À genoux/Pulcherrimæ reginæ

Alphonse Lemerre (p. 120).

XIV

PULCHERRIMÆ REGINÆ


 
Ton cœur est dur et clos comme une forteresse.
Les vagues n’usent point la pierre des récifs ;
Et tous nos pleurs, tous nos baisers longs et pensifs
N’entr’ouvriraient jamais ton âme charmeresse.

Mais rien ne vaut l’éclat de tes charmes, Maîtresse,
Soit que, pour agacer mes désirs convulsifs,
Tu m’offres la blancheur de tes beaux seins lascifs,
Soit que ta main m’endorme avec une caresse.

Pourvu qu’en tes deux bras, qui sont mes deux appuis,
Je puisse encor longtemps dormir mes belles nuits,
Peu m’importe ton cœur par le remords infâme,

Par l’orgueil et par tous les crimes attristé !
Je ne regarde pas la laideur de ton âme ;
Je ne vois que ton corps éclatant de beauté.