Atlas universel d’histoire et géographie/XIVe siècle après J.-C.

XIVe siècle après Jésus-Christ.

Extension du pouvoir royal en France sous Philippe le Bel. — Rivalité de Boniface VIII et de Philippe le Bel. — Translation du saint-siége à Avignon. — Commence- ment du grand schisme d'Occident. — Commencement delà guerre de cent ans entre la France et l'Angleterre. Désastres de Crecy et de Poitiers réparés par Charles V. — Règnes malheureux de Charles VI en France et de Richard II en Angleterre. — Prédications hérétiques de PAnglais_ Wiclef, précurseur des réformateurs et des sehismatiques des siècles suivants. — Anarchie dans le royaume de Naples. — Rivalité de Venise et de Gênes. — Indépendance de la Suisse. — Bulle d'or de l'empe- reur Charles IV. —Progrès de la puissance ottomane, en Europe. — Résistance valeureuse des populations serbes. — Commencement des conquêtes de Tamerlan. — Union des trois royaumes du Nord signée à Calmar. — Origines du théâtre moderne (drames sacrés, ou miracles et mystères en l'honneur de Jésus- Christ, de la Vierge et des saints.) Ap. J.-C. 1301. Boniface VIII cite en justice Albert d'Autriche, pour le meurtre de son prédécesseur, évoque à lui le jugement entre les prétendants au trône ' de Hongrie, protège les infants de Lacerda con- tre le roi de Castille et soutient les Écossais contre le roi d'Angleterre. La mouvance de la vicomte de Narbonne, éga- lement réclamée par l'archevêque de cette ville et par le roi, donne occasion au renouvellement des anciennes querelles entre Boniface VIII et Philippe le Bel. — Bernard de. Saisset, que Bo- niface VIII avait nommé évêque de Pamiers contre la volonté de Philippe le Bel, est envoyé comme légat à la cour de France pour terminer ce différend et plusieurs autres qui s'étaient élevés dans le même temps. — L'évêque de Pamiers offense Philippe le Bel qui le fait arrêter. — Bulle Ausculta fili, où Boniface VIII, tout en rappelant à Philippe le Bel son affection pour le royaume de France , pour lui-même et pour sa famille, l'avertit du danger auquel il s'exposerait en persistant à lutter contre l'Église. Par une autre bulle datée du même jour (5 déc), il con- voque à Rome tous les archevêques, évêques, députés des chapitres , des cathédrales, et docteurs du royaume de France, afin de délibérer avec eux sur les moyens de mettre des bornes à l'autorité des princes sur l'Église et sur les peuples. Boniface VIII pousse Charles de Valois contre Frédéric de Sicile et lui fait espérer l'empire grec, au nom de sa femme Catherine de Courtenai, petite-fille de Baudouin, empereur titulaire de Constantinople. Rivalité des Blancs et des Noirs, ou des Gibelins et des Guelfes à Florence. Charles de Valois est envoyé dans cette ville comme médiateur par Boniface VIII. Charles donne le pouvoir à la faction Noire ou Guelfe. Mort d'André III, roi de Hongrie, dernier re- jeton mâle du sang d'Arpad. Les nobles magyars, pour ne pas recevoir de la main de Boniface VIII un roi angevin Charles Robert, ou Charobert, petit-fils de Charles II dit le Boiteux, roi de Naples, et de Marie, fille d'Élienne V, roi de Hongrie, offrent la couronne au roi de Bohême, Wenceslas IV, arrière-petit-fils de Bêla IV, qui leur envoie son fils, déjà fiancé à Elisabeth, fille d'André III. 1302. Philippe le Bel fait brûler la bulle du pape dans le parlement et convoque pour la première fois les états généraux, où siègent des députés des trois ordres, du clergé, de la noblesse et des villes (10 avril). — Assemblée ecclésiastique tenue à Rome (10 octobre). Bulle unam sanctam, où. il est établi que la puissance temporelle est nécessai- rement soumise à la puissance spirituelle. Jacques de Châtillon, que Philippe le Bel avait fait gouverneur de la Flandre, opprime cette pro- vince. Soulèvement de Bruges. Massacre des Français. — Les Français, commandés par Robert d'Artois, périssent par leur imprudence dans les marais de Courtrai. — Philippe le Bel s'avance vers la Flandre avec des forces considérables; mais les deux armées restent en présence à 196 CHRONOLOGIE. TABLES. Ap. J.-C. Douai et laissent passer la saison sans com- battse. Embarras financiers de Philippe le Bel qui a recours à l'imposition du cinquième sur tous les revenus de ses sujets et à l'altération des mon- naies. Matteo Visconti est vaincu par le marquis de Montferrat. Les Torriani rentrent à Milan. — Charles II de Naples est contraint, malgré l'aide de Charles de Valois, de reconnaître l'indépendance de la Sicile ; il conserve cependant le titre de roi de Sicile ; Frédéric prend celui de roi de Trinacrie. Cette année, ou en 1320, Flavio Gioia d'Amalfi invente ou perfectionne la boussole. 1303. Boniface VIII se réconcilie avec Albert d'Au- triche, et le reconnaît pour roi des Romains. Il s'attache Charles II de Naples, et confirme la paix de Sicile. Philippe le Bel fait la paix avec Edouard I er . Le premier^abandonne les Écossais, le second les Flamands. Edouard recouvre ses possessions d'Aqui- taine. — Assemblée des évêques et des barons au Louvre en présence de Philippe le Bel. Le légiste Guillaume de Nogaret présente une requête contre Boniface VIII, où il demande qu'un concile gé- néral soit convoqué pour prononcer sa déposition (mars). — Nouvelle requête présentée par le lé- giste Guillaume du Plessis. — Boniface VIII lance 5 bulles contre Philippe le Bel. Celui-ci fait partir secrètement pour l'Italie Guillaume de Nogaret, qui, avec Sciarra Colonna, outrage le pape dans le palais de sa ville natale, Anagni. Boniface VIII, délivré par les habitants , retourne à Rome (7 sept. ) , où il meurt le 11 octobre. Election de Benoit XL Ordonnance de Philippe le Bel, en vertu de laquelle deux fois par an , pendant deux mois , le Parlement tiendra session de justice à Paris, la cour de l'Échiquier à Rouen, l'assemblée des grands jours à Troyes. Influence toujours crois- sante des légistes dans le Parlement. Andronic II, empereur de Constantinople, prend à son service un corps de Catalans, com- mandé par le célèbre Roger de Flor. 1304. Benoît XI annulle les bulles d'excommuni- cation lancées contre Philippe le Bel, mais refuse d'absoudre Guillaume de Nogaret. Il meurt em- poisonné. Vacance du saint-siége pendant 11 mois. Bataille acharnée de Mons en Puelle; défaite des Flamands. Philippe traitera l'année suivante avec les Flamands, et reconnaîtra leur indépen- dance. Fondation à Paris du collège de Navarre et de Champagne par la reineTle France et de Navarre, Jeanne. Les Polonais, à la mort de Wenceslas IV de Bohême, rappellent leur prince national, Wla- dislas Loketek, duc de Cujavie. 1305. Bertrand de Goth, archevêque de Bordeaux, est élu^ pape sous le nom de Clément V et cou- ronné à Lyon. Il transportera le siège apostolique à Avignon. Edouard I" d'Angleterre s'empare par trahison de Wallace, le chef des révoltés écossais depuis 7 ans, et le fait mettre à mort. Le traité de Campillo met fin à la guerre civile en Castille. — Le roi d'Aragon obtient la limite de la Ségura et l'importante ville d'Alicante. Alphonse de Lacerda reçoit un apanage consi- dérable, et son frère Ferdinand la rente d'un in- fant de Castille. — Mort de Jeanne de Navarre ; Louis le Hutin se fait couronner roi de Navarre à Pampelune. Vers cette époque Jean de Meung achève le poëme allégorique de Guillaume de Lorris , le Roman de la Rose. Ap. J.-C. 306., Robert Bruce échappé de Londres soulève l'Ecosse. Edouard I er fait périr trois frères de Bruce. Dans une sédition, provoquée par l'altération des monnaies, Philippe le Bel trouve un asile dans la maison des Templiers. Mort de Wenceslas V, roi de Bohême, qui ne laisse pas d'héritier. Le duc de Carinthie et Albert d'Autriche se disputent ce pays. Prise et destruction de Pistoie par les Floren- tins. 1307. Mort d'Edouard I er , roi d'Angleterre. Son fils Edouard II lui succède. 11 renonce à la guerre d'Ecosse. Le 13 octobre, le grand maître des Templiers, Jacques Molay, et tous les chevaliers présents à Paris furent arrêtés dans leur palais du Temple. Le même jour, les mêmes arrestations eurent lieu dans toute la France. Clément V, dans une en- trevue qu'il eut à Poitiers avec Philippe le Bel, s'engagea à faire approuver cet acte par le concile général qui devait bientôt être convoqué. Les mesures tyranniques de l'empereur Albert provoquent l'insurrection helvétique dirigée par les chefs des trois cantons de Schwitz, d'Uri et d'Unterwalden, WernerStauffacher, Walter Furst et Arnold de Melchthal, qui prêtent serment pour la défense de la liberté dans la plaine de Grutli, au canton de Schwitz. L'insurrection éclata le 1 er janvier de l'année suivante. Tous les avoyers sont chassés. Le tyran Gessler est tué. Légende de Guillaume Tell. 1308. Albert I er marche contre les Suisses. Il est assassiné sur les bords de la Reuss par son neveu Jean le Parricide. Prétentions de Charles de Valois au Irône im- périal. Election de Henri VII de la maison de Luxembourg. Bulle de Boniface VIII contre les Templiers ; convocation d'un concile à Vienne. États de Tours qui approuvent la condamnation des Templiers. Mort d'Azzon VIII, marquis d'Esté. Guerre entre son fils naturel et ses frères. Ceux-ci sont soutenus par le pape qui exige la reconnaissance du droit du saint-siége sur Ferrare. Les Vénitiens appuient le bâtard d'Azzon. État florissant du Portugal sous le roi Denis. L'Université de Lisbonne est transférée à Coïmbre. 1309. Institution à Paris d'une commission spéciale pour juger les Templiers. Diète de Spire où l'on distingue clairement pour la première fois les 3 collèges politiques 1° des électeurs ; 2° des princes ; 3° des villes. Mort de Charles II, roi de Naples. Son 3 e fils Robert lui succède. Il reçoit du pape le vicariat de Ferrare. Le pape Clément V fixe sa résidence à Avi- gnon. Le roi de Castille Ferdinand IV s'empare de Gibraltar. Le grand maître de l'ordre Teutonique s'établit à Marienbourg, qui devient la capitale de la Prusse. 1310. Conquête de l'île de Rhodes par les Hospita- liers, sous la conduite de leur grand maître Foul- ques de Villaret. Ils porteront dès lors le nom de chevaliers de Rhodes. Expédition de Henri Vil en Italie. Il est reçu à Milan, où il réconcilie momentanément les Vis- conti et les la Torre. — Il établit roi, en Bohême, son fils Jean de Luxembourg, qui épouse la veuve de Wenceslas IV. Première exécution à Paris de la sentence pro- noncée contre 56 chevaliers du Temple, qui sont brûlés comme relaps. L'introduction à Venise de l'aristocratie héré- MOYEN AGE. 197 Ap. J.