À ma fille Alix
M. Giard & E. Brière (p. 259-260).

À MA FILLE ALIX

Hélas, comme le temps fuit d'une aile rapide !
N'était-ce pas hier qu'elle était tout enfant,
Et que sa mère et moi suivions d'un œil avide
L'essor et les progrès de son pas chancelant ?


N'était-ce pas hier que, fillette candide,
Sur mes genoux assise et jouant ou rêvant,
Elle me regardait de son œil bleu, limpide.
Et faisait rayonner son sourire charmant ?

Mon Dieu ! Quel changement, quelle métamorphose !
Le mois de mai sourit et la fleur est éclose ;
L'oiseau quitte son nid pour voler au buisson.

Aujourd'hui jeune fille, et demain jeune femme...
Je la verrai partir ! On lui dira : Madame !
Oh, le triste moment ! Quel vide en la maison !

18 mai 1861.