Augustin d’Hippone/Deuxième série/Solennités et panégyriques/Sermon CCCXXIV. — Après la guérison de la sœur de Paul

Solennités et panégyriques
Œuvres complètes de Saint Augustin (éd. Raulx, 1864)



SERMON CCCXXIV. APRÈS LA GUÉRISON DE LA SŒUR DE PAUL.

ANALYSE. – Enfant mort, ressuscité par l’invocation de saint Étienne, pour recevoir le baptême.

1. Interrompu hier par une extraordinaire joie, je dois achever aujourd’hui mon discours. Je m’étais proposé, et déjà même je m’étais mis en devoir d’exposer à votre charité pour quel motif, selon moi, ces enfants ont été conduits dans cette ville, par l’autorité de Dieu même, afin d’y recouvrer la santé qu’ils recherchaient et attendaient depuis si longtemps. Pour accomplir mon dessein, j’avais commencé à vous parler des sanctuaires où ils n’ont point trouvé leur guérison, et d’où ils ont été dirigés au milieu de nous. J’avais nommé Ancône, ville d’Italie ; j’avais même dit quelques mots déjà d’Uzale, ville d’Afrique, dont l’évêque est Evode, mon frère, que vous connaissez, et où les avait attirés la renommée du saint martyr et de ses œuvres. Là ils n’obtinrent pas ce qu’ils pouvaient y obtenir, parce que c’est ici même qu’ils devaient le recevoir. Pour vous donner brièvement une idée des œuvres divines opérées par le saint martyr, j’avais entrepris de ne vous parler que d’une seule, sans même faire mention des autres ; comme j’en parlais, la santé se trouvant subitement rendue à cette jeune fille, des cris de joie se sont élevés et m’ont contraint de finir autrement le discours commencé. Voici donc, parmi de nombreux miracles, car on ne saurait les énumérer tous, comment s’est accompli celui-là, nous le savons.

2. Une mère y perdit son fils malade, pendant que catéchumène encore et encore à la mamelle elle le tenait sur ses genoux. En le voyant mort et perdu irréparablement, elle éclata en sanglots, plutôt comme chrétienne que comme mère. Elle ne regrettait pour son fils que la vie du siècle futur ; ce n’est point la perte de la vie présente qu’elle regrettait en lui pour elle-même. Animée tout à coup d’une vive confiance, elle prend ce petit mort, court à la mémoire de saint Étienne, se met à réclamer son fils et à dire : Saint martyr, vous voyez qu’il ne me reste plus aucune consolation. Je ne puis dire que mon fils m’a précédé, puisque vous savez qu’il est perdu. Vous voyez pourquoi je le pleure. Rendez-moi mon fils, faites que je le possède sous les yeux de Celui qui vous a couronné. Pendant que suppliante elle prononçait ces mots et d’autres semblables, pendant que ses larmes le réclamaient, comme je l’ai dit, plutôt qu’elles ne le demandaient, cet enfant revint à la vie. Mais comme elle avait dit : Vous savez pourquoi je le redemande, Dieu voulut montrer que telles étaient bien les dispositions de son cœur. Sans perdre un instant, elle le porta aux prêtres : il fut baptisé, sanctifié ; il reçut l’onction sainte et l’imposition des mains, puis, tous les rites achevés, il rendit l’esprit. La mère ensuite assista à son convoi, ayant plutôt l’air de le conduire dans le sein du martyr Étienne qu’au repos du sépulcre. Après avoir fait là un miracle de cette nature par l’entremise de son martyr, Dieu ne pouvait-il, là aussi, guérir ces enfants ? Et pourtant c’est à nous qu’il les a amenés. Unis au Seigneur, etc.