Œuvres de Albert GlatignyAlphonse Lemerre, éditeur (p. 164-166).

Adieu.



Sur la route mal engageante
Où me conduit un dieu jaloux,
Je penserai souvent à vous,
La gracieuse et l’indulgente.


Vous avez le sourire ami
Qui ressuscite l’espérance ;
Dans vos yeux pleins de transparence
Un clair rayon s’est endormi.

Je reverrai, vive et riante
Sous la masse des cheveux bruns,
Heureuse au milieu des parfums,
Votre jeune tête attrayante,

Regrettant dans ces fins cheveux,
Trame légère qui s’enroule
Près d’une oreille faite au moule,
Le frais éclat des rubans bleus.

Car, ô figure séduisante !
Visage où joue un rire clair,
Déchirant comme un rose éclair
La lèvre fière et frémissante !

Sans que vous-même rayez su,
Vous fûtes ma consolatrice,
Et je vous dois la cicatrice
D’un coup d’amour au cœur reçu.

Votre souvenir, que j’emporte,
Ramènera pour bien longtemps
La troupe des espoirs chantants,
L’ange de la croyance morte.


Adieu donc ! je pars. Le chemin
Morne et lugubre se déploie ;
Le vent d’hiver chasse la joie,
La tristesse m’attend demain.

Mais pourtant, mon âme inquiète
Sourira lorsque doucement
Viendra le fantôme charmant
De mademoiselle Henriette.