Anna Rose-Tree/Lettre 105

Veuve Duchesne (p. 162-177).


CVme LETTRE.

Staal Anger,
à Mylady Ridge ;
à Londres.

L’état affreux dans lequel je ſuis, me force à me ſervir d’une main étrangère pour révéler des ſecrets de la plus grande importance. Le Miniſtre de Raimbow veut bien écrire ſous ma dictée.

Permettez, Mylady, avant que je vous confeſſe mes crimes, que j’implore votre clémence ; je ſuis bien coupable ; mais mon repentir eſt ſincère : l’heure de ma mort, qui approche, vous en eſt un ſûr garant. Je prends à témoin le Ciel que j’ai offenſé, de la vérité de tout ce que je vais dire. Mon début ſera pour vous rendre compte des choſes les plus récentes ; j’en viendrai enſuite aux éclairciſſemens eſſentiels.

La jeune perſonne que vous aviez confiée à mes ſoins, n’eſt plus : ſa couche avoit été très-pénible ; les ſuites en ont été cruelles.

Mardi paſſé, elle s’eſt trouvée mal ſur les cinq heures du ſoir ; je la veillois avec attention, & je m’étois aſſiſe à côté de ſon lit. Le ſommeil me ſurprit, je me ſuis réveillée par des douleurs très-aiguës au ſein ; en ouvrant les yeux, je vois la malheureuſe Fanny qui m’enfonçoit, de toutes ſes forces, des ciſeaux dans la poitrine : je recueillis mon courage pour m’éloigner de cette Furie ; elle me pourſuivit juſqu’à la porte, que je fermai ſur moi, & je tombai de douleur & d’épuiſement dans la pièce voiſine. Mes plaintes attirèrent le Concierge : il fut très-effrayé de me trouver couverte de ſang. Après m’avoir aidé à gagner un fauteuil, il courut chercher le Chirurgien & le Miniſtre du lieu. Le premier ſe hâta de panſer mes bleſſures ; il m’en trouva deux au ſein & une au milieu de la joue : cette dernière étoit légère ; mais il trouva les deux autres très-dangereuſes. Le Miniſtre & le Concierge entrèrent dans la chambre de Fanny : elle étoit ſur ſon lit, & expiroit lorſqu’ils furent à elle.

Deux jours ſe ſont écoulés depuis cette cataſtrophe. On m’aſſure que je n’en reviendrai pas. Il faut, avant ma mort, que vous ſoyez inſtruite des particularités de ma vie, qui a beaucoup de rapport à la vôtre. J’entre en matière.


HISTOIRE


De Staal Anger.

„ Je ſuis née à ***, ville d’Irlande. Mon Père étoit Juge de paix : j’avois dix ans quand il mourut, & ma Mère le ſuivit au tombeau au bout de ſix mois. Me voilà donc orpheline & ſans fortune. Une Voiſine & Amie de ma Mère me recueillit chez elle. Cette Femme étoit encore jeune, & comme elle aimoit infiniment les plaiſirs, je fus à même de connoître le monde de bonne heure. Miſtreſs Triſſell (c’eſt le nom de la perſonne qui avoit pris ſoin de moi) m’aimoit beaucoup & me mettoit de toutes les fêtes & parties de plaiſirs où elle alloit. Comme j’étois aſſez jolie, on me faiſoit une cour aſſidue. Miſtreſs Triſſell jouiſſoit d’une bonne réputation, qu’elle méritoit à tous égards : ma coquetterie ne lui plut pas ; elle m’en fit des reproches. J’y fis peu d’attention, elle récidiva ſéchement. Pour me ſouſtraire à ſon autorité, j’abandonnai ſa maiſon (belle récompenſe pour ſes bienfaits). J’avois pris une forte inclination pour le Fils d’un Tapiſſier de *** ; j’allai le trouver, il me reçut fort bien. Après avoir volé mille livres à ſon Père, il partit avec moi pour l’Angleterre. Il mourut en chemin d’une fluxion de poitrine ; & comme il paſſoit ſur la route pour mon Époux, je devins ſon héritière.

