Au fait, au fait !!! Interprétation de l’idée démocratique/9

◄  VIII
X  ►


IX.


L’appel démocratique de la dernière Révolution n’a pas été entendu par nos représentants.

À cet appel, fidèlement interprété, la France pouvait passer la barrière et rentrer chez elle, c’est-à-dire dans la commune. La nation, ainsi rendue à son domicile naturel, il ne restait plus à Paris qu’un symbole inoffensif, faisant de la diplomatie avec les nations du monde, dirigeant la marine, acceptant ou déclarant la guerre, dans des cas et à des conditions stipulées ; signant des traités de paix et de commerce, veillant, à l’intérieur, à l’exécution des lois, toujours simples et peu nombreuses chez un peuple libre nommant, sous sa responsabilité, un ministre des affaires étrangères, un ministre de justice, un ministre de la marine et des colonies, un ministre de la guerre et un comptable, et se tirant d’affaires avec un budget qui aurait atteint, bon ou mal an, sauf les cas d’hostilités et les intérêts de la dette, le chiffre de quatre à cinq cents millions.

Je ne parle pas de la dette qui demeure en dessous de cette combinaison. La dette, la France peut d’autant plus la reconnaître, qu’en rentrant dans la commune, elle est remise en possession de sa propre richesse, qui se trouve dégrevée, par ce seul fait, de toutes les charges administratives qui absorbent le plus net de ses revenus. Je ne fais ici que la liquidation du gouvernement royal. Je l’oblige, par la suppression de sept budgets, à restituer annuellement à la nation douze cents millions, au moins, avec lesquels elle peut facilement éteindre la dette en peu d’années.

Mais le bénéfice le plus immédiat que doit retirer la France de la suppression de ces budgets, c’est sa liberté d’action qui a pour conséquence forcée la confiance des citoyens entr’eux, la cessation de la crise et l’établissement du crédit national sur les ruines de ce crédit fiévreux des gouvernements, crédit qui s’allume ou s’éteint, selon que le gouvernement se fixe ou chancelle.

En dehors des départements ministériels de la marine et de la guerre, qui sont des annexes de celui des affaires étrangères, et, en dehors du grand juge, en qui se résume l’unité judiciaire, tous les autres ministères sont incompatibles avec les libertés publiques, car ils ne sont qu’un démembrement du despotisme royal qui tenait tous les éléments sociaux sous sa main.

Si le commerce, si l’industrie, si l’instruction, si les cultes, si l’agriculture, si, en un mot, les Français sont libres, qu’on me dise ce que nous avons à faire des grands maîtres de l’industrie, du commerce, de l’instruction, des cultes, de l’agriculture, de l’intérieur ? Depuis quand la grande maîtrise a-t-elle cessé d’être la sanction de la servitude ?