Anthologie des poètes français du XIXème siècle/Auguste Brizeux

Anthologie des poètes français du XIXème siècle, Texte établi par (Alphonse Lemerre), Alphonse Lemerre, éditeurtome 1, (1762 à 1817) (p. Illust.-213).



Auguste Brizeux

BRIZEUX





AUGUSTE BRIZEUX


1803 – 1858




Auguste Brizeux débuta, en 1831, par l’idylle de Marie. Il a publié depuis Les Ternaires ou La Fleur d’or, le poème des Bretons, des Histoires poétiques et la Poétique nouvelle, et traduit en prose la Divine comédie.

Sainre-Beuve disait, en parlant de Marie :

« En lisant ce petit livre tout virginal et filial, le décor, le venustus, le simplex munditiis des Latins, reviennent à la pensée, pour exprimer le sentiment qu’il inspire dans sa décence continue. Les plus vrais tableaux, les plus vives réalités qu’il nous offre, ont encore un parfum antique qui trahit une instinctive familiarité avec les maîtres de l’âge d’élégance, avec les poètes du Musée de l’Anthologie. Quelque chose de ce qu’on éprouve devant l’Œdipe d’Ingres, ou à la lecture de l’Antigone de Ballanche, se retrouve ici, moins grave, moins direct, et ménagé sous un adorable artifice. L’élégie du pont Kerlô me reporte involontairement à Moschus, à Bion. L’hymne à la Pitié pourrait être un écho plaintif de Synesius. C’est le propre des poésies extrêmement civilisées de revenir avec une curiosité expresse à la nature la plus détaillée, à la simplicité la plus attentive. Théocrite n’a-t-il pas fait les Syracusaines, et le rhéteur Longus la pastorale de Daphnis et Chloé ? Mais chez l’auteur de Marie tout cela est si habilement fondu, si intimement élaboré au sein d’une mélancolie personnelle et d’une originalité indigène, que la critique la plus pénétrante ne saurait démêler qu’une confuse réminiscence dans ce produit vivant d’un art achevé et que si elle voulait marquer d’un nom ce fruit nouveau, elle serait contrainte d’y rattacher simplement le nom du poète. »

Julien-Auguste-Pélage Brizeux est né à Lorient le 12 septembre 1803. Sa famille était originaire de l’Irlande, de cette verte Érin, qu’il aimait comme une seconde patrie, et qu’il a tant de fois, dans ses chants, associée à la Bretagne :


Car les vierges d’Eir-inn et les vierges d’Arvor
Sont des fruits détachés du même rameau d’or.


Les Brizeux (Brizeuk, Breton, de Breiz, Bretagne) seraient venus en France après la révolution de 1688, lorsque Guillaume d’Orange eut détrôné Jacques II. Ils s’établirent au bord de l’Ellé, à l’extrémité de la Cornouaille, aux confins du pays de Vannes.

Brizeux n’a pas joui de toute sa renommée : discret, farouche, fuyant les routes tumultueuses, il aimait avec passion les secrets sentiers de la Muse, aussi soigneux d’éviter le bruit que d’autres sont ardents à le chercher. Avec cette pudeur de l’esprit, avec cette grâce fière et sauvage, on s’expose à l’oubli dans un temps comme le nôtre.

Le Jour où le poète breton s’éteignit, le jour où l’on apprit que cette voix si mâle et si douce ne se ferait plus entendre, toutes les sympathies cachées éclatèrent. Il était mort loin des siens, loin de la Bretagne et de Paris ; d’un bout de la France à l’autre, partout où il y avait des âmes dignes de ressentir les émotions du beau, ce fut un concert de louanges et de regrets.

On a dit que Brizeux, après les vives impressions de son enfance, avait traversé une période toute différente, que le sentiment breton s’était effacé chez lui pour ne reparaître que bien plus tard, au moment où il prit la plume et se mit à chanter ses landes natales. La France avait été cruellement éprouvée à la suite des guerres de l’Empire : comment s’étonner qu’une âme ardente et généreuse ait été entraînée de ce côté ? Il y a, en effet, toute une période où l’élève du curé d’Arzannô paraît s’occuper beaucoup plus de la France que de la Bretagne. En 1819, Brizeux, âgé de seize ans, va terminer ses études au collège d’Arras, dirigé alors par un de ses parents, son grand-oncle, M. Sallentin. Trois ans après, il revient à Lorient, entre dans une étude d’avoué, y passe deux ans environ, et part ensuite pour Paris, afin d’y faire son droit.

