Épaves (Prudhomme)/Muse adolescente

Pour les autres éditions de ce texte, voir Muse adolescente.

ÉpavesAlphonse Lemerre. (p. 121-122).
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MUSE ADOLESCENTE


Elle m’a lu ses vers, de très douces chansons.
Ils confondent les miens, fruits de veilles moroses,
Et, sans effort éclos sur les plus simples choses,
Donnent à l’art mûri de naïves leçons.

Ils font courir au cœur ces printaniers frissons
Dont les souffles d’avril légers et purs sont causes ;
C’est un bruit de baisers dans un bouquet de roses.
Sa bouche en les disant marie aux fleurs les sons.


Amour ! ce mot rappelle en sa voix cristalline
Le refrain que le gave au flanc de la colline
Répète frais toujours et n’a jamais compris.

Pour cette Muse aux chants vierges d’amères larmes
Le rêve, l’inconnu prête à ce mot ses charmes ;
Qu’elle ignore toujours que la lyre a des cris !