Œuvres complètes de Buffon, éd. Lanessan/Histoire naturelle des minéraux/Sardoine

SARDOINE

La sardoine ne diffère de la cornaline que par sa couleur qui n’est pas d’un rouge pur, mais d’un rouge orangé et plus ou moins mêlé de jaune : néanmoins, cette couleur orangée de la sardoine, quoique moins vive, est plus suave, plus agréable à l’œil que le rouge dur et sec de la cornaline ; mais, comme ces pierres sont de la même essence, on passe par nuances de l’orangé le plus faible au rouge le plus intense, c’est-à-dire de la sardoine la moins jaune à la cornaline la plus rouge, et l’on ne distingue pas l’une de l’autre dans les teintes intermédiaires entre l’orangé et le rouge, car ces deux pierres ont la même transparence, et leur densité, leur dureté et toutes leurs autres propriétés sont les mêmes ; enfin, toutes deux ne sont que de belles agates teintes par le fer en dissolution.

La sardoine est très anciennement connue ; Mithridate avait, dit-on, ramassé quatre mille échantillons de cette pierre, dont le nom, suivant certains auteurs, vient de celui de l’île de Sardaigne, où il s’en trouvait en assez grande quantité : il paraît que cette pierre était en grande estime chez les anciens[1] ; elle est en effet plus rare que la cornaline, et se trouve rarement en aussi grand volume.


Notes de Buffon
  1. Polycrate, tyran de Samos, croyait expier suffisamment le bonheur dont la fortune s’était plu constamment à le combler, par le sacrifice volontaire d’une sardoine qu’il jeta dans la mer, et qui fut retrouvée dans les entrailles d’un poisson destiné pour la table de ce tyran. Pline, liv. xxxvii, chap. ier.