Le voilà dans sa chambre solitaire, à Paris, triste, inquiet de l’avenir, occupé de philosophie et d’art, comparant les voix discordantes d’un siècle troublé à l’harmonie que sa première enfance recueillit sans la comprendre. Ce contraste, mieux senti de jour en jour, devient un poème au fond de son cœur. Il fixe tous ses souvenirs dans une langue souple et harmonieuse, et il écrit ce livre, ce recueil d’élégies, d’idylles agrestes, décoré du nom de l’humble paysanne. Rien de plus frais ni de plus original : à la suave douceur des sentiments s’unit la franchise des peintures ; des scènes pleines de réalité et de vie servent de cadre à ce qu’il y a de plus pur, le poème de l’enfance et de la première jeunesse. Tantôt le poète est enfantin, mais avec une grâce supérieure, comme dans l’idylle du pont Kerlô, tantôt il jette un cri de douleur qui retentit dans notre âme :


Oh ! ne quittez jamais le seuil de votre porte !
Mourez dans la maison où votre mère est morte !


Je ne voudrais pas interrompre le tableau du développement de Brizeux ; de Marie aux Ternaires, des Ternaires aux Bretons, des Bretons à Primel et Nola et aux Histoires poétiques, il y a un enchaînement d’inspirations et d’idées que je serais heureux de reproduire ici comme je l’ai vu se dérouler sous mes yeux. Puis-je oublier pourtant, à cette date de 1841, un épisode littéraire qui se rattache encore à son voyage d’Italie ? Quelques mois avant de publier Les Ternaires,Brizeux faisait paraître une excellente traduction de la Divine Comédie.

La traduction de Brizeux est en prose, mais cette prose souple et nerveuse reproduit avec une fidélité expressive la physionomie du poète florentin.

On connaît les détails de sa mort. Atteint d’une maladie de poitrine, il était allé dans le midi de la France, à Montpellier, chercher le soleil qu’il aimait tant. Ni le soleil d’avril, ni les soins de l’amitié, ni les secours de l’art, ne purent le sauver.

Le corps de Brizeux a été ramené dans sa patrie. L’auteur des Bretons aura sa tombe dans sa ville natale. Puisse-t-il aussi avoir son monument dans la vallée du Scorf, comme l’ont souhaité ses amis de Paris, comme il le demandait lui-même : un monument simple, rustique, un monument celtique et chrétien tout ensemble, une pierre et une croix au pied d’un chêne !

Saint-René Taillandier.


Depuis, le vœu du poète fut exaucé : sa tombe est près de son berceau.

Les œuvres poétiques de Brizeux ont été publiées par A. Lemerre.

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MARIE




Rien ne trouble ta paix, ô doux Létâ ! le monde
En vain s’agite et pousse une plainte profonde,
Tu n’as pas entendu ce long gémissement,
Et ton eau vers la mer coule aussi mollement ;
Sur l’herbe de tes prés les joyeuses cavales
Luttent chaque matin, et ces belles rivales
Toujours d’un bord à l’autre appellent leurs époux,
Qui plongent dans tes flots, hennissants et jaloux :
Il m’en souvient ici, comme en cette soirée
Où de bœufs, de chevaux notre barque entourée
Sous leurs pieds s’abîmait, quand nous, hardis marins,
Nous gagnâmes le bord, suspendus à leurs crins,
Excitant par nos voix et suivant à la nage
Ce troupeau qui montait pêle-mêle au rivage.

J’irai, j’irai revoir les saules du Létà,
Et toi qu’en ses beaux jours mon enfance habita.
Paroisse bien aimée, humble coin de la terre,
Où l’on peut vivre encore et mourir solitaire !

Aujourd’hui que tout cœur est triste et que chacun
Doit gémir sur lui-même et sur le mal commun ;
Que le monde, épuisé par une ardente fièvre,
N’a plus un souffle pur pour rafraîchir sa lèvre ;
Qu’après un si long temps de périls et d’efforts,
Dans l’ardeur du combat succombent les plus forts ;
Que d’autres, haletants, rendus de lassitude,
Sont près de défaillir, alors la solitude
Vers son riant lointain nous attire, et nos voix
Se prennent à chanter l’eau, les fleurs et les bois.
Alors c’est un bonheur, quand tout meurt ou chancelle,
De se mêler à l’âme immense, universelle,
D’oublier ce qui fuit, les peuples et les jours,
Pour vivre avec Dieu seul, et partout et toujours.
Ainsi, lorsque la flamme au milieu d’une ville
Éclate, et qu’il n’est plus contre elle un sûr asile,
Hommes, femmes, chargés de leurs petits enfants,
Se sauvent demi-nus, et, couchés dans les champs,
Ils regardent de loin, dans un morne silence,
L’incendie en fureur qui mugit et s’élance ;
Cependant la nature est calme, dans les cieux
Chaque étoile poursuit son cours mystérieux,
Nul anneau n’est brisé dans la chaîne infinie,
Et l’univers entier roule avec harmonie.