-C. ditaire en 1297 avait excité le mécontentement de tous ceux dont les familles se trouvaient exclues du gouvernement par la nouvelle loi. De là plu- sieurs séditions, dont la plus célèbre fut celle de Tiépolo, qui eut lieu cette année. Les deux partis se livrent bataille dans Venise. Tiépolo a le dessous. On nomme alors une commission de 10 membres, pour informer contre les com- plices secrets de la conjuration. Cette commission, qui ne devait être que momentanée, fut déclarée ensuite perpétuelle et devint, sous le nom de Conseil des dix, le plus redoutable appui de l'aris- tocratie. Le woivode de Transylvanie restitue à Cbarles Robert les ornements royaux , parmi lesquels était la couronne de saint Etienne. Charles Robert se fait alors couronner pour la 4 e fois à Stulhweis- senbourg, et dès lors toute la nation hongroise reconnaît ce jeune prince pour son roi. 1311. 16 e concile général à Vienne, où assistèrent plus de 300 évêques et un grand nombre de pré- lats inférieurs, d'abbés et de prieurs. Philippe le Bel abandonne ses poursuites contre la mémoire de Boniface VIII. Henri VII reçoit à Milan la couronne de fer. Il pacifie Gênes et confirme le titre de vicaire im- périal en Lombardie à Matteo Visconti, qui re- couvre la seigneurie de Milan. Le grand maître de l'ordre Teutonique prend possession de Dantzig, qui devint un des princi- paux entrepôts de commerce de la mer Baltique. 1312. Couronnement de Henri VII à Rome. Résis- tance des Florentins à l'empereur. -Les nobles d'Angleterre, qui ont fait trancher la tête au favori d'Edouard II, Gaveston, obtien- nent amnistie. Au mépris de la volonté du Concile, qui avait déclaré ne pas pouvoir condamner les Templiers sans les entendre, Clément V délibère. en consis- toire secret avec quelques cardinaux et prélats, et là, de sa seule autorité, il abolit l'ordre entier par provision et non par sentence. Philippe le Bel s'approprie la plus grande partie des biens des Templiers, le reste est attribué aux chevaliers de Rhodes. — Les différends qui s'étaient élevés entre l'archevêque et les citoyens de la ville de Lyon engagèrent ces derniers à se mettre sous la protection de Philippe le Bel, qui obligea l'arche- vêque Pierre de Savoie à lui abandonner la sei- gneurie de la ville et ses dépendances par traité signé à Vienne. Lyon fit dès lors partie du do- maine royal. Mort de Ferdinand IV, roi de Castille. Son fils Alphonse XI lui succède à l'âge de 2 ans. 1313. Florence, menacée par Henri VII, donne pour 5 ans la seigneurie à Robert, roi de Naples. — Henri II meurt en Toscane, en marchant contre Robert. Interrègne impérial. 1314. Supplice du grand maître des Templiers, Jac- ques de Molay; il est brûlé à Paris (11 mars). — Etats généraux tenus à Paris, qui confirment l'impôt de la gabelle, créé sous Philippe le Bel. Mort de Clément V à Roquemaure et de Phi- lippe IV à Fontainebleau. — Avènement de Louis X, dit le Hutin. Crédit de Charles de Valois. Guerre entre Robert de Naples et Frédéric de Sicile. Double élection de Louis V de Bavière et de Frédéric d'Autriche. Une lutte de 8 années s'en- gage entre eux. , Victoire des Écossais à Bannock-Burn sur Edouard II, roi d'Angleterre. Ils recouvrent leur indépendance. Don Pedro et don Juan, son oncle et son grand- oncle, sont nommés régents en Castille pour Al- phonse XI. Ap. J.-C. 1315. L'aristocratie féodale poursuit avec fureur les conseillers de Philippe le Bel. Pierre de Latilly, évêque de Châlons-sur-Marne, perd les sceaux qui sont donnés à Etienne de Maruges, chambellan de Charles de Valois. Raoul de Prêles subit la torture et ses biens sont confisqués. — Enguerrand de Marigny, l'un des plus ardents instigateurs du procès intenté aux Templiers et l'auteur des or- donnances fiscales de Philippe le Bel, est pendu aux fourches patibulaires de Montfaucon, qu'il avait lui-même fait élever. Enfin, Louis fait étouffer Marguerite de Bourgogne, prisonnière au château Gaillard, pour pouvoir contracter un nou- veau mariage avec Clémence de Hongrie. Louis le Hutin offre aux serfs du domaine royal de leur vendre la liberté. Il vend aux juifs, bannis sous Philippe le Bel, le droit de rentrer en France. Restrictions apportées au droit d'aubaine, en vertu duquel l'Etat héritait de ,tous les étrangers qui mouraient en France. — Édit royal de Vincennes, qui rend aux villes et aux seigneurs la plupart des privilèges que leur avait enlevés Philippe le Bel. Défaite de Léopold, duc d'Autriche, 3° fils d'Albert, près de Morgarten, montagne de Schwitz, par les hommes d'Uri, de Schwitz et d'Unter- walden. Les trois cantons forment entre eux une confédération perpétuelle , sans se séparer de l'empire. 1316. Mort de Louis le Hutin. Jeanne, sa fille, con- serve seulement la couronne de Navarre. Nais- sance d'un fils posthume de Louis X, Jean, qui ne vit que 5jours. 1" application de la loi salique. Philippe le Long, 2 e fils de Philippe le Bel, arrive au, trône. Election de Jean XXII, qui se fait couronner à Lyon. Castruccio Castracani, noble gibelin de Luc- ques, est nommé seigneur dans sa patrie pour un an; il se perpétuera dans le pouvoir. Révolte de Stralsund contre le prince slave de l'île de Rugen. Stralsund est soutenue par le mar- grave de Brandebourg et le duc slave de Pomé- ranie, Wratislas; le prince de Rugen a pour lui les rois de Danemark, de -Suède, de Pologne et de Hongrie, le grand prince de Russie, les ducs de Mecklembourg et de Saxe-Lauenbourg , enfin les comtes de Holstein et de Schvérin. 1317. Sacre et couronnement de Philippe Vie Long, à Reims. Les États généraux déclarent que les filles sont exclues de la couronne par les lois et la coutume (2 février). Philippe le Long, oubliant la grande querelle de son père contre la cour de Rome, s'abandonne aux conseilsdu pape Jean XXII, qui soumet à sa censure l'Université de Paris, érige l'évêché de Toulouse en archevêché, et éta- blit de nouveaux sièges dans 8 villes de la France méridionale. Le despotisme de Robert de Naples provoque une révolte à Ferrare, qui reconnaît les princes légitimes de la maison d'Esté. 1318. Philippe le Long acquiert la Navarre, la Cham- pagne et la Brie, moyennant une indemnité donnée à Jeanne, fille de Louis X, et sous la condition que cette princesse rentrerait en pos- session de ces provinces, s'il n'avait pas d'héritier mâle. — Plusieurs ordonnances régularisent l'or- ganisation du conseil d'État (conseil étroit ou ■ grand conseil) . L'époque de ses réunions est fixée, ainsi que la matière de ses délibérations. Jean XXII excommunie Matteo Visconti, sei- gneur de Milan, pour son attachement à la cause de Louis de Bavière. — Guerre entre Visconti et les Génois, qui donnent à Robert de Naples la seigneurie de leur ville pour 10 ans. 1319. Edouard II continue mollement la guerre 198 CHRONOLOGIE. — TABLES. Ap. J--C. contre Robert Bruce, roi d'Ecosse. Crédit de Hu- gues Spencer. Don Pedro et don Juarc, régents de Castille, périssent tous deux le 26 juin, devant Grenade, dans une bataille contre les Maures (journée des infants) . Frère Bernard Guidonis et frère Jean deBeaune, inquisiteurs de l'hérésie dans le royaume de France par V autorité apostolique , tiennent à Toulouse ce qu'on appelait alors un sermon pu- blic (auto-da-fé en Espagne), et dans lequel plu- sieurs personnes, accusées de sorcellerie ou d'hé- résie, sont condamnées., soit à porter la croix, soit à être emprisonnées, soit à être brûlées vives. — Cruelles persécutions dirigées contre les sorciers, les lépreux, les béguins ou fratricelles. — Plusieurs ordonnances déterminent la compo- sition du parlement, la police des séances, l'ordre des procédures, les devoirs des avocats, huis- siers, etc. Brescia. pour échapper à_ la domination tyran- nique de Cane délia Scala, se donne à Robert de Naples. Gédimin, grand-duc de Lithuanie, commence contre les princes russes une lutte qui aboutira à la destruction du grand-duché de Kiovie. Il s'éta- blira à Troki et fondera Vilna , qui sera le siège des grands-ducs. 1320. Nouvelle invasion des Pastoureaux dans le Languedoc. Leurs cruautés contre les juifs. Ils sont exterminés par les sénéchaux de Beaucaire et de Carcassonne. Une ordonnance étend la surveillance de la Chambre des Comptes à tous les officiers royaux qui, à un titre quelconque, avaient le manie- ment des deniers publics. Premiers essais d'orga- nisation financière. Le margraviat de Brandebourg devient vacant par la mort de Henri le Jeune, dernier descen- dant direct d'Albert l'Ours. En Toscane, guerre entre les Florentins et le seigneur de Lucques Castruccio Castracani. Pendant sa lutte contre les chevaliers teutons, Wladislas Loketek prend le titre de roi et se fait sacrer à Cracovie, du consentement des États et avec l'autorisation de Jean XXII. A partir de cette époque, les souverains de la Pologne ont toujours eu la dignité royale. 1321. Horribles procédures contre les lépreux, ac- cusés d'avoir empoisonné les eaux du royaume. — Maladie du roi, dans le temps où il ordonne des supplices. — Ordonnance prescrivant « qu'il n'y ait dans toute la France qu'une seule mesure pour le vin et le blé, ainsi que pour toutes les denrées et qu'une seule monnaie. » Les barons anglais, mécontents de. la faveur dont jouissait Hugues Spencer auprès d'Edouard II, se révoltent; le Parlement, assemblé à West- minster, rend un arrêt contre le favori, qui est banni. Excommunication lancée par Jean XXII contre Matteo Visconti, allié de l'empereur. — Mort du grand poëte, le Dante, gibelin de Florence. Projet de croisade du vénitien Martin Sanudo pour arracher au sultan d'Egypte le commerce des Indes. Il donne en même temps une carte de l'Asie orientale. 1322. Mort de Philippe V. Seconde application de la loi salique. Avènement de Charles IV, dit le Bel. Persécu- tion dirigée contre les financiers lombards. Matteo Visconti, âgé de 72 ans, abdique la sei- gneurie de Milan en faveur de son fils aîné Ga- léas, et meurt. — Galéas, contraint peu après de sortir de Milan, y rentre avec le secours des Alle- mands et s'y maintient malgré l'opposition du Ap. J.