Annales de pomologie belge et étrangère/Poire Duchesse d’Angoulême




Poire Duchesse d’Angoulême.

Synonymie : Poire des Éparonnais. — Poire de Pézenas.

(Spécimen récolté sur pyramide.)

L’arbre qui a produit la poire qui nous occupe, est né dans le domaine des Éparonnais, appartenant à M. le comte d’Armaillé. Ce domaine est situé sur la commune de Cherré, a une lieue et demie de Château-Neuf (Maine-et-Loire).

Il avait acquis vingt ans qu’il ne portait point encore de fruits. Le jardinier donna l’ordre de l’abattre, mais il se ravisa, quand déjà plusieurs coups de hache avaient été portés aux racines.

L’année suivante (1819), l’arbre donna des fruits en abondance ; ils furent portés chez M. d’Armaillé, où se trouvait alors M. Audusson, pépiniériste à Angers. Il dégusta ces poires, dont le goût et la forme lui étaient inconnus, mais qui lui parurent assez remarquables pour devoir être propagés. Il reçut l’autorisation d’en prendre des greffes et de les mettre dans le commerce sous le nom de poire des Éparonnais.

En 1820, M. le comte d’Armaillé étant de service aux Tuileries, comme officier supérieur des gardes de Monsieur, présenta une corbeille de ces poires à madame la duchesse d’Angoulême, qui permit qu’on lui donnât son nom.

Voici une excellente description de l’arbre et du fruit faite par M. Prévost, de Rouen, notre savant confrère :

« Arbre vigoureux et très-fertile, prospérant sur franc et sur coignassier, et se formant bien en pyramide.

» Rameaux verticaux ou obliques ascendants, un peu flexueux, ayant une teinte générale gris fauve, verdâtres d’un côté, souvent rosés ou rouge pâle de l’autre, et maculés de petits points gris assez nombreux et apparents.

» Gemmes étroits, longs, saillants, coniques, aigus, brun et fauve.

» Feuilles lancéolées, aiguës ou ovales lancéolées ; denture peu apparente et très-peu profonde, souvent nulle, surtout à la base des feuilles.

» Boutons à fleurs petits, étroits, aigus, laissant entrevoir entre leurs écailles une sorte de duvet jaune.

» Fruit gros, irrégulièrement turbiné, obtus, quelquefois placé au fond d’une petite cavité ou bien entouré à sa base de quelques gibbosités charnues. L’ombilic est petit et placé au fond d’une cavité souvent entourée de bosses.

» Chair demi-fine, fondante ; eau abondante, sucrée, d’un goût agréable.

» Mûrit en octobre et novembre.

» Cette belle et bonne poire a été injustement dépréciée, il y a quelques années, par des gens qui ne savaient ni la cueillir, ni la manger en temps utile.

» Comme presque toutes les poires d’automne, elle est dure et sans saveur lorsqu’on la mange trop tôt, et, conservée trop longtemps, elle devient pâteuse. Mais ce ne sont point là des défauts, et, pour manger cette poire bonne, il ne faut que savoir reconnaître son état de maturité complète ; ce qui n’est pas difficile. »

Bien qu’on puisse cultiver ce poirier en haut-vent, en espalier et en contre-espalier, il réussit parfaitement en pyramide, forme qui paraît lui convenir le plus. L’exposition du levant, ou celle du couchant lui est le plus favorable ; il est d’ailleurs moins difficile sur ce point que sur la nature du sol ; car ce n’est que dans les terres sèches que ses fruits acquièrent un parfum prononcé et agréable.

L. de Bavay.