Alphonse Lemerre, éditeur (p. 9-10).

IDÉAL


Je rêve à ma fenêtre entr’ouverte, ma pâle
Beauté ; là-haut, là-haut les nuages sont gris,
Le soleil est vitreux comme un bijou d’opale.
Le spleen s’est infiltré par les portes, — j’écris —
Il colle sur ma peau sa lèvre sépulcrale.
J’entends monter d’en bas, bruissements et cris
De passants, les refrains d’un vieil orgue qui râle.
Je pense à vous, ma Chatte, et ces souvenirs font
Que mon songe devient plus triste et plus profond.
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Si nous montions aux cieux, il est des lacs faciles,

Nous y dirigerions de grands vaisseaux dociles,
Je tiendrais vos cheveux purement essencés,
En eux j’enfouirais ma tête tout entière ;
Timide et bégayant une simple prière,
Je veux vous aimer loin, loin des hommes sensés.
— Enfin, je fais des vers et je vous crucifie
Dessus. — C’est votre nom que j’y mets en tremblant,
Votre nom si banal, ô sphinx terrible et blanc,
Masque stupéfiant, chair qui corromps ma vie. —