-C. légat du pape. — La ville de Plaisance, par suite des intrigues de Jean XXII, se donne pour la pre- mière fois au saint-siége. En Angleterre, Edouard II triomphe des barons et fait périr leur chef le comte de Lancastre. — Expédition malheureuse contre les Ecossais. Bataille de Muhldorf, où Frédéric d'Autriche est vaincu et fait prisonnier par Louis de Bavière, son compétiteur à. l'empire. Le roi de Bohême, Jean, qui a contribué à cette victoire, reçoit en récompense la haute Lusace. 1323. Jourdain de Lille, neveu de Jean XXII, sei- gneur de Casaubon en Gascogne, qui s'était souillé de crimes atroces, est condamné par le parlement de Paris : il fut traîné à la queue d'un cheval et pendu. — Abolition de la commune de Laon. Institution des jeux floraux par Clémence Isaure. Louis V de Bavière confère le margraviat de Brandebourg, fief vacant depuis 3 années, à son fils aîné Louis, encore enfant. — l' c sentence de Jean XXII contre Louis de Bavière. 1324. Louis V de Bavière oppose à une nouvelle excommunication de Jean XXII les décisions de la diète germanique de Ratisbonne, des univer- sités de Bologne et de Paris, des plus célèbres jurisconsultes et enfin des frères mineurs. Démêlés entre Charles IV dit le Bel et Edouard II au sujet de la Guienne, de l'Agénois et de la Saintonge . Fin des démêlés entre les Pisans et les Ara- gonais au sujet de la Sardaigne. Les Pisans con- sentent à tenir l'île comme un fief de l'Aragon. qui partagera le droit de suzeraineté avec le pape. 1325. Isabelle, fille de Philippe le Bel, femme d'Edouard II d'Angleterre, vient en France sous prétexte de négocier la paix entre les deux rois. Elle y continue ses relations adultères avec le jeune Mortimer, comte de la Marche. Edouard III, cédant aux suggestions d'Isabelle, investit son fils de la Guyenne et du Ponthieu. Louis de Bavière rend la liberté à Frédéric d'Autriche, et, parle traité de Munich, consent à partager le trône avec ce prince. Les anciens princes de Rugen, vassaux des rois de Danemark, étant venus à s'éteindre, cette principauté passa aux ducs de Poméranie, qui cessèrent d'en rendre hommage aux rois de Danemark. 1326. Isabelle débarque en Angleterre pour com- battre son époux Edouard II. Le vieux Spencer, âgé de 98 ans, et son fils sont pendus. Fondation d'une université de lois à Montpel- lier, déjà célèbre par son école de médecine. Les Pisans cèdent la Sardaigne au roi d'Aragon. Les Florentins, menacés par Castruccio Cas- tracani, seigneur de Lucques, offrent la sei- gneurie au fils aine de Robert. — Parme se donne au pape. — Robert de Naples reçoit de Jean XXir le titre de vicaire de l'empire en Italie. 1327. Le Parlement prononce la déposition d'Edouard II, qui subit, par l'ordre de sa femme, un affreux supplice; Isabelle fait proclamer son jeune fils Edouard 111, sous le nom duquel elle espère gouverner le royaume avec Mortimer. Jean de Bohême oblige les ducs qui se parta- geaient la Silésie à se reconnaître ses vassaux. Orkhan, fils et successeur d'Othman , s'empare deNicomédie en Bithynie. 1328. Louis de Bavière est couronné empereur à Rome par deux évêques excommuniés ; il déclare Jean XXII déchu de la papauté. — Pierre de Cor- bière, moine franciscain, est .nommé pape. • Louis V est chassé de Rome par les Guelfes. Mort de Charles IV le Bel, sans héritier mâle MOYEN AGE. 199 Ap. J.-C. (31 janvier). Sa 3 e femme, Jeanne d'Évreux, était enceinte. Philippe, fils de Charles de Valois, frère de Philippe le Bel, fut reconnu régent du royaume jusqu'aux couches de la reine et pro- clamé ensuite roi, lorsqu'elle eut mis au monde une fille. — Philippe VI cède à Philippe d'Évreux, son cousin, le royaume de Navarre. — Il marche au secours du comte de Flandre menacé par ses sujets révoltés et remporte sur les Flamands la victoire de Cassel (23 août) . — Protestation d'Isa- helle, fille de Philippe le Bel, pour conserver les droits de son fils Edouard III au trône de France. Mort de Castruccio Castracani , seigneur de Lucques et célèbre condottieri, à l'âge de 47 ans. Son fils aîné lui succède. — Louis de Gonzague renverse les Bonacolsi, qui depuis un demi-siècle exerçaient à Mantoue l'autorité de podestat, et reçoit le titre de capitaine. Ândronic III est proclamé empereur d'Orient. Il enferme son grand-père, le vieux Andronic, dans un monastère. Ivan I er réunit les principautés de Moscou, de Novogorod et de "Wladimir. 1329. Edouard III rend hommage à Philippe VI pour ses terres de France dans la cour plénière d'Amiens. Il fait pendre par arrêt du Parlement l'amant de sa mère, Roger Mortimer, et enferme Isabelle dans un château, où elle restera captive jusqu'à sa mort pendant 28 ans. Mort d'Edouard, comte de Savoie, laissant une fille, Jeanne, mariée au duc de Bretagne, qui réclame sa succession. La Savoie préfère se don- ner à Aymon, frère d'Edouard. Célèbre plaidoyer de Pierre de Cugnières qui, dans une assemblée solennelle, en présence de Philippe de Valois, attaque la juridiction ecclésias- tique défendue par le cardinal Bertrand. Ce fut, dit-on, à la suite de cette discussion que fut institué l'appel comme d'abus, qui s'oppose aux empiétements du clergé sur la puissance temporelle . La maison de Wittelshach, qui occupait le Palatinat et la Bavière, s'était partagée en deux branches principales issues de deux frères. Rodol- phe fut la tige de tous les électeurs Palatins, et Louis l'empereur fut celle des ducs et électeurs de Bavière. Par un traité signé à Pavie, il fut stipulé une succession réciproque entre les deux branches, dans le cas que l'une ou l'autre vien- drait à manquer d'héritiers féodaux. Les Mérinides de Fez et de Maroc enlèvent Algéziras aux Maures de Grenade. 1330. Robert d'Artois, comte de Beaumont, arrière- petit-fils de Robert d'Artois, frère de saint Louis, réclame le comté d'Artois dont les arrêts du Par- lement, dirigé par Philippe le Bel et Philippe le Long , l'avaient dépouillé pour le faire passer à la ligne féminine. Il échoue encore dans cette tenta- ■ tive, et est accusé d'avoir produit de faux témoins et des pièces fausses. Jean, roi de Bohème, de la maison de Luxem- bourg, conçoit le projet de faire la conquête de l'Italie. 11 se fait donner par l'empereur le titre de vicaire impérial. Un grand nombre de villes se donnent à lui pour échapper à leurs tyrans. Prise de Riga par les chevaliers de l'ordre Teu- tonique. 1331. Jean XXII détache le roi de Bohême du parti de Louis V en lui promettant la couronne deLom- bardie. Guerre entre les Aragonais et les Génois au sujet de la Corse. — Azzon Visconti, fils et suc- cesseur de Galéas à Milan, se concilie par sa mo- dération un grand nombre de villes qui lui défè- rent la seigneurie, ainsi que plusieurs maisons importantes de la Lombardie, et arrête les pro- grès de Jean de Bohême. Ap. J.-C. Mort d'Oderic Matthiussi, franciscain, né à Pordenone en Frioul vers 1285; il s'était rendu à Trébizonde en 1317, de là à Tana dans l'Inde, où il arriva en 1322. Il gagna ensuite la Chine, d'où il effectua son retour par le Thibet. Revenu à Padoue, au mois de mai 1330, il dicta sa rela- tion à frère Guillaume de Sologna, et mourut à Udine l'année suivante. Mort d'Aboul-Feda, prince musulman de Ha- mah, en Syrie, auteur de plusieurs ouvrages im- portants d'histoire et de géographie. 1.332. Magnificence de Philippe de Valois. Fêtes pour le mariage et la chevalerie de Jean, fils du roi. Edouard Baillol, soutenu par Edouard III, bat David Bruce et se fait couronner. David se retire en France. Lucerne secoue le joug de l'Autriche et entre dans la ligue perpétuelle des 3 cantons suisses. Le roi Mérinide de Maroc occupe Gibraltar. 1333. Des chevaliers français vont combattre en Ecosse contre les Anglais" mais ne peuvent empê- cher la déroute des Ecossais à Hallidon-Hille et la prise de Berwick. Robert d'Artois, furieux d'avoir été dépouillé de l'Artois et de n'avoir pu assouvir sa vengeance contre le roi de France, ni à l'aide de sortilèges, ni avec le bras d'un assassin , s'enfuit en Angle- terre. Jean XXII publie une croisade en faveur du roi chrétien d'Arménie. Les rois de France, de Bo- hême, de Navarre et d'Aragon prennent la croix. Les Turcs, conduits par Orkhan, enlèvent aux Grecs la ville de Nicée. 1334. Rétractation de Jean XXII, accusé d'hérésie par la Sorbonne. Sa mort. Il laisse un trésor im- mense. Élection de Benoît XII, qui administre l'Église avec sagesse pendant 8 années. Mort du Florentin Giotto, peintre, sculpteur et architecte ; il était disciple de Cimabue. 1335. Edouard III attaque de nouveau l'Ecosse; lâche condescendance de son protégé Baillol. Benoît XII engage Philippe de Valois à, offrir sa médiation aux rois d'Angleterre et d'Ecosse. Les Scaligers de Vérone cèdent Reggio aux Gonzague de Mantoue. Vers cette époque parut l'ouvrage de François Balducci Pegolotti de Florence, employé d'une compagnie de marchands florentins, qui résida longtemps en cette qualité dans les comptoirs européens d'Orient, notamment à celui de Tana, vers l'embouchure du Don, où il recueillit les renseignements les plus précis sur l'itinéraire des caravanes qui allaient par l'intérieur de l'Asie jus- qu'en Chine. Ordonnances de Magnus Smœk, roi de Suède, qui abolissent définitivement l'esclavage. Mort d'Abou-Saïd, dernier souverain des Mon- gols occidentaux .de Perse, de la famille de Tchingis-Khan. Démembrement de son empire. 1336. Philippe de Valois, qui s'était opposé l'année précédente à la réconciliation de Louis de Bavière avec l'Église, se rend à Avignon pour raffermir le pape dans ses intérêts. — Il annonce son prochain départ pour la croisade, mais empêche de nouveau la paix de l'empire. Nouvelles causes de querelle entre Edouard III et Philippe de Valois en Ecosse et en Aquitaine. — Le comte de Flandre fait arrêter tous les Anglais qui se trouvent dans ses Etats. Mécon- tentement des Flamands, qui, à cause du com- merce des laines , tenaient à rester en bonnes relations avec l'Angleterre. — Philippe de Valois somme Edouard de lui livrer Robert d Artois. Edouard refuse. Les marquis d'Esté, vicaires de Ferrare pour le 200 CHRONOLOGIE. TABLES. An J.