La joie de poſſéder une ſomme auſſi forte, étouffa les regrets qui dévoient ſuivre la perte que je venois de faire. Cet accident ne changea rien à ma marche. J’arrivai à Londres, où j’eus bientôt fait des connoiſſances. Mon âge (je n’avois que dix-ſept ans) ma figure, & mon argent, me firent bien venir partout ; mais j’eus ſoin de compoſer une ſociété de gens, dont les mœurs & le caractère pouvoient avoir quelque rapport à ma façon de penſer. Les premiers mois je me trouvois fort heureuſe ; la fin de mon bonheur ſe trouva au fond de ma bourſe. Dès que je ne fus plus en état de payer les plaiſirs des perſonnes avec qui je vivois, on ceſſa de me rechercher ; enfin, je fus abandonnée de mes meilleures Amies : & réduite à l’état le plus miſérable, forcée d’uſer de moyens affreux (dont j’épargnerai les détails à Mylady) pour ſubvenir à mon exiſtence, je devins l’objet du mépris général. Je n’avois pas mangé depuis deux jours, & me mourois de faim, lorſque je pris le parti de m’adreſſer à une Fille avec qui j’avois été très-liée. Je me rendis chez elle ; dès l’antichambre, je jugeai de la réception qu’on me feroit dans l’appartement : Après deux heures d’attente, on me dit d’entrer. Miſs William (c’étoit le nom de la Fille dont je venois implorer l’aſſiſtance) me reçut avec un balancement de tête. — Que voulez-vous ? qui êtes-vous ? — Je viens vous faire part de mes beſoins preſſans. Je me nomme Staal, vous ne me connoiſſez donc pas ? — Non, aſſurément : Patty, donne un ſcheling à cette pauvre Femme. Allez, ma Bonne, je ſuis fâchée de ne pouvoir faire mieux. J’étois ſur le point de lui jeter ſa pièce au viſage ; mais la faim qui me dévoroit, arrêta mon premier mouvement. Je me retirai la mort dans le cœur. En traverſant l’appartement, je vis trois hommes inſiſter pour qu’on les conduiſit à Miſs William : je jugeois mal de leur figure, & je m’arrêtai ſur l’eſcalier pour contenter ma curioſité. J’entendis beaucoup de bruit ; & peu de temps après les trois hommes ouvrirent la porte en entraînant la malheureuſe William, qui ne les ſuivoit qu’avec peine ; ma préſence l’affligea. — Encore vous, me dit-elle ! que faites-vous chez moi ? ne vous a-t-on pas donné l’aumône ? — Tu fais bien la fière, dit un de ces hommes ; pourquoi traiter cette Femme avec tant de dureté ? Tu ſeras peut-être un jour plus à plaindre qu’elle. Ils montèrent tous les quatre dans une voiture qui les attendoit ; c’eſt à dire, les trois hommes & Miſs William, j’ignore où on la conduiſit, car je n’en ai point entendu parler depuis.

