À la comtesse de Vaudreuil (O. C. Élisa Mercœur)

Œuvres complètes d’Élisa Mercœur, Texte établi par Adélaïde AumandMadame Veuve Mercœur (p. 295-297).


À Mme LA COMTESSE DE VAUDREUIL [1].
POUR LE JOUR DE SAINTE-VICTOIRE, SA FÊTE.

Soit poète ou guerrier, tout amant de la gloire,
          Lui vouant ses nobles travaux,
D’un pas ambitieux court après la Victoire ;
Et toujours rencontrant mille obstacles nouveaux
Souvent expire avant d’atteindre ses drapeaux.

          Mais, vous, sans efforts, sans alarmes,
Sur les esprits séduits vous savez arracher

          Une victoire aux plus doux charmes,
Et fiers de se courber sous votre joug flatteur ;
          De ceux qui vous rendent les armes,
          Heureux d’avoir un tel vainqueur,
          Sans nul doute chacun désire
          Qu’à jamais vous gardiez l’empire
          Que vous avez pris sur son cœur.


(1833.)
  1. Élisa ne connaissait que le nom de la comtesse de Vaudreuil lorsqu’elle fit des vers pour la fête de cette dame, somme on va le voir.

    « Madame d’Hautpoul prie madame et mademoiselle de Mercœur de lui faire l’honneur de venir passer la soirée le 23, jour de Sainte-Victoire, patronne de sa cousine et amie, la comtesse de Vaudreuil, qui sera charmée de faire connaissance avec ces dames, et de les inviter à ses mercredis.

    « À lundi, neuf heures au plus tard. »

    Ce jour-là, plusieurs affaires nous avaient tenues dehors jusqu’à l’heure du dîner. Lorsque nous rentrâmes, le portier nous dit que la comtesse d’Hautpoul nous faisait prier de passer de suite chez elle, et que nous ne faisions que de sortir lorsque son domestique était venu. Nous pensâmes que c’était peut-être pour nous apprendre que sa soirée était reculée ; mais point, c’était au contraire pour prier Élisa d’y contribuer, pour sa part, en faisant quelques vers pour la fête de la comtesse de Vaudreuil ; mais l’heure qu’il était alors semblait rendre la chose impossible. « Comme je n’ai jamais vu la comtesse de Vaudreuil, dit Élisa à madame d’Hautpoul, veuillez avoir la bonté, madame la comtesse, de me donner quelques renseignemens qui puissent m’aider dans ce que vous désirez de moi. Je ne vous promets pas de pouvoir vous satisfaire ; mais j’essaierai, et j’y ferai tous mes efforts.

    Nous nous hâtâmes donc de retourner à la maison. Il était sept heures.

    Elisa se mit à son secrétaire pendant que je préparais le dîner et que je mettais le couvert. En sortant de table, il nous fallut songer à notre toilette, et à neuf heures et un quart la comtesse de Vaudreuil serrait la main à Élisa et la remerciait, dans les termes les plus flatteurs, des jolis vers qu’elle avait eu la bonté de lui faire pour sa fête.

    Le lendemain, la comtesse vint nous rendre visite ; elle remercia de nouveau Élisa et nous invita à ses mercredis.