Librairie de L. Hachette et Cie (p. 63-65).

XXIII

JÉSUS DÉLIVRE UN POSSÉDÉ.



Ils allèrent ensemble à Capharnaüm, Jésus instruisait le peuple dans la synagogue le jour du sabbat. Il parlait si saintement, qu’ils étaient tous remplis d’étonnement. Il se trouvait là, pendant que Jésus parlait, un malheureux homme possédé du démon, qui jeta un grand cri en disant à Jésus :

« Laissez-nous ! Qu’avons-nous à faire avec vous, Jésus de Nazareth ? Êtes-vous venu pour nous perdre ? Je sais qui vous êtes ; vous êtes le Saint de Dieu. »

Jésus menaça le démon qui parlait par la bouche de cet homme, et lui dit :

« Tais-toi, et sors de cet homme. »

Le démon, ayant jeté l’homme par terre au milieu de l’assemblée, sortit de son corps, et l’homme fut guéri. Tout le monde fut épouvanté, et ils se disaient les uns aux autres : « Qu’est ceci ? Il commande en maître aux démons, et ils lui obéissent ! » Et la renommée de Jésus s’étendit au loin dans les contrées d’alentour.

Jacques. Grand’mère, je remarque une chose que je ne comprends pas. Pourquoi, lorsque Jésus fait un grand miracle, les Juifs ont-ils toujours peur, et même souvent ils ne veulent plus qu’il reste avec eux ?

Grand’mère. Parce qu’ils sont méchants, qu’ils se sentent méchants, qu’ils ont peur d’être punis, et qu’ils craignent tous ceux qui ont une puissance supérieure à la leur. Ils voyaient, d’après les miracles que faisait Jésus, et qu’ils étaient obligés de reconnaître, qu’il avait un grand pouvoir, et ils avaient peur qu’il n’employât ce pouvoir contre eux pour les punir.

Jésus fit plusieurs grands miracles à Capharnaüm. La belle-mère de Pierre était très-malade d’une forte fièvre, Jésus la guérit en la prenant par la main et lui ordonnant de se lever ; elle se leva guérie, et se mit à les servir. Le soir, après le coucher du soleil, une foule de gens malades vinrent à Jésus ou lui furent apportés pour qu’il les guérît. Il imposait les mains sur chacun des malades, et ils étaient guéris.

Les démons sortaient, à son ordre, du corps des possédés ; ils criaient en disant : « Vous êtes le Fils de Dieu ! » Mais Jésus leur défendait, avec menaces, de dire qu’il était le Christ et qu’ils le savaient.

Élisabeth. Qu’est-ce que c’est, être possédé par le démon ? Est-ce tout simplement être méchant ?

Grand’mère. Non ; être possédé du démon, c’est avoir le malheur de lui appartenir même par le corps, et le corps est obligé d’obéir au démon, qui demeure en lui.

Élisabeth. Comment est-on possédé ? Est-ce une punition ?

Grand’mère. Presque toujours ; quelquefois, pourtant, c’est une épreuve pour exercer l’humilité ou pour mieux faire comprendre le bonheur d’appartenir à Jésus.

Élisabeth. Est-ce que les possédés pèchent quand le démon les fait blasphémer et commettre de méchantes actions ?

Grand’mère. Non, car ils ne sont plus libres, pas plus que ne l’est un fou qui ne sait plus ce qu’il fait, ou bien que tu n’es libre toi-même si on prend ta main de force pour donner un soufflet à ton voisin.

Henri. Y a-t-il encore des possédés ?

Grand’mère. Oui, mais ils sont très-rares dans les pays chrétiens où Jésus est connu, aimé et servi.