Les Feuilles d’automne/« Parfois, lorsque tout dort … »

XXI

Πᾶν μοι συναρμόζει ὃ σοὶ εὐάρμοστόν ἐστιν,
ὦ κόσμε· οὐδέν μοι πρόωρον, οὐδὲ ὄψιμον, ὃ
σοὶ εὔκαιρον. Πᾶν καρπὸς ὃ φέρουσιν αἱ σαὶ
ὧραι, ὦ φύσις· ἐκ σοῦ πάντα, ἐν σοὶ πάντα,
εἰς σὲ πάντα.
Marc-Aurèle


Parfois, lorsque tout dort, je m’assieds plein de joie
Sous le dôme étoilé qui sur nos fronts flamboie ;
J’écoute si d’en haut il tombe quelque bruit ;
Et l’heure vainement me frappe de son aile
Quand je contemple, ému, cette fête éternelle
Que le ciel rayonnant donne au monde la nuit.

Souvent alors j’ai cru que ces soleils de flamme
Dans ce monde endormi n’échauffaient que mon âme ;
Qu’à les comprendre seul j’étais prédestiné ;
Que j’étais, moi, vaine ombre obscure et taciturne,
Le roi mystérieux de la pompe nocturne ;
Que le ciel pour moi seul s’était illuminé !


Novembre 1829.