Œuvres (Ferrandière)/Fables/Fable 087

Janet et Cotelle (Première partie : Fables — Seconde partie : Poésiesp. 98).

FABLE LXXXVII.

LES CORBEAUX ET LES VAUTOURS.


Nombre de corbeaux, de vautours,
Qui s’engraissoient de brigandages,
Se rassembloient à certains jours,
Pour concerter quelques nouveaux dommages.
On ne voyoit partout que des débris ;
La terreur habitoit les nids ;
Le tendre oiseau pleuroit auprès de sa compagne,
N’osant plus recueillir de grains dans la campagne ;
Et la mère et l’époux trembloient pour leurs petits.
Un jour que ces cruels, rassemblés dans la plaine,
Se disputoient l’honneur de dévaster les bois,
Faisant tout retentir de leurs sinistres voix,
Quị des foibles oiseaux, hélas ! doubloient la peine.
Ils aperçoivent dans les cieux
Un aigle qui planoit sur eux ;
Ils se crurent perdus, déjà réduits en poudre ;
Car un vautour, presque docteur,
Cria que cet oiseau portoit souvent la foudre,
Et les méchans ont toujours peur.
Braves pour ravager, et pour fuir le malheur,
Chacun de son côté décampe à tire-d’aile,
Regrettant son butin, l’oison, la tourterelle ;
Et maudissant l’aigle de tout son cœur.
Bientôt on entendit l’aimable Philomèle
Célébrer par ses chants le retour du bonheur.