Annales de pomologie belge et étrangère/Poire Colmar




Poire Colmar.

Synonymes : Poire Manne, Belle et Bonne.

(Spécimen récolté sur espalier.)

Plusieurs poires anciennes, grâce à des formes spéciales et nettement caractérisées, sont devenues des types, et ont attaché leurs noms à des catégories plus ou moins nombreuses ; telles sont les Doyennés, les Beurrés, les Calebasses ; il en est de même pour l’ancien Colmar, auquel on a rattaché un grand nombre de variétés obtenues postérieurement, et qui sont, pour la plupart, d’un mérite distingué.

Il existe peu de doutes sur l’origine française et l’âge de la poire qui nous occupe : nous ne la voyons pas figurer sur la liste des fruits cultivés par Olivier de Serres, et on ne la trouve citée dans aucun catalogue du xvie siècle ; elle était encore peu connue du temps de Merlet et de la Quintinie. Ce dernier, écrivant vers 1640, s’exprime en ces termes :

« La poire de Colmar m’est venue sous ce nom-là par un illustre curieux de la Guienne, et m’était venue d’un autre endroit sous le nom de Poire Manne, et celui de Bergamote tardive. »

Le fruit, gros, atteint en espalier 10 à 12 centimètres de hauteur, sur 8 à 10 de diamètre ; il est turbiné, pyriforme, tronqué, presque aussi large que haut. La tête est plate ; le calice, assez large, irrégulier, est placé dans une cavité profonde ; ses divisions sont noires : on remarque assez souvent, sur un des côtés, une petite gouttière s’étendant du calice au pédoncule.

L’épiderme, vert clair, tiqueté de très-petits points bruns, parfois teinté de rouge pale du côté du soleil, jaunit à l’époque de la maturité.

Le pédoncule, court, assez gros, penché, occupe un enfoncement entouré de quelques gibbosités.

La chair est jaunâtre, fine, demi-beurrée, demi-fondante, sans pierre ; son eau, peu abondante, est sucrée, relevée d’un agréable parfum. Les pepins avortent souvent.

La maturité commence en janvier, et se prolonge jusqu’à la fin du mois de mars. Obtenue dans de bonnes conditions, la poire de Colmar est encore une des meilleures de cette époque de l’année.

L’arbre se comporte également bien sur franc et sur coignassier ; il est vigoureux, mais peu fertile, et ne se cultive avec avantage qu’en espalier au midi ou au levant. Il demande un sol chaud et léger : dans les terrains argileux, cette poire est médiocre. Ne soyons donc pas surpris si sa culture est abandonnée par un grand nombre d’amateurs. La forme pyramidale lui convient : parfaitement, si l’on dispose d’une situation bien abritée, très-rare sous le climat de la Belgique.

Les branches à fruits sont grêles, gris-brun ; les supports sont moyens, très-rides à leur base, renflés et lisses à leur sommet. Les boutons sont moyens, coniques, pointus, brun clair ombré de brun foncé et de gris argenté.

Les jeunes rameaux sont moyens en longueur et en grosseur, lisses et sans stries, droits et seulement un peu flexueux sur les plus vigoureux, cotonneux vers leur sommet.

L’épiderme, gris noisette, est ponctué de petites lenticelles grises, assez nombreuses, mais peu apparentes.

Les gemmes sont gros, saillants, coniques, pointus, brun fauve ombré de brun foncé et de gris ; sur les rameaux faibles, le gemme est triangulaire, aplati et peu saillant.

Les feuilles sont grandes, pointues, légèrement arquées ; leur longueur est de 9 à 10 centimètres, sur 6 à 7 de largeur. Les bords sont finement serretés, et souvent froncés ; le pétiole est gros, cannelé, vert clair, long de 35 millimètres ; les stipules sont filiformes.

Les fleurs, bien ouvertes, ont leurs pétales figurés en truelle ; presque plats, d’un blanc légèrement rosé.

A. Royer.