Annales de mathématiques pures et appliquées/Tome 03/Géométrie élémentaire, article 5

GÉOMÉTRIE.

Démonstration de deux théorèmes de polyédrométrie ;
Par M. Français, professeur de mathématiques à l’école
impériale de l’artillerie et du génie.
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En désignant par le nombre des sommets ou angles solides d’un polyèdre quelconque ; par le nombre de ses arêtes ; par le nombre de ses faces ; par la somme des angles plans de ces mêmes faces ; et enfin par un angle droit ; on a ces deux théorèmes d’Euler

[1]

Soient représentées, de plus, par la somme des angles solides ou polyèdres, et par la somme des angles dièdres.[2]

Cela posé, soit un angle polyèdre quelconque, formé par un nombre de faces ; soit la somme des angles dièdres que ces faces forment consécutivement, et par conséquent la somme des inclinaisons consécutives de ces faces[3] ; on aura

[4]

Si l’on évalue de la même manière tous les angles solides d’un polyèdre, et qu’on les ajoute ensemble ; la somme de tous les deviendra  ; celle de tous les deviendra (car chacun des angles dièdres se trouve répété deux fois) ; la somme des par la même raison, deviendra  ; et le nombre , se trouvant répété autant qu’il y a d’angles solides, deviendra  ; ainsi on aura

(4)

Cette équation, mise sous la forme

(5)

exprime une propriété bien simple et bien remarquable des polyèdres, qui peut être énoncée ainsi : la somme des supplémens (à une demi-sphère) des angles solides d’un polyèdre est égale à la somme des supplémens (à une demi-sphère) des angles dièdres de ce polyèdre.

Si, dans l’équation (4), on substitue, pour sa valeur donnée par l’équation (1), elle devient

(6)

et fait voir que l’excès de la somme des angles dièdres d’un polyèdre sur celle de ses angles solides est égal à autant de fois quatre angles droits que le polyèdre a de faces moins deux. Cet excès ne dépend donc que du nombre des faces, de même que la somme des angles plans ne dépend que du nombre des sommets ou angles solides.

Les équations (1), (2), (6) forment un système de relations, entre les cinq quantités au moyen duquel deux quelconques d’entre elles étant données, on pourra déterminer les trois autres.

N. B. Les deux théorèmes que je viens de démontrer sont dus à feu mon frère, qui y est parvenu par des sommations longues et pénibles. La démonstration que je viens d’en donner semble permettre de les introduire dans les élémens de géométrie.[5]

Séparateur

  1. Voyez le précédent mémoire.
    J. D. G.
  2. Je distingue l’angle dièdre de l’inclinaison des deux plans qui forment cet angle : cette inclinaison n’est égale qu’à la moitié de l’angle dièdre qui, pour l’uniformité, doit, comme les angles polyèdres, être mesuré par la portion de surface sphérique qu’il intercepte. Or, un angle dièdre équivaut à deux angles trièdres, ayant chacun pour mesure l’inclinaison des deux plans qui forment l’angle dièdre.
    Note de M. Français.
  3. Voyez la précédente note.
  4. Voyez la Géométrie de M. Legendre, liv. vii, prop. xxiv.
    J. D. G.
  5. Le dernier de ces deux théorèmes dépendant de celui d’Euler, doit être, comme lui, passible de toutes les diverses exceptions mentionnées par M. Lhuilier dans le mémoire précédent,
    J. D. G.