Alphonse Lemerre, éditeur (p. 5-6).

APRÈS-DINÉE


Par un soir chaud d’été, sur ce balcon de pierre
D’où l’on voit le grand parc rêveur : très triste, las,
J’admirais votre tête accentuée et fière,
Grisé par les odeurs des somptueux lilas :

Parlant, vous déchiriez quelques feuilles de lierre ;
Nous causions de la vie et pendant ce, le glas
Tintait rauque ; abaissant alors votre paupière,
Vous laissâtes tomber des soupirs, des hélas !


Et vous avez pleuré lentement ; les feuillages
S’estompaient devant nous, de subtils babillages
D’oiseaux vinrent charmer votre front renversé.

Votre fichu de soie embaumait les verveines
En vous tenant les mains, l’ai-je assez embrassé
Alors que tout mon sang bouillonnait dans mes veines !