Avec mon ſchélling j’entrai dans une taverne pour y prendre quelque nourriture. Comme j’en ſortois, je fus remarquée par un Homme d’aſſez bonne mine ; il m’aborda ſans beaucoup de façon, je lui fis accueil. Après pluſieurs queſtions auxquelles j’avois répondu à mon avantage, il me pria de lui donner mon adreſſe. — Hélas ! Monſieur, je n’ai point encore de demeure, je ne ſuis arrivée que de ce matin ; je ſuis, comme je viens de vous le dire, une pauvre orpheline ; l’Irlande eſt ma Patrie, & je ſuis venue ici pour entrer en maiſon. L’air de vérité que je contrefaiſois à merveille, lui plut, ſans doute, car il m’offrit de me louer une chambre ; je fis quelques difficultés pour accepter ſa propoſition, en me rejetant ſur la décence. Il me jura le plus grand reſpect, & je le ſuivis. Il me conduiſit chez un Marchand de ſa connoiſſance, qui avoit deux chambres garnies de vides ; j’y fus bientôt inſtallée. Anger (c’eſt ainſi que ſe nommoit mon bienfaiteur ) me laiſſa deux guinées pour me procurer les choſes les plus néceſſaires, & fut, dit-il, où ſon devoir l’appeloit. Je ne vous peindrai pas, Mylady, l’excès de mon raviſſement de me trouver dans un inſtant métamorphoſée en perſonne honnête. Anger ne reparut que le lendemain matin, & avoit l’air ſoucieux ; je me hâtai de m’informer de ce qui pouvoit occaſionner ce changement d’humeur. — J’en ai de grandes raiſons, mais il n’eſt pas encore temps, Miſs, de vous en inſtruire ; en attendant que je vous accorde ma confiance, il faut me promettre le plus grand ſecret ſur mes démarches. Dans une heure il viendra ici un Monſieur qui occupera une de vos chambres ; mais le ſéjour qu’il y fera doit être parfaitement ignoré, même du Maître de la maiſon. Je lui promis tout ce qu’il voulut, & je lui tins parole. Avant midi il amena la Perſonne donc il m’avoit parlé. Je vis un Jeune-homme d’une figure extrêmement agréable ; il prit poſſeſſion de la chambre la plus propre, en me faiſant des excuſes de me déranger. Je propoſai à Anger de faire la cuiſine, afin d’éviter qu’aucun étranger eut accès chez nous ; on fut enchanté de mon offre, & on l’accepta.

Anger ſortit à l’iſſue du dîner ; mon nouveau Compagnon, qui étoit fort triſte, ſe dérida en l’abſence d’Anger, il me fit des déclarations ; je n’étois accoutumée à rebuter perſonne, à plus forte raiſon, un Cavalier auſſi aimable ; la fin du Roman fut remiſe au lendemain, & nous nous promîmes réciproquement de cacher notre intelligence à Anger, qu’il me dit être ſon Valet-de-Chambre. Au retour de ce dernier, nous jouâmes parfaitement bien notre rôle ; il n’eut aucuns ſoupçons. Le lendemain arriva ; Anger fut encore en ville par les ordres de ſon Maître. Dans la journée je dégageai ma parole, & pendant ſix ſemaines nous vécûmes de la même manière : ma conquête n’eut point à ſe plaindre de mes rigueurs. Dans cet intervalle, Anger m’avoit paru très-épris de mes charmes ; mais j’étois avec lui de la plus grande réſerve, & le conduiſis au point de me propoſer de m’épouſer ; c’étoit où je l’attendois. Ma conduite avec le Maître avoit eu des ſuites qui ne devoient pas tarder à ſe manifeſter aux yeux du Valet : ce n’étoit pas le cas de faire des difficultés : en huit jours le mariage ſe fit. Il eſt rare qu’un Homme ait rien de caché pour une Femme qu’il aime. Bientôt Anger m’inſtruiſit des affaires de ſon Maître, je ſus qu’il ſe nommoit le Chevalier Roſe-Tree ; que conſeillé par une malheureuſe Fille de joie, nommée Miſs Aſtrea, il avoit fait éprouver à Lady Roſe-Tree, Femme charmante, les traitemens les plus affreux ; que les Parens de cette dernière avoient obtenu un ordre pour faire enfermer Miſs Aſtrea ; que le Chevalier en avoit été inſtruit trop tard pour l’empêcher, & qu’imaginant que ſon Épouſe avoit trempé dans cette affaire, il étoit rentré chez lui, & l’avoit criblée de coups ; qu’effrayé lui-même de ſon action, il étoit ſorti de chez lui au déſeſpoir ; que le haſard l’avoit conduit, lui, Anger, dans un Café voiſin de leur demeure, où il avoit trouvé ſon Maître abſorbé dans ſes réflexions, qui l’avoit chargé de lui chercher un logement inconnu ; qu’il étoit venu ſur le champ me trouver ; le reſte, ajouta-t-il, vous eſt connu ; il exiſte pourtant encore un événement terrible, que je n’ai point oſé annoncer à mon Maître ; Lady Roſe-Tree eſt morte des ſuites des mauvais traitemens du Chevalier, je ne ſais comment lui apprendre cette nouvelle accablante. Je me chargeai de la commiſſion, & dès le même ſoir je m’en acquittai. Rien n’eſt comparable au chagrin qu’en reſſentit le Chevalier ; l’impreſſion fut ſi vive, qu’il en prit une fièvre violente, & un tranſport au cerveau qui lui dura huit jours. Dans ſon délire il ne parloit que de ſa chère Éliſabeth, de ſa digne, de ſa vertueuſe Épouſe. Lorſqu’il fut rétabli, il voulut abſolument quitter Londres ; mon amour (car je l’aimois) ne put l’arrêter ; je voulois ſuivre Anger, mais il ne me le permit pas. Avant de partir il me plaça chez vous, Mylady ; cela ne lui fut pas difficile, il connoiſſoit votre Valet-de-Chambre.

