Annales de mathématiques pures et appliquées/Tome 08/Géométrie des courbes, article 6

GÉOMÉTRIE ANALITIQUE.

Essai sur les tangentes aux courbes planes ;

Par M. Bret, professeur à la faculté des sciences de Grenoble.
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On sait que la méthode imaginée par Roberval, pour mener des tangentes aux courbes, est fondée sur les lois du mouvement d’un point générateur. Nous nous proposons, dans cet essai, de déduire ces mêmes constructions de l’analise, et de les généraliser.

Soit

l’équation, en coordonnées rectangulaires d’une courbe plane donnée quelconque ; si et sont les coordonnées d’un point déterminé de cette courbe, on aura

les équations de la corde qui joindra ce point au point seront

(A)

on aura donc l’équation

en développant et remplaçant simplement, pour abréger, par elle deviendra

en observant que elle se réduit à

Cela posé, nous exprimerons que cette droite est tangente, en posant ce qui donnera l’équation de condition

laquelle exprime conséquemment que la corde est tangente à la courbe.

Éliminant donc et entre cette dernière et les équations nous aurons finalement pour l’équation de la tangente

dans laquelle et sont les coordonnées du point de contact, tandis que et sont les coordonnées courantes.

En conséquence, l’équation d’une perpendiculaire à la tangente par le point () sera

donc, si l’on fait

étant quelconque ; ces équations représenteront les coordonnées des différens points de la normale, ce qui donne lieu à la construction suivante :

Au point on mènera des parallèles respectives aux axes rectangulaires ; et on portera sur ces parallèles, à partir de ce point, des parties proportionnelles à et achevant enfin le rectangle de ces parties, la diagonale qui dans ce rectangle joindra le sommet au sommet opposé sera la normale à la courbe.

Soit présentement un point fixe quelconque soit la distance variable de ce point au point la courbe pourra être exprimée par une équation de relation entre et équation que nous supposerons être

On aura donc

de sorte que l’équation de la courbe, en coordonnées rectangulaires sera

on aura donc, pour les équations de la normale,

Mais, en remplaçant simplement, pour abréger, par on trouve

et, comme on a d’ailleurs

il viendra

de plus, on sait que

sont les cosinus respectifs des angles que fait le rayon vecteur avec les axes des et des  : de sorte qu’en représentant ces cosinus par et les équations de la normale deviendront

d’où l’on déduira la construction suivante :

Soit porté sur le rayon vecteur et sur la coordonnée à partir du point des longueurs respectivement proportionnelles à et en construisant un parallélogramme sur ces longueurs, la diagonale qui joindra le sommet de ce parallélogramme au sommet opposé sera normale à la courbe.

On conçoit qu’on obtiendrait une construction semblable, en partant de l’équation

Soient enfin deux points fixes quelconques et soient les distances respectives de ces deux points à un point de la courbe ; cette courbe pourra être exprimée par une équation de relation entre et équation que nous supposerons être

On aura de plus

de sorte que l’équation en coordonnées rectangulaires sera

Mais, en remplaçant simplement, pour abréger, par on trouve

On a d’ailleurs, en désignant par les cosinus des angles que font les direction avee les axes des et des

on aura donc

au moyen de quoi les équations de la normale seront

d’où on déduira la construction suivante :

Soient portées sur et à partir du point des longueurs respectivement proportionnelles à et en construisant un parallélogramme sur ces longueurs, la diagonale qui joindra le sommet de ce parallélogramme au sommet opposé sera normale à la courbe.

En appliquant ces constructions aux sections coniques, il en résulte diverses méthodes pour mener des tangentes à ces courbes.

On sait d’abord qu’en rapportant une section conique à l’un de ses foyers et une parallèle à sa directrice, son équation prend la forme

ce qui donne d’où l’on voit qu’en prenant respectivement sur et des parties proportionnelles aux grandeurs constantes et et achevant le parallélogramme, sa diagonale sera la normale à la courbe.

Comme, en particulier, on a pour la parabole il s’ensuit que, pour cette courbe, la normale divise en deux parties égales l’angle des coordonnées et

En second lieu, on sait qu’en rapportant l’ellipse et l’hyperbole à leurs foyers, on a pour leur équation

ce qui donne

d’où l’on déduit la construction, très-connue, des géomètres grecs, et qui prouve que, soit la tangente, soit la normale, divise en deux parties égales l’angle des

rayons vecteurs.

Dans un second article, nous étendrons ces méthodes à la construction des plans tangens aux surfaces courbes et des tangentes aux courbes à double courbure.