Librairie de L. Hachette et Cie (p. 202-203).

LXXIV

MÉPRIS DES RICHESSES.



Un jour un homme dit à Jésus du milieu de la foule :

« Maître, ordonnez à mon frère de partager avec moi notre héritage. »

Jésus lui répondit :

« Mon ami, qui m’a établi pour vous juger ou pour faire vos partages ? » Puis il dit à tous : « Ayez soin de vous bien garder de toute avarice ; car le salut n’est point dans les richesses qu’on possède. »

Ensuite il leur raconta une parabole.

« Un homme riche, dont les terres avaient rapporté une abondante récolte, réfléchissait et se demandait à lui-même : – Que ferai-je ? Je n’ai pas assez de greniers pour refermer mes récoltes ? Voici, dit-il, ce que je ferai. J’abattrai mes greniers, j’en rebâtirai de plus vastes, j’y amasserai mes récoltes et tous mes biens ; et je dirai à mon âme : « Mon âme, tu as de grands biens en réserve pour plusieurs années, repose-toi ; mange, bois, fais bonne chère. » Mais Dieu lui dit : « Insensé, cette nuit même, on va te redemander ton âme ; et ces richesses que tu as amassées, pour qui seront-elles ? » Il est ainsi de celui qui amasse des trésors et qui n’est point riche selon Dieu. »

Henriette. Est-ce que cela veut dire qu’il ne faut pas amasser des récoltes ni de l’argent ?

Grand’mère. Non ; il est très-permis de serrer ses récoltes et d’augmenter sa fortune ; mais il ne faut pas s’y attacher comme au plus grand bonheur qui puisse nous arriver, ni faire des projets de manger, boire, dormir, vivre de la vie d’un animal, oubliant que nous avons un Dieu à servir, à aimer, à remercier, et des prochains à aider, à soulager dans leur pauvreté et leurs souffrances, et à aimer comme le bon Sauveur les a aimés. Nous ne travaillons pas seulement pour le temps, mais encore et surtout pour l’éternité.