Mon caractère ſouple & adroit me fit bientôt gagner votre confiance : vous étiez groſſe lorſque j’entrai à votre ſervice, & deviez accoucher preſqu’en même temps que moi ; le terme arrivé, je mis au monde une Fille qui fut nommée Peggi. Comme j’avois mes vues, je la gardai dans ma chambre avec ſa nourrice, Payſanne d’un village à quinze milles de Raimbow. Enfin vous accouchâtes ; ce fut à moi que l’Enfant fut remis : s’il eut été un Garçon, j’aurois caché ſon ſexe ; je n’en eus pas la peine, c’étoit une Fille : en la careſſant vous lui découvrîtes un ſigne ſur l’épaule droite. Dès la même nuit je fis l’échange des deux Enfans, ſans que la nourrice de ma Fille s’en apperçut, & je la renvoyai le lendemain matin. Ce fut donc ma Fille, & non pas la vôtre, Mylady, à qui vous avez donné le ſein, & prodigué vos ſoins.

Votre ſeconde groſſeſſe me cauſa beaucoup de peine dans la crainte que la nature ne vous indiquât qu’il falloit plus aimer ce dernier Enfant que le premier. Je parvins à vous perſuader de ne pas nourrir la Fille dont vous accouchâtes ; elle fut confiée aux ſoins d’une Étrangère. À peine eut-elle atteint l’âge de trois ans, que je vous décidai à la mettre dans une Penſion. C’étoit toujours moi qui allois voir Miſs Émilie, & je vous diſois tant de mal de ſon caractère, que vous prîtes pour cette pauvre innocente, une haine que le temps & mes conſeils n’ont fait qu’augmenter. Je la conduiſis par vos ordres à Rocheſter, chez Miſtreſs Hemlock, & lui recommandai de la traiter durement ; l’aimable Enfant étoit ſi douce, qu’elle ſe fit adorer de ſa Maîtreſſe & de ſes Compagnes. Je n’eus garde de vous parler de ſes qualités ; mais je triplois ſes défauts pour vous la rendre odieuſe. N’ayant rien à déſirer de ce côté, je tournai toute votre tendreſſe ſur ma Fille, qui, en prenant la place de la vôtre, avoit auſſi ſon nom. Fanny étoit l’exact contraire de Miſs Émilie : ſon affreux caractère s’étoit développé dès l’âge le plus tendre ; il falloit être ſa Mère & l’idolâtrer, pour ne pas voir combien elle étoit haïſſable. C’étoit peu de ſes défauts, elle avoit auſſi des vices incroyables ; mais notre aveugle tendreſſe nous fermoit les yeux ſur ce qui ne lui étoit pas favorable ; ſes méchancetés étoient par nous qualifiées d’eſpiégleries. Mylord, plus clairvoyant, ou pour mieux dire, plus ſage, diſoit bien qu’elle ſeroit un monſtre.

