi, et le Dieu de paix sera avec vous[4] ».

  1. Gen. 17, 12.
  2. Jos. 5, 2.
  3. 1Co. 10, 4.
  4. Phi. 4, 9.