« Toi qui troubles la paix des nonchalantes eaux »

KARL.

Toi qui troubles la paix des nonchalantes eaux,
La paix des eaux d’argent, la paix des eaux glacées ;
Toi dont la barque joue avec les gais ruisseaux
Dans le frémissement des rames balancées,

Pêcheur, — vois-tu couchée, auprès des longs roseaux,
La fiancée unique entre les fiancées ?
Sa robe s’enfle au gré des brises insensées,
Comme s’enfle la voile au mât des lourds vaisseaux.


Sa chevelure tremble, et je tremble comme elle ;
Dis-moi, pêcheur, dis-moi le nom de cette belle,
Ce nom cent fois appris et cent fois répété ;

Dis-moi toute harmonie avec ce nom unique,
Toute grâce mêlée à toute volupté,
Toute la poésie et toute la musique.