-C pape, s'emparent de l'autorité à Modène ; aux dépens des Pii. — Mastino délia Scala, maître de Brescia, Vérone, Bassano, Vicence, Padoue, ïrévise, entre en lutte avec les Vénitiens, au sujet de salines près des lagunes. Ligue de Venise, de Constantinople, de Rome, de la France, de Naples, de Chypre et de Rhodes contre les Turcs ottomans, qui menacent la Grèce. 1337. Les Anglais prennent et ruinent Cadsand qui appartenait au comte de Flandre. Commen- cement de la guerre de cent ans. — Naissance du célèbre chroniqueur Froissart à Valenciennes, dans le Hainaut. Le frère de Mastino délia Scala, Albert, est fait prisonnier dans' Padoue par le Véronais Pierre Rossi, qui l'envoie à Venise ; Marsile Carrara s'em- pare du pouvoir à Padoue. — Les Milanais en- lèvent Brescia à Mastino. Naissance de Tamerlan, fils d'un émir Mongol, issu de Tchingis-Khan par les femmes, dans le voisinage de Samarcande, dans la Transoxiane. 1338. Edouard III débarque à Anvers dans l'espoir de soulever les Pays-Bas contre la France et de réunir ses troupes à celles de l'empereur Louis IV de Bavière et des autres vassaux de l'empereur. En réponse aux attaques de Benoit XII, succes- seur de Jean XXII, Louis IV réunit à Coblentz une diète où assistent 1 7 0Û0 chevaliers et barons et y promulgue un décret qui déclare la dignité impériale indépendante de la papauté, et l'em- pereur chef du monde chrétien. Edouard III, qui paraît à cette assemblée, reçoit le titre de vicaire de l'Empire dans les Pays-Bas. États généraux où Philippe VI de Valois s'en- gage pour lui et ses successeurs à ne pas lever de deniers extraordinaires, sans le consentement des trois Etats. 1339. Louis de Bavière se dirige vers l'Italie. Il est arrêté au passage des Alpes. Fin de la guerre entre Mastino délia Scala et les Vénitiens qui acquièrent toute la marche Trévisane. — Le cruel Luchino Visconli, oncle d'Azzon, arrive au pouvoir dans Milan. — Le marquis de Montferrat, Jean II Paléologue, qui se met à la tête du parti gibelin, enlève Asti à Robert, roi de Naples. — Le peuple de Gênes défère la dignité de doge à Simon Boccanegra. „ La flotte de Philippe VI brûle Southampton. — Edouard III ravage le Cambrésis. — Le brasseur Artevelt traite au nom des cités de la Flandre avec Edouard III et l'engage à prendre les armoi- ries de la France afin que les Flamands puissent combattre sous ses bannières sans manquer aux devoirs du lien féodal. Négociations entre l'empereur de Constanti- nople Andronic III et le pape, pour la réunion des deux Eglises par l'entremise du Grec Barlaam. Ces négociations sont sans résultat. 1340. Traité d'Edouard III avec les Flamands qui le reconnaissent pour roi de France. Edouard III adresse un manifeste aux barons français. Le comte de Hainaut répond seul à cet appel, et Edouard III retourne en Angleterre pour préparer une nouvelle campagne. — Le duc Jean de Nor- mandie rassemble une armée pour ravager le Hainaut; il assiège le Quesnoy, où l'on com- mence à employer les canons et bombardes. — Défaite de la flotte française à l'Ecluse par Edouard III qui assiège Tournay. — Armistice de 6 mois signé à Espléchin. Siège de Tarifa par les rois de Grenade et de Maroc. Les M mres font usage à ce siège de canons lançant des boulets de fer. — Alphonse XI, roi de Castille, secouru par le roi de Portugal, défait à Salado les rois de Maroc et de Grenade. Ap. J.-c. Avènement au trône de Danemark de Wal- demar III, qui est élu par les étits; il épouse une princesse de Slesvig et recouvre une partie des domaines de- la couronne. 1341. Philippe VI se rapproche de Louis de Bavière, qui révoque le vicariat de l'Empire donné à Edouard, mais ne peut obtenir l'absolution du pipe. Mort de Jean III, duc de Bretagne; sa succes- sion disputée entre son frère et sa nièce. Son frère Jean, comte de Montfort, s'empare de pres- que toute la Bretagne. Le mari de sa nièce, Charles de Blois, recourt aux tribunaux de Philippe VI. Arrêt de Conflans en, faveur de Charles de Blois contre Montfort. Edouard III donne à Montfort le comté de Richmond. Charles de Blois s'approche de Nantes. Le comte de Montfort, arrêté en trahison, est enfermé à la tour du Louvre. — La comtesse Marguerite, sa femme, se met à la tête de son parti, et s'enferme à Hennebon. Pétrarque reçoit au Capitole la couronne poétique. Guerre entre les Pisans et les Florentins qui viennent d'acquérir Lucques. Les Florentins sont défaits. Mort d'Andronic le jeune. Avènement de ses deux fils Jean et Manuel. Leur tuteur Jean Can- tacuzène se fait proclamer bientôt après empereur à Andrinople. 1342. Edouard III veut envahir l'Ecosse, mais il n'obtient aucun succès. Mort de Benoît XII. Succession de Clément VI, créature de la France. Clément VI excommunie les Flamands. Prise de Rennes par Charles de Blois. Il est forcé de lever le siège d'Hennebon défendu par la comtesse de Montfort. Expiration de la trêve entre la France et l'An- gleterre. Robert d'Artois s'empare de Vannes que reprend peu après le sire de Clisson. — Mort de Robert d'Artois, blessé à Vannes. On établit pour la l re fois des greniers à sel dans toutes les provinces qui dépendaient du do- maine de la couronne. Philippe de Valois en reçut le nom de roi saliquc. Les Florentins, qui ont échoué devant Lucques, donnent le titre de capitaine du peuple à Gauthier de Brienne, duc d'Athènes, qui exerce le pouvoir avec la plus grande cruauté. Jacques II, roi de Majorque, se brouille en même temps avec les rois de France et d'Aragon. Mort de Charles Robert, roi de Hongrie ; il a pour successeur son fils, Louis I er , surnommé le Grand 1343. Trêve de Malestroit entre Edouard III et Philippe VI. Philippe, roi de Navarre, meurt au siège d'Al- gésiras. — Le roi d'Aragon, Pierre IV, débarque à Majorque et en chasse Jacques II; il commencé sur le continent la conquête du reste des do- maines de ce dernier, le Roussillon et la Cer- dagne. Gauthier de Brienne est chassé de Florence. Le parti démocratique s'empare du pouvoir et choisit à son gré le gonfalonier. — Mort de Robert le sage, roi de Naples. Il a désigné pour régner en- semble après lui sa petite-fille Jeanne, âgée de 17 ans, et l'époux de Jeanne, son petit-neveu, André de Hongrie, fils de Charles Robert. Paix de Kalisch, qui met fin à la guerre entre la Pologne et l'ordre Teutonique au sujet de la Poméranie. 1344. Algésiras se rend au roi de Castille: trêve de 10 ans entre les chrétiens et les Maures de Grenade. — Pierre IV d'Aragon confisque tous les MOYEN AGE 201 Ap. J.-C. Etats du roi de Majorque, qui se retire à Mont- pellier. Philippe VI, sur la dénonciation du comte de Salisbury, fait arrêter à Paris, dans un tournoi, Olivier de Clisson et 14 seigneurs bretons ou normands et leur fait trancher la tête sans forme de procès, les accusant de relations secrètes avec l'Angleterre. La veuve de Clisson confie la garde de son fils et le soin de leur vengeance à la com- tesse de Montfort. — Charles de Blois surprend Quimper pendant la trêve et fait égorger 1400 ha- bitants. Louis I er de Hongrie soutient son oncle Casimir de Pologne contre Jean de Bohême. — Victoires de Louis I er et de Casimir de Pologne sur les Mongols. 1345. Edouard III déclare la trêve rompue; il en avertit le pape. — Le comte de Derby débarque en Gascogne, prend Bergerac et s'avance jnsqu'à Angoulême. — Mort de Jean de Montfort. Sa veuve continue la guerre en Bretagne. Révolte deGand. Philippe Artevelt est massacré par la populace. — Edouard III, qui était entré dans le port de l'Écluse, retourne en Angleterre. Mort du comte de Hainaut ; sa succession passe à Guillaume de Bavière. Edouard III, d'Angleterre, envoie au roi de Castille des échantillons de la plus belle race des moutons anglais, qui ont constitué depuis une des principales sources de richesses de la pénin- sule. — Les îles Canaries, récemment découvertes, sont érigées en royaume pour un des infants de Lacerda, sous la suzeraineté du saint-siége. — Pierre, fils du roi de Portugal, Alphonse IV, épouse une de ses maîtresses, Inès de Castro, à l'insu du roi. Soumission de la Croatie par Louis le Grand, roi de Hongrie. Meurtre d'André de Hongrie, mari de JeannéT re , reine de Naples. On en accuse sa femme. 1346. États de la langue d'Oïl à Paris; de la langue d'Oc à Toulouse. Les deux assemblées déclarent que la gabelle du sel et l'impôt de quatre deniers par livre « sont moult déplaisants au peuple.» Expédition du duc de Normandie dans les pro- vinces du midi. Prise d'Angoulême; siège d'Ai- guillon dans l'Agénois, petite et forte place qui fut défendue pendant quatre mois par 1500 An- glais. D'après les conseils du transfuge Geoffroy d'Har- court, Edouard III débarque en Normandie. Prise et pillage de Caen. — Edouard passe la Seine à Poissy et veut se retirer par la Picardie. Il passe la Somme à Blanchetache . poursuivi par Philippe avec une armée supérieure ; il s'établit à Crécy en Ponthieu ; la bataille s'engage entre l'armée française et l'armée anglaise. Philippe est com- plètement battu; les Anglais font usage, dit-on, dans cette journée, de 6 pièces de canon. Jean l'Aveugle, roi de Bohême, se fait tupr à la tête des chevaliers français. Son fils Gharles, élu roi des Romains, a pris "part au combat. Siège de Calais par Edouard III. David Bruce d'Ecosse est vaincu, près de Durham, à Kevils-Cross, par Philippine de Hai- naut; il demeure prisonnier des Anglais pendant 11 ans à la Tour de Londres. Préparatifs de Louis de Hongrie contre Jeanne de Naples pour venger la mort de son frère André. 11 s'unit avec Louis V de Bavière; Jeanne épouse son parent Louis de Tarente. Visconti occupe Parme et Plaisance qui reste- ront 57 ans aux seigneurs de Milan. 1347. Charles de Blois est surpris et fait prisonnier à la Roche-Darien par les Anglais et par Jeanne de Montfort. Sa femme continue la guerre. Ap. J.