Immuable nature, apparais aujourd’hui !
Que chacun dans ton sein dépose son ennui !
Tâche de nous séduire à tes beautés suprêmes,
Car nous sommes bien las du monde et de nous-mêmes :

Si tu veux dévoiler ton front jeune et divin
Peut-être, heureux vieillards, nous sourirons enfin !

Celle pour qui j’écris avec amour ce livre
Ne le lira jamais : quand le soir la délivre
Des longs travaux du jour, des soins de la maison,
C’est assez à son fils de dire une chanson ;
D’ailleurs, en parcourant chaque feuille légère,
Ses yeux n’y trouveraient qu’une langue étrangère,
Elle qui n’a rien vu que ses champs, ses taillis,
Et parle seulement la langue du pays.
Pourtant je veux poursuivre ; et quelque ami peut-être
Resté dans nos forêts et venant à connaître
Ce livre où son beau temps tout joyeux renaîtra,
Dans une fête, un jour, en dansant lui dira
Cette histoire qu’ici j’ai commencé d’écrire,
Et qu’en son ignorance elle ne doit pas lire ;
Un sourire incrédule, un regard curieux,
À ce récit naïf, passeront dans ses yeux ;
Puis, de nouveau mêlée à la foule qui gronde,
Tout entière au plaisir elle suivra la ronde.

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À MA MÈRE




Je crois l’entendre encor, quand, sa main sur mon bras,
Autour des verts remparts nous allions pas à pas :
« Oui, quand tu pars, mon fils, oui, c’est un vide immense,
Un morne et froid désert où la nuit recommence ;
Ma fidèle maison, le jardin mes amours,
Tout cela n’est plus rien ; et j’en ai pour huit jours,

J’en ai pour tous ces mois d’octobre et de novembre,
Mon fils, à te chercher partout de chambre en chambre,
— Songe à mes longs ennuis ! — et, lasse enfin d’errer,
Je tombe sur ma chaise et me mets à pleurer.
Ah ! souvent je l’ai dit : « Dans une humble cabane,
Plutôt filer son chanvre, obscure paysanne !
Du moins on est ensemble, et le jour, dans les champs,
Quand on lève la tête, on peut voir ses enfants.
Mais le savoir, l’orgueil, mille folles chimères
Vous rendent tous ingrats, et vous quittez vos mères.
Que nous sert, ô mon Dieu ! notre fécondité,
Si le toit paternel est par eux déserté ;
Si, quand nous viendra l’âge (et bientôt j’en vois l’heure).
Parents abandonnés, veufs dans notre demeure,
Tournant languissamment les yeux autour de nous,
Seuls nous nous retrouvons, tristes et vieux époux ? »
Alors elle se tut. Sentant mon cœur se fondre,
J’essuyais à l’écart mes pleurs pour lui répondre ;
Muets, nous poursuivions ainsi notre chemin,
Quand cette pauvre mère, en me serrant la main :
« Je t’afflige, mon fils, je t’afflige !… Pardonne !
C’est qu’avec toi, vois-tu, l’avenir m’abandonne.
En toi j’ai plus qu’un fils ; oui, je retrouve en toi
Un frère, un autre époux, un cœur fait comme moi,
À qui l’on peut s’ouvrir, ouvrir toute son âme ;
Pensif, tu comprends bien les chagrins d’une femme :
Tous m’aiment tendrement, mais ta bouche et tes yeux,
Mon fils, au fond du cœur vont chercher les aveux.
Pour notre sort commun, demande à ton aïeule,
J’avais fait bien des plans, — mais il faut rester seule ;
Nous avions toutes deux bien rêvé, — mais tu pars,
Pour la dernière fois, le long de ces remparts,
L’un sur l’autre appuyés, nous causons, — ô misère !
C’est bien, ne gronde pas… Chez ta bonne grand’mère

Rentrons. Tu sais son âge : en faisant tes adieux,
Embrasse-la longtemps… Ah ! nous espérions mieux. »

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LE PONT KERLÔ




Un jour que nous étions assis au pont Kerlô
Laissant pendre, en riant, nos pieds au fil de l’eau,
Joyeux de la troubler, ou bien, à son passage,
D’arrêter un rameau, quelque flottant herbage,
Ou sous les saules verts d’effrayer le poisson
Qui venait au soleil dormir près du gazon ;
Seuls en ce lieu sauvage, et nul bruit, nulle haleine
N’éveillant la vallée immobile et sereine,
Hors nos ris enfantins et l’écho de nos voix
Qui partait par volée et courait dans les bois,
Car entre deux forêts la rivière encaissée
Coulait jusqu’à la mer, lente, claire et glacée ;
Seuls, dis-je, en ce désert, et libres tout le jour,
Nous sentions en jouant nos cœurs remplis d’amour.
C’était plaisir de voir sous l’eau limpide et bleue
Mille petits poissons faisant frémir leur queue,
Se mordre, se poursuivre, ou, par bandes nageant,
Ouvrir et refermer leurs nageoires d’argent ;
Puis les saumons bruyants, et, sous son lit de pierre,
L’anguille qui se cache au bord de la rivière,
Des insectes sans nombre, ailés ou transparents,
Occupés tout le jour à monter les courants,
Abeilles, moucherons, alertes demoiselles,
Se sauvant sous les joncs du bec des hirondelles. —
Sur la main de Marie une vint se poser,
Si bizarre d’aspect qu’afin de l’écraser

