Librairie de L. Hachette et Cie (p. 14-16).

IV

NAISSANCE DE SAINT JEAN.



Au temps qu’avait prédit l’Ange Gabriel, Élisabeth eut un fils que tout le monde venait voir : et on félicitait Élisabeth du bonheur que lui avait envoyé le Seigneur Dieu.


Naissance de saint Jean.
Naissance de saint Jean.



Le huitième jour ; les prêtres voulurent circoncire l’enfant.

Henri. Qu’est-ce que c’est, circoncire ?

Grand’mère. La circoncision était, chez les Juifs, une cérémonie un peu comme le baptême chez nous autres chrétiens ; la circoncision était la marque religieuse du peuple juif, elle était pour eux ce qu’est pour nous le baptême.

Les prêtres voulurent donc circoncire l’enfant, et ils voulurent l’appeler Zacharie, comme son père. Mais Élisabeth leur dit :

« Non, il s’appellera Jean.

— Mais il n’y a personne dans votre famille qui s’appelle Jean, » lui répondirent-ils.

En hébreu, Jean signifiait plein de grâce.

Comme Élisabeth insistait, ils dirent au père de leur faire savoir comment il fallait l’appeler. Et Zacharie, prenant des tablettes écrivit : « Jean est le nom qu’il doit avoir. »

Ce qui surprit tout le monde. Au même instant, la langue de Zacharie se délia miraculeusement et il se mit à parler et à bénir le Seigneur. Toutes les personnes présentes et tous les gens du voisinage furent saisis d’admiration. Tout le monde voulut venir voir cet enfant dont la naissance avait causé des choses si merveilleuses ; et chacun disait en le regardant avec attention :

« Que pensez-vous que sera cet enfant ? Il est certainement protégé par la main du Seigneur. »

Et le petit Jean grandissait, se fortifiait, et il avait une sagesse extraordinaire. Mais ses parents furent obligés de le cacher dans le désert, de peur que le méchant Roi Hérode, qui régnait alors en Judée, ne le fît mourir.

Marie-Thérèse. Qu’est-ce que c’est, un désert ?

Grand’mère. Un désert est un pays affreux, qu’on ne peut pas habiter parce que rien n’y pousse et que les animaux sauvages seuls peuvent y vivre.

Marie-Thérèse. Et comment le pauvre petit Jean y vivait-il ?

Grand’mère. Sa mère Élisabeth venait le soigner et lui apporter à manger, et puis les Anges en avaient soin parce que ce petit enfant était choisi par Dieu pour être le Précurseur, c’est-à-dire pour annoncer Jésus le Sauveur.

Jeanne. Mais pourquoi le méchant Hérode voulait-il faire mourir un pauvre petit si bon et si sage ?

Grand’mère. Je vous raconterai cela demain, mes enfants ; vous en avez assez pour aujourd’hui.

Les enfants auraient bien voulu que leur Grand’mère continuât, mais elle leur dit qu’il ne fallait pas apprendre trop de choses à la fois, de peur d’oublier tout. « C’est comme une indigestion, ajouta-t-elle ; quand on mange trop, on rend tout ce qu’on a pris, il n’en reste rien pour l’estomac. Il en est de même pour la mémoire ; quand on lui en donne trop, elle rejette tout et ne garde plus rien. Et c’est ce qu’on appelle en plaisantant, une indigestion de l’esprit. »