-C. Philippe VI tente inutilement de secourir Ca- lais. Cette ville se rend aux Anglais. Dévouement d'Eustache de Saint-Pierre, qui néanmoins con- sent à se faire sujet d'Edouard pour rester dans Calais. — Trêve entre les deux rois par la média- tion du pape. " Mort de l'empereur Louis de Bavière. Le roi des Romains, Charles IV de Bohême, a à lutter contre quatre compétiteurs. Il fonde à Prague une uni- versité sur le modèle de celle de Paris. Nicolas Rienzi prend à Rome le titre de tribun. Il rédige le plan d'un nouveau gouvernement, qualifié le bon état, et prétend le faire accepter à tous les seigneurs et toutes les républiques de l'Italie. — Jeanne de Naples, pour se ménager un appui contre Louis de Hongrie, se réconcilie avec le prince aragonais de Sicile et reconnaît ses droits. Jean Cantacuzène s'empare par surprise de Constantinople et s'associe Jean Paléologue. Les Vénitiens obtiennent que leurs vaisseaux soient reçus en toute franchise dans les ports de l'Egypte et de la Syrie, avec la faculté d'y établir des comptoirs. Casimir III, roi de Pologne, publie un code de lois. Il partage entre le roi et les nobles la puis- sance législative, et autorise les paysans opprimés par les nobles à quitter leurs terres. Waldemar IV, roi de Danemark, vend Bevel, Narva et l'Esthonie à l'ordre Teutonique, par le traité de Marienbourg. Avec le produit de cette vente, il dégage la Fionie et les places de See- land, depuis 30 ans au pouvoir des comtes de Holstein. ■ Mort de Guillaume d'Occam, cordelier anglais, qui a ranimé la querelle des réalistes et des no- minaux. 1348. Terrible peste, nommée peste de Florence; ses ravages en France. Le roi de Hongrie prend possession du royaume de Naples. Jeanne se retire en Provence. Elle vend la souveraineté d'Avignon au pape pour 80 000 florins, et, apprenant la retraite de Louis le Grand, que la peste avait contraint à quitter l'Italie, elle rentre dans ses Etats. Les Vénitiens font alliance avec les Gonzague de Mantoue contre les délia Scala, seigneurs de Vérone, qui s'appuient sur le seigneur de Milan et le marquis d'Esté. — Rienzi, le tribun de Rome, est forcé par le peuple, qu'il avait lassé par sa tyrannie, de se retirer. Il s'enfuit à Prague auprès de l'empereur Charles IV. — Mort du cé- lèbre historien Jean de Villani, dont la chronique en langue italienne a été continuée par son frère et son neveu jusqu'en 1365. Pierre IV le Cérémonieux, roi d'Aragon, abroge le privilège d'union qui, depuis 60 ans, autorisait les seigneurs à faire appel aux armes pour sou- tenir leurs droits. Le grand Justiza, qui étendait son autorité jusque sur le roi lui-même, sera chargé de veiller au maintien des lois nouvelles qui doivent garantir les droits de la nation. 1349. Charles IV de Bohême est reconnu par l'em- pire entier. Création de l'ordre de chevalerie de la Jarre- tière par Edouard III, en souvenir, dit-on, de son amour pour la comtesse de Salisbury. Philippe VI acquiert d'Humbert le Viennois et le Dauphiné, à condition que le titre de dauphin ssra porté par celui des enfants de France qui aura le Dauphiné en apanage. — Il achète de Jacques II, roi déchu de Majorque, la seigneurie de Montpellier. Mort de Jeanne, reine de Navarre; son fils Charles, dit le Mauvais, lui succède. 1350. La peste éclate en Angleterre. Prolongation de 202 CHRONOLOGIE. — TABLES. Ap. J.-C. la trêve entre Philippe VI et Edouard III. — 2 e ma- riage de Philippe VI avec Blanche de Navarre. — Sa mort. Jean II dit le Bon, son fils, lui succède. 11 fait tuer, sur un soupçon et sans jugement, Baoul, comte d'Eu et de Guines, qui avait été investi par son père de la dignité de connétable. Il donnera cette charge à Charles d'Anjou, fils d'Alphonse de Lacerda, et le comté d'Eu à Jean d'Artois, fils de ce Robert, qui avait conduit Edouard dans la Normandie, et qui, à la journée de Crécy, avait combattu contre sa patrie. L'acquisition de Bologne par les Visconti met en lutte ces derniers avec le saint-siége. — Guerre entre les Vénitiens et les Génois, qui voulaient interdire l'accès de la mer Noire à leurs rivaux. 2 e jubilé célébré par le pape Clément VI, qui, par un décret de 1343, avait décidé que l'indul- gence de jubilé établie par Boniface VIII aurait lieu chaque 50° année au lieu de la 100°. Alphonse XI , roi de Castille, meurt de la peste. Son fils Pierre le Cruel lui succède. Louis le Grand, roi de Hongrie, fait une 2 e in- vasion dans le royaume de Naples. 1351. Convocation des États de Languedoc à Mont- pellier et des Etats- généraux à Paris. — Prise de Saint-Jean d'Angély par les Français. — Création de l'ordre de l'Etoile. Alphonse XI, roi de Castille, à la sollicitation de sa mère, fait mourir Eléonore de Guzman, maîtresse de son père, et mère de Henri de Trans- tamare. La reine Jeanne est absoute du meurtre de son mari par le pape Clément VI, qui reconnaît Louis de Tarente pour roi de Naples. Louis le Grand se soumet à cette décision et renonce à la conquête de Naples. Continuation de la guerre entre Venise et Gênes. La l 10 a pour alliés l' Aragon, la Navarre et la France. Accession de Zurich et de Glaris à la ligue hel- vétique. 1352. Mort de Clément VI, au moment où il allait faire périr Rienzi, que l'empereur lui avait livré. — Innocent VI lui succède. Combat des trente en Bretagne. Victoire et dé- faite des Français devant Saint-Omer. — Les Fran- çais échouent au siège de Guines. Combat du Bosphore livré par les Vénitiens et les Catalans aux Génois commandés par Nicolas Pisani et Paganino Doria. La victoire resta aux Génois; mais elle leur coûta cher, et le comman- dement fut ôté à Doria. Jean Cantacuzène, qui avait appuyé les Véni- tiens pour s'affranchir de la domination des Gé- nois, est contraint d'interdire les ports de l'empire à ses alliés. Destruction du château de Habsbourg par les Lucernois. — Accession de Zug à la ligue helvé- tique. 1353. Charles le Mauvais, roi de Navarre, épouse la fille du roi Jean. — Pierre le Cruel, roi de Cas- tille, épouse Blanche de Bourbon, qu'il commence à maltraiter trois jours après son mariage. Défaite de l'amiral génois à la hauteur de Ca- gliari, en Sardaigne, par les Vénitiens et les Ca- talans. — Gênes se donne à Jean Visconti, seigneur de Milan. — Innocent VI, successeur de Clément VI, investit de ses pouvoirs en Italie le cardinal Alvarès Albornoz, archevêque de Tolède, que Pierre le Cruel avait dépouillé. Nicolas Rienzi, réconcilié avec Innocent VI, accompagne Albornoz. Accession de Berne à la ligue helvétique. Jean Paléologue a -recours aux Turcs ottomans contre Cantacuzène, qui envoie des députés au. pape pour obtenir les secours des Occidentaux. | Ap. J.-C. • Mort du Grec Planude, qui a rassemblé les fables attribuées à Esope. 1354. Assassinat de Charles de Lacerda, connétable de France, par ordre de Charles le Mauvais. — Traité de Mantes, par lequel le roi pardonne au roi de Navarre. Paganino Doria remporte , dans le port de Sa- pienza, près de Modon, au S. 0. du Péloponèse, une victoire complète sur l'amiral vénitien Nicolas Pisani, et le fait prisonnier avec toute sa flotte. — Mort d'André Dandolo, auteur de la première histoire de Venise. Marino Faliero lui succède à l'âge de 80 ans. Rienzi s'aliène de nouveau les esprits à Rome par son despotisme, et périt dans une sédition. Charles IV reçoit à Milan la couronne de Lom- bardie ; à Rome, celle d'empereur. Il renonce à toute prétention sur l'Etat de l'Eglise et le royaume de Naples. 1355. Un Génois fait triompher à Constantinople le parti de Jean Paléologue. — Abdication de Canta- cuzène, qui se retire dans un monastère, où il écrit ses mémoires. Conjuration de Marino Faliero. Elle est déjouée par le conseil des Dix. Exécution du doge. La paix est conclue avec Gênes par la médiation des Vis- conti de Milan. Le Dauphin attaque l'apanage du roi de Navarre en Normandie. — Traité de Valogne, qui récon- cilie en apparence le roi de Navarre avec le roi de France. — Campagne d'Edouard III en Artois, et du prince de Galles en Languedoc. — Convocation des Etats de la Langue d'Oïl; ils promettent 30 000 hommes d'armes ou 150 000 combattants et 5 millions de livres parisis pour un an, qui de- vaient être fournis par une gabelle sur le sel et par une aide de 8 deniers pour livre sur toute chose vendue. Cette double imposition devait être supportée par les trois ordres. Les Etats en retour demandent à être assemblés tous les ans-, des élus des Etats devaient veiller à l'emploi et à la répartition des produits de l'aide. Alphonse IV, roi de Portugal, fait périr Inès de Castro, maîtresse de son fils. 1356. Jean le Bon fait arrêter à Rouen Charles le Mauvais, qui, depuis quelque temps, ne cessait de susciter des embarras au roi et avait formé des liaisons coupables avec l'Angleterre ; il fait déca- piter le comte d'Harcourt et trois autres de ses complices accusés de conspirer avec les Anglais. — L'Angleterre prend parti pour le roi de Navarre. Le prince de Galles, parti de Bordeaux, parcourt toute l'Aquitaine, qu'il épouvante par ses ravages. — Le roi Jean quitte alors rapidement la Nor- mandie et se porte sur les derrières de l'armée anglaise afin de lui couper la retraite. — Bataille de Poitiers; bravoure du roi Jean et de son fils Philippe; victoire des Anglais commandés par le prince de Galles. Captivité de Jean.' Le dauphin Charles, âgé de 18 ans, convoque les Etats géné- raux à Paris. — Les Etats accusent les ministres, demandent la liberté du roi de Navarre et un con- seil permanent. Influence de Marcel, prévôt des marchands de Paris, de Robert le Coq, évêque de Laon, et bientôt après de Charles le Mauvais, ', quand il sera rendu à la liberté. Le comte de Savoie acquiert la baronnie de Vaud, le Bugey et le Valromey; il conserve Gex avec l'assentiment du roi de France, seigneur du , Dauphiné. — Asti et Gênes s'affranchissent de la domination des Visconti. Asti passe au marquis de Montferrat; Gênes se donne de nouveau un doge. Louis le Grand, roi de Hongrie, attaque les Vé- nitiens pour reconquérir la Dalmatie. — Mort d'Etienne Duschan, roi de Servie, qui avait failli MOYEN AGE. 203 Ap. J.-G. renverser l'empire grec et fonder un grand em- pire slave sur les bords du Danube. L'empereur Charles IV publie la Bulle d'or qui devient la loi fondamentale de l'empire germa- nique. La bulle a été rédigée en latin par le juris- consulte italien Barthole. 