J’accourus ; mais déjà ma jeune paysanne
Par l’aile avait saisi la mouche diaphane,
Et voyant la pauvrette en ses doigts remuer :
« Mon Dieu, comme elle tremble ! oh ! pourquoi la tuer ? »
Dit-elle. Et dans les airs sa bouche ronde et pure
Souffla légèrement la frêle créature,
Qui, déployant soudain ses deux ailes de feu,
Partit, et s’éleva joyeuse et louant Dieu.

Bien des jours ont passé depuis cette journée,
Hélas ! et bien des ans ! Dans ma quinzième année,
Enfant, j’entrais alors ; mais les jours et les ans
Ont passé sans ternir ces souvenirs d’enfants ;
Et d’autres jours viendront et des amours nouvelles ;
Et mes jeunes amours, mes amours les plus belles,
Dans l’ombre de mon cœur mes plus fraîches amours,
Mes amours de quinze ans refleuriront toujours.

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LES ABEILLES

INSTRUCTIONS DE LA VEUVE À SES FILLES




Laissez leur robe noire aux ruches des abeilles,
Mes filles ; entre nous les peines sont pareilles :
De rouge à votre noce il faudra les couvrir
Pour qu’elles aient aussi part dans notre plaisir.
Ces faiseuses de miel, en faisant leur ouvrage,
Prennent une âme douce et qu’un rien décourage ;
Notre ferme, on dirait, est leur autre maison.

Aimons donc nos amis : c’est bonheur et raison. »

La digne veuve ainsi, durant ces jours moroses,
Elle-même tirait du miel des moindres choses.
Sur son humble ménage, oh ! comme elle veillait !
Attentive aux enfants, attentive au valet !
Elle avait l’œil au champ, au lavoir, à la huche.
Oui, toute sa maison était comme une ruche.
Ses filles, qu’au bourg seul on vit depuis un mois,
Ce matin vont sortir pour la première fois :
« Çà donc, habillez-vous, mes filles, leur dit-elle,
Puisque pour un banquet un parent vous appelle.
Vous aiderez les gens ; mais qu’on voie à votre air
Que vous êtes, hélas ! orphelines d’hier !
Moi, si j’en ai la force, avant que le jour tombe,
J’irai jusques au bourg prier sur une tombe. »
Et comme avec Hélène Annaïc se coiffait,
Elle se mit encore à ranger au buffet
Les vases de faïence et les vases de cuivre ;
À la plus belle place elle étalait son livre ;
Et les montants de buis, les portes, le tiroir,
Sous ses doigts diligents brillaient comme un miroir.
Elles partent ; la mère, en leur montrant la route,
Leur dit : « Vous trouverez le vieux Furic, sans doute :
Qu’il ait soin cet hiver de nos mouches à miel !
C’était l’associé de votre père Hoël.
Car elles n’aiment pas, ces braves ouvrières,
À courir pour un seul les bois et les bruyères :
Elles veulent unir le riche et l’indigent.
Donc, si celui qui tient du ciel un peu d’argent
Et quelques beaux essaims au pauvre les apporte.
Les ruches sont à peine aux deux coins de la porte,
Que voilà de sortir, de rentrer tout le jour,
Ces mouches, dont le cœur enferme tant d’amour,

Suçant tous les bourgeons, toutes les fleurs nouvelles
Que Dieu mit dans les champs pour le pauvre et pour elles. »


(Les Bretons. Chant XVII.)
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LE LIVRE BLANC




Jentrais dans mes seize ans, léger de corps et d’âme,
Mes cheveux entouraient mon front d’un filet d’or,
Tout mon être était vierge et pourtant plein de flamme,
Et vers mille bonheurs je tentais mon essor.

Lors m’apparut mon ange, aimante créature ;
Un beau livre brillait sur sa robe de lin,
Livre blanc ; chaque feuille était unie et pure :
« C’est à toi, me dit-il, d’en remplir le vélin.

« Tâche de n’y laisser aucune page vide,
Que l’an, le mois, le jour, attestent ton labeur.
Point de ligne surtout et tremblante et livide
Que l’œil fuit, que la main ne tourne qu’avec peur.

« Fais une histoire calme et doucement suivie ;
Pense, chaque matin, à la page du soir :
Vieillard, tu souriras au livre de ta vie,
Et Dieu te sourira lui-même en ton miroir. »



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