MÉCANIQUE.
Mémoire sur l’attraction des sphéroïdes elliptiques
homogènes ;
Par M. J. Plana, professeur d’astronomie à l’académie de
Turin.
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I. L’on trouve, dans le premier volume de la nouvelle édition de la Mécanique analitique de M. Lagrange (pages 113-114, l’énoncé d’un procédé très-ingénieux, pour former la série qui donne l’attraction des ellipsoïdes homogènes, sur les points extérieurs à leur surface. J’ai remarqué que ce procédé peut être démontré, d’une manière assez directe et simple, en transformant les coordonnées de la surface du corps attirant, conformément à ce qui a été pratiqué par M. Yvory, dans son excellent mémoire, sur l’attraction des ellipsoïdes homogènes.[1]
2. Soient les coordonnées d’un point quelconque de l’ellipsoïde ; l’élément de sa masse ; et les coordonnées du point attiré. En posant
l’on sait qu’il suffit de connaître la valeur de pour en conclure par la simple différentiation, les attractions parallèles aux axes.[2]
Soient, pour plus de simplicité,
d’où
ou, en développant la valeur de
Maintenant, si l’on conçoit que l’on ait développé les radicaux
qui entrent dans cette série, il est évident que l’on réduira la valeur
de à une suite de termes de la forme dans lesquels
sera une fonction rationnelle et entière de Il suit
de là que, pour former la série qui exprime la valeur de il
est nécessaire d’avoir une formule propre à donner la valeur de
l’intégrale
étendue à toute la masse de l’ellipsoïde. Or, il est clair qu’en
plaçant l’origine des coordonnées au centre de l’ellipsoïde, l’on aura
toutes les fois que l’un des exposans sera
impair, puisque les mêmes élémens s’y trouveront, avec des signes
contraires. Donc, il faudra commencer par supprimer, dans la valeur
précédente de tous les termes multipliés par des puissances impaires de ; et il faudra ensuite, par la même raison, rejeter du
développement des puissances paires de tous les termes non compris
dans la forme
En désignant par
ce que deviennent par là les valeurs de
on aura, dans le cas présent,
3. Cela posé, cherchons une formule propre à donner la valeur de l’intégrale
étendue à la masse entière de l’ellipsoïde.
En intégrant d’abord, depuis jusqu’à il viendra
Les valeurs de qui entrent dans cette intégrale, doivent être considérées comme appartenant à la surface de l’ellipsoïde ; en conséquence, elles sont liées entre elles par l’équation
désignant les demi-diamètres principaux de l’ellipsoïde. Il est évident que l’on rend cette équation identique, en posant
[3]
L’on pourra donc introduire les variables et à la place des variables et en prenant, conformément au principe connu,
[4]
d’où résulte, en substituant
Pour peu que l’on examine maintenant la forme des expressions des variables en et l’on comprendra sans peine qu’en intégrant, d’abord depuis jusqu’à et ensuite
depuis jusqu’à l’on obtiendra la valeur de relative à la moitié antérieure de l’ellipsoïde, et qu’en conséquence il suffira de doubler le résultat obtenu entre ces limites, pour que l’intégrale proposée soit étendue à la masse entière du corps.
Commençons l’intégration par rapport à Il est facile de prouver que l’on a en général
mais, en intégrant depuis jusqu’à le premier terme de cette intégrale devient toujours nul ; donc l’on aura, en continuant cette transformation,
Or, par les formules connues, on trouve, entre les mêmes limites,
en nommant le rapport de la circonférence au diamètre.
Donc
ou bien, en réduisant,
Pour effectuer, l’intégration par rapport à remarquons que l’on a, en général,
mais, entre les limites le premier terme du second membre de cette équation deient toujours nul ; donc l’on aura, en continuant cette transformation,
or, par les formules connues, on trouve, entre les mêmes limites,
partant
En doublant le produit des formules (1) et (2), et posant
l’on obtient enfin
Ce beau théorème est dû à M. Lagrange.[5]
4. Reprenons actuellement la valeur de donnée par la série (A), et remarquons qu’en conséquence du théorème renfermé dans la formule (B), la valeur de sera exprimée par une suite de la forme
où représentent des fonctions rationnelles et entières de . Or, il est démontré que doit toujours être une fonction des excentricités de l’ellipsoïde[6], donc il doit nécessairement exister, entre les coefficiens des rapports tels, qu’ils réduiront la valeur précédente de à cette forme :
Il suit de là que l’équation
doit être identiquement vraie. Cette identité ne cesse pas de subsister,
en faisant dans les deux membres de l’équation ; ainsi, l’on aura
en nommant
les coefficiens des termes qui,
dans le second membre de l’équation précédente, sont indépendans
de La formule (B) nous fait voir que, pour obtenir les termes
qui, dans la valeur de sont indépendans de il suffit de poser
dans la valeur de donnée par la série (A). Il est évident
que, par ce moyen, cette série revient à celle que l’on obtiendrait, en développant le radical
suivant les puissances de et en conservant seulement les termes
de la forme
L’intégrale d’un tel terme est, en vertu de la formule (B),
et, d’après l’équation (C), si l’on change, dans ce résultat, et respectivement en et la fonction
appartiendra au développement de la valeur de
C’est en cela que consiste le procédé enseigné par M. Lagrange.
Turin, le 3 janvier 1813.