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Poésies d’Agnès de Navarre-Champagne, dame de Foix
Texte établi par Prosper Tarbé (p. 55-58).


NOTES.




(1) Ce rondeau est le premier qu’Agnès envoya à Machault. Il figure au début du poëme du Voir Dit ; ses irrégularités révèlent une plume novice. L’orthographe de ces poésies est-elle celle de l’auteur ? Agnès se servait de secrétaires, et Machault, en copiant les œuvres de sa belle amie, a dû leur imprimer son cachet personnel.

(2) Ce rondeau donne un rendez-vous d’amour ; il peut s’adresser à Guillaume de Machault.

(3) Dans le poëme du Voir Dit, il est question de plusieurs voyages imposés par les circonstances aux deux amants.

(4) Ces vers gracieux répondent à un rondeau de Guillaume, où l’on trouve moins de sentiment que de prétention à faire un jeu de mots. Le voici :

     Sans cuer, dolens de vous départiray,
     Et sans avoir joie jusque au retour ;
     Puisque mon corps dou vostre à partir ay,
     Sans cuer, dolens de vous départiray.
     Mais je ne sçay de quelle part iray ;
     Pour ce que pleins de doleurs et de plour,
     Sans cuer, dolens de vous départiray,
     Et sans avoir joie jusque au retour.


(5), Agnès était sous la tutelle de sa mère et de son frère aîné Charles, roi de Navarre. Sans doute elle parle d’un voyage qu’on lui impose, et qui dérange les projets amoureux du poète.

(6) Voici le rondeau que Machault écrivit après le voyage de Saint-Denis ; on voit que l’élève passe déjà le maître :

    Toute belle, vous m’avez visité ;
    Très-doucement, dont cent fois vous mercy :
    De très-bon cuer et par vraie amisté,
    Toute belle, vous m’avez visité.
    Et avec ce vous en avés pité.
    Pour conforter mon cuer taint et nercy :
    Toute belle, vous m’avez visité
    Très-doucement, dont cent fois vous mercy.

(7) Ce rondeau fut-il sérieusement inspiré par le pauvre Ma- chault, borgne et goutteux ?

(8) Agnès sacrifie ici au mauvais goût de son temps. Son maître abusa plus d’une fois du jeu de mots ; voici un exemple de son savoir faire en ce genre :

Douce dame, tant com vivray.
Sera mes cuers à vos devis :
Car mis en vos las mon vivre ay,
Douce dame, tant com vivray.
Par un doux regart que vi vray,
Naiscent de vos gracieux vis,
Douce dame, tant com vivray,
Sera mes cuers à vos devis.

(9) Ce rondeau et le précédent furent composés alors que la jeune princesse cherchait à perpétuer le rêve de Machault, enfin éclairé par le bon sens et l’amitié.

(10) Ce rondeau énigmatique est encore dû aux leçons de Machault ; ses œuvres sont remplies de ces désignations en chiffres, de cette galanterie arithmétique. Aussi, dans une de ses dernières lettres, Agnès, en lui envoyant ces vers, lui dit : « Mon très doulz cuer, je vous envoie un rondelet ou vostre nom est. Si vous pri très amoureusement que vous le veuilliez penre en gré ; car je ne le sceusse faire se il ne venist de vous. » Les numéros du premier vers sont ceux des lettres de l’alphabet nécessaires pour composer le nom de Guillaume : E. G. M. A. I. L. U.

(11) Cette complainte, dont le style est prétentieux, est loin de valoir la première.

(12) Le mot biaus peut faire douter que cette complainte soit faite pour Machault : il avait trop d’esprit pour accepter un compliment menteur. Le troisième couplet, où l’on parle d’un voyage d’outre-mer, semble indiquer un autre que lui. Ne la fit-il pas au nom de cette Marguerite, cette dame aimée de Pierre de Lusignan, dont il chanta la gloire et les amours dans son poëme de la Prise d’Alexandrie, publié longtemps après celui du Voir DU. Cette pièce n’appartiendrait donc pas à Agnès.

(13) La ballade n’est pas encore terminée par l’envoi au prince ; il se voit cependant quelquefois à la fin de celles écrites par Machault. La cour du Puits d’Amour va bientôt le rendre obligatoire : Eustache Deschamps, l’élève de Machault, n’y manquera pas. Mais Agnès n’écrit pas des ballades pour des concours de poésie ; elle chante ses amours, sans prétendre à la moindre couronne de poète. Le dernier vers de chaque couplet reproduit les mots biaus amis. Cette première ballade ne concerne donc pas Machault. Agnès peut l’avoir écrite pour Gaston Phébus, et Machault aurait peut-être poussé la complaisance jusqu’à la recueillir.

(14) Cette tendre ballade neût-eile pas fait tourner la tête à de plus sages qu’un poète ?

(15) Et moi tout autant pour lui.

(16) Ne s’agit-il pas encore ici de Phébus ?

(17) Le mois d’août est le mois de la Vierge ; c’est le mois des fruits et des moissons.

(18) « Comment je pourrais finir d’énumérer ses qualités ? » ou « comme je pourrais réussir à le fixer ? »

(19) Ce vers n’est-il pas un jeu de mots ? Alors cette pièce au- rait été faite pour le comte de Foix. Le troisième vers du second couplet semble aussi le désigner.

(20) Ne s’agit-il pas ici de Phébus ?

(21-22) Même observation. Cependant Machault eut plusieurs liaisons amoureuses : ses poésies le disent nettement.

(23) Allusion à une des œuvres d’Agnès, le lay du Pa adis d’amour.

(24) Même observation que ci-dessus.

(25) Le mot Foy ne fait-il pas encore ici un jeu de mots ?

(26) Cette ballade ne peut concerner Macbault.

(27) À la fin de chaque couplet, on reprenait en chantant le commencement du premier, en guise de refrain.

(28) Cette jolie chanson fut sans doute écrite à l’occasion des méchancetés qu’inspirèrent aux gens de cour les rapports d’Agnès et de Guillaume ; elle est la réponse à toutes les suppositions que peut faire naître la légèreté de la jeune princesse. Il nous montre son caractère coquet, joyeux, aimable, mais sans faiblesse honteuse.

(29) Cette chanson est une des premières inspirations qu’Agnès dut à son désir d’être aimée du poète ; elle explique nettement l’origine de leur liaison ; c’est sur sa bonne réputation qu’elle s’est prise d’amitié pour lui. Cette pièce est certainement un des essais d’Agnès.

(30) Cette chanson n’est qu’un jeu d’esprit ; elle ne concerne ni Phéhus ni Macbault.

(31) Cet envoi prouve que cette chanson est faite pour un concours. Est-elle d’Agnès ?

(32) Cette chanson ne peut concerner Macbault ; Agnès ne mit pas tant de mystère dans ses rapports avec lui. Eut-elle un autre ami ? Cette chanson n’est-elle encore qu’une œuvre sans destination individuelle, galante, mais sans amour ?

(33) Cette pièce nous semble l’œuvre d’Agnès ; on y voit cette facilité de sentiment et de style qui distingue ses vers.

(34) Voici la troisième fois que cette locution se présente : il y a évidemment intention. Agnès aura fait ces vers pour son fiancé, son époux, pour le comte de Foix.

(35) Encore la même locution.

(36) Le dieu médecin.

(37) De l’autre paradis.