1357. Les états s'assemblent de nouveau à Paris. Ordonnance de réforme du 3 mars. Etienne Mar- cel fait fortifier Paris. — Nouvelle convocation des états généraux. Le lendemain de leur ouverture , Jean de Pecquigny, gouverneur d'Artois, met en liberté le roi de Navarre; discours de ce prince aux Parisiens, au Pré-aux-Clercs. Edouard III rend la liberté à David Bruce. L'hé- ritier désigné du prince est son neveu Robert Stuart, né de la fille de Robert Bruce et de "Walter, grand sénéchal ou Stuart d'Ecosse. — Edouard III supprime le tribut et le domaine di- rect de la cour de Rome sur ce royaume. Casimir III, roi de Pologne, qui avait pour con- cubine une juive nommée Esther, accorde aux juifs de Pologne d'importants privilèges. Louis le Grand, roi de Hongrie, enlève toute la Dalmatie aux Vénitiens. Mort d'Alphonse IV, roi de Portugal. Son succes- seur, don Pedro, venge la mort d'Inès de Castro. 1358. Etienne Marcel, prévôt des marchands, fait prendre à ses partisans le chaperon mi-parti rouge et bleu, envahit le palais du Dauphin et fait massacrer aux pieds du prince les maréchaux de Normandie et de Champagne. — États provin- ciaux de Champagne, qui accusent les Parisiens. — Etats de Compiègne, convoqués par, le Dauphin, en opposition avec ceux de Paris. — Etienne Mar- cel, menacé par le Dauphin, donne le commande- ment de Paris au roi de Navarre. — Horrible dé- tresse des paysans ; explosion de la Jacquerie. — Etienne Marcel périt sous les coups de l'échevin Maillard au moment où il veut s'assurer d'une porte de Paris par laquelle il doit introduire le roi de Navarre. Venise abandonne à Louis le Grand, roi de Hon- grie, i'istrie et la Dalmatie. 1359. Le dauphin rentre dans Paris et signe à Pon- toise un traité qui met fin à la guerre civile. Les États assemblés à Paris rejettent comme trop dures les conditions de paix proposées par le roi d'Angleterre qui dévaste le pays de Calais à Reims et de Reims à Paris. Le fils du sultan Orkhan, Soliman, enlève aux Grecs Gallipoli, et fait une invasion en Thrace. Occupation de Pavie par les Visconti. 1360. Traité signé à Brétigny, près de Chartres, par lequel Edouard III renonce à ses prétentions sur la couronne de France, mais obtient en retour que le duché de Guyenne (Agénois, Quercy, Rouergue, Périgord. Limousin) lui soit abandonné en toute propriété, ainsi que les comtés de Poitiers, d'An- goulême, de Ponthieu, et le territoire de Calais. Moyennant trois millions d'écus d'or, Jean le Bon recouvre sa liberté (octobre). — Mariage d'Isabelle de France avec le fils de Galéas Visconti; Jean donne en dot à Isabelle le comté de Vertus, en Champagne ; Galéas, en retour, l'aide à payer sa rançon. Le cardinal Albornoz occupe Bologne pour le pape. Mort du sultan Orkhan, à l'âge de 70 ans. Il a créé la milice redoutable des janissaires. Son fils Amurat, qui lui succède, s'empare d'Ancyre, dans l'Asie Mineure, et d'Andrinople, en Thrace. 1361. La peste désole la France pendant 3 ans. Ravages exercés par les grandes compagnies, qui détruisent à Brignais, près de Lyon, une armée royale conduite par Jacques de Bourbon. Elles Ap. J.-C. menacent, dans Avignon, le pape, qui fait prêcher contre elles une croisade. Philippe I er de Rouvres, duc de Bourgogne, fils de Philippe, comte d'Artois, et de Jeanne, comtesse d'Auvergne et de Boulogne, qui depuis épousa le roi Jean, meurt sans enfants, et en lui s'éteint la première maison des ducs de Bourgo- gne, issue du roi Robert. Le roi Jean se met en possession du duché, par droit de proximité. En Angleterre, le Parlement interdit l'usage de la langue française au barreau et dans les actes publics. "Waldemar III, roi de Danemark, saccage Wisby, capitale de l'île de Gothland, l'une des villes les plus riches du Nord; pillage de l'île d'Œsel. Les villes Hanséatiques font alliance contre lui avec le comte de Holstein et le duc de Mecklembourg. 1362. Edouard III donne à son fils, le prince de Galles, le duché d'Aquitaine. Peu après la mort de son second mari, Louis de Tarente, Jeanne de Naples, âgée de 36 ans, épouse le fils du roi de Majorque, qui a été dé- pouillé par le roi d'Aragon. Fondation de l'université de Cracovie par Casi- mir III, roi de Pologne. 1363. Jean le Bon donne en apanage le duché de Bourgogne à son 4 e fils Philippe le Hardi, tige de la 2 e maison des ducs de Bourgogne. — Le duc d'Anjou, 3 e fils de Jean, s'échappe de Calais où il était retenu comme otage. Les villes Hanséatiques emploient le canon pour la première fois dans un combat naval qu'elles livrent aux Danois. 1364. Le roi Jean retourne en Angleterre prendre la place de son fils. Il y projette une croisade avec le roi de Chypre. Il meurt à Londres (8 avril). Avènement de Charles V le Sage. — Surprise de Mantes et de Meulansur le roi de Navarre. — Victoire de Cocherel remportée par Duguesclin sur le captai de Buch, qui est fait prisonnier. — Sacre du roi à Reims. — Renouvellement de la guerre de Bretagne. Charles de Blois est défait et tué à la bataille d'Auray, où Duguesclin est fait prisonnier par Jean Chandos. Les Dieppois commencent, dit-on, à former des établissements à la Guinée et au Sénégal. 1365. Traité de Guérande pour la pacification de la Bretagne. Jean IV de Montfort, duc de Bretagne, est enfin reconnu par la France, au détriment de Jeanne de Penthièvre. — Traité de paix avec Charles de Navarre, comte d'Evreux. Il renonce à la possession de Mantes et de Meulan dans le Vexin, et reçoit en dédommagement la baronnie de Montpellier. 1366. Ravages des grandes Compagnies dans la Bourgogne, le Lyonnais, le Dauphiné; le pape, menacé par elles, leur donne 200000 florins; Charles V pensant qu'il serait plus utile d'employer à l'extérieur ces bandes d'aventuriers, que de chercher à les détruire par les armes, paye 100000 francs la rançon de Duguesclin, et le leur donne pour chef daos une expédition qu'il dirige en faveur de Henri de Transtamare contre son frère Pierre le Cruel , roi de Castille, qui a fait périr Éléonore de Guzman, mère de Henri de Transta- mare, et Blanche, belle-sœur de Charles V, et que soutiennent les Maures. — Entrée de Du- guesclin en Castille. — Couronnement de Henri de Transtamare à Burgos. Fuite de Pierre le Cruel, qui se retire à Bordeaux. Le prince de Galles prend parti pour le roi détrôné. 1367. Retour du pape Urbain V à Rome, où il res- tera 3 ans. .... , Expédition des Anglais en Espagne. Bataille de Najera (Navarette) , entre Burgos et Logiono. Défaite complète de Henri de Transtamare. Cap- 204 CHRONOLOGIE. — TABLES. Ap. J.-C. tivité de Duguesclin. Pierre le Cruel remonte sur le trône de Castille. 1368. Voyage de l'empereur Charles IV en Italie, où il trafique des droits de l'Empire. Lionel d'Angleterre, 2 e fils d'Edouard III, épouse la fille de Galéas Visconti, qui lui apporte en dot une somme d'argent considérable et quelques places dans le Piémont. Duguesclin, rendu à la liberté, retourne en Cas- tille pour combattre en faveur de Henri de Trans- tamare; bataille de Montiel, au S. E. de Calatrava, après laquelle Henri assassine Pierre le Cruel. Grande révolution en Chine. Expulsion des Mon- gols, descendants de Tchingis-Khan. Avènement de la dynastie des Ming (21 e dynastie). 1369. Exactions du prince de Galles en Aquitaine. Plusieurs seigneurs se placent sous la protection du roi de France, et dénoncent le prince Noir à son tribunal. Le prince de Galles, cité devant la cour des pairs, refuse de comparaître. — Re- nouvellement de la guerre. Les Anglais perdent le Ponthieu. Mort de Chandos, le meilleur capi- taine de l'armée anglaise. Entrevue de l'empereur Jean Paléologue avec le pape Urbain, qui le reçoit à la communion de l'Eglise romaine. Premières conquêtes de l'émir mongol Timour ouTamerlan dans laTransoxiane et dans les Etats des Khans de Zagataï ; il fixe le siège de sa nou- velle domination dans la ville de Samarcande. 1370. Prise de Limoges par le prince de Galles. Massacre des habitants. — Robert Knolles s'a- vance sans combattre jusqu'à Paris. Il est défait à Pont-Vallain par Duguesclin, qui venait de rece- voir l'épée de connétable. — Duguesclin rattache à la cause française son compatriote Olivier Clis- son. — Le prévôt de Paris, Aubriot, pose la pre- mière pierre de la Bastille, qui est achevée en 1382. Urbain retourne mourir à Avignon. Grégoire XI lui succède. État florissant de la ligue Hanséatique, qui comprenait, outre 64 villes formant proprement la ligue, 44 autres villes qui, sans jouir des mêmes prérogatives que les autres villes confédérées, étaient envisagées comme alliées de la ligue. Le grand maître de l'ordre Teutonique était comme le chef et le protecteur de la ligue, et trai- tait souvent avec les puissances étrangères au nom de tous les confédérés. Mort de Casimir III, dit le Grand, roi et législateur de la Pologne. Avec lui finit la dynastie des Piast, qui avait subsisté 528 ans. — Son neveu, Louis, roi de Hongrie, lui succède. 1371. En Ecosse, la couronne passe de la maison de Bruce dans celle des Stuarts. Robert II, fils de Gauthier Stuart et de Margerie de Bruce, succède à son oncle le roi David II, de la maison de Bruce. Barnabo Visconti acquiert d'un Gonzague la ville de Reggio. — A Gênes, commencement de la rivalité des Adorai et des Fregosi. 1372. Traité d'alliance entre Edouard III et le duc de Bretagne. — Défaite d'une flotte anglaise de- vant la Rochelle par les Castillans, amis de la France. Le comte de Pembroke, amiral des An- glais, est fait prisonnier. — Conquête du Poitou par Duguesclin. Le captai de Buch, fait prison- nier à Soubise, mourra dans la tour du Temple. Guerre entre les Visconti, le comte de Savoie, le marquis d'Esté, François Carrare, les Floren- tins, et le pape. Les troupes confédérées sont com- mandées par le condottiere anglais Jean Hawk- wood. 1373. Dernière défaite des Anglais à Chizey; leur expulsion du Poitou. — Duguesclin entre en Bre- Ap. J.-C. tagne. Soumission de cette province aux Français. — Expédition du duc de Lancastre qui traverse toute la France sans rencontrer de résistance, et arrive à Bordeaux. Le tyran de Pad me, en guerre avec Venise, est appuyé par Louis le Grand, roi de Hongrie. Traité de Carrare avec Venise. Conquête de l'île de Chypre par les Génois. Le pape ménage une réconciliation entre les cours de Naples et de Sicile. 1374. La majorité des rois en France est fixée à 13 ans accomplis par l'ordonnance de Vincennes. Mort de Pétrarque. 