L’âge de plaire étant arrivé, elle devint d’un libertinage inoui ; la vue de Mylord Clarck alluma dans ſon cœur une flamme que j’eus bien de la peine à modérer ; comme il en étoit auſſi fort amoureux, il vous demanda ſa main ; la belle & modeſte Émilie changea l’amour de ce Jeune-homme. Vous ſavez tout ce que nous avons fait pour le ramener, & enfin les conſeils empoiſonnés que je vous ai donnés pour rendre Miſs Émilie malheureuſe. Vous vous ſouvenez ſûrement de Monſieur Spittle : ce miſérable m’avoit paru propre à venger ma Fille ; la mort qui lui fut donnée par Charles, étoit bien juſte, mais elle dérangea tous nos projets ; vingt fois je fus ſur le point de me défaire de Miſs Émilie ; enfin je vous inſinuai de la placer comme Femme-de-Chambre chez Lady Clemency, qui étoit ſur le point de voyager. Je ne vous parlerai pas de ma fureur lorſqu’on vous demanda votre aveu pour ſon mariage avec Mylord Clemency, tout le bien qui arrivoit à cette charmante Fille, me paroiſſoit un vol fait à la mienne. Fanny étoit reſtée à Londres, pendant notre ſéjour chez Spittle, vous ſavez combien elle y fit de ſottiſes, ſon déshonneur devint public, il fallut la ramener à Raimbow. Je ne me rappelle pas ſans frémir la connoiſſance de Miſtreſs Goodneſs, les ſuites en ont été funeſtes ; le mariage de Fanny avec le malheureux Ravelin, a comblé mon déſeſpoir ; mais il falloit, pour compléter la vie abominable de ma Fille, qu’elle finit par aſſaſſiner ſa Mère.

Il eſt temps de revenir au ſort de Peggi, ou, pour mieux dire, de votre véritable Fille ; je la laiſſai ſept ans chez la Femme qui l’avoit nourrie, & comme je payois exactement une petite penſion, on la gardoit avec plaiſir. Cette Femme mourut, & ſon Mari m’écrivit qu’il ne pouvoit ſe charger de Peggi. Je me rendis chez lui, il me conduiſit lui-même à ***, village aſſez éloigné du ſien, où il connoiſſoit un riche Fermier qui n’avoit point d’Enfans, & qui déſiroit élever une Fille pour être compagne de Miſtreſs Slope, ſa Femme ; elle fut enchantée de la figure & du maintien de Peggi : Effectivement je n’ai de ma vie vu un plus joli Enfant ; Je la recommandai au Mari & à la Femme, plus pour m’en défaire que par amitié, & je revins à Raimbow ; Peggi avoit dix-huit ans, je l’avois totalement oubliée, lorſque vous reçûtes une Lettre de Mylord Stanhope, qui vous prioit de faire en ſorte que votre Femme-de-Chambre ôtat ſa Fille de ***, attendu que ſon Fils en étoit très-amoureux, & vouloit l’épouſer ; je n’héſitai pas à voler chez Monſieur Slope, & malgré les cris de ſa Femme & les pleurs de Peggi, j’emmenai cette dernière. Ce fut un Garçon des environs qui m’aida à la conduire chez une de ſes Parentes ; ils promirent de la placer chez un Fermier des environs, & pour lever toute difficulté, ils projettèrent de l’annoncer comme leur Nièce, & je fis croire à Peggi que Miſtreſs Wilton étoit ma Sœur ; je repartis avec le Jeune-homme qui m’avoit amenée. J’étois très-contente de mon expédition ; vous m’en fûtes gré, & me comblâtes de bienfaits. Il y a quelques années que Monſieur Salked, c’eſt le nom du Fermier chez qui eſt Peggi, m’écrivit pour obtenir mon conſentement pour le mariage de ma Fille avec ſon premier Garçon de charrue, nommé Henry ; je l’envoyai ſur le champ, & je préſume qu’ils ſont mariés. Voilà, Mylady, tout ce que j’avois à vous apprendre. Envoyez à the Litthe-Hill, chez Monſieur Salked, vous y trouverez votre Fille ; le ſigne qu’elle a ſur l’épaule droite, confirmera ce que je viens d’annoncer. ”

Il ne me reſte, Mylady, qu’à vous prier de ne pas maudire la malheureuſe

Staal Anger.
De Raimbow, ce … 17