Librairie de L. Hachette et Cie (p. 229-231).

LXXXVI

LA FEMME INFIDÈLE.



Nous allons voir une nouvelle preuve de la grande bonté de Notre-Seigneur.

Un matin, après avoir été prier sur une montagne qu’on appelait la montagne des Oliviers, Jésus alla dans le temple et il enseignait le peuple. Les Scribes et les Pharisiens lui amenèrent une femme qui trompait son mari. « Maître, lui dirent-ils, cette femme est adultère. »

Armand. Qu’est-ce que c’est, adultère ?

Grand’mère. Adultère veut dire une mauvaise femme qui est infidèle à son mari, c’est-à-dire qui le trompe. Mais c’est un mot dont on ne se sert plus parmi les gens bien élevés. On dit une mauvaise femme, une méchante femme.

Les Pharisiens dirent donc :

« La loi de Moïse nous ordonne de lapider les adultères. Vous donc, que dites-vous ? »

Jésus, se baissant, écrivait sur la terre avec son doigt.

Louis. Qu’est-ce qu’il écrivait ?

Grand’mère. L’Évangile ne le dit pas ; mais on suppose que Jésus savait que les Pharisiens lui amenaient cette femme non pour le consulter, comme ils en avaient l’air, mais dans un esprit méchant. Ils étaient prêts à l’accuser de cruauté s’il avait fait lapider cette femme, ou bien de désobéir à la loi de Moïse s’il l’avait pardonnée. On suppose donc que Notre-Seigneur écrivait des sentences de l’Écriture qui condamnaient l’hypocrisie des Pharisiens, ou bien qu’il révélait les crimes secrets de quelques-uns d’entre eux.

Et comme les Pharisiens continuaient à l’interroger, Jésus se redressa, et leur dit :

« Que celui d’entre vous qui est sans péché, lui jette la première pierre. »

Et se baissant de nouveau, il continua à écrire.

Ayant entendu cette parole, ils sortirent les uns après les autres, les plus vieux les premiers.

Petit-Louis. Pourquoi cela ? Pourquoi les plus vieux les premiers ?

Grand’mère. Parce que les plus vieux étaient probablement les plus mauvais.

Et Jésus demeura seul avec cette femme, qui était là debout et tremblante devant lui.

Alors Jésus, se levant lui dit :

« Femme, où sont ceux qui t’accusaient ? Quelqu’un t’a-t-il condamné ? »

Elle répondit humblement :

« Personne, Seigneur. »

Jésus lui dit :

« Ni moi non plus, je ne te condamnerai. Va donc, et ne pèche plus. »

Et tout le peuple applaudit à ce jugement, et admira la charité, la bonté de Jésus.

Notre-Seigneur parla encore longtemps au peuple, pour prouver qu’il était le Messie, le Fils de Dieu, envoyé par son Père pour sauver le monde. Il leur démontra qu’ils étaient dans l’erreur en ne reconnaissant pas en lui le Messie ; il leur rappela le grand nombre de miracles qu’il avait faits, les bons conseils qu’il leur avait donnés et qu’ils avaient admirés. Mais ces Juifs étaient si mauvais, qu’au lieu d’être touchés des divines paroles que leur adressait Notre-Seigneur, ils prirent des pierres pour le lapider ; mais Jésus sortit, et se retira, soit en se rendant invisible, soit en les empêchant de le suivre.