1375. Trêve d'une année entre les deux rois, signée à Bruges, — Expédition des aventuriers en Suisse, sous la conduite du sire de Couci. Révolte universelle dans les États de l'Église, causée par la tyrannie des agents pontificaux. — Mort de Boccace. — L'atlas Catalan , l'un des plus anciens atlas connus, est terminé cette an- née. Il se compose de cartes hydro-géographiques. 4 e mariage de Jeanne de Naples avec Othon de Brunswick. 1376. Grégoire XI, d'après les conseils de sainte Ca- therine de Sienne, songe à retourner en Italie. Prorogation de la trêve de Bruges entre la France et l'Angleterre. — Charles V, qui croyait à l'astrologie, fonde pour le savant Gervais Chrétien un collège d'astronomie et de médecine à Paris. Le père de Christine de Pisan, femme érudite qui a écrit la vie de Charles V, remplissait auprès du roi les fonctions d'astrologue en titre. Mort du prince de Galles, à Westminster. Wenceslas, fils de Charles IV, est élu roi des Romains. 1377. Mort d'Edouard III. Avènement de son petit- fils Richard, roi mineur, qui esta la merci de ses trois oncles. — Doctrines hérétiques de l'Anglais Wiclef, condamnées par Grégoire XL La guerre recommence entre la France et l'An- gleterre. — Dévastation de la côte de Sussex et de l'île de Wight par les Français unis aux Castil- lans. — Défaite des Anglais près de la Réole. — Prise de Bergerac par les Français. Grégoire XI rentre à Rome (janvier). 1378. Mort de Grégoire XI. Double élection d'Ur- bain VI et de Clément VII, qui s'établira en France. Origine du grand chisme d'Occident. Révolution à Florence. Un cardeurde laine, Mi- chel Lando, est proclamé gonfalonier par le peuple. — Mort de Galéas Visconti à Milan. Son fils Jean Galéas partage la seigneurie avec son frère Barnabo. — Ligue formée contre Venise par Gênes, le roi de Hongrie, le seigneur de Padoue, le patriarche d'Aquilée. Venise a pour allié le roi de Chypre ; commencement de la guerre dite de Chiozza. Voyage de l'empereur Charles IV en France. Il donne à Charles V, son neveu, le titre de vi- caire général de l'Empire dans le royaume d'Arles. A son retour, il partage ses États entre ses en- fants : Wenceslas, l'aîné, a laBohême; Sigismond, le Brandebourg ; Jean, la basse Lusace, démem- brée du royaume de Bohême, avec une partie de la marche de Brandebourg. — Mort de CharlesIV, Son fils aîné, Wenceslas, lui succède. Nouveaux démêlés du roi de Navarre et de Charles V. Montpellier et le comté d'Évreux ap- partenant à Charles le Mauvais sont séquestrés. — Prise d'Évreux par les Français. Siège de Saint- Malo par les Anglais. — Le duc d'Anjou, gouver- neur du Languedoc, opprime cette province pour se procurer des subsides, afin d'effectuer la con- quête du royaume de Majorque. — Soulèvement et punition de Nîmes. — Ravages des routiers en MOYEN AGE. 205 Ap. J.-C. Auvergne. — Le duc de Bretagne, accusé de ré- bellion, frappé par un arrêt de la cour des pairs, défend ses terres contre Duguesclin. Grande victoire remportée près de la rivière de Wotha par le duc de Moscou sur les Tatars, alliés du prince de Tver , qui prétendait à la di- gnité grand-ducale. 1379. Clément VII s'établit à Avignon. Soulèvement de Montpellier et de Clermont de Lodève. — Soulèvement des Blancs chaperons à Gand. — Confédération des nobles bretons. Leur duc rentre dans ses États. Défaite de l'amiral vénitien Victor Pisani par l'amiral génois Lucien Doria, devant Pola. — Les Génois prennent Cbiozza. — Effroi des Vénitiens. Ils demandent la paix que les Génois leur refusent. — Le commandement est rendu à Pisani, qui avait été jeté en prison, 1380. Le duc d'Anjou entre dans Montpellier; ses cruautés. — Charles V lui ôte le gouvernement du Languedoc. — Paix conclue entre le comte de Flandre et ses sujets. — Duguesclin meurt en Languedoc, au siège du château de Bandan. — Expédition de Buckingam pour secourir le duc de Bretagne. Il traverse la France sans rencon- trer de résistance. — Mort de Charles V (16 sep- tembre). Avènement de Charles VI, son fils aîné, âgé de 12 ans. — Pillage du trésor royal par le duc d'Anjou. Charles V est déclaré majeur. — Sou- lèvement des Parisiens qui obtiennent la révoca- tion des impôts. — Création d'un conseil de ré- gence présidé par le duc d'Anjou et composé des quatre ducs (Anjou, Berri, Bourgogne, Bourbon) et de 12 conseillers à la nomination de ces ducs. — Paix conclue entre les Flamands et leur comte. Le pape Urbain V, qui, pour se venger de ce que Jeanne de Naples soutenait Clément VII, avait appelé au trône de Naples Charles de Du- ras, prononce une sentence de déposition contre cette princesse, qui lègue ses Etats à Louis I, fils de Jean le Bon et tige de la seconde maison d'Anjou. Défaite des Génois à Chiozza par les Vénitiens. Épuisement des Génois. Deux nobles vénitiens, les frères Zeno, entrent au service d'un prince des îles Féroë et visitent de nouveau les contrées découvertes par les Scan- dinaves, ou du moins en recueillent une descrip- tion détaillée, qui, malgré ses obscurités, con- firme sur tous les points essentiels les relations islandaises, et qui a peut-être été connue de Co- lomb. Mort d'Haquin V, roi de Norvège. Marguerite de Danemark, sa veuve, administre le royaume au nom de son jeune fils Olaus. Grande victoire remportée sur les Mongols du Kaptchack, unis au prince de Resan et au grand- duc Jagellon de Lithuanie , par le grand-duc Di- mitri III, qui fut dès lors surnommé Donskoy. — Dimitri III fixe sa résidence à Moscou, qu,i sera bientôt la capitale de la Russie. Tamerlan ravage pendant 3 ans le Shorasan. 1381. Le duc de Bretagne conclut la paix avec Charles VI. — Renouvellement des hostilités entre les Flamands et leur comte. Défaite des Gantois à Nivelle. — Philippe Artevelt est élu capitaine de Gand. — Alliance des communes de France avec Bruges, et de Charles VI avec la Castille. — Guerre entre le comte de Foix et le duc de Berri, que le Languedoc refuse de reconnaître pour gouverneur Révolte de Wat-Tyler, le forgeron, en Angle- terre. Il est tué sous les yeux de Richard II. — Exil du duc deLancastre, supplices et massacres. Charles de Duras s'empare de Naples et prend le nom de Charles III. Captivité de Jeanne. Ap. J.-C. Venise cède la marche de Trévise au duc d'Au- triche pour qu'elle ne tombe pas au pouvoir des Carrare de Padoue. Paix de Turin entre Gênes et Venise. Le Sénat, pour récompenser le dévoue- ment de ses défenseurs, accorde la noblesse à 30 familles plébéiennes. En Lithuanie, Jagellon succède à son père le grand-duc Olgerd. 1382. Soulèvement des Maillotins à Paris, des Tu- chins dans le Languedoc. — Départ du duc d'An- jou pour Naples. Expédition de Charles VI contre les Flamands. Victoire des Français à Rosebecque, au N. E. d'Ypres. Mort de Philippe Artevelt. Pil- lage et massacre de Courtrai. La révolte des garçons drapiers de Louvain ayant obligé le duc de Brabant d'en entreprendre le siège, la prise de cette ville porta un coup aux manufactures des Pays-Bas. Le bannissement dont il punit les coupables les força de se retirer les uns en Hollande, les autres en Angleterre. Guerre entre Louis I er d'Anjou et Charles III de Duras pour la possession du royaume. Charles III fait étrangler la reine Jeanne. Mort de Louis le Grand, roi de Hongrie et de Pologne. Sa fille, Marie, lui succède en Hongrie. Interrègne en Pologne. Sac de Moscou par les Mongols. Dimitry Dons- koy, abandonné des princes russes, est obligé de se réfugier à Kostroma et d'envoyer son fils au khan, en otage de sa fidélité. 1383. Betour de Charles VI à Paris. Les princes victorieux sévissent contre cette ville : ses milices sont désarmées, les bourgeois mis à rançon, le prévôt et les échevins supprimés, les impôts réta- blis et augmentés. Les représailles royales sont étendues à toutes les villes complices de Paris, Rouen, Orléans, Beims, Troyes, etc. — Le Lan- guedoc est pacifié par une répression sans merci. Urbain VI publie en Angleterre une croisade contre la France et contre les partisans de son rival Clément VII. Il y obtient un décime sur tous les bénéfices de l'Eglise. — La guerre re- commence alors en Flandre. Prise de Bruges par les Français qui massacrent tous les habitants. Mort dé Ferdinand, roi de Portugal, ne laissant qu'une fille, Béatrix. Jean, surnomme le Bâtard, fils naturel de Pierre le Justicier et grand maître de l'ordre d'Avis, est proclamé régent. Il repousse une invasion des Castillans. 1384. Le duc de Berri fait assassiner le comte de Flandre. — Le duc de Bourgogne, Philippe le Hardi, du chef de sa femme, Marguerite de Flandre, hérite des États du comte, qui possédait, outre la Flandre, les comtés de Bourgogne, d'Ar- tois et de Nevers. — Trêve entre la France etl'An- gleterre. Louis d'Anjou meurt près de Bari. Son armée est détruite par la disette et les maladies. — Le pape Urbain VI est assiégé par Charles de Duras dans le château de Nocera. 1385. Mariage de Charles VI avec Isabeau de Ba- vière. Expéditions du duc de Bourbon en Sain- tonge et de Jean de Vienne en Ecosse. Dernière expédition en Flandre. Paix de Tour- nai, qui conserve à la cité de Gand toutes ses libertés et place la Flandre entière sous la sou- veraineté d'un prince français. Jean d'Avis est proclamé roi de Portugal a Coïmbre. Il remporte à Aljubarotta une célèbre victoire sur Jean I er de Castille. Jean Galéas déjoue les menées de Barnabo Vis- conti, son oncle, qui voulait le renverser. — Fran- çois Carrare appuie le patriarche d'Aquilée contre VcnisG. Tamerlan dépouille les princes de l'Aderbaïd- jan, au S. 0. de la mer Caspienne. 206 CHRONOLOGIE. TABLES. Ap. J.-C. 1386. Le duc de Lancastre passe en Portugal pour tenter la conquête de la Castille. — Faible gou- vernementde Richard II en Angleterre. Il se laisse dominer par son favori Robert de Vère. — Ex- pédition projetée par Charles VI contre l'Angle- terre, mais qui échoue par les retards du duc de Berri. Charles III de Duras, appelé en Hongrie, laisse le gouvernement de Naples à sa femme Margue- rite. Il est assassiné en Hongrie par ordre et en présence d'Elisabeth, mère de Marie de Hongrie. Sa mort est vengée sur les deux reines. Rivalité de Louis II d'Anjou et de Ladislas de Duras. Anar- chie dans les royaumes de Naples et de Hongrie. — Marie, reine de Hongrie, faite prisonnière par Jean Honvath, ban de Hongrie, est délivrée par Sigismond, marquis de Luxembourg, qui l'épouse. Jagellon, grand-duc de Lithuanie, qui s'est fait baptiser sous le nom de Wladislas, épouse Hed- wige, fille de Louis le Grand, et est sacré roi de Pologne par l'archevêque de Gnesme. Cette im- portante union assura la prépondérance de la Po- logne dans le Nord. Elle devint funeste à la puis- sance de l'ordre Teutonique, qui succombera sous les efforts réunis des Polonais et des Lithuaniens. Olaùs, roi de Danemark et de Norvège, guidé par les conseils de sa mère, donne aux comtes de Holstein de la maison de Schauenbourg, feuda- taires de l'empire d'Allemagne, l'investiture du duché deSlesvig, qui était retourné à la couronne par l'extinction d'une branche royale de Dane- mark, qui l'avait possédé en fief depuis 1259 jus- qu'en 1374. La reine Marguerite de Danemark refuse néanmoins de lui donner des lettres d'm- féodation qui l'exemptent de tout service féodal. Tameiian s'empare de Tiflis dans la Géorgie; il contraint le roi à abjurer le christianisme. J387. Mort de Charles le Mauvais, roi de Navarre, et de Pierre le Cérémonieux, roi d'Aragon. — Paix entre l'Aragon et la Castille. L'infant de Castille reçoit le titre de prince des Asturies qu'a tou- jours porté depuis cette époque l'héritier pré- somptif de la couronne. Nouveaux préparatifs pour une descente en Angleterre , à l'instigation d'Olivier de Clisson. Le duc de Bretagne, ami des Anglais, s'empare du connétable par trahison, et ne lui rend la li- berté que sur bonne rançon, lorsque l'expédition eut échoué. — Le parlement d'Angleterre attaque les favoris de Richard II. — Le duc de Gueldre fait hommage au roi d'Angleterre. Jean Galéas Visconti, aidé du tyran de Padoue, dépouille Antoine délia Scala, seigneur de Vérone et de Vicence. Tamerlan est vaincu deux fois en Syrie par le sultan d'Egypte. — Conquête du Turkestan. In- vasion de la Perse. Prise d'Ispahan, où 70 000 ha- bitants sont massacrés. Occupation de Chiraz, dans le Farsistan. 1388. Expédition malheureuse de Charles VI contre le duc de Gueldre. Il renvoie ses oncles, reprend,, les conseillers de son père et rétablit à Paris la charge de prévôt des marchands et la juridiction de l'hôtel de ville. Guerre entre les tyrans de Milan et de Padoue, qui se disputent les dépouilles de la maison délia Scala. Venise, Ferrare, Mantoue appuient Fran- çois Carrare, qui perd Padoue et est pris dans Tré- vise. Jean Galéas conservera Padoue, et Venise la Marche Trévisane. Les nobles de Suède, mécontents de leur roi Albert, offrent la couronne à Marguerite, reine de Danemark et de Norvège. 1389. Trêve entre la France et l'Angleterre. — Ma- gnifique entrée d'Isabeau de Bavière à Paris. — Voyage de Charles VI dans le Languedoc. Il fait Ap. J.-C. droit aux plaintes des députés des villes, et livre à la sévérité de la justice le sire de Bétizac, qui' avait été l'instrument le plus actif des exactions arbitraires du duc de Berri. — Mariage de Louis, duc d'Orléans, frère du roi, avec Valentine Vis- conti, qui lui apporte en dot le duché d'Asti, dans le Milanais, et des droits éventuels sur le Milanais. En Russie, mort de Dimitri III, qui a fait con- struire à Moscou la forteresse du Kremlin. Son fils Wasili II lui succède. Victoire de Cassovie remportée par les Turcs sur les Serviens, les Bulgares et les Hongrois. Amu- rat I er est tué dans la mêlée. Son fils Bajazet lui succède. Marguerite de Waldemar bat AH iert de Mecklem- bourg, roi de Suède, à Falkœping, en Westro- gothie, le force à abdiquer, et est reconnue reine de Suède. 1390. Jean Galéas Visconti est menacé par les Vé- nitiens, qui appuient le jeune François Carrare, et par les Florentins. Entrée de Louis II d'Anjou, à Naples; son rival Ladislas de Duras ne conserve que quelques châ- teaux. A l'appel des Génois, des chevaliers de France et d'Angleterre, sous la conduite du duc de Bour- bon, s'embarquent sur 300 vaisseaux, nettoient la mer Méditerranée des pirates qui l'infestaient, mais échouent devant Carthage; ils forcent ce- pendant les musulmans à leur rendre les esclaves chrétiens et reviennent en France , diminués de moitié par les maladies. Bajazet enlève aux Grecs Philadelphie, leur dernière possession dans l'Asie Mineure, et force Jean Paléologue à démolir les fortifications qu'il avait fait élever à Constantinople. 1391- Mort de Gaston Phœbus, comte de Foix, qui avait promis récemment de laisser sa succession à la couronne, moyennant 100 000 fi*, et la jouis- sance du comté de Bigorre, mais les ducs de Berri et de Bourgogne font casser cette convention et font adjuger le comté de Foix au vicomte de Cas- telbon, neveu de Gaston Phœbus. 1392. Charles VI se rend à Tours pour terminer les troubles qui s'étaient élevés en Bretagne et qui avaient pour cause l'inimitié de Jean de Montfort et du connétable Olivier de Clisson. Un traité y est conclu, qui impose quelques sacrifices à Mont- fort et replace la Bretagne dans la position qui lui avait été assignée par le traité de Guérande. — 4 mois après cette pacification, Pierre de Craon, qui attribuait au connétable son exil de la cour de France, se rend secrètement à Paris et assas- sine Clisson, qui ne meurt cependant pas de ses blessures. — Expédition de Charles VI contre le duc de Bretagne ; le roi tombe en démence dans la forêt du Mans. — Le duc de Bour- gogne s'empare du gouvernement. Renvoi des Marmousets ou conseillers du ror. — Renouvelle- ment des trêves avec l'Angleterre. François II Carrare achète Padoue de Jean Ga- léas. Par la mort de la reine Marie , Sigismond reste seul maître de la couronne de Hongrie ; il repousse les attaques du roi de Pologne, gendre comme lui de Louis I er le Grand. Le roi de Pologne Jagellon cède la Lithuanie à son cousin Vitold, à condition qu'il lui fera l'hom- mage. 1393. Wenceslas est enfermé dans une prison par les seigneurs de Bohême, auxquels il s'est rendu adieux par ses cruautés et ses débauches. Progrès de Tamerlan, qui s'avance jusqu'à l'Eu- phrate. 1394. Charles VI expulse les juifs de France. — Ef- forts de la Sorbonne pour terminer le schisme. — i MOYEN AGE. 207 Ap. J.-C. Proposition de Clémengis sur les trois voies d'y parvenir. Mort imprévue de. Clément VIL Be- noît XIII lui succède. Tamerlan, vainqueur de la plupart des rois de l'Asie centrale, célèbre ses victoires à Samar- cande. 1395. La Bretagne, qui aurait pu devenir une oc- casion de guerre entre la France et l'Angleterre, est entièrement pacifiée par la réconciliation de Jean IV et de Clisson, et par le projet de mariage qui fut arrêté entre le fils du duc et Jeanne de France, fille de Charles VI. Concile national à Paris, au sujet du schisme. Wenceslas vend à son beau-frère, Jean Galéas, le titre de duc de Milan, moyennant une somme de 100000 florins d'or. Jean I er , roi d'Aragon, meurt sans enfants. Martin, son frère, lui succède. 1396. Trêve de 28 ans avec l'Angleterre. — Ma- riage de Richard II avec Isabelle, fille de Charles VI . Sigismond, menacé par Bajazet I er , implore l'appui des Occidentaux. — Le comte de Nevers (Jean sans Peur) conduit l'élite de la noblesse française à son secours. — Désastre des chevaliers français à Nicopolis. Captivité du comte de Ne- vers.' Conquête de la Bulgarie par les Turcs. Le duc de Milan, Jean Galéas, achète le titre de vicaire impérial en Lombardie avec une auto- rité souveraine. — Gênes, déchirée par les fac- tions, se donne à la France. Marguerite de Waldemar fait donner par les états du royaume la couronne da Suède à son petit-neveu. 1397. Richard II fait arrêter et mettre à mort son oncle le duc de Glocester, chef du parti anti- français. Marguerite de Waldemar, ayant convoqué à Calmar les Etats des trois royaumes de Danemark, de Suède et de Norvège, les engage à reconnaître pour unique souverain Eric, son petit-neveu, et le fait couronner en leur présence, mais continue toujours à administrer au nom de ce prince. Le roi sera choisi pour les trois Etats dans la maison régnante tant qu'elle subsistera; il résidera tour à tour dans les trois royaumes; chacun d'eux con- servera son sceau, ses lois, ses privilèges. Guerre entre le duc de Milan et le seigneur de Mantoue, qui est appuyé par la ligue ^de Fer- rare, de Bologne et de Florence. Bajazet assiège de nouveau Constantinople et force l'empereur Manuel à lui payer tribut. Constantinople aura en outre une mosquée et un cadi ou juge musulman. 1398. 2 e concile national à Paris, au sujet du schisme (de mai à juillet). La collation des bé- néfices est retirée à Benoît XIII. Pendant 5 ans, la France ne le reconnaîtra plus pour pape. 1399. Henri, duc de Lancastre, s'empare de la per- sonne de Richard IL Ce prince est déposé par le Parlement, qui proclame Henri IV et reconnaît à sa famille le droit de succession au détriment des descendants du 2 e fils d'Edouard III. Jean Galéas achète Pise et est proclamé sei- gneur à Sienne. — Ladislas, fils de Charles de Duras , devient maître de tout le royaume de Naples, par la retraite de son compétiteur Louis II d'Anjou, trahi par les San-Severini. Mort de la reine Hedwige. Jagellon Wladislas, son mari, conserve le trône, de l'assentiment des Polonais. Tamerlan s'avance dans lTndostan jusqu'à Delhi. 1400. Mort violente de Richard II, roi d'Angleterre, au château de Pontefract. — Mort du premier grand poète anglais, Chaucer. Ap. J.-C. Froissart arrête ses chroniques à cette année. Monstrelet, né en Flandre, les continue de 1400 à 1453. Déposition de l'empereur Wenceslas. Election de Robert, comte palatin du Rhin. Henri III de Castille envoie une flotte occuper Tétouan, sur la côte d'Afrique, au sud de Ceuta. Guillaume Benkelszoon, natif de Biervliet en Flandre, invente la méthode d'encaquer les ha- rengs dont on se sert aujourd'hui. Le nouveau passage du Texel, que la mer ouvrit dans le même temps, fut pour la ville d'Amsterdam l'événement le plus favorable. Il lui fournit le moyen de s'em- parer peu à peu de la plus grande partie de la pêche, et son port commença dès lors à être fré- quenté par les bâtiments hânséatiques. L'abon- dance de la morue et des harengs salés qu'ils y trouvaient leur procurait un meilleur chargement qu'à Anvers, où ils ne rencontraient guère que des objets de luxe. Tamerlan, à l'instigation des Grecs et des émirs dépouillés par le sultan, dirige ses attaques